Laurent Fabius bientôt au Conseil constitutionnel ?

Laurent Fabius pourrait bien siéger prochainement au Palais Royal. Crédit photo: AFP FREDERICK FLORIN
Laurent Fabius pourrait bien siéger prochainement au Palais Royal. Crédit photo: AFP FREDERICK FLORIN

Le ministre des Affaires étrangères devrait quitter ses fonctions actuelles pour s’installer dans le fauteuil de président des Sages.

Nos confrères de RTL l’ont annoncé ce mardi midi : Laurent Fabius serait sur le départ. Selon la radio, le président François Hollande l’aurait en effet choisi pour présider le Conseil constitutionnel. Si cela venait à se réaliser, le ministre des Affaires étrangères prendrait la place de l’actuel président Jean-Louis Debré, dont le mandat arrive à échéance le 4 mars, et ce pour une durée de 9 ans. Le Conseil constitutionnel se compose de neuf membres, chacun élu pour neuf ans, et il se renouvelle d’un tiers tous les trois ans. Les présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat doivent également présenter un candidat à l’entrée dans le Conseil des Sages. Claude Bartolone a choisi Corinne Luquiens, actuellement secrétaire générale de la chambre basse. De son côté, Gérard Larcher, le président du Sénat, annoncera son ou sa candidat(e) au même moment que François Hollande.

En cas de désignation de Laurent Fabius, la place au Quai d’Orsay serait vacante. Plusieurs noms ont déjà été avancés pour le remplacer. Le plus récent est celui de Martine Aubry, ce matin-même. La maire PS de Lille s’est empressée de démentir l’information. Avant elle, c’est Ségolène Royal qui fut un temps pressentie, de même que Jack Lang, Hubert Védrine, ou encore Elizabeth Guigou.

L’identité de ce remplaçant mystère devrait être révélée demain. Le départ de Laurent Fabius occasionnerait alors un remaniement ministériel. Une thèse corroborée par la soumission de quatre noms par François Hollande à la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique, institution chargée de passer au peigne fin les patrimoines des futurs élus ou … ministres.

 

 

 

 

Remaniement : Non, Martine Aubry n’a pas tenté de séduire François Hollande

Martine Aubry, le 23 septembre 2015 à Lille. AFP PHOTO / DENIS CHARLET / AFP / DENIS CHARLET
Martine Aubry, le 23 septembre 2015 à Lille. AFP PHOTO / DENIS CHARLET / AFP / DENIS CHARLET

Dans un article publié mardi 9 février, Le Parisien révèle que Martine Aubry souhaiterait profiter du futur remaniement pour prendre la tête du ministère des Affaires étrangères, et qu’elle en aurait discrètement parlé au président de la République. Des informations démenties avec véhémence par la maire de Lille, qui réaffirme son désintérêt pour un travail au gouvernement. 

« J’ai cru à un gag. » C’est en ces termes que Martine Aubry s’est exprimée à La Voix du Nord concernant un article du Parisien, selon lequel elle aurait demandé à François Hollande de lui réserver une place au sein du nouveau gouvernement. Alors que l’Elysée prépare un remaniement en procédant à des vérifications fiscales, le quotidien régional affirme dans un article publié le mardi 9 février que la maire de Lille aurait « fait savoir discrètement à François Hollande qu’elle serait intéressée par le ministère des Affaires étrangères. »

« Je viens de lire l’article du Parisien annonçant que j’aurais fait des offres de service pour être ministre des Affaires étrangères […]. Je n’ai jamais rien demandé dans ma vie. Je ne vais pas commencer maintenant. »

Dans son long papier, Le Parisien analyse les raisons pour lesquelles Martine Aubry aurait décidé de se rapprocher du président de la République, notamment l’échec du PS aux régionales et la nécessité de contrer la politique droitiste de Manuel Valls. Autant d’arguments qui ne semblent pas avoir convaincu la principale intéressée. Difficile de démêler le vrai du faux, mais concernant une potentielle entrée au gouvernement, Martine Aubry reste catégorique : « j’ai déjà dit, et je le redis, que je ne le souhaite pas. »

Benjamin Pierret

Le programme économique du FN divise… le FN

Réuni en séminaire du 5 au 7 février, le Front national est confronté à un problème : comment confirmer au second tour des élections les bons scores observés aux premiers ? Au programme donc, un changement de nom, la sortie de l’euro et surtout la préparation de 2017.

Depuis cinq ans, le Front national a su conquérir une partie de l’électorat de droite sur ses thématiques traditionnelles de l’immigration et de la sécurité. Mais il a aussi progressé en séduisant à gauche et jusqu’à l’extrême gauche anti-libérale grâce à son discours social et économique. Reste à devenir crédible et passer la barre du second tour. Problème, ce programme économique anti-libéral, anti-euro et protectionniste est largement décrié par la plupart des économistes. Voici les principales mesures avancées par le parti frontiste.

French Front National (FN) far-right party's President Marine Le Pen delivers New Year's wishes to the press at the FN headquarters in Nanterre on January 7, 2016. / AFP / LIONEL BONAVENTURE
Marine Le Pen lors d’un discours au siège du Front national le 7 janvier 2016. (Photo AFP / LIONEL BONAVENTURE)

« Le retour au franc pour retrouver la prospérité » : ce projet reste central dans le programme du Front même si les termes et la date de cette sortie ont évolué avec le temps. Il ne s’agit pas « d’une sortie unilatérale de l’euro ». A l’image des Britanniques de l’Ukip, le parti souhaite organiser un référendum en France. Tout en renégociant les traités européens, le parti prévoit le démontage « coordonné de l’euro unique par un euro commun qui coexisterait avec l’euro ». L’objectif : « agir sur notre monnaie en refusant les plans dramatiques d’austérité sociale ». Après avoir repris le contrôle de la politique monétaire, le FN envisage de dévaluer le franc (de 20% à 25% selon les prises de parole).

« Déprivatiser l’argent public pour désendetter la France » : « en 40 ans, la France a versé 1400 milliards d’euros d’intérêts aux marchés financiers ». Partant de ce constat, le FN propose de briser le monopole des banques, ce qui permettrait à la France de s’endetter auprès de la banque de France à des taux bas et non plus sur les marchés privés. Cette proposition est commune avec l’extrême gauche et les souverainistes comme Nicolas Dupont-Aignant.

« Le retour de la retraite à 60 ans et la revalorisation des retraites » : Là encore, une proposition de l’extrême gauche. La retraite pleine à 40 annuités serait restaurée et l’âge légal de départ en retraite ramené à 60 ans. De plus, les pensions de retraites seraient revalorisées. En revanche, le minimum vieillesse pour les étrangers sera supprimé. Ces mesures seront financées en taxant les revenus du capital.

« Augmenter le SMIC de 200 euros nets en instaurant une taxe douanière » : cette mesure de relance du pouvoir d’achat serait financée par une « contribution sociale aux importations égale à 3% du montant des biens importés », c’est à dire une taxe aux frontières.

 

Avec ce programme qui promet souveraineté et politique sociale, le FN a cherché à faire le grand écart. Il souhaite rassurer sa base historique sensible aux problématiques identitaires, continuer de rafler les « laissés-pour-compte de l’UMPS » tout en séduisant les classes moyennes. Un choix entre libéralisme et étatisme qui va s’avérer crucial dans la stratégie de campagne de 2017. Sans compter que le parti n’affiche pas un front uni sur ces questions.

 

Plusieurs cadres frontistes aimeraient que la sortie de l’euro soit beaucoup moins mise en avant dans les discours afin de ne pas effrayer l’électorat de droite, notamment les retraités, inquiets pour leur épargne, et les CSP+. Parmi eux, il y a Jean-Lin Lacapelle. Le nouvel homme fort du Front national depuis sa nomination au poste de secrétaire national aux fédérations et à l’implantation, a annoncé la couleur dans une interview à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute : « Nous devons réfléchir pour voir si l’on peut préserver l’euro et le faire évoluer ou s’il faut changer de monnaie, c’est-à-dire revenir au franc« .

L’arrivée de l’ancien directeur commercial de L’Oréal, et de ses réseaux dans le secteur privé, est aussi cohérente avec le visage pro-business que souhaite désormais afficher le FN, soucieux de contrer les piques de la droite sur son programme économique «de gauche». Quant à la sortie de l’euro, l’intéressé relativise : « ce n’est pas ça l’idée, c’est différent. On veut challenger l’euro. On n’en sort pas du soir au lendemain. Cela se prépare, s’anticipe, se discute avec les entrepreneurs. »

Marion Maréchal-Le Pen, en bonne petite fille de son grand père (« le Reagan Français » pour reprendre ses propre mots) penche du côté du libéralisme. Robert Ménard allait même plus loin vendredi dernier. « Si le Front national veut gagner, il faut qu’il change« , a-t-il insisté au micro de France Info. « Faire de la sortie de l’euro l’alpha et l’omega de toute politique me semble être une mauvaise idée. »

Au contraire, Florian Philippot, qui incarne la ligne « sociale » et étatique du FN s’oppose à toute remise en question de la sortie de l’euro. Celui-ci menace de quitter le parti si cette mesure devait être abandonnée.

Reste à savoir où se placera Marine Le Pen. Idéologiquement plus proche de la ligne Philippot elle doit aussi composer avec les autres mouvances de son parti. Invitée lundi soir sur le plateau de TF1, la présidente du Front national devrait clarifier la situation.

Antoine Etcheto

Ce que l’affaire Cahuzac a changé

Le procès de Jérôme Cahuzac s’est ouvert cet après-midi. L’ancien ministre des finances est accusé de fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Alors qu’il était ministre du budget, le site d’information Médiapart a révélé que le socialiste avait détenu pendant 20 ans un compte en Suisse. Après des mois de déni, le ministre avoue et démissionne. Un scandale qui a laissé des traces.

Le procès de l'ancien ministre du budget débutait cette après-midi Crédit LIONEL BONAVENTURE / AFP
Le procès de l’ancien ministre du budget débutait cette après-midi Crédit – LIONEL BONAVENTURE / AFP

 

Avec l’affaire Cahuzac, la « République exemplaire » prônée par François est écornée. À lui seul, le député socialiste de Lot-et-Garonne décrédibilise un exécutif qui se voulait transparent. La réaction de François Hollande est immédiate. Suite aux aveux du ministre, Jean-Marc Ayrault exhorte son gouvernement à publier le détail de leur patrimoine. L’ensemble des ministres s’exécutent bien qu’aucun texte ne les y oblige.

Création de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique

L’objectif pour François Hollande: regagner la confiance des Français. En septembre 2013, les projets de loi sur la transparence de la vie publique sont adoptés. Désormais les déclarations de patrimoine des ministres, parlementaires et élus locaux sont consultables sur demande à la préfecture. Une haute autorité pour la transparence de la vie (HATVP) publique est également créée. Elle a pour mission de contrôler les déclarations des élus avant chaque mandat.  Elle détermine si la situation fiscale et patrimoniale de l’élu est compatible avec sa future fonction. La HATVP vérifie également, au terme du mandat, la régularité des comptes de l’élu pour éviter tout enrichissement personnel.

L’exécutif ne s’arrête pas là. François Hollande annonce la création d’un parquet national financier (PNF) qui « conduira et coordonnera toutes les enquêtes » liées à la délinquance financière et à la fraude fiscale. Il dispose de moyens humains et juridiques propres. En mars 2014, Eliane Houlette est nommée procureur national financier, aujourd’hui c’est elle qui représente le ministère publique dans le procès Cahuzac.

 

La chasse aux sorcières

Le scandale Cahuzac ouvre une chasse aux sorcières. Le gouvernement est intransigeant et des têtes tombent.

  • En mars 2014, Yamina Benguigui, la ministre déléguée à la francophonie est épinglée. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique saisie le procureur de la République. Dans sa déclaration de patrimoine, la ministre est suspectée de n’avoir pas mentionné des actions dans une société belges. Le montant de la fraude est estimé à 430 000 euros. La ministre n’est pas reconduite dans le gouvernement Valls. Elle comparait devant le tribunal correctionnel de Paris en septembre 2015 mais est relaxée.
  • Jean-Marie Le Guen est visé par la HATVP. Il est accusé d’avoir sous-évalué son patrimoine immobilier. Il corrige sa déclaration et évite une procédure pour déclaration mensongère. Pourtant, selon Médiapart, le secrétaire d’État chargé des relations avec le parlement pourrait faire l’objet d’un redressement fiscal.
  • Le plus gros scandale post-Cahuzac, c’est celui qui vise Thomas Thévenoud. Le secrétaire d’État au commerce extérieur et député PS est accusé de fraude fiscale. Selon Médiapart, il n’aurait pas payer ses impôts pendant trois ans. La HATVP l’accuse également d’avoir cacher certaines de ses activités sur sa déclaration d’intérêts. S’ajoutent à cela, des retards de paiement sur son loyer, ses amendes et ses factures EDF. Pour sa défense, il explique être « phobique administratif ». Face à la pression, il démissionne du gouvernement et quitte le Parti socialiste mais conserve son mandat de député de Saône-et-Loire.

 

Outre les scandales de fraude fiscale, d’autres affaires ont touché l’entourage de François Hollande. En avril 2014, d’Aquilino Morelle, alors conseiller politique de François Hollande est accusé de conflit d’intérêt. Il aurait réintégré l’Inspection général des affaires sociales (IGAS) alors qu’il travaillait toujours pour des laboratoires et ce, sans en informer l’IGAS. Quelques mois seulement après cette démission, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants est à son tour accusé de conflit d’intérêt. Il aurait avantagé des membres de sa famille dans l’obtention de marchés publics. Il présente sa démission. En décembre 2014, Faouzi Lamdaoui, conseiller à l’égalité et à la diversité est accusé d’avoir utilisé l’identité d’une tierce personne pour créer une société. Société dont il aurait détourné plusieurs milliers d’euros.

Autre affaire qui égratigne l’image du pouvoir, celle d’Agnès Saal. L’ancienne directrice de l’INA est sanctionnée pour des notes de taxis faramineuses. En 10 mois de présidence, la fonctionnaire aurait dépensé 40 000 euros en frais de taxis. Suite à ses révélations, le président de la République l’a exclu de la fonction publique pour deux ans.

 

Victoire Haffreingue-Moulart