L’avocat des clandestins de retour devant la justice

Le procès en appel d'André Mikano débute aujourd'hui au palais de justice de Paris Crédit : Flickr , Andrew and Annemarie
Le procès en appel d’André Mikano débute aujourd’hui au palais de justice de Paris Crédit : Flickr , Andrew and Annemarie

Le procès en appel d’André Mikano, avocat spécialisé dans la défense des immigrés, débute ce mardi 9 février à 13h30 au Palais de justice de Paris. Il avait été condamné à deux ans de prison dont un ferme et à verser une amende de 100 000 euros en décembre 2013. Il a été reconnu coupable d’appartenir à un réseau de passeurs.

Il s’était spécialisé dans la traque au vice de procédure pour faire libérer des immigrés clandestins. Il a été condamné pour « aide au séjour irrégulier en bande organisée« . André Mikano, figure de la défense des étrangers sans-papiers, est de retour devant la justice. Son procès en appel débute ce mardi 9 février à 13h30 devant le Palais de justice de Paris.

L’avocat a été condamné en décembre 2013 par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à deux ans de prison dont un ferme et à une amende de 100 000 euros. Reconnu coupable de complicité avec un réseau d’immigration clandestine, le tribunal lui reproche d’avoir travaillé sciemment pour un réseau de passeurs qui faisait rentrer des sans-papiers marocains en France entre 2007 et 2010. Il a par ailleurs bénéficié d’une relaxe en 2014 dans une affaire similaire le mettant en cause dans un réseau d’immigration clandestine avec les Philippines.

« Un ensemble intégré de services »

Me Mikano faisait la traque aux erreurs de procédure commises par la police aux frontières. Le but : faire libérer des clandestins placés en zone d’attente à l’aéroport parisien de Roissy après avoir vu leur entrée sur le territoire refusée. Mais le tribunal considère que l’avocat était une solution à laquelle les passeurs avaient recours fréquemment et que sa prestation faisait partie « d’un ensemble intégré de services » d’un montant de 1 500 euros. La justice lui reproche également d’avoir « suscité la recherche et la production de faux garants », des personnes attestant contre rémunération une intention d’héberger les sans-papiers.

André Mikano nie ces accusations et dénonce un « déni de justice » et une « décision politique« . L’avocat, reconnu par ses confrères comme l’un des plus compétents dans son domaine, sera rejugé aujourd’hui en appel. Il comparaît avec six autres prévenus, dont le chef de réseau et des passeurs présumés. Le procès durera deux jours.

Constance Maria

Manifestation anti-migrants : le procès du général Piquemal reporté pour raison de santé

Le procès du général Christian Piquemal, qui devait passer en comparution immédiate après sa participation à une manifestation anti-migrants samedi à Calais, a été reporté « à cause de son état de santé », a affirmé ce lundi le procureur Jean-Pierre Valensi.

French Army Corps General Christian Piquemal gestures as he addresses supporters of the Pegida movement (Patriotic Europeans Against the Islamisation of the Occident) during a banned demonstration in Calais, northern France, on February 6, 2016.  Around 20 anti-migrant protesters were arrested in the French port of Calais after scuffles with police at a banned rally in support of a Europe-wide initiative by the Islamophobic Pegida movement. / AFP / PHILIPPE HUGUEN
L’ancien général Christian Piquemal adresse un discours lors du rassemblement anti-migrants à Calais, samedi 6 février. (Photo AFP / PHILIPPE HUGUEN)

 

Ce matin, « le général s’est plaint, il est allé à l’hôpital de Calais et le médecin légiste a indiqué que son état de santé était incompatible avec une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel », a-t-il ajouté.

L’ancien patron de la légion étrangère est soupçonné par les autorités d’avoir eu « le rôle principal » dans la manifestation organisée à l’appel du mouvement islamophobe Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident). Il est poursuivi pour « participation à un attroupement qui ne s’est pas dissout après sommation ». Quatre autres personnes sont poursuivies pour « port illégal d’armes ».

Christian Piquemal, 75 ans, avait annoncé sa présence à la manifestation interdite par voie de communiqué, malgré l’annonce faite par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, d’interdire toutes les manifestations susceptibles de provoquer « des troubles à l’ordre public à Calais ».

L’ancien général avait été interpellé par la police samedi dernier.


 Son procès est reporté au 12 mai 2016 à 13h30, selon l’avocat du général, Maître Denis Tailly-Eschenlohr.

GR

Rassemblement des « faucheurs de chaises » autour du procès Cahuzac

Une action a été menée par les faucheurs de chaises ce matin à Paris en marge de l’ouverture du procès Cahuzac. L’occasion pour ces militants altermondialistes de pointer la responsabilité des banques dans la fraude fiscale.

Crédit MIGUEL MEDINA / AFP
  Procès Cahuzac: les faucheurs de chaises dans la rue  Crédit MIGUEL MEDINA / AFP

Leurs méthodes sont atypiques. Les « faucheurs de chaises », qui, comme leur nom l’indique, dérobent des chaises dans les banques pour dénoncer l’évasion fiscale, se sont réunis ce lundi matin à proximité du Palais de justice en marge du procès Cahuzac, qui s’ouvrait aujourd’hui. Ils ont emmené avec eux 196 chaises, symbolisant chacune des 196 parties présentes à la COP21. Leur but : dénoncer l’immobilisme économique face aux enjeux climatiques. Elles avaient toutes été volées ces derniers mois lors de « réquisitions » au sein de succursales d’agence de banques accusés de favoriser la fraude fiscale. Durant ces précédentes actions, plusieurs membres ont été interpellés puis placés en garde à vue.

Parmi les 150 militants altermondialistes sur place, plusieurs associations étaient représentées avec des membres de l’Attac, Les Amis de la Terre, Action non violente (ANV)-COP21 et Bizi. Ils entendaient profiter du prétexte de l’actualité pour relancer le débat sur la responsabilité des banques. « Les banques françaises sont massivement impliquées dans les paradis fiscaux et personne ne leur demande des comptes. Le gouvernement nous brandit le chiffre de 2,5 milliards d’euros récupérés provenant de fraudes, mais on sait que l’évasion fiscale représente entre 60 et 80 milliards d’euros. » a ainsi dénoncé l’économiste et porte-parole d’Attac Thomas Coutrot, des propos rapportés par Le Monde. Bloqués par les CRS, ils sont finalement repartis aux alentours de 11h, laissant leurs 196 chaises derrière eux.


LD

Les étapes de l’affaire Cahuzac: de la nomination au procès

Ce lundi 8 février s’ouvre le procès de Jérôme Cahuzac et de son ex-femme. L’ancien ministre du Budget comparait devant le tribunal correctionnel de Paris pour fraude fiscale et blanchiment. Il est accusé d’avoir détenu un compte en Suisse qu’il aurait dissimulé au fisc français. Retour sur les étapes de ce scandale politico-financier qui a mené à la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. 

 

L’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le 3 juin 2013. (Photo Joël Saget / AFP)

 

 

  • 12 mai 2012 : Jérôme Cahuzac devient ministre délégué au Budget

    Alors député PS de Lot-et-Garonne et président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac devient ministre délégué au budget. Il est notamment chargé de la lutte contre l’évasion fiscale. Sa mission : défendre la « République exemplaire » prônée par François Hollande.

 

  • 4 décembre 2012 : Mediapart révèle que le ministre aurait détenu un compte en Suisse

    Le site d’information Mediapart accuse Jérôme Cahuzac de fraude fiscale. Le journaliste d’investigation Fabrice Arfi affirme dans un article que le ministre possède « un compte bancaire non déclaré à l’Union des banques suisses (UBS) de Genève« . L’article révèle qu’il aurait détenu ce compte pendant plus de 20 ans avant de le clore officiellement en 2010 et de transférer les avoirs dans un autre paradis fiscal. Contacté par le journaliste, le ministre du Budget réfute ces accusations.

 

  • 5 décembre 2012 : il nie en bloc

    Interpellé par le député Les Républicains (ex-UMP) Daniel Fasquelle devant l’Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac continue de nier les faits. Le matin même, il annonçait avoir saisi la justice et déposé une plainte en diffamation contre Mediapart. Parallèlement, le site publiait les enregistrements de plusieurs conversations téléphoniques dans lesquelles celui qui était présenté comme étant le ministre du Budget avouait détenir un compte en Suisse. Un mois plus tard, une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale est ouverte. Jérôme Cahuzac continue de clamer son innocence. Sur le plateau de BFMTV face à Jean-Jacques Bourdin, il affirme n’avoir « jamais eu de compte en Suisse« .

 

  • 19 mars 2013 : démission de Jérôme Cahuzac

    Le ministre du Budget démissionne alors que le parquet ouvre une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale. Selon l’expertise de la police, la voix de l’homme sur l’enregistrement est probablement la sienne. Mais le ministre revendique toujours son innocence.

 

  • 2 avril 2013 : le passage aux aveux

    Entendu par les juges d’instruction chargés de l’affaire, il avoue avoir détenu un compte non déclaré à l’UBS pendant près de 20 ans. Grâce à ce compte, il admet avoir dissimulé environ 600 000 euros au fisc français. Il est mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale. L’ancien ministre tente de se justifier et explique avoir été pris dans « une spirale de mensonges« . De son côté, l’exécutif est intransigeant. François Hollande dénonce une « impardonnable faute morale« . Toute la classe politique fustige l’ancien ministre qui démissionne de son mandat de député. Une commission d’enquête parlementaire est votée à l’assemblée nationale. Elle est chargée de déterminer si l’exécutif avait connaissance de l’existence de ce compte. Au terme de l’enquête, la commission révèle qu’aucun dysfonctionnement majeur de l’état n’a été observé.

 

  • 8 février 2016 : le procès

    Jérôme Cahuzac comparait devant le tribunal correctionnel de Paris. Il est accusé, aux côtés de son ex-femme Patricia, de fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Le procès débute ce lundi mais pourrait être repoussé. Les avocats de l’ancien ministre et de son ex-épouse devraient soumettre des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC). Ils contestent le fait que leur clients puissent être poursuivis à la fois par les juridictions pénale et fiscale. Ils s’appuient sur le principe que « nul ne peut être poursuivi ou puni pénalement à raison des mêmes faits« . Si le tribunal correctionnel accède à la demande des avocats, la QPC sera transmise à la Cour de cassation et le procès sera suspendu. Le procès pourrait même être annulé si la Cour de cassation estime qu’un examen devant le Conseil constitutionnel est justifié. L’annulation du procès devra être décidée par les Sages eux-mêmes.

 

Victoire Haffreingue – Moulart