Une marcheuse parachutée sur les terres de Balkany

Céline Calvez est la candidate de La République en Marche dans la cinquième circonscription des Hauts-de-Seine à Clichy et Levallois-Perret pour les élections législatives qui auront lieu les 11 et 18 juin prochains.

(c) Anaëlle De Araujo, Clothilde Bru et Alice Pattyn
Céline Calvez (Crédits photos : Anaëlle De Araujo, Clothilde Bru et Alice Pattyn)

Céline Calvez se retrouve parachutée dans la circonscription de Levallois et Clichy pour les législatives. « J’ai quelques amis à Clichy, j’ai fais mes études au CELSA à Neuilly juste à côté. Mon premier appartement que j’ai visité pour mes études c’était à Levallois. » Un secteur pas si inconnu pour la candidate. Et pourtant, visage et nom inconnus pour les habitants. Pas d’affiches sur les panneaux à quelques jours des élections, cela n’aide pas la jeune femme à faire campagne. « On fait les marchés, on visite des entreprises, des écoles. On fait le tour des deux villes en ce moment » argumente Céline après une journée marathon aux quatre coins de Clichy.

Militante de la première heure

Il y a quelques mois encore, cette adhérente de la première heure au mouvement du président de la République, ne pensait pas être candidate à la députation dans les Hauts-de-Seine. Habitante du 10e arrondissement de Paris, cette professionnelle de la communication a un « coup de foudre » pour les discours d’Emmanuel Macron. Deux jours après la création d’En Marche ! elle rejoint le mouvement. Elle devient référente du IXe et Xe arrondissement de Paris. Elle organise des réunions d’informations avec des bénévoles et tracte ardemment durant la campagne présidentielle. Soulagement devant les résultats du 2e tour de la présidentielle: son candidat est élu. « Ce qui m’a séduit dans les idées de Emmanuel Macron, c’est la démocratie participative et sa démarche d’écoute auprès de la population » explique la trentenaire.

Une circonscription clivée

Belle aubaine pour la candidate qui marche, Patrick Balkany souhaite conserver sa mairie et ne se représente pas à sa succession en tant que député. Un véritable clivage s’est créé chez Les Républicains. Deux candidats se revendiquent des Républicains mais un seul est investi par le parti et il n’est pas le poulain de Patrick Balkany. La candidate espère que  ce clivage à droite lui permettra de récupérer des voix. Elle veut apporter du renouveau dans une circonscription qui est dominée par des politiciens depuis plusieurs décennies. « C’est une circonscription clivée mais il y a beaucoup d’ententes entre les deux édiles [le maire de Clichy et le maire de Levallois, ndlr] quand il y a des magouilles On a une fenêtre d’opportunités parce que la droite se déchire dans cette circonscription » explique la candidate.

Faire rayonner les deux villes

La candidate constate une réelle différence de développement entre les deux villes. « Levallois est la grande soeur de Clichy. Elle s’est développée plus rapidement que sa petite soeur et cela crée de vraies différences entre les deux villes.« Céline Calvez constate que la vie à Levallois est très agréable pour ses habitants mais que cela ne profite pas à Clichy. Levallois fonctionnerait en petit village et ne laisserait pas profiter sa voisine de ses innovations en matière d’éducation. » Je ne remets pas en cause la qualité de vie des Levalloisiens. Levallois est une ville qui rayonne à l’intérieur mais pas à l’extérieur. Levallois a besoin de plus d’autonomie et Clichy plus de protection.« 

Des compte-rendus au cours de son mandat

Céline Calvez rendra des comptes à ses électeurs. « Je réaliserai des compte-rendus de mandat. Je ferai le bilan de mon travail tous les trimestres » promet la candidate. Elle souhaite créer un véritable dialogue entre elle et les citoyens. Elle compte bien rendre systématique cette pratique peu utilisée jusqu’à présent. Parmi les axes phares de sa campagne éclair, figure la réduction des inégalités scolaires entre les communes de Clichy et Levallois-Perret.

Anaëlle De Araujo, Clothilde Bru et Alice Pattyn

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Clichy-Levallois : les deux visages d’une même circonscription

10e circonscription des Hauts-de-Seine : le renouveau pour champ de bataille

Affiches des candidats à la législative 10e circonscription des Hauts de Seine. Crédit photo : Emilie Salabelle
Affiches des candidats à la législative 10e circonscription des Hauts de Seine. Crédit photo : Emilie Salabelle

A quinze jours du premier tour, la tranquille 10e circonscription des Hauts-de-Seine est bousculée par des candidats qui s’essayent au défi du renouveau. L’esprit de la campagne présidentielle a imprégné sa marque dans la course aux législatives.

A Issy-les-Moulineaux, Vanves, Meudon, et Boulognes-Billancourt Sud, le prochain scrutin est un saut dans l’inconnu. Il signera la fin du mandat de l’historique André Santini (Union des Démocrates et Indépendants (UDI)), maire d’Issy et député depuis 1988, qui renonce à se représenter, répondant ainsi à l’exigence de non-cumul des mandats.

Le siège vide n’a pas tardé à trouver de nouveaux aspirants. Pas moins de 17 candidats à la députation se présentent, soit cinq de plus qu’en 2012. Pour succéder au long règne de M. Santini, la carte du renouveau est toute trouvée. C’est d’abord par la refonte des partis politiques qu’elle se joue. Plusieurs candidats se présentent hors parti, notamment Bertrand Soubelet. L’ex numéro 3 de la gendarmerie, qui avait fait un court passage dans le parti d’Emmanuel Macron avant d’en claquer la porte, a décidé de se présenter sans étiquette.

Des candidats de tout bord, des favoris qui se détachent

Du côté des étiquettes justement, les Marcheurs et les Insoumis incarnent tout naturellement cet appel à un nouvel ordre politique, dont ils sont en grande partie à l’origine. Le parti de Jean-Luc Mélenchon est allé loin dans l’esprit de rupture  en investissant un surprenant candidat : Gérald Dahan, l’humoriste célèbre pour avoir piégé de nombreux politiques dans des canulars téléphoniques. La nouvelle a été accueillie diversement par les habitants.

« C’est étonnant. Je n’apprécie pas vraiment l’humoriste, avance, à Vanves, Jean-Michel, sympathisant de la France Insoumise (FI). Mais il peut très bien être un mauvais humoriste et avoir des points de vue intéressants sur le plan politique, même au niveau national » concède-t-il.  « Je suppose qu’il va suivre le programme du parti », imagine Vincent, lui aussi pro-Mélenchon. Malgré l’intérêt suscité par le leader du mouvement, la victoire de la FI dans une circonscription traditionnellement de droite paraît improbable. « Je pense que c’est pour ça qu’il a été positionné ici, ça permettait de faire un coup de com’ sur la personne sans qu’il n’ait aucune chance », analyse Jean-Michel.

Le centre droit (UDI-LR) challengé par l’arrivée de La République en marche

Le véritable enjeu de la campagne se situe probablement dans des eaux plus centristes. Le mois de juin signera-t-il la fin d’un fief UDI dans la 10e circonscription ? L’ancien maire adjoint de Vanves, Jérémy Coste (UDI-Les Républicains (LR)), le successeur d’André Santini qui reste suppléant, doit faire face à une nouvelle concurrence de taille : celle du candidat investi par La République en marche (REM), Gabriel Attal. Certes, le travail de son prédécesseur recueille une relative unanimité auprès des habitants, les Isséens saluant notamment un maire « compétent et à l’écoute ». Mais ces bonnes opinions ne garantissent pas la fidélité dans les urnes. « Je ne vote pas aux législatives pour un candidat, mais pour un parti et un programme. Je veux donner ma voix à Macron, pour qu’il puisse avoir une vraie majorité au Parlement, et que cela lui donne les moyens de redresser le pays », résume Caroline, habitante d’Issy-les-Moulineaux.


Comment vont voter les Isséens et les Venvéens ?

Les regards glissant rapidement sur les tracts n’aident certainement pas à distinguer les deux candidats. Car, à première vue, les profils concurrents ne sont pas sans points communs : dans les deux cas, des hommes aux sourires décidés et aux physiques altiers incarnent le dynamisme et la nouveauté de la jeunesse. Le renouvellement est affiché, mais il s’illustre plus dans la continuité que dans la rupture : forte attache au programme macronien pour l’un, héritage santinien pour l’autre. Deux visages neufs qui appellent à transcender les divergences partisanes pour incarner une force d’écoute et de collaboration.

Des leçons de la part des nouveaux centristes, je n’ai pas à en recevoir. Jeremy Coste

Mais la comparaison fait bondir Jeremy Coste : « Je suis centriste depuis l’âge de seize ans, donc des leçons de la part des nouveaux centristes, je n’ai pas à en recevoir. Le dialogue, on sait ce que ça veut dire. je n’en dirais pas autant de mon concurrent qui en réalité est socialiste… Il siège au parti socialiste de la mairie de Vanves et s’oppose à toutes les délibérations municipales de la majorité centriste de Bernard Gauducheau. Quand il prône le dialogue entre la droite et la gauche, ce n’est pas ce qu’il fait concrètement au quotidien. »

Face à un candidat de REM qu’il considère inféodé au programme du nouveau président, Jeremy Coste veut assumer un rôle actif. « Si les gens veulent donner une vraie majorité à Macron, il faut qu’ils votent pour des députés constructifs », assure-t-il avec conviction, lors d’un café-rencontre organisé à Meudon. L’avis est partagé par Hervé Marseille, vice-président du Sénat et maire de Meudon : « S’il y a une majorité uniforme, tous les députés seront interchangeable, il y aura un mot d’ordre, tout le monde votera dans le même sens. Il est important qu’il y ait des députés qui puissent exprimer les valeurs qui sont les nôtres, et qui aient la possibilité de voter ce qui est positif tout comme de s’exprimer sur les choses qui ne vont pas. »

Affiche de campagne de Jérémy Coste, candidat UDI-LR.
Affiche de campagne de Jérémy Coste, candidat UDI-LR.

Le pari de la jeunesse

Etre député à trente ans, est ce un atout ou une faiblesse ?  L’arme peut être à double tranchant. « On réclame souvent du sang neuf, et en même temps, il y a un climat de défiance face aux jeunes responsables. On se demande comment il ont pu en arriver là si rapidement. Ce sont des questions légitimes, mais assez contradictoire. Les jeunes ne sont pas plus aptes, mais il y a une notion d’inconscience et de spontanéité qui manque aujourd’hui aux plus matures » estime  Saïda Belaïd, conseillère municipale à Meudon, et soutien de Jeremy Coste.

L’intéressé assume avec auto-dérision cet atout ambivalent : « Le nouveau président a 39 ans. A priori dans la trentaine on est capables de faire des choses. Mais je fais plus jeune, ma mère est réunionnaise, et dans nos îles là-bas, souvent, on ne fait pas nos âges » sourit-il.

A ceux qui argueraient un manque d’expérience, Jeremy Coste a préparé sa réponse : « Je ne suis pas un nouveau en politique, et je l’assume. Justement la démarche que je défend en politique, c’est le fruit d’un parcours, de connaissances de terrain et de connexion avec les élus. Si demain on veut être efficaces très rapidement, il faut être en mesure de faire remonter les besoins identifiés sur le territoire au niveau national. » « Expérience et renouveau », le slogan de sa campagne résume l’idée. Entre équilibre et équilibrisme.

Emilie Salabelle

Les 17 candidats à la 10e circonscription des Hauts-de-Seine  (Boulogne-Billancourt-Sud (partie), Issy-les-Moulineaux,Vanves, Meudon (partie))
1 – Mme Laurence VIGUIÉ EXG
2 – M. Gérald DAHAN FI
3 – Mme Pauline COUVENT ECO
4 – M. Michel FOSSAERT ECO
5 – M. Stéphane CROS DIV
6 – M. Gabriel ATTAL REM
7 – M. Bertrand SOUBELET DIV
8 – M. Jeremy COSTE UDI
9 – M. Boris AMOROZ COM
10 – Mme Anne-Laure MALEYRE FN
11 – M. Thomas PUIJALON SOC
12 – M. Nicolas MOREAU DVG
13 – M. Messaoud ZAZOUN DIV
14 – Mme Philippine COUR DLF
15 – Mme Laurence LECOCQ DIV
16 – Mme Marie-Thérèse DRELON DIV
17 – Mme Anne-Violaine VIGNON DVD

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7ème circonscription des Hauts-de-Seine : léger avantage à droite

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La mairie de Rueil-Malmaison/Crédit : Joanne Saade

Depuis 1988, la septième circonscription des Hauts-de-Seine (Garches, Saint-Cloud, Rueil-Malmaison) est largement acquise à la droite. Jamais un candidat de droite n’est passé sous la barre des 60% au second tour. Cependant, La République en Marche compte bien faire bouger les choses.

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Clichy-Levallois : les deux visages d’une même circonscription

 Malgré leur histoire commune et le fait que Levallois-Perret était un quartier de Clichy jusqu’en 1867, les deux villes ont connu des évolutions différentes ces dernières années. Tandis que Levallois-Perret est devenue une ville aisée aux infrastructures publiques très développées, Clichy peine à rattraper sa fausse jumelle.

Mairie de Levallois-Perret (Crédits photos : Alice Pattyn, Clotilde Bru, Anaëlle De Araujo)
Mairie de Levallois-Perret (Crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)

« La 5ème circonscription est clivée. Levallois a besoin de plus d’autonomie et Clichy de plus de protection », considère la candidate de La République en Marche ! (LREM), Céline Calvez. Le clivage entre les revenus médians de la population des deux communes est assez évocateur. Alors qu’il est d’environ 38 000 euros par an pour les Levalloisiens, celui des Clichois atteint seulement 26 000 euros.

La fracture se ressent également au niveau politique : Levallois-Perret plutôt à droite et Clichy à gauche. La vie quotidienne des habitants de Levallois a été rythmée depuis 1983 par la succession quasi ininterrompue des mandats de maire et de député de Patrick Balkany (Les Républicains). Lors du premier tour de la présidentielle, François Fillon a obtenu 40,69 % à Levallois, contre 14,64 % à Clichy, alors que Jean-Luc Mélenchon a obtenu près de 30 % de suffrages. Au premier tour de 2012, Nicolas Sarkozy récoltait près de 48 % et 20 % à Clichy. Néanmoins, cet ancrage à gauche de la ville de Clichy a été interrompu par l’élection de Rémi Muzeau (LR) aux élections municipales partielles de juin 2015.

Au niveau géographique, la séparation entre les deux villes est symbolisée par la gare de Clichy-Levallois et le passage se fait en empruntant un tunnel qui passe sous les rails. Cette frontière marque aussi une rupture dans l’aménagement urbain. Les bâtiments abandonnés que l’on peut trouver au nord-est de Clichy sont inexistants à Levallois. Le centre commercial So Ouest, les banques et les entreprises comme LVMH ou L’Oréal participent de manière importante à la vitalité économique du fief de Patrick Balkany. 

Un clivage qui n’est pas toujours pris en compte

Bâtiment du nord-est de Clichy (crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)
Bâtiment du nord-est de Clichy
(crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)

François-Xavier Bieuville, proche de Patrick Balkany et candidat de droite non-investi par le parti Les Républicains tente de tempérer ces différences : « Il y a une histoire commune entre Clichy et Levallois. Le découpage de cette circonscription est légitime. D’ailleurs, je suis le seul candidat à parler aux maires des deux communes à la fois. » En même temps, il n’est pas sûr que le maire de Levallois, Patrick Balkany, accepte de parler à des candidats qui n’appartiennent pas à sa famille politique.

Céline Calvez prend en compte cette fracture : « Je ne remets pas en cause la qualité de vie des Levalloisiens. Levallois est une vie qui rayonne à l’intérieur mais pas à l’extérieur. C‘est une circonscription clivée mais, étrangement, quand il y a des magouilles, les élus parviennent à s’entendre. »

Alice Pattyn, Clothilde Bru et Anaëlle De Araujo

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