Reconnaissance du sexe neutre: la justice rend sa décision demain

« Né sans pénis, ni vagin« , Gaëtan, 66 ans, est un intersexe. Un troisième genre qu’il espère voir reconnaître sur l’état civil. Jeudi, la Cour de cassation tranchera si le sexe neutre pourra y figurer aux côtés des mentions homme et femme. A l’issue de cette décision, la France reconnaîtra, ou pas, cette catégorie.

Lors des débats, fin mars, devant la Cour, deux visions de la « binarité sexuelle » se sont confrontées. Elle serait « une construction intellectuelle » pour le défenseur de Gaëtan. A contrario, elle relèverait de « l’état de nature », selon l’avocat général.

L’affaire remonte à août 2015 lorsqu’un juge des affaires familiales de Tours a accepté que la mention « sexe neutre » soit inscrite sur les papiers de Gaëtan. Une décision infirmée par la Cour d’appel d’Orléans pour laquelle « admettre la requête » de ce dernier équivaut à « reconnaître l’existence d’une autre catégorie sexuelle dont la création relève de la seule appréciation du législateur. »

Gaëtan n’a jamais subi d’opérations. Mais la France a déjà été condamné à trois reprises par l’ONU pour des interventions chirurgicales sur des enfants, visant à leur attribuer un sexe.

Anaïs Robert

 

 

Augmentation du tarif des généralistes : la mesure ne satisfait pas les intéressés

Plaque de médecin généraliste, Crédits : Julien Percheron
Plaque de médecin généraliste, Crédits : Julien Percheron

 

Depuis le 1er mai, consulter son médecin généraliste coûte 25 euros et non plus 23. Cette revalorisation de deux euros de leur tarif de base est destinée à rendre plus attractive la profession auprès des étudiants en médecine. Il s’agit aussi de lutter contre les déserts médicaux. 

Cela fait six ans que les médecins généralistes l’attendaient. Depuis le 1er mai, le tarif de base de leur consultation a augmenté de deux euros. « On a enfin rattrapé une partie du retard lié à l’inflation« , salue le docteur David Calmes, membre du syndicat des Médecins généralistes de France (MGF). Une revalorisation davantage perçue comme une remise à niveau qu’une véritable augmentation. « Contrairement à nos tarifs, le coût de la vie et du travail n’ont pas arrêté de grimper« , souligne Stéphane Journeau, médecin dans la commune de Verson en Haute-Normandie. Celle-ci n’affecte pas les 95% de Français détenteurs de mutuels. « Le coût n’est pas ce qui fait obstacle pour accéder aux soins« , poursuit Stéphane Journeau.

Les praticiens évoquent des patients plutôt compréhensifs. « On ne valorise pas assez leur travail alors qu’ils font des études très longues et qu’on leur confie notre santé« , plaide Nicole Fighiera, habitante de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ces deux euros de plus, elle est prête à les avancer mais à une condition. « Il faut une vraie consultation, pas juste passer 10 minutes dans leur cabinet« , poursuit-elle. Rythme de travail intense, emploi du temps surchargé… Les médecins généralistes déplorent devoir enchaîner les consultations pour rentrer dans leur frais. « Le seul moyen pour eux de rentabiliser leur activité est de faire de l’abattage, soit recevoir 30 à 40 patients par jour« , assène David Eiss, médecin spécialiste à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine.

La désertification médicale s’aggrave

La mise à niveau des tarifs de base avec ceux des praticiens spécialistes est la mesure principale de cette nouvelle convention tarifaire signée entre l’Assurance maladie et les médecins généralistes. Une revendication du syndicat MGF qui vise à redorer le blason d’une profession délaissée par les étudiants en médecine. « Lorsqu’on forme 100 d’entre eux, seuls huit s’installent ensuite en libéral« , pointe Stéphane Journaux. Établi à Verson depuis plus de vingt ans, il s’alarme de la désertification médicale. Selon lui, elle commencerait même à s’étendre aux villes de province de taille plus importantes. « J’ai des patients qui viennent de Caen pour se soigner car ils n’obtiennent pas de rendez-vous dans un délai proche plus près de chez eux« , témoigne-t-il. Pour pallier cette situation, la convention médicale prévoit également une aide financière destinée aux praticiens libéraux qui s’établiraient dans ces déserts médicaux.

Ces avancées restent toujours insuffisantes selon le syndicat MGF. « Nos tarifs sont parmi les plus bas d’Europe« , avance David Calmes. Sur le reste du continent, la consultation est facturée quarante euros en moyenne. Cet écart est en partie responsable de la pénurie de vocations, analyse le syndicaliste. « De plus, la charge de travail augmente sans arrêt. Contrairement aux vétérinaires et aux dentistes, la plupart des médecins généralistes n’ont pas les moyens d’embaucher des assistants« , renchérit-il. Un état des lieux de la situation confirmé par Stéphane Journeau. Ce dernier fustige la « paperasserie » entraînée par la généralisation du tiers-payant. « L’État n’a pas augmenté nos tarifs pendant six ans mais, quand il s’agit de nouvelles procédures administratives, on aimerait bien qu’il nous délaisse un peu plus« , dit-il, amèrement.

Anaïs Robert

La Fnac lance une carte de crédit gratuite

Après Carrefour et Orange, c’est au tour de la Fnac de proposer sa propre carte bancaire. L’enseigne de produits culturels et techniques a annoncé ce mardi le lancement de sa carte Fnac Mastercard, en partenariat avec Crédit agricole Consummer Finance. La carte agit comme une carte de paiement supplémentaire et gratuite, puisqu’elle est débitée sur son propre compte bancaire. Elle est utilisable dans tout le réseau Mastercard, et accompagnée d’un ensemble de services d’assistance et de garanties, en France comme à l’étranger.

 Ce moyen de paiement est assorti d’un avantage pour les 5 millions de détenteurs des cartes de fidélité de la Fnac. Ces derniers pourront « cagnotter » une partie des sommes qu’ils auront dépensées par le biais de la carte, y compris dans les enseignes concurrentes, dont Amazon.

Le recrutement de clients fidèles

« Notre idée est que cette carte devienne le moyen de paiement principal de nos clients », a indiqué Enrique Martinez, directeur général de la Fnac en France, à nos confrères du Monde. De cette façon, la Fnac compte donner un coup d’accélérateur au recrutement de clients fidèles. L’enseigne a mis un an et demi à obtenir le dernier million d’adhérents à sa carte de fidélité.

Le lancement de la carte de paiement fait partie de la longue liste des nouvelles initiatives du nouveau groupe Fnac-Darty dans sa compétition contre le géant américain Amazon, après le rachat du distributeur d’électroménager fin avril 2016.

Garance Feitama

 

L’avenir de la Loi Travail suspendu aux résultats du second tour

J-7 avant le second tour de l’élection présidentielle. Le traditionnel défilé du 1er mai, fête des travailleurs, a relancé le débat sur la contestée réforme du Code du travail. Marine Le Pen s’engage à retirer la Loi Travail, Emmanuel Macron souhaite l’élargir. Que disent réellement leurs programmes ?

Il y a un an, jour pour jour, plusieurs centaines de milliers de manifestants battaient le pavé contre la réforme du Code du travail, portée par le gouvernement socialiste. La fameuse Loi Travail était finalement adoptée à coup de 49-3, à la fin du mois de juillet. Tout au long de la mobilisation, deux visions se sont opposées sur ce que doit être le travail. Deux visions qui se retrouvent aujourd’hui face à face, au second tour de l’élection présidentielle.

Fin de campagne oblige, Emmanuel Macron et Marine Le Pen multiplient les appels aux travailleurs et aux déçus de la mondialisation. Une tentative affichée de convaincre les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Invité sur le plateau de TF1 dimanche dernier, le chef de la France Insoumise, fort de ses 7 millions d’électeurs, n’a pas hésité à interpeller le candidat d’En Marche! sur la réforme du Code du Travail.

« Lui, il pourrait faire un geste, il pourrait leur dire : ‘Ecoutez, je vous ai compris, je retire mon idée de réforme du Code du travail (…) pour que vous puissiez faire un mouvement vers moi », a-t-il déclaré. Pas sûr que cela suffise à convaincre les adhérents de la France Insoumise à voter pour Emmanuel Macron, qui entend bien renforcer la Loi Travail s’il est élu.

Élargi, digital, complété : le Code du Travail version Macron

« La Loi travail est arrivée trop tard dans le quinquennat », regrette Emmanuel Macron. Dès le mois de mars, la résistance des syndicats et la pression maintenue dans la rue obligeaient le gouvernement de Manuel Valls à supprimer certains aspects de la loi. Le retrait du plafonnement des indemnités prud’homales permettait notamment aux syndicats réformistes, comme la CFDT, de se rallier au projet de loi. Son secrétaire général Laurent Berger a par ailleurs appelé à voter pour le candidat d’En Marche ! pour faire barrage au Front national.

 

 

Si Emmanuel Macron est élu président de la République, il ne sera plus question de reculer. Le candidat entend légiférer par ordonnance, dès cet été, contournant ainsi le processus législatif. Son objectif est de créer d’un Code du travail digital, « pour mieux accompagner les Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans les décisions qu’elles prennent ». Emmanuel Macron souhaite également instaurer « un plafond et un plancher pour les indemnités prud’homales pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (hormis les cas de discrimination, de harcèlement, etc.) ».

Emmanuel Macron affirme sa vision de la hiérarchie des normes, point crucial de la Loi Travail qui a suscité tant de désapprobations l’an passé. « La primauté sera donnée aux accords d’entreprise sur les accords de branche », peut-on lire dans son programme. Le candidat entend également réduire le nombre de branches, entre 50 et 100.

Généraliser la garantie jeunes et remplacer le CICE

Toujours dans l’objectif de poursuivre les principes amorcés dans la Loi Travail, Emmanuel Macron promet de généraliser les garanties jeunes. « Ce parcours d’accompagnement intensif assorti d’une allocation sera proposé à tous les jeunes précaires ni en formation ni en emploi », annonce le candidat. Défenseur du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE), Emmanuel Macron veut aller plus loin en réduisant les charges des entreprises françaises. Le candidat promet une augmentation des salaires nets, financée par la suppression des cotisations chômage et maladie. Là encore, les syndicats risquent de grincer des dents…

Protectionnisme intelligent, patriotisme économique : le travail dans le programme de Marine Le Pen

Le 26 avril dernier, la candidate frontiste s’est rendue à Amiens sur le site de l’entreprise d’électroménager Whirlpool, menacée de délocalisation à horizon 2018. Comme François Hollande avant elle, venu soutenir les ouvriers de Florange en 2012, Marine Le Pen a tenu un discours prometteur aux travailleurs de l’usine d’Amiens. Sur fond euroscepticisme, la candidate s’engage à mettre fin aux délocalisation des usines françaises.

 

 

La candidate FN entend, tout comme son rival, « alléger la complexité administrative et fiscale » des entreprises et abaisser le charges sociales des PME. Marine Le Pen propose également la défiscalisation des heures supplémentaires. Les deux candidats souhaitent améliorer les conditions d’accès à l’apprentissage. Mais les similitudes s’arrêtent là. L’engagement 53 du programme de Marine Le Pen est clair : « Retirer la loi Travail (dite loi El Khomri). » La candidate privilégie de son côté les accords de branches aux accords d’entreprises. Marine Le Pen affirme maintenir la semaine des 35 heures, tout en laissant la possibilité d’élargir le temps de travail moyennant des compensations salariales. Le programme de Marine Le Pen ne développe aucune mesure concrète sur l’assurance chômage.

Marine Le Pen porte un modèle de « priorité nationale ». Dans le contexte actuel de chômage de masse, son discours séduit. Encore devra-t-il s’illustrer dans les actes, si Marine Le Pen accède à l’Élysée. En témoignent les moqueries dont le Front national est la cible dans l’affaire des tee-shirts de soutien à la candidate.

 

Léa Duperrin