Quand la solidarité passe devant la justice

En France, l’accueil des migrants reste une question clivante : depuis plusieurs mois, les cas où la solidarité est considérée comme un délit se multiplient.

Depuis l’abrogation en 2012 du « délit de solidarité », la loi autorise à porter secours aux étrangers en détresse, mais pas de les aider à entrer ou circuler en France. Dès lors, ceux qui ont « facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France » encourent cinq ans de prison et 30 000 euros d’amende. C’est ce que risque Laurent Caffier, un nettoyeur industriel, accusé d’avoir stocké chez lui des barques ayant permis de faire traverser des exilés entre Boulogne et l’Angleterre.

Même si la loi prévoit une « immunité humanitaire », qui exempte de poursuites ceux qui portent assistance à un étranger sans but lucratif, la justice lui reproche quand même son « aide au séjour irrégulier. » Laurent Caffier assume et revendique totalement la nécessité de ses actes, devenant ainsi l’une des figures emblématiques de la « délinquance solidaire ».

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Léa Duperrin, Julien Percheron

Ces bénévoles qui aident les migrants

Alors que la France tente de décourager l’arrivée de migrants, des Français choisissent au contraire de les aider et s’engagent en leur faveur, quitte à se mettre dans l’illégalité. Qui sont ces bénévoles ? Leurs motivations sont diverses. Mais une cause les rassemble : pallier l’absence de politiques d’accueil. Portraits croisés de cinq volontaires qui ont choisi de s’engager et entendent bien changer la donne.

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De l’hydrogène comme carburant : à la poursuite des taxis bleus

La flotte de taxis Hype arbore une carrosserie couleur "ciel" aisément identifiable
La flotte de taxis Hype arbore une carrosserie couleur « ciel » aisément identifiable

“A vélo à Paris on dépasse les taxis” chantait Joe Dassin, et pourtant, certains sont tout aussi bruyants qu’une bicyclette. Depuis le 7 décembre 2015 – et la COP21 -, une flotte de taxis fonctionnant à l’hydrogène circule dans la capitale. Mais ces taxis aux couleurs d’un ciel d’été sont quelque peu difficiles à suivre. Sur internet, on retrouve facilement le site hype.taxi. On comprend en lisant le maigre contenu, que la start-up STEP (Société de Taxis électriques parisiens) est à l’origine du projet et de la marque Hype.

Pour en savoir plus, direction le pont de l’Alma où se trouve la seule station de carburant hydrogène de la capitale. Quelques véhicules y stationnent. Sur de grands panneaux, un schéma explique aux passants le système de stockage de l’hydrogène, dont ils entendent le vrombissement. Pascal Abkadi est chauffeur de taxi : “Au niveau de la conduite c’est agréable et les clients apprécient aussi.” L’homme d’une cinquantaine d’années est très enthousiaste. “Le seul problème pour l’instant, c’est qu’il n’y a qu’une seule station pour se recharger, mais une deuxième est en construction à Orly.

Selon son partenaire Air Liquide, le fonctionnement de la start-up est “presque rentable”. Le président et fondateur de la société, Mathieu Gardies l’explique aisément : “Si on arrive à convaincre assez de financeurs qu’on sera rentables plus tard, c’est suffisant pour continuer à nous développer. Ca viendra naturellement, lorsque nous aurons plus de voiture, plus de stations pour les recharger et que les prix baisseront.”

Avec les dizaines de taxis qu’elle doit ajouter à sa flotte prochainement, la start-up pourra mettre en ligne une application pour réserver les taxis. La société espère être rentable pour son deuxième anniversaire. Cette confiance sur le moyen terme est double. La première clef, c’est Pascal Abkadi qui nous la donne : “Du travail, il y en aura toujours pour les taxis à Paris”. Et la seconde, c’est bien sûr la promesse de “l’énergie du futur” qui doit attirer les foules en ralentissant la pollution et permettre à l’économie de la start-up de s’envoler.