Personnes nées par PMA: à la recherche de ses origines

Le premier rapport annuel de la Cappad, publié vendredi, a dévoilé 434 demandes recevables d’accès à l’identité du donneur. Une quête des origines qui se révèle avoir un conséquent fond psychologique.

La Cappad (Commission d’accès des personnes nées d’une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs) a publié officiellement vendredi son premier rapport annuel dans lequel elle déclare avoir reçu 434 demandes recevables d’accès à l’identité du donneur de spermatozoïdes, d’ovocytes ou d’embryons, qui a permis leur naissance.

Cette commission créée il y a un an pour permettre aux personnes nées d’un don anonyme de gamètes d’accéder à des informations sur le ou la donneuse n’a pourtant pu envoyer que trois réponses positives, selon l’AFP.

À noter également que les femmes constituent 74% des 434 demandes recevables, tandis que l’âge moyen des demandeurs est stable à 33 ans en 2023 contre 34 ans en 2022.

Un nombre infime
Toutefois, pour Alexandre Mercier, président de l’association PMAnonyme qui milite pour « l’accès aux origines », ces 434 demandes ne constituent qu’un nombre infime par rapport aux 70,000 cas d’enfants nés par PMA (procréation médicalement assistée) depuis la création des banques de spermes et d’ovules en 1973. Ce qui pourrait être dû selon lui au fait que « nombreuses personnes ne sont pas conscientes, à ce jour, de leur mode de conception; un sujet longtemps considéré comme tabou dans nos sociétés ».
Il considère notamment que divers périples administratifs aussi bien que psychologiques séparent les enfants nés par PMA de la découverte de leur réelle identité.
Une quête d’identité

La recherche de l’identité du parent biologique s’inscrit dans la quête d’identité personnelle, selon Dr. Manuela Braud, psychologue et chercheure en Sciences de l’éducation et co-fondatrice de Planète Résilience. Les personnes nées par PMA «même s’ils entretiennent une très bonne relation avec les parents qui les ont éduquées, ont besoin de savoir d’où ils viennent pour savoir un peu où ils vont », assure-t-elle.

Pour la spécialiste, cette quête ne se borne point au fait de découvrir l’identité des parents biologiques mais s’accompagne de la volonté de comprendre certains décalages, parfois même culturels, entre l’enfant et son entourage, soit la famille qui l’a éduqué.

Un décalage et une difficulté à se comprendre et à se cerner qui peut dans certains cas faire naître chez la personne en question une pénible sensation de vide.

« Certains patients me confient qu’ils ont l’impression de marcher tous les jours sur un sol qui n’est pas stable parce qu’il demeure quelque chose de leur identité de base qui leur reste inconnu », explique la psychologue usant de l’image d’un arbre sans racines.

Établir une filiation

 Outre l’exclusive quête d’identité, existe une volonté de la personne d’établir une filiation, de retracer sa lignée. Une volonté qui, selon Manuela Braud, peut émerger quand la personne devient à son tour parent.

 « La recherche de l’identité du donneur peut être un moyen pour la personne née par PMA de s’ancrer dans une forme de filiation et de transmission. Devenus à leur tour parents, ces personnes en question veulent souvent retracer leur lignée afin de savoir mieux expliquer leurs origines à leurs enfants », détaille la spécialiste.

Le parent fantasmé

 Pourtant cette quête identitaire peut se révéler comme étant un réel périple psychologique basé sur fond d’illusions.

« Parfois, les personnes qui recherchent leurs origines fantasment totalement le parent inconnu. Ils recherchent souvent dans ce parent fantasmé non connu la compensation des failles des parents qui les ont éduqués », affirme Manuela Braud établissant une comparaison avec le cas des personnes adoptées.

Selon elle, ces personnes considèrent fréquemment que les parents biologiques sont forcément de meilleurs parents que ceux qui les ont éduqués. Autrement dit, ils sont dans une recherche illusionnée de ce qu’ils n’ont pas.

« Certes ces personnes peuvent être plutôt satisfaites de découvrir d’où elles viennent mais il y a souvent une sorte de déception lors de la rencontre. Le contraste entre la réalité et le fantasme peut être réellement bouleversant », ajoute-t-elle.

Conflit de loyauté

 Sur cette quête d’identité personnelle vient se forger une peur de la personne de briser le lien avec les parents qui l’ont éduquée, ce qui peut parfois dissuader la fameuse quête des origines. Une peur qui relève selon Manuela Braud de « l’ordre du conflit de loyauté envers les parents ».

 « Bien souvent des personnes adultes qui recherchent leurs origines n’en parlent pas à leurs parents au début. La volonté de la recherche naît et se fait en premier lieu dans le secret », explique la spécialiste.

Elle dévoile notamment que certaines fois ces personnes, en comparaison avec les personnes adoptées, ne dévoilent leur recherche à leurs parents qui les ont éduqués que quasiment la veille de leur rencontre avec leur parents biologiques.

« Cette recherche est complètement légitime. Si la personne retrouve ses origines cela ne veut pas dire que le lien affectif avec les parents qui l’ont éduquée va se rompre. Bien au contraire », assure-t-elle définissant ces cas par ce qu’elle appelle une parentalité additive.

Yara EL GERMANY

Agressions, insultes, menaces :la difficile protection des machinistes RATP

Le procès des deux meurtriers présumés de Philippe Monguillot, chauffeur de bus, battu à mort en juillet 2020 à Bayonne, s’est ouvert ce vendredi 15 septembre à Pau. Il avait été tabassé après voir demander à des jeunes de mettre correctement leurs masques. Trois ans après, qu’en est-il de la sécurité des chauffeurs de bus ? Reportage.

Installé sur son siège vert de machiniste de la RATP (régie autonome des transports parisiens), Mehdi* en pause depuis quelques minutes, jette un œil sur son smartphone. Il est 10 h 30, ce vendredi 15 septembre ensoleillé à Levallois (92) et ce dernier chauffeur de bus depuis maintenant 10 ans conduit aujourd’hui la ligne 167, direction église de Colombes. Il est sur le pont depuis six heures du matin. Ce féru d’actualité est au courant de l’ouverture du procès des meurtriers présumés de Philippe Monguillot, ce chauffeur de bus de 49 ans tabassé à mort il y a trois ans à Bayonne. Un drame qui avait ému le pays et suscité des réactions de toutes parts. « C’est horrible ce qu’il s’est passé à Bayonne, je m’en souviens très bien ! », rappelle le quarantenaire au débit de parole rapide.

Les agressions, insultes, menaces de mort, incivilités font partie du quotidien des chauffeurs de bus depuis plusieurs années, en particulier à Paris et dans la région parisienne. Depuis plusieurs années, la RATP a mis en place divers dispositifs de sécurité pour protéger ces employés mais ceux-ci n’empêchent pas les agressions.

Des dispositifs mis en place par la RATP suffisants ?


À 10 h 35, une personne âgée munie d’une canne se présente devant l’entrée du bus « excusez-moi monsieur, c’est où pour prendre le 94 ? » « Vous reculez et vous prenez la première à gauche » « Merci beaucoup ». Avant de redémarrer, il tient à montrer les dispositifs de sécurité présents dans le bus «  ici, vous avez bouton, ils nous appellent et nous demandent si on a besoin de renfort et ils nous envoient une équipe, les GPSR (groupe de protection et de sécurité des réseaux) pour nous aider mais en général le temps qu’ils arrivent, c’est souvent trop tard », regrette-t-il.

« Il y a une caméra au-dessus de l’habitacle, la vitre anti-agression que l’on peut activer. Ce sont des choses qui existent depuis longtemps ». En effet, en 2015, après une vague d’agressions, des caméras de surveillance ont été installées dans tous les bus afin d’identifier les fauteurs de trouble. Le conducteur peut relever une vitre en plexiglas anti-agression et il existe près de l’embrayage une pédale permettant de donner l’alerte discrètement. Malgré la variété des équipements, les agressions se produisent régulièrement « j’ai une collègue très pointilleuse sur les règles en général et au moment du Covid, elle a demandé à une personne son masque et on lui a mis un coup de clé dans le visage ! », affirme avec une pointe de lassitude Mehdi.

« J’ai décidé de tout laisser passer »

 

Pour éviter ces agressions des passagers, Mehdi adopte une ligne de conduite depuis sa prise de fonction « j’ai décidé de tout laisser passer, si la personne ne composte pas son titre, si elle monte avec un vélo ou autre. Je ne dis rien », relate-t-il. « Bien sûr, il arrive que je me fasse insulter mais ça ne va pas plus loin. » Alors qu’une sirène des pompiers retenti à proximité, le 167 reprend sa marche en avant à 10 h 40.

Les agressions sont communiquées aux employés dans les dépôts, elles sont affichées en détail sur un écran « toutes les semaines, on voit sur l’écran les agressions, ça défile quotidiennement franchement. J’ai plusieurs collègues en arrêt depuis plusieurs années et quand j’en revois certains et que je leur demande où ils étaient passés, la réponse c’est « bah, je me suis fait agresser »


Dans la ligne 378, à destination de Nanterre RER, une ligne très fréquentée. Karim, machiniste à la RATP se souviendra pendant très longtemps de son premier jour de travail. C’était il y a six ans, ce jeune homme se réjouissait de débuter en tant que chauffeur de bus et sans aucune raison : « je me suis fait gazer par un homme qui était à l’extérieur du bus. Je ne sais pas si cette personne s’est pris une amende juste avant par des contrôleurs mais c’est moi qui ai tout pris ! », raconte aujourd’hui avec le sourire le jeune homme. Après avoir prévenu sa hiérarchie, Karim a dû poursuivre le travail. Il estime que la formation à la RATP n’est pas adaptée, « on nous apprend à tenir notre contrôle mais ce n’est pas suffisant, la violence est imprévisible dans notre métier. J’ai un collègue qui s’est fait agresser d’un coup de tête par une personne âgée il y a trois mois sur cette ligne », explique le conducteur.

Que ce soit chez Mehdi* ou Karim, un même sentiment de lassitude et de découragement transparaît face à ces multiples agressions. Pourtant, en avril dernier, le ministre des Transports Clément Beaune et le PDG de la RATP Jean Castex se félicitaient de la hausse des conducteurs de bus embauchés 800 sur les 2500 nécessaires à la régie.

Don de gamètes : plus de 400 demandes recevables d’identification des donneurs

La commission qui doit permettre aux personnes nées d’un don anonyme de gamètes d’accéder à des informations sur le ou la donneuse a reçu « 434 demandes recevables » depuis sa création il y a un an. Elle n’a pu envoyer pour l’heure que trois réponses positives.

Quatre cent trente-quatre. C’est le nombre de demandes d’identification du donneur recevables reçues en un an. Une centaine de personnes ont été identifiées, a précisé la Commission d’accès des personnes nées d’une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs (Capadd).

Parmi les donneurs, certains sont décédés – ce qui met fin à la procédure – et d’autres ont refusé de dévoiler leur identité. Pour l’heure, la commission n’a pu envoyer aux demandeurs que trois réponses positives.

Pour les retrouver, la commission s’adresse d’abord au centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain (Cecos, communément appelé « banque du sperme ») où le don a été effectué. Celui-ci consulte ses archives afin d’identifier le donneur ou la donneuse recherchés.

La commission se charge ensuite de le contacter afin de savoir s’il consent ou non à communiquer ses informations. Si oui, ses données sont ajoutées à un registre géré par l’Agence de biomédecine puis communiquées à la personne (devenue adulte) née du don de gamètes.

Loi de bioéthique

Depuis l’entrée en vigueur de la loi de bioéthique du 1er septembre 2022, le donneur de spermatozoïdes ou la donneuse d’ovocytes doit nécessairement consentir à la divulgation future de son identité aux enfants qui naîtront de ce don, si ceux-ci en font la demande une fois devenus adultes.

La commission a par ailleurs reçu 435 consentements spontanés de donneurs, qui avaient effectué un don avant l’évolution de la loi et acceptent que leur identité soit intégrée au registre afin d’être dévoilée si une personne conçue par leur don en fait la demande.

Depuis la création des banques de spermes et d’ovules en 1973, on estime que plus de 70.000 enfants sont nés grâce aux dons de gamètes.

Avec AFP

Pourquoi la recherche de logements étudiants semble encore plus compliquée cette rentrée ?

(Photo de PASCAL GUYOT / AFP)

Sur les bancs de la fac plusieurs jeunes étudiants se trouvent être sans domicile fixe à Paris. Une problématique qui inquiète les associations mais aussi les agences immobilières qui remarquent un réel manque de propositions de locations par rapport aux années précédentes.

« Je n’ai jamais vécu un truc pareil. Etre obligée de dormir à l’hôtel le jour de la rentrée », déclare Noa Perret, 21 ans étudiante en master de journalisme à Paris. « Je viens de Haute- Savoie, je ne connaissais pas du tout Paris avant. Et depuis trois semaines je suis toujours obligée de loger à l’hôtel avec mon copain car nous n’avons toujours pas trouvé de logement. » Mi-septembre, les cours ont bien repris dans les différentes universités de Paris pour autant de nombreux étudiants sont encore en recherche active d’un lieu où domicilier le temps de leurs études. C’est également le cas de Yan Daniel, qui vient également d’arriver sur Paris depuis près d’un mois. « Pour l’instant je squatte le canapé de mon cousin à Asnières. J’ai de la chance d’avoir un plan de secours mais je ne veux pas profiter de l’hospitalité », explique-t-il tout aussi embarrassé que Noa, qui se voit mal aller dormir chez ses amis étudiants locataires de studios dans la capitale.

Une année exceptionnelle

Chaque année la question du logement étudiant est une réelle problématique en France. Pour autant cette année scolaire 2023-2024 semble plus compliquée que les précédentes. « Cela fait 32 ans que je fais ce métier. J’en ai vu passer des crises mais depuis deux ans c’est de plus en plus compliqué », affirme Cyril de Lachaise, président de l’agence immobilière de LACHAISE dans le 5ème arrondissement de Paris. « Le problème n’est pas le nombre d’étudiant qui reste environ le même chaque année mais le nombre de logements en location qui diminue. » Une baisse des propositions de logements qui s’expliquent par plusieurs raisons. Tout d’abord, l’impossibilité pour les professionnels de l’immobilier de proposer à leurs clients les logements considérés comme passoires thermiques. Depuis le 1er janvier 2023 le seuil maximal de consommation d’énergie finale d’un logement est fixé à 450 kWh/m2 et en janvier 2025 ce sera aux logements classés F, ceux consommant entre 331 et 450 kWh/m² par an d’être interdits à la location. « Certains bailleurs ont anticipé leurs travaux pour 2025. Ils préfèrent attendre et voir avec leur diagnostiqueur de performance énergétique pour les mettre aux normes avant 2025. Ces logements sont donc pour l’instant indisponibles », explique Emmanuelle Devevey chargée des locations chez Orpi.

Pas assez de logements Crous


Pour de nombreuses associations, les passoires thermiques ne sont pas les seuls fautifs. « 5300 logements construits en 2022 contre 7 000 en 2017. » C’est ce qu’a annoncé cette semaine La Fondation Abbé-Pierre appelant à un réveil du gouvernement autour de la question de la précarité étudiante. Selon l’association seulement 25% des étudiants boursiers et 6 % de l’ensemble des 2,7 millions d’étudiants peuvent être logés au sein des résidences Crous. Droit au Logement dénonce quant à eux le profit qu’essaient de tirer les bailleurs de la Coupe du monde rugby. « Beaucoup de locations à l’année, de locations étudiantes de 9 mois, seront donc indisponibles jusqu’à fin octobre, car les bailleurs ont prolongé leur saison d’été grâce à la coupe du monde, particulièrement autour du stade de France, mais aussi  dans les 8 autres métropoles », déclarent-ils dans un communiqué appelant à manifester le 30 septembre pour la baisse des loyers et de l’énergie.

Plus d’une centaine d’appels par annonce

Des logements qui se font de plus en plus rares et des étudiants obligés de scruter chaque nouvelle annonce dans la crainte de la voir leur échapper dans la minute qui suit. « Je paie des abonnements sur des sites d’annonces en ligne chaque mois mais le parc locatif est tellement saturé qu’on n’a accès à rien. Avec la reprise des cours la recherche est encore plus compliquée. On n’a pas le temps d’être toute la journée sur l’ordinateur », déplore Yan. Un phénomène remarqué par les agences immobilières qui peuvent recevoir des centaines d’appels dès la publication d’une location. « J’ai déjà eu 350 appels pour un 18 m² », affirme Emmanuelle Devevey qui contrairement à Cyril de Lachaise continue d’en proposer sur internet. « Cet été je ne mettais plus sur internet les studios. Je ne peux pas gérer autant d’appels. Je les proposais seulement à la première personne qui se présentait à l’agence mais ça crée encore plus d’inégalités à l’accès au logement finalement. »

 

Alyssia Gaoua