Affaire Bygmalion: Jean-François Copé entendu par le juge

Jean-François Copé était convoqué ce lundi 8 février en tant que témoin assisté devant un juge financier à Paris. Le député-maire de Meaux doit être entendu dans le cadre de l’enquête sur les comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012.

 

Jean-François Copé, octobre 2011
Jean-François Copé, le 12 octobre 2011. (Photo CC / flickr UMP Photos)

 

Les enquêteurs soupçonnent Les Républicains, l’ex-UMP, d’avoir émis de fausses factures afin que les dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy ne dépassent pas le plafond légal. Bygmalion, une des sociétés de communication de la campagne, aurait facturé des conventions UMP fictives pour couvrir des dépenses de meetings. Selon les enquêteurs, une dizaine de millions d’euros de dépenses sont inscrites au budget de l’UMP en 2012 mais ne figurent pas dans les comptes de campagne. Ce système présumé frauduleux a été dénoncé par Jérôme Lavrilleux, l’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé, lorsqu’il était président de l’UMP. Ce dernier avait dû démissionner de son poste en mai 2014.

Ce lundi, Jean-François Copé est entendu en tant que témoin assisté, un statut hybride entre simple témoin et celui de mis en examen, ce qui devrait lui permettre de s’expliquer sur les faits. Il avait déjà été convoqué en juillet dernier. Ses bureaux à l’Assemblée Nationale et à la mairie de Meaux avaient été perquisitionnés en janvier 2015. Le même mois, quatre personnes avaient été mises en examen, dont Guillaume Lambert, l’ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy.

L’audition de l’ancien chef de l’UMP arrive au moment même où il tente une opération « come-back » sur la scène médiatique, notamment avec la sortie de son livre, Le sursaut français (Stock).

 

 

 

C.R. avec AFP

 

 

 

Les attentats boostent les cotes de popularité des présidents en exercice

« Les attentats font les choux gras de la droite et du FN » entend-on souvent. Pourtant à y regarder de plus près, les chiffres ne montrent aucun effet d’aubaine pour Marine Le Pen. Ponctuellement, l’effet « gestion de crise » post-attentats semble plutôt redorer le blason des présidents en exercice.

La cote de popuarité de Marine Le Pen revigorée par les attentats ? Pas vraiment.
La cote de popuarité de Marine Le Pen revigorée par les attentats ? Pas vraiment.

 

La popularité d’un chef de l’Etat n’a jamais autant augmenté que celle de François Hollande après les attentats. + 20 points après janvier 2015. Le précédent record était détenu par Jacques Chirac, qui avait gagné 12 points après sa réélection.

Un effet de courte durée… En septembre dernier un sondage IFOP pour Le Figaro donnait François Hollande éliminé dès le premier tour en 2017. Bis répetita en novembre : après les attentats, le président se pose en chef des armées, déclarant la guerre à l’Etat islamique qui a attaqué le pays. + 20 points. Avant la débandade des régionales…


L’effet « gestion des attentats » fonctionne quel que soit la couleur politique

 

Avant François Hollande, Nicolas Sarkozy avait lui aussi bénéficié d’un regain de popularité après les tueries perpétrées par Mohamed Merah en mars 2012. Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy avait répondu en proposant une série de mesures pour renforcer l’arsenal pénal.

Une gestion de crise bénéfique : en un mois, l’ancien président gagner 7 points, se voyant propulser en bonne place dans la course à la présidentielle. A l’époque, 47% des Français interrogés estimaient que le candidat UMP avait « le plus l’étoffe d’un président de la République, » (+5% par rapport à avant les tueries).

 

« L’effet attentat » sur Marine Le Pen, un fantasme

 

Il est clair que ces attentats confortent les thèmes classiques du FN : les liens supposés entre immigration et insécurité, « l’Europe-passoire », une demande de sécurité accrue … » analysait le 18 novembre le directeur d’opinion de TNS-Sofres.

Pourtant dans les faits, les attentats sont loin de donner des ailes à la présidente du Front National. Mis à part un petit regain de popularité après les tueries de Toulouse et Montauban en mars 2012, les événements ne font guère frémir la courbe de popularité de Marine Le Pen. En janvier, c’est même une chute, -3 points, comme une sanction pour la polémique de la marche républicaine.

Marine Brossard

Bercy porte plainte pour « fraude fiscale » contre Thomas Thévenoud

En bref

Le journal Le Monde révèle aujourd’hui que le parquet de Paris a été saisi par la commission des infractions fiscales (CIF), qui a porté plainte contre l’ancien secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l’étranger, Thomas Thévenoud, ainsi que contre sa compagne, Sandra Thévenoud.

Nommé le 26 août 2014 secrétaire d’État, Thévenoud avait été contraint à la démission neuf jours plus tard, après que la Haute autorité sur la transparence de la vie publique (HATVP) a démontré qu’il ne payait pas ses impôts, et ce depuis plusieurs années.

Sami ACEF.

L’Etat français condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour son non-respect du droit au logement

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) n’est pas facile d’accès. On ne peut la solliciter que lorsque toutes les voies de recours en justice interne ont été épuisées.

Elisabeth Tchokontio Happi vit avec sa fille et son frère à Paris dans un logement jugé insalubre. En 2010, elle obtient un jugement du tribunal administratif pour que la préfecture de la région Ile-de-France les reloge au plus vite. La préfecture verse les astreintes de 700 euros par mois de retard sans trouver de solution pour la famille de cette quadragénaire, pourtant jugée prioritaire au nom du droit au logement opposable (Dalo). Cette condamnation européenne se base sur le motif du “droit à un procès équitable”. La Cour estime que la France ne présente aucune justification valable pour n’avoir pas relogé cette famille. Le manque de ressources de l’Etat en matière de logement n’est pas recevable pour les juges européens.

Si la législation française a tenté de contrer le manque de logements sociaux[1], ces lois peinent à être appliquées dans la réalité : de nombreuses stratégies d’évitement sont mises en place par les communes. De façon parallèle, les municipalités invoquent un manque d’argent pour subvenir aux coûts de construction de ces logements sociaux.

 

Cette décision est une première pour la CEDH qui condamne la France en matière de logement. En 2008, le Conseil de l’Europe avait considéré par deux fois que la France faisait défaut à la Charte des droits sociaux aux vues de “l’insuffisance manifeste” de l’offre de logements sociaux.  Selon l’association DAL (Droit au Logement), 51 000 familles sont considérées prioritaires DALO et seraient en attente d’un logement depuis plus de six mois ! Cette situation touche particulièrement l’Ile-de-France.

Le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, bras du gouvernement pour l’application du DALO, en compte 59 000. Son secrétaire général, René Dutrey, précisait à l’AFP qu’en 2014, “8519 personnes prioritaires DALO s’étaient rendues devant la justice. Entre 2008 et 2013, l’Etat a versé 65 millions d’euros pour non-relogement de bénéficiaires DALO.” Le délai d’attente d’un logement pour une période dite prioritaire se situe actuellement entre 6 et 7 ans. Parfois plus…

 

A Toulouse, à l’heure où la municipalité UMP a annoncé augmenter ses impôts locaux de 15% pour contrer le manque d’argent dans les caisses, Isabelle Bricaud, ancienne responsable des enfants de Don Quichotte, témoigne : « C’est tout un système qu’il faut remettre en cause. Il faudrait plafonner les loyers à 10% de ce que la personne gagne. Même les logements sociaux sont trop chers. A Toulouse, c’est aussi un problème de construction puisqu’il y a très peu de logements pour les personnes qui ont de petits revenus. Bien sûr il y a du logement social mais pas pour les bonnes classes. En fait, il y a un manque de mixité même dans le logement social. »

Depuis le 31 mars 2015, l’association Droit Au Logement occupe la place de la République à Paris[2] pour forcer les pouvoirs publics à trouver une solution pour les 250 familles prioritaires en attente d’un toit.   

Amanda Jacquel

 

[1] Voir les repères

[2] Voir les photos du campement place de la République. Légende : 250 dossiers seront mis en avant si les pouvoirs répondent à l’association DAL. « Nous partirons une fois que le ministère aura enfin proposé des solutions de relogement qui nous conviennent » a préveu Jean-Baptiste Eyrault dit « baba », tête de file de l’association. Certaines personnes qui avaient pu être relogées l’année dernière grâce à la même action sont encore présentes aujourd’hui, pour dire bonjour et apporter leur soutien à cette lutte sans fin.)