Qualifications au Mondial : quand les Bleus tremblent dans la dernière ligne droite

La qualification au Mondial est souvent un chemin de croix pour l’équipe de France. Comme à leur habitude depuis trente ans, les Bleus sont spécialistes des fins d’éliminatoires difficiles.

L’équipe de France de football joue sa qualification pour le Mondial 2018 ce mardi face à la Biélorussie après avoir laborieusement gagné contre la Bulgarie (1-0) samedi dernier. Depuis 1986, les Bleus n’ont terminé que deux fois à la tête de leur groupe. Or seule la première place est synonyme de qualification directe. Retour sur quatre moments où les Bleus ont retenu leur souffle.

  • Qualifications pour le Mondial 1990 : l’obstacle chypriote

Les Bleus sont plutôt confiants en vue des qualifications. Ils sont dans le groupe de la Yougoslavie, l’Ecosse, la Norvège et la petite équipe de Chypre. Après une première victoire contre la Norvège (1-0), la France se déplace à Chypre le 22 octobre 1988. Un match que les Français abordent avec sérénité. Sauf qu’ils signeront l’une des pires prestations de l’équipe de France. Les Bleus ne font pas mieux qu’un match nul. Le sélectionneur Henri Michel est limogé dans la foulée et remplacé par Michel Platini. Et cette rencontre n’est que le début de la longue descente aux enfers des Bleus : ils s’inclinent face à la Yougoslavie (3-2) puis l’Ecosse (2-0). Ils finissent finalement troisième de leur groupe, à un point de la qualification pour le Mondial. Les Chypriotes peuvent eux se targuer d’avoir gagné… un point.

 

  • Qualifications pour le Mondial 1994 : le traumatisme bulgare

Ce mercredi 13 octobre 1993, les Bleus accueillent l’équipe d’Israël au Parc des Princes. L’objectif est simple : les Tricolores n’ont besoin que d’un nul pour s’envoler vers le mondial disputé aux Etats-Unis. Ils tiennent leur ticket pour le Mondial… jusqu’à la 93ème minute. Les Israéliens reprennent alors l’avantage et remportent le match (3-2). Cet épisode est annonciateur de la débâcle à suivre. Le 17 novembre 1993, ultime chance pour la France de se qualifier, face à la Bulgarie cette fois-ci. Mais à la 90e minute, David Ginola rate une passe. Le Bulgare Emil Kostadinov récupère le ballon et, en trois petites passes, arrive dans la surface française. Il marque alors son deuxième but et crucifie les Bleus. Le soir-même de la défaite, le sélectionneur Gérard Houllier charge son joueur : « David a commis un crime contre l’équipe », déclare-t-il. Une phrase polémique qui ne changera rien au destin des Bleus : ils regarderont la Coupe du Monde devant leur poste.

 

  • Qualifications pour le Mondial 2010 : la main victorieuse de Thierry Henry

Après un Euro 2008 déplorable, les Bleus veulent se racheter. Ils débutent leurs éliminatoires pour le Mondial 2010 par un match contre l’Autriche. Une équipe à leur portée. A priori. Car les Autrichiens humilient les Bleus (3-1) qui signent ainsi une troisième défaite d’affilée. Un record dans l’histoire de l’équipe de France. Les Français doivent donc passer par les barrages pour espérer se qualifier. Le 18 novembre 2009, ils reçoivent les Irlandais. A la 103e minute, Thierry Henry contrôle le ballon de la main et fait une passe décisive pour William Gallas qui marque. Le but est validé malgré les réclamations irlandaises. Même si Thierry Henry se dit « extrêmement désolé pour les Irlandais qui méritent vraiment d’être en Afrique du Sud », le mal est fait. Même les politiques s’en mêlent. Le Premier ministre irlandais Brian Cowen exige de rejouer le match. Les Bleus s’envoleront tout de même pour l’Afrique du Sud avec la suite que l’on connaît : élimination au premier tour et grève de l’entraînement à Knysna après le renvoi de Nicolas Anelka qui avait insulté le sélectionneur Raymond Domenech.

 

  • Qualification pour le Mondial 2014 : l’Ukraine battue

Les Bleus, entraînés dorénavant par Didier Deschamps, se retrouvent dans le même groupe que l’Espagne, tenante du titre. Un tirage difficile donc. Les Français s’inclinent, logiquement, face aux Espagnols au Stade de France (1-0). Mais ils se retrouvent ensuite en difficulté quand l’attaquant Karim Benzema ne trouve plus le chemin du but (1222 minutes sans marquer !). Les Bleus n’ont d’autres choix que de passer par les barrages face à l’Ukraine pour se qualifier. Ils laissent échapper la victoire au match aller (2-0) mais se rattrapent à domicile (3-0). Les Tricolores sont ainsi qualifiés pour le Mondial et atteindront même les quarts de finale. Moralité : des qualifications ratées peuvent être synonyme de beau parcours en Mondial.

 

Chloé Tixier

Caroline Garcia : pourquoi elle carbure (enfin)

Après un début de saison décevant, Caroline Garcia vient de remporter deux tournois de suite, en Chine. Les raisons d’une telle embellie ? Sa stratégie gagnante de renoncer à la Fed Cup pour se consacrer sur sa carrière individuelle, notamment. Mais pas que…

Caroline Garcia en Chine, c’est : 2 titres – Wuhan et Pékin, où elle a notamment vaincu la n°1 mondiale Simona Halep en finale, ce dimanche -, 11 victoires d’affilée, cinq joueuses du top 20 battues et une 9e place mondiale à la clé. Plus question, désormais, de la cataloguer « joueuse de coups ». Cette même Caroline Garcia, qui était capable de terrasser des cadors du circuit avant de balbutier son tennis contre des joueuses plus modestes, semble avoir passé un cap au niveau de la régularité. Qui pourrait bien l’emmener tutoyer les sommets dans un futur proche …

En janvier, la Lyonnaise annonçait sa décision de ne pas jouer la Fed Cup cette année, pour se donner plus de chances de bien figurer dans les tournois individuels. « C’est une compétition qui demande beaucoup d’énergie mentale et physique », se justifiait-elle. « Quand je joue en équipe de France, je me donne au maximum, je donne tout ce que j’ai et parfois je le paie un peu après. »

Le revers de Caroline Garcia, l'une de ses armes principales.
Le revers de Caroline Garcia, l’une de ses armes principales. Crédits Wikimedia Commons, Robbie Mendelson 

Un choix critiqué… mais gagnant

Ce choix avait surpris bon nombre d’observateurs du tennis, qui doutaient également de sa pertinence. Jean-Baptiste Baretta, journaliste à Tennis Magazine, était de ceux-là. « Je ne pensais pas que ce serait une bonne idée, confie-t-il. Des rencontres où tu affrontes les meilleures joueuses d’un pays, avec la pression des médias et du public français, sont des expériences très bénéfiques. Elle pouvait aussi beaucoup progresser aux côtés d’Amélie Mauresmo (capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, ndlr). »

Mais force est de constater que cette décision a porté ses fruits. Pour expliquer son étincelante forme actuelle, la principale intéressée n’hésitera sûrement pas à placer son choix comme facteur n°1. « C’est vrai que cette compétition, qui est une institution en France, pompe pas mal d’influx. Ça lui a aussi permis de se recentrer sur son environnement familial, qui est très important pour elle », concède Jean-Baptiste Baretta.

Un cap mental franchi

Mais le journaliste estime que ce sont plutôt les conséquences inattendues de cette décision qui ont profité à la Française de 24 ans. « Elle a été énormément critiquée, ça l’a beaucoup touchée, mais je pense que c’était un mal pour un bien. C’était son premier gros coup dur et ça lui a permis de s’endurcir. Cela se ressent sur le terrain où elle a énormément progressé au niveau mental, qui était son point faible. »

Un déclic psychologique qui est à situer bien avant Wuhan et Pékin. « Avant, elle n’arrivait pas à jouer son jeu à Roland-Garros à cause de la pression. Mais, cette année, pour la première fois, elle a fait un bon résultat (quarts de finale) parce qu’elle s’est détachée du regard des autres. Désormais, elle peut se dire : ‘J’ai réussi à passer outre mes peurs à Roland-Garros donc je peux le faire partout' ».

Surfer sur la vague de confiance

C’est donc surtout hors des terrains que la nouvelle n°1 française a construit les fondements de son renouveau tennistique. « Certes, elle est également plus régulière dans l’échange, elle cherche moins à faire le point tout de suite. Mais son niveau de jeu ces dernières semaines, c’est avant tout une question de confiance. Et la confiance, ça peut aussi s’effriter… »

Une question subsiste donc : celle qui est coachée par son père Louis-Paul parviendra-t-elle à maintenir son niveau de jeu sur le long terme ? Jean-Baptiste Baretta en est convaincu : « Tout le monde sait qu’elle a le niveau tennistique et le physique, il lui manquait juste le mental. Ça y est, c’est fait. Elle est désormais épanouie dans les tournois individuels, il n’y a pas de raison pour que ça ne dure pas. Je suis même persuadé qu’elle pourra combiner sa propre carrière et la Fed Cup dès l’an prochain. » Histoire que tout le monde soit content.

 

Douglas De Graaf

Ballon d’Or : « Cristiano Ronaldo est grand favori »

Les trente nominés pour le Ballon d’Or 2017 vont être connus ce lundi. Nous avons posé trois questions à Christophe Bérard, journaliste au service des sports du Parisien. Il est spécialiste de l’équipe de France et de la Ligue 1.

Quels sont les trois favoris pour ce Ballon d’Or?

Cristiano Ronaldo sans hésiter. Il n’y a pas de suspense, il est grand favori car il continue de marquer avec le Real Madrid. Il a remporté la Ligue des Champions et le championnat d’Espagne. Au delà de son palmarès, Cristiano Ronaldo a un très bon comportement sur le terrain. Cela compte aussi pour le vote final. En 2000 par exemple Zinédine Zidane avait tout pour gagner le Ballon d’Or. Il venait de remporter l’Euro avec l’équipe de France. Lors d’un match contre Hambourg, il a donné un coup de boule à un joueur, Jochen Kientz. Au moment du vote, cela a joué contre lui. Finalement cette année-là c’est un joueur qui n’avait rien fait, Luis Figo, qui a rapporté le Ballon d’Or.

Lionel Messi est aussi favori. Il a beaucoup marqué avec son club, le FC Barcelone, même si ce n’est pas une grande saison pour l’équipe sauf leur match contre le Paris Saint-Germain (ndlr: le 8 mars dernier, en huitième de finale de la ligue des Champions, le FC Barcelone a battu le PSG 6-1). Enfin, le dernier joueur est Gianluigi Buffon. Il a décroché un sixième titre de champion d’Italie d’affilé avec la Juventus Turin. Cependant c‘est rare qu’un gardien de but soit dans les trois favoris. Le dernier à avoir été sur le podium était Manuel Neuer en 2014.

De gauche à droite: Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Gianluigi Buffon, favoris pour le Ballon d'Or. Crédits: Chris Deahr, Enric Lamarca Rizo, Puma
De gauche à droite: Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Gianluigi Buffon, favoris pour le Ballon d’Or. Crédits: Chris Deahr, Enric Lamarca Rizo, Puma

 

Quel joueur pourrait créer la surprise?

Je mets une petite pièce sur un autre joueur de la Juventus Turin, Paulo Dybala. C’est un attaquant tout simplement exceptionnel, qui marque beaucoup de buts. Il a été finaliste de la dernière Ligue des Champions et il a été très bon en ce début de championnat. C’est la nouvelle génération qui monte.

Paulo Dybala, attaquant de la Juventus Turin, pourrait créer la surprise pour le Ballon d'Or. Crédit: Leandro Ceruti
Paulo Dybala, attaquant de la Juventus Turin, pourrait créer la surprise pour le Ballon d’Or. Crédit: Leandro Ceruti

 

Est-ce qu’un Français pourrait remporter le Ballon d’Or?

J’ai vu que N’Golo Kanté faisait partie de la liste des trente joueurs. Mais il ne passera pas ce stade, il est milieu de terrain or c’est un poste trop dans l’ombre pour espérer gagner. Ensuite il y a bien sûr Kylian MBappé. On parle beaucoup de lui dans les médias et il ne faut pas oublier qu’un panel de journalistes participe au vote. Il pourrait être choisi au nom de son talent.

 

Propos recueillis par Chloé Tixier