XV de France : la réussite rochelaise

Promu en Top14 il y a deux ans, le Stade Rochelais ne cesse d’impressionner. Neuvième l’année dernière, le club est encore en course pour assurer son maintien cette saison. Des résultats dus notamment aux performances de joueurs encore inconnus il y a deux ans, et qui donnent la pleine mesure de leur talent sous la houlette de l’entraineur Patrice Collazo. Récemment, trois des ces joueurs ont été convoqués en Équipe de France. Une vraie récompense.
Kévin Gourdon, Uini Atonio, Vincent Pelo… Il y a deux ans, ces trois joueurs bénéficiaient encore d’un certain anonymat. Mis à part les experts de la Pro D2, peu de gens auraient pu déceler en eux des internationaux en puissance. Promus en Top14 à l’issue de la saison 2013-2014, les jaune et noir ont acquis leur maintien avec talent, déjouant tous les pronostics. Mieux encore, en septembre 2014, le pilier droit Uini Atonio est convoqué par Philippe Saint-André, l’ancien sélectionneur du XV de France. Quatre mois plus tard, c’est au tour de Loann Goujon (aujourd’hui à l’Union Bordeaux-Bègles) d’être appelé. On aurait pu croire à deux cas isolés, mais la tendance se confirme cette année. La Rochelle est « à la mode », et Kévin Gourdon et Vincent Pelo sont venus renforcer le contingent rochelais le 28 janvier dernier, sélectionnés eux aussi pour le tournoi des Six Nations.

Le pari de la formation
Onzième budget du Top14, le Stade Rochelais ne peut pas lutter à armes égales avec les grosses cylindrées du championnat (16,43 millions d’euros de budget contre 31 millions d’euros pour le Stade Toulousain). Condamnés à jouer le maintien, les charentais doivent miser sur un recrutement efficace et peu coûteux pour se renforcer. Pas de star internationale dans l’effectif, le club mise sur de jeunes joueurs en espérant les faire progresser. Uini Atonio en 2011, Loann Goujon et Kévin Gourdon en 2012 puis Vincent Pelo en 2014, aucun de ces néo-internationaux n’avait encore 25 ans à son arrivée à La Rochelle. « Nous, on est encore à un étage où il faut faire progresser les joueurs, expliquait Patrice Collazo au journal L’Équipe en avril dernier. À La Rochelle, les mecs découvrent, ne savent pas se situer par rapport au niveau du Top 14. Ils deviendront peut-être des grands joueurs. J’ai des gars neufs qu’on doit emmener vers le haut niveau. »
Le travail de Patrice Collazo
L’entraineur de la Rochelle est avant tout un détecteur de talents hors-pair. « Atonio, lorsqu’il débarque à La Rochelle, il a des problèmes de surpoids (il pèse alors 150kg). Pelo, lui, a des soucis tactiques et de discipline, » explique Wilfried Templier, journaliste rugby sur RMC. « Et pourtant, l’entraineur est quand même allé les chercher ». Lorsque Patrick Collazo recrute Kévin Gourdon et Loann Goujon, ce sont encore de jeunes joueurs sans références au plus haut niveau. Vincent Pelo, lui, ronge son frein en ProD2. Enfin, Uini Atonio est un illustre inconnu, repéré lors d’un tournoi à Hong-Kong. « Le fait qu’il leur ait fait confiance est un signe fort. Du coup, il y a une sorte de pacte entre lui et les joueurs. Ils se donnent à fond et ne lâchent rien » analyse Wilfried Templier. Ancien pilier, Patrice Collazo sait être dur. Mais parfois, son engagement lui joue des tours (son comportement sur le bord du terrain lui a valu 10 semaines de suspension en début de saison). En tout cas, ses joueurs semblent le suivre, comme en témoignent les résultats.

 

Patrice Collazo, entraineur du Stade Rochelais
Patrice Collazo, entraineur du Stade Rochelais
Voir ailleurs pour progresser
Malgré la fulgurante progression de certains joueurs, le club rochelais bataille encore cette saison pour obtenir le maintien. Dès lors, voir trois de ses joueurs sélectionnés en Équipe de France s’apparente à une incongruité au vu du classement actuel. Des clubs qui le suivent en Top14, seul le Stade Français envoie plus d’internationaux français pour le tournoi des Six Nations.

Malgré la prolongation pour deux années supplémentaires du contrat du néo-international Vincent Pelo, la question d’un départ est toujours d’actualité pour Kévin Gourdon ou Uini Atonio. Comme leur ancien coéquipier Loann Goujon, ils pourraient franchir un pallier supplémentaire en jouant la coupe d’Europe avec un club plus prestigieux. Même si à La Rochelle, tout est réuni pour leur progression. « L’ambiance du club est familiale, le stade est plein à chaque match, le cadre de vie est agréable, explique Wilfried Templier. Le club progresse, ils n’ont pas de raison de partir, à part si un « très gros club » frappe à la porte comme Toulon. »
Engagé jusqu’en 2017 avec La Rochelle, Uini Atonio est par exemple suivi de près par plusieurs clubs de Top 14, dont le Stade Toulousain. Reste à savoir si le joueur va rester fidèle à son club de cœur (il a le logo tatoué sur le bras) et à l’entraineur qui a misé sur lui alors que personne ne le connaissait.
Le reportage de Canal Plus sur Patrice Collazo

Entre le pape et le pope, une dispute de longue date

Vendredi 12 février, le pape François rencontre, à Cuba, le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe de Russie. Une rencontre qui ne s’était pas produite depuis 1964, en raison d’une dispute qui a gelé les relations entre les Églises orthodoxe et chrétienne il y a plus d’un siècle. 

Le pape François à son arrivée à Cuba vendredi 12 février. (Andreas Solaro -AFP)
Le pape François à son arrivée à Cuba vendredi 12 février. (Andreas Solaro -AFP)

Un pape aux côtés d’un pope, l’image est extraordinaire. Vendredi 12 février, le pape François et le patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Kirill ont marché ensemble à Cuba. Lors de l’annonce de cette rencontre, le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi félicitait cette « première rencontre dans l’Histoire« .

Une petite note d’Histoire

La dispute entre les deux Eglises date de 1054, c’est à dire, du schisme des Églises d’Orient et d’Occident. En 1043, un nouveau patriarche de Constantinople est élu, Michel Keroulios. Six ans plus tard, à Rome, Léon IX devient pape. Ce dernier est totalement convaincu par une réforme de l’Église. C’est cela qui va provoquer la scission. Depuis le IXème siècle, des églises pratiquant un rite grec s’installent en Italie du Sud. Ce n’est pas du goût de Léon IX qui souhaite y implanter un rite latin, comme dans tout le reste de l’Europe. Le rite grec suspendu en Europe provoque la colère de Michel Keroulios. En réponse, il fait fermer toutes les églises latines de Constantinople. Rajoutons à cela une lettre injurieuse envers Léon IX. Les bases de la crise sont posées.

Durant l’été, après des tentatives vaines de conciliation, Léon IX meurt. Ses légats, pour faire pression, excommunient Michel Keroulios. Le peuple et le clergé de Constantinople se soulèvent. En juillet, Michel Keroulios promulgue un synode condamnant les légats venus de l’Occident. Il faudra attendre 1204 et le pillage de Constantinople par les croisés pour que la rupture soit définitive. Les textes officialisant le schisme sont officiellement levés en 1965 par une déclaration commune entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras. Mais les deux Eglises ne se rapprochent pas pour autant.

Un œcuménisme sincère

Le Pape François rencontre le patriarche Cyrille (Louisa Gouliamaki, Alberto Pizzoli -AFP)
Le Pape François rencontre le patriarche Cyrille (Louisa Gouliamaki, Alberto Pizzoli -AFP)

Depuis le début de son pontificat, le pape François a envoyé beaucoup de messages porteurs d’œcuménisme à son acolyte orthodoxe. En parallèle, il a rencontré à plusieurs reprises Bartholomée, le patriarche de Constantinople, notamment en Terre sainte pour signer avec lui un document établissant « une nouvelle et nécessaire étape vers l’unité ». Ce rapprochement est notamment dû à la défense des Chrétiens d’Orient qui subissent les persécutions de l’État islamique.

Or, en rétablissant des relations avec le patriarche de « Moscou et de toutes les Russie », le pape François pourra renforcer ses liens avec Vladimir Poutine. Il serait un allié majeur pour la protection des Chrétiens d’Orient.

L’ombre ukrainienne

La situation en Ukraine depuis la crise de Maïdan a créé une difficulté supplémentaire pour arriver à un rapprochement. L’Église orthodoxe russe entretient des relations tendues avec l’Église greco-catholique ukrainienne, aussi appelée « uniate ». Mais le pape a une fois encore choisi de ménager Moscou et l’Église russe orthodoxe plutôt que les 5,5 millions de gréco-catholiques d’Ukraine qui lui sont fidèles.
Ainsi, le pape, qui a toujours privilégié le rapprochement entre les deux Églises, marque son pontificat par cette rencontre historique. Celui qui s’est toujours défini comme porteur d’un discours oecuméniste permet alors de mettre un siècle de disputes religieuse derrière lui. Par la même occasion, il peut remettre la Russie dans le jeu diplomatique afin d’en faire une alliée sur la scène internationale.
Cyrielle Cabot

Secrétariat d’État à l’Aide aux victimes: un guichet unique en ligne de mire

L’Élysée a annoncé jeudi un remaniement. Grande nouveauté de ce gouvernement, le secrétariat d’État à l’Aide aux victimes. Pourquoi a-t-il été créé ? A quoi sert-il ? Le CelsaLab fait le point.

Juliette Médeal, ancienne porte-parole du PS, a été nommée Secrétaire d'Etat à l'aide aux victimes. JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Juliette Médeal, ancienne porte-parole du PS, a été nommée Secrétaire d’Etat à l’aide aux victimes. JEAN-PIERRE MULLER / AFP

« Ça faisait partie de nos demandes depuis longtemps », se félicite la fédération nationale d’aide aux victimes et de médiation après l’annonce, jeudi, par l’Élysée de la création d’un secrétariat d’État à l’Aide aux victimes. Rattaché directement à Matignon, il est placé sous l’autorité de Juliette Méadel, ancienne porte-parole du PS. « Ça montre que la question est importante », rajoute l’association. « Ça va permettre une coordination du dispositif d’aide aux victimes, l’idée étant d’avoir un fonctionnement transversal au plus haut niveau de l’État. »

Un secrétariat pour toutes les victimes

Consciente que les attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre ont été le catalyseur de cette initiative, elle rappelle que les victimes des attentats représentent une partie infime des personnes concernées. « Les attentats ont sans doute été un épiphénomène qui a permis de cristalliser les besoins d’une articulation de l’aide aux victimes. Mais il faut bien se rendre compte qu’il y a beaucoup plus de personnes victimes au quotidien qui vont bénéficier de ce secrétariat. »

Si Matignon reconnait, dans un article de l’AFP, qu’il marque la « volonté du gouvernement, face à des évènements graves faisant un grand nombre de victimes, d’assurer une coordination encore plus étroite de services relevant de différents ministères« , il souligne que le secrétariat est créé pour bénéficier à toutes les victimes.

Jusqu’ici, les associations signaient des conventions avec l’ensemble des ministères, ce qui avait pour effet de multiplier les interlocuteurs. Un dispositif dont les associations dénonçaient la complexité. Désormais, la coordination sera prise en charge par ce nouveau secrétariat d’État. Une simplification saluée. « Sur le principe, c’est un très bon signe. Mais on ne criera victoire que si cela fonctionne sur le long terme. Il faut que ce secrétariat perdure, qu’il ne soit pas éphémère« , met en garde l’association françaises des victimes de terrorisme.

Un précédent en 2004

Un tel secrétariat avait déjà vu le jour en mars 2004. Suite à la canicule qui avait fait plus 15 000 morts en France, la droite, alors au pouvoir, avait décidé de sa création avant de le faire disparaitre un an plus tard.

À l’époque, Nicole Guedj, qui était à sa tête, était chargée « de veiller à l’adaptation des dispositions permettant d’assurer le respect des droits des personnes victimes […]. Elle conçoit et met en œuvre les actions d’information et de soutien aux victimes et assure l’animation et la coordination des relations avec les associations de victimes, les associations d’aide aux victimes et toute autorité ou organisme œuvrant en ce domaine, en particulier le Conseil national de l’aide aux victimes », selon le Journal Officiel du 30 avril 2004.

Elle avait notamment permis la simplification de l’indemnisation des victimes d’infractions pénales, une meilleure information des victimes et une coopération internationale en matière d’aides.

 

Victoire Haffreingue-Moulart

Les solutions juridiques contre l’antisémitisme

Après la mort d’Ilan Halimi, les membres du gang des barbares ont écopé de peines allant d’un an de prison à la perpétuité devant le Tribunal de Créteil. Aujourd’hui, dix ans après, la législation n’a guère changé, malgré des tentatives pour amplifier les sanctions contre les actes antisémites. Tour d’horizon des solutions législatives pour lutter contre l’antisémitisme. Continuer la lecture de « Les solutions juridiques contre l’antisémitisme »