Tensions politiques à Istanbul autour du sommet humanitaire

Alors que 60 millions de déplacés et 125 millions de personnes ayant besoin d’assistance inquiètent les ONG,  les principaux acteurs humanitaires mondiaux se réunissent aujourd’hui à Istanbul, chapeautés par les l’ONU, pour améliorer la réponse face aux crises sécuritaires et environnementales. Ces associations, mais aussi 60 chefs d’État et plusieurs entreprises, se retrouvent autour de la table pour repenser le système d’aide. Angela Merkel et le président turc Recep Tayyip Erdogan doivent discuter en amont du sommet, notamment de la situation politique turque jugée préoccupante par la chancelière allemande.

Un sommet contesté

Plusieurs associations dénoncent un sommet superficiel, sans véritable enjeux et motivations. La célèbre ONG Médecins Sans Frontières a notamment refusé d’y participer, arguant le manque d’avancées concrètes et anticipant une « déclaration de bonnes intentions ».

Le choix d’Istanbul comme ville hôte de la rencontre en agace plus d’un, notamment ceux qui accusent les autorités turques de renvoyer les réfugiés syriens vers les zones de conflit. La question des Syriens, qui sont plus de 2,7 millions en Turquie, s’ajoute à celle des populations kurdes. La Turquie prend part depuis plusieurs mois à une guerre civile à l’Est de son territoire contre les guérilleros du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. De nombreux civils ont été tués dans ces affrontements que les politiciens prokurdes qualifient de « génocide ».

Des relations tendues avec l’Europe

De nombreux chefs d’État et ministres européens participent à ce sommet, notamment Angela Merkel, Alexis Tsipras ou Ségolène Royal. La chancelière allemande a déclaré lors d’un entretien à la presse allemande que « certaines évolutions en Turquie sont sources de vives préoccupations ». Elle a également exprimé de « profondes préoccupations » au sujet de la levée de l’immunité des parlementaires turcs, qui met en danger 50 des 57 parlementaires du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) et aurait dit au président Erdogan qu’une démocratie avait besoin d’« une justice indépendante, d’une presse indépendante et d’un Parlement fort ».

Alors qu’un accord a été signé entre la Turquie et l’UE au sujet des réfugiés, l’Allemagne est accusée de complaisance à l’égard du gouvernement turc, tout juste remanié. Les deux co-dirigeants du HDP ont par ailleurs écrit au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour lui demander de “mobiliser les mécanismes internationaux afin de répondre aux alarmantes violations des droits de l’homme et du droit humanitaire à l’intérieur et aux alentours des frontières turques“.

Peu d’avancées concrètes

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Source : Mouvement mondial des droits humains

La crise des réfugiés est bien loin d’être terminée avec la reprise intensive des combats en Syrie, en Irak et au Yémen. Pourtant, le sommet échoue à acter des mesures concrètes et applicables car non contraignantes. La chancelière Merkel a déclaré que « très souvent, des promesses de dons sont faites, mais l’argent ne suit pas pour être mis dans les projets, cela doit cesser » et a ajouté que le système humanitaire actuel n’était toujours pas « compatible avec le futur ».

Liselotte Mas

Le lobby des armes se rallie à Trump : quel impact sur l’élection ?

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En lice pour les élections présidentielles américaines, Donald Trump a reçu ce week-end le soutien du lobby pro-armes à feu le plus puissant des États-Unis : lors de sa convention annuelle, la National Rifle Association (NRA), très active dans la société américaine, a appelé ses adhérents à voter pour le candidat à la primaire républicaine. L’impact de ce ralliement, qui ne sera réellement connu que le jour de l’élection, ne doit toutefois pas être surestimé.

Donald Trump ne cache pas être favorable au port d’armes. On se souvient qu’après les attentats du 13 novembre en France, il avait affirmé que les choses se seraient passées différemment si les victimes avaient été armées :

Aussi, la déclaration de soutien de la NRA n’a-t-elle rien d’inattendu.
« Ce n’est absolument pas une surprise. Dans un système à un seul tour et dans la mesure où Hilary Clinton a pris une position favorable à un meilleur contrôle des armes, il était évident que la NRA allait apporter son soutien à Trump », confirme Vincent Michelot, professeur d’histoire politique à Sciences po Lyon, spécialiste des États-Unis.
L’association des détenteurs d’armes prend systématiquement position pour un candidat ou contre un autre, lors des élections présidentielles mais également législatives, sénatoriales, locales, ou encore lors de l’élection des magistrats fédéraux. Son soutien n’est pas seulement oral, il est aussi financier : si la loi lui interdit de financer directement une campagne, la NRA peut tout de même lever des fonds pour son candidat et lui faire de la publicité. Vincent Michelot explique ainsi que lorsque la NRA cible un sénateur à l’opposé de ses convictions, sa stratégie est d’assister la campagne de l’adversaire de ce sénateur, afin « d’obtenir le scalp » de ce dernier.
Association créée en 1871, consacrée d’abord principalement aux sports de tirs, la NRA est peu à peu devenue un puissant lobby politique (dont Barack Obama a dénoncé par exemple « l’emprise extrêmement forte » sur le Congrès, en juin 2015), qui revendique aujourd’hui cinq millions d’adhérents : assez pour faire basculer une élection ? Certains n’hésitent pas à qualifier l’association de « faiseur de roi », soulignant la victoire de Ronald Reagan en 1980. Mais Barack Obama, explicitement opposé au port d’armes, a bien été élu en 2008 puis réélu en 2012 : ses adversaires, John McCain puis Mitt Romney ont, eux, échoué malgré le soutien de la NRA.
Pour Vincent Michelot, ce soutien ne devrait donc pas avoir une grande influence dans l’élection à venir. Des sondages réalisés à la sortie des urnes visent à mesurer les priorités des électeurs, or le port d’armes n’en fait pas partie : « Chaque fois, l’économie et l’emploi sont en tête des sondages. La question du port d’armes ou non ne va pas faire se déplacer des milliers d’électeurs. C’est une question trop microscopique pour faire pencher la balance au niveau national ».

Au niveau des États en revanche, il n’est pas impossible que le soutien de la NRA joue un rôle par endroits, comme dans le Vermont ou en Virginie occidentale, où les chasseurs sont nombreux. Mais pour les États décisifs lors de l’élection, comme la Floride, ce ralliement à Donald Trump ne devrait pas faire de différence.
Pour Vincent Michelot donc, « il faut ramener les choses aux proportions. Si le lobbying est efficace, c’est dans le blocage des propositions de loi visant à restreindre la circulation des armes. Après chaque massacre, on voit bien que la législation n’a jamais évolué. Là, il y a une vraie efficacité ».
Pour l’élection présidentielle par contre, le ralliement de la NRA à Trump ne suffira donc pas à lui assurer une victoire. Il n’a en tout cas pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux :

Richard Duclos

Le procès « Babu » en live-tweet

Live Blog Le procès Babu
 

Plus d’encadrement et de contrôle pour les essais cliniques en France

La ministre de la santé Marisol Touraine a annoncé vouloir renforcer les contrôles concernant les essais cliniques. Des mesures plus strictes devraient assurer la sécurité des volontaires participant aux expérimentations. Après le décès de l’un d’entre eux en janvier dernier, le centre d’essais cliniques Biotrial de Rennes est notamment placé dans le viseur de la ministre.

Transparence et sécurité – voilà les mots d’ordre exigés par la ministre de la santé lors d’une conférence. Après le tragique accident qui a coûté la vie à un volontaire du centre Biotrial, les essais cliniques à venir devront se plier à des réglementations plus strictes. Évoquant les « manquements majeurs » observés lors de la Phase 1 de l’expérimentation, la ministre a exigé du centre d’essais cliniques de Rennes la remise d’un plan d’action d’ici un mois, sous peine de voir son autorisation de lieu de recherche suspendue.

En janvier dernier, six volontaires avaient participé à l’essai clinique d’une molécule du laboratoire portugais Bial, et avaient été hospitalisés à Rennes. L’un d’entre eux est mort, et quatre autres ont présenté des lésions cérébrales. Quatre mois après cet accident tragique, la police sanitaire Igas a révélé trois manquements majeurs dans son rapport final. Tout d’abord, l’absence de recherche en temps réel sur l’évolution de l’état du premier volontaire. Ensuite, le fait de ne pas avoir prévenu les autres participants de l’hospitalisation de la victime. Le centre d’essais cliniques a donc procédé à la dernière administration de la molécule sans leur « consentement éclairé », ignorant la situation du premier patient. Rappelons que cette molécule était testée pour la première fois sur des humains. Le laboratoire Bial et le centre Biotrial avaient d’ailleurs tardé avant de prévenir les autorités sanitaires de l’état des volontaires.

La ministre a estimé que les conditions d’autorisation des essais cliniques devront être renforcées, afin d’imposer un cadre identique à toutes ces expérimentations, ce qui est n’est pas le cas actuellement.

« Nous nous retrouvons dans la situation qu’un essai clinique à un endroit peut être mené dans des conditions différentes de celles d’un autre essai mené à un autre endroit », a déclaré Marisol Touraine.

Ce renforcement des mesures passera notamment par la création, d’ici à la fin de l’année, d’une « cellule dédiée aux essais précoces ». L’ensemble des centres d’essais cliniques seront d’ailleurs inspectés d’ici à la fin de l’année.

 

Marie-Hélène Gallay