Un détenu est mort de soif dans le Milwaukee

Un jury américain a recommandé des poursuite pénales à l’encontre de sept employés d’une prison dans le Milwaukee. Les employés sont suspectés d’avoir volontairement coupé l’eau durant sept jours à un détenu qui est mort de déshydratation.

Terill Thomas est décédé le 24 avril 2016 à l’âge de 38 ans. Le détenu, souffrant de troubles mentaux, a été privé d’eau car le gardiens souhaitaient le punir pour son comportement. L’homme avait été écroué pour avoir ouvert le feu sur la voie publique et en l’air dans un casino, blessant gravement une personne.

Le détenu ne conservait pas son calme dans la cellule. Les agents pénitenciers ont donc décidé de couper les conduites alimentant son lavabo et ses toilettes. Il aurait imploré les gardiens de lui apporter de l’eau selon les investigations de Milwaukee Journal Sentinel. Il a perdu 16 kilos et a sombré dans une profonde faiblesse avant de mourir sur le sol de sa cellule dépourvue de matelas.

Le médecin en chef du comté de Milwaukee a déclaré que la mort de Terill Thomas était un homicide.

Alice Pattyn

La députée Josette Pons condamnée pour sous-déclaration de patrimoine

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Josette Pons a été condamnée à 45 000 euros d’amende par le Tribunal de grande instance de Paris, vendredi. La députée LR du Var comparaissait pour avoir sous-évalué ses biens dans une déclaration de patrimoine de février 2014. Ces omissions représentent un total évalué à 2,1 millions d’euros, dont 1,3 millions de biens immobiliers. La députée-maire de Brignolles (Var) a reconnu les faits et a plaidé coupable. C’est la plus lourde amende qu’elle risquait, mais elle encourait aussi une peine allant jusqu’à 3 ans de prison et une durée d’inéligibilité.

La députée avait envoyé en juin 2015 une nouvelle déclaration de patrimoine rectifiant ses précédentes omissions. La démarche de comparution après reconnaissance préalable de la culpabilité qu’elle avait choisie d’adopter a aussi joué en sa faveur.

Dans cette affaire, le Parquet de Paris avait été saisi en 2015 après une enquête menée par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Depuis sa création, la HATVP a transmis aux instances judiciaires des dossiers sur une quinzaine d’élus. Le seul dossier ayant donné lieu à une condamnation définitive était celui du sénateur LR Bruno Sido, condamné en avril dernier à six mois de prison et 60 000 euros d’amende pour omission dans sa déclaration de patrimoine et blanchiment de fraude fiscale (compte en Suisse non déclaré). Josette Pons avait peu de chances de voir un tel verdict tomber, les faits qui lui sont reprochés étant autrement moins graves.

A.D

Affaire Montebourg-Le Pen : les avocats entendus à la Cour d’Appel

Le procès opposant Arnaud Montebourg à Jean-Marie Le Pen a été renvoyé à la Cour d’Appel de Paris. Accusé de diffamation et relaxé en première instance, l’ancien ministre avait déclaré à son propos qu’il faisait « l’éloge de la Gestapo ».

Le jugement final sur l’affaire opposant Jean-Marie Le Pen à Arnaud Montebourg sera connu le 19 janvier. Le jeudi 3 novembre, la Cour d’Appel entendait les avocats des deux hommes politiques, tout deux absents. À 13H30, la juge commence par rappeler les faits. Le 23 février 2014, lors d’un débat face à Marine Le Pen, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, charge Jean-Marie Le Pen : « Moi je n’oublie pas que le président d’honneur du FN a fait il y a quelques années l’éloge de la Gestapo et de l’occupation allemande ». Des propos qui lui vaudront un procès pour diffamation. Mais en avril, le tribunal correctionnel de Paris relaxait l’ancien ministre et condamnait Jean-Marie Le Pen à lui verser 3000 euros pour procédure abusive.

L’interview donnée par le président d’honneur du Front national au journal d’extrême-droite Rivarol en janvier 2005 a joué un grand drôle dans la décision. La juge en relit de longs extraits : « En France du moins, l’Occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés ». L’entretien lui avait valu une condamnation en février 2008, pour complicité d’apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l’humanité.

Pendant toute l’audience, les avocats élaborent sur les nuances de définition entre apologie, éloge et réhabilitation. Pour François Wagner, qui défend Jean-Marie Le Pen, l’interview de 2005 constitue seulement une preuve de réhabilitation, pas d’éloge. L’avocat met aussi en valeur le contexte électoral dans lequel l’ex-ministre a tenu ses propos, avant les élections municipales 2014. Il a agi selon lui dans « un but d’attaque politique » et « d’hostilité ».

« M. Montebourg n’a fait que paraphraser les propos de Jean-Marie Le Pen », répond son avocat, Christian Charrière-Bournazel. Observateur judiciaire pour la Fédération internationale des droits de l’homme, ce dernier parle plus longuement, cite Jean Racine et insiste sur la minimisation des crimes de l’occupation. L’avocat est un habitué du sujet : il a participé aux procès de Klaus Barbie et de Maurice Papon.

La défense rappelle également les précédents procès dans lesquels Jean-Marie Le Pen fut impliqué : « 20 juges ont dit la même chose : une présentation flatteuse de faits qui étaient des crimes ». À la fin de sa plaidoirie, il conclut gravement en regardant son homologue : « M. Le Pen est vivant mais il est mort au Front national, alors qu’il se taise ! »

Les sorties de Jean-Marie Le Pen : éloge, apologie ou réhabilitation ? La Cour d’Appel donnera sa réponse en janvier. Le 17 novembre, autre échéance : le tribunal de grande instance de Nanterre rendra son délibéré dans l’affaire qui oppose le Front national à son président d’honneur concernant son exclusion du parti.

Simon Chodorge

Assises : « Babu avait un cœur d’or »


En ce deuxième jour d’audience, Mohamed Fayed s’est exprimé et les différents experts qui ont travaillé sur l’enquête ont témoigné. Un point sur le procès « Babu », jeune homme qui avait été électrocuté dans le métro.

Six témoins absents. La seconde journée du procès « Babu » a encore eu du mal à démarrer. Le Président de la Cour a lu les dépositions des amis de Rajinder Singh, témoins directs de la scène. Tous concordent: Babu aurait bu deux bière à la débauche avant de prendre le métro avec ses amis. Il aurait repris Mohamed Fayed, qui importunait des jeunes femmes:  » Il parlait mal à une fille, je ne comprends pas le français mais on voyait sur sa bouche qu’il lui parlait mal et qu’elle n’aimait pas ça. »  La dispute aurait éclaté, l’accusé aurait invectivé Babu à descendre: « On voyait que l’arabe voulait en découdre » affirme le premier témoin en parlant de Mohamed Fayed. il se seraient poussés mutuellement avant que Babu ne tombe sur la voie. Ils se serait ensuite précipité pour le sortir de là alors que deux d’entre eux poursuivaient Mohamed Fayed qui avait pris la fuite:  » je savais que c’était dangereux mais il fallait que j’aide mon ami » a déclaré l’un d’entre eux. Tous sont d’accord: « C’était quelqu’un de sympa, ce n’était pas quelqu’un de violent« . Pourtant, aucun ne prétend avec certitude que Mohamed Fayed ait eu l’intention de tuer Babu.

« Je ne sais pas si c’était volontaire, j’ai juste vu que la dernière poussée était très violente »

Sur les jeunes femmes que Mohamed Fayed aurait ennuyé, aucune n’était présente mais le Président a également lu la déposition de l’une d’entre elle, avec qui l’accusé prétendais avoir eu des relations sexuelles:  » il a voulu m’enlacer et m’embrasser, je l’ai repoussé, nous les asiatiques n’aiment pas ce genre de gestes, il avait un comportement bizarre, il m’a offert des bonbons. Il dit n’importe quoi nous n’avons jamais eu de rapports sexuels » soutient-elle.

Enfin un témoin présent

Un vieil homme de 70 ans s’avance vers la barre. C’est le seul témoin direct de la scène présent au procès. Le 30 septembre 2011, il voit les médias prendre l’affaire Babu en main. « la version dite à la télévision n’était pas la vraie version, j’ai voulu dire la vérité« . Et le voilà devant nous, « je me rappelle très bien de la scène, dit-il,  c’était un groupe de quatre personnes, je ne comprenais pas ce qu’ils disait mais j’ai très vite compris que c’était une bagarre, les indiens étaient saouls, un faisait face à l’accusé, les autres étaient à l’écart« .

A la chute de Babu, le vieil homme se serait précipité vers l’alarme pour couper le courant. S’il ne peut pas être sûr des intention de Mohamed Fayed, il est persuadé d’une chose : «  Il a bien vu la chute, il a pris son sachet et il est parti en courant. Sur le visage de Fayed on ne voyait pas qu’il avait peur et puis quand on a peur on s’en va. Il a eu l’occasion de partir, je ne sais pas pourquoi il est resté« . Quand les avocats lui demanderons pourquoi Babu est tombé, il n’en démordra pas:

« C’est à cause de l’alcool« 

La parole aux experts

Le médecin légiste est d’abord intervenu pour faire son rapport : «  l’examen a permis de révéler que la victime était morte par électrocution. On a également constaté un fort taux d’alcool dans son sang. Il est évident que certaines capacités comme tenir debout peuvent être altérées » a-t-il précisé. Puis c’est au tour du psychiatre qui avait suivi Mohamed Fayed après son interpellation par la police. Selon lui, « M. Fayed ne présente aucun anomalie mentale ou psychique, il ne représente aucun danger pour la société s’il est relâché. Nous n’avons pas remarqué de comportement défiant ou agressif. Est-ce que sa version est vraie ou pas ? Nous n’avons pas le pouvoir du répondre. » L’examen scène par scène de la vidéo par l’expert audiovisuel conclu quant à lui:  « Babu pousse une dizaine de fois l’accusé à quelques secondes d’intervalles, par contre une seule poussée à suffit à Mohamed Fayed pour faire chuter Babu sur la voie. Il l’a poussé énergiquement, la victime a été déséquilibrée ». Il faut tout de même préciser que l’expertise de la vidéo est difficile car la scène se déroule en arrière-plan.

« Je voulais parler de sa mémoire »

Le témoignage le plus bouleversant de ce second jour de procès est sans doute celui de Jean-Louis Necemte, première partie civile. Lorsqu’on lui demande pourquoi il est venu il répond, un sanglot dans la voix, au bord des larmes: « je voulais parler de Babu car c’était mon ami, sa disparition me touche encore beaucoup. Je voulais parler de sa mémoire. C’était quelqu’un de très gentil, de très calme, jamais je ne l’ai vu hausser le ton, il aimait rendre service. » Babu connaissait Jean-Louis depuis 5 ans, il passait parfois les vacances chez lui avec sa compagne. Les larmes finissent par couler lorsqu’il raconte:  » la première fois qu’il est venu, quand on l’a raccompagné à la gare, il m’a embrassé et il m’a dit j’ai été reçu comme un frère. Ça m’a touché parce qu’on avait rien fait d’exceptionnel, il avait du cœur, je pense que si il s’est passé quelque chose c’est qu’il a été agressé verbalement. Je perds quelqu’un de très important et j’ai encore du mal à penser qu’il n’est plus là. »

« Je leur ai dit que je ne cherchais pas les problèmes »

Mohamed Fayed a enfin pu s’exprimer et décrire les faits selon sa propre version. Les choses étaient compliquées par sa mauvaise pratique du français, même son interprète avait du mal à comprendre: « c’est parce que je suis stressé que je n’arrive pas à bien m’exprimer. » Il en est ressorti que Babu l’aurait agressé, et qu’il n’aurait fait que se défendre. « C’est lui qui m’a abordé en me demandant pourquoi je jouais avec mes clé. Il m’a insulté, je n’ai pas répondu à ses insultes, j’ai continué mon chemin.  Finalement j’ai remarqué qu’ils étaient accompagnées d’autres personnes, le métro était bondé, beaucoup de monde voulait descendre en même temps, on était bousculés, je me suis retrouvé sur le quai. Ils étaient plusieurs à m’entourer, au début je leur ai parlé de façon très correcte. »

« Ils sentaient tous l’alcool, j’avais peur mais je ne voulais par leur montrer« 

Au moment où les choses dégénèrent, l’accusé dit n’avoir pas répondu aux coups de Babu, être tombé puis l’avoir poussé en se redressant pour se protéger. « Je leur ai dit que j’étais égyptien que je ne cherchais pas les problèmes. » Quant à son comportement avec les femmes, il se défend : « J’ai l’habitude de parler beaucoup avec des femmes, je leur ai proposé des bonbons, je ne les ai pas embêtées. Je n’ai pas importuné de femmes à l’intérieur de la rame, j’étais au téléphone » et de conclure: « Je ne voulais pas le tuer, je suis désolé ».

Ce sera aux jurés de décider quelle version est la vraie. Mohamed Fayed risque jusqu’à 15 ans de prison. Le verdict sera rendu demain.

Alexis Perché