Baby Big Brother is watching you (2/3)

"Mon amie Cayla", la poupée qui suciste l'inquiétude. Crédit - Genesis Toys
« Mon amie Cayla », la poupée qui suciste l’inquiétude. Crédit – Genesis Toys

À l’approche de Noël, les jouets connectés devraient se faire une belle place sous le sapin. Mais ils pourraient porter atteinte à la vie privée, en collectant des données personnelles sur les enfants et leur entourage.

Des jouets connectés qui espionnent les enfants et leurs parents. En pleine course aux cadeaux de Noël, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a épinglé, début décembre, deux jouets connectés disponibles en France. La poupée « Mon amie Cayla » et le robot « I-Que » comportent plusieurs failles de sécurité.

Galerie : Ces 6 jouets connectés qui peuvent espionner les enfants

Par Bluetooth, un pirate peut prendre contrôle du jouet à plus de 9 mètres de distance lors de la première connexion, puis 20 mètres lors de la seconde. Ensuite, il peut activer le haut-parleur et parler directement à l’enfant par la voix du jouet, où recevoir les paroles de l’enfant captées par le jouet. Le pirate peut également passer par le réseau Wifi du foyer pour écouter les discussions ou modifier les réponses du jouet.

30 à 40 dollars pour le profil d’un enfant

Les cas de piratage ne datent pas d’hier. En 2015, le fabricant de tablette pour enfants VTech est victime d’un piratage de sa base de données : 6,4 millions de comptes d’enfants, avec photos, adresses et dates de naissances ont été compromis, dont 800 000 en France. La même année, la poupée connectée « Hello Barbie » équipée d’un microphone et d’un haut-parleur, fait polémique. Les données passent par un Cloud afin d’être analysées via l’intelligence artificielle et apporter à l’enfant une réponse rapide.

Certaines associations craignent que Mattel, le fabricant, utilise des informations livrées par les enfants à des fins commerciales. Des données qui se monnaient très chères sur le “Dark Web”. D’après GData Software, sur le marché noir, un jeu de données complet d’un enfant (nom, date de naissance, adresse e-mail et numéro de sécurité sociale d’un enfant) s’échange pour 30 à 40 dollars. Pour les adultes, ce montant s’élèverait à 20 dollars. Au début du mois de décembre, la Cnil a lancé une campagne de prévention sur Twitter. Un « thread de Noël », pour sensibiliser les parents sur la sécurité de ces jouets qui connaissent chaque année, de plus en plus de succès.

Julien Percheron

Apprendre à coder pour devenir un utilisateur averti du numérique (3/3)

Rabah enseigne le code à Achille et Tom, élèves en sixième. Crédit : Julien Percheron
Rabah enseigne le code à Achille et Tom, élèves en sixième. Crédit : Julien Percheron

La start-up Evolukid lancée en 2016, propose à des enfants d’apprendre à créer des programmes informatiques. Chaque mercredi après-midi, Rabah Attik accueille les jeunes développeurs dans le centre culturel de Courbevoie. L’objectif, ouvrir les enfants à une autre culture.

Il reste encore quelques minutes à Rabah Attik pour installer les ordinateurs portables et les brancher. Autour de 17 heures, les enfants débarquent dans la salle de classe enroulés dans les écharpes. Achille, dix ans révolus, ne prend même pas la peine d’enlever son manteau. Il a déjà ouvert son ordinateur, les yeux rivés sur l’écran, trépignant d’impatience. “Aujourd’hui, nous allons continuer ce que nous avons commencé la semaine dernière avec l’exercice de l’escargot”, lance le professeur. “C’est à vous de trouver l’énoncé !”

Elève en sixième, Achille a déjà codé plusieurs jeu, dont une réplique du célèbre "Flappy Bird". Crédit : Julien Percheron
Elève en sixième, Achille a déjà codé plusieurs jeu, dont une réplique du célèbre « Flappy Bird ». Crédit : Julien Percheron

“Ma mère m’interdit d’avoir Facebook”

Ce cours pas comme les autres accueille chaque mercredi cinq élèves de CM2 et sixième. Arthur, Tom et Achille s’activent sur leur clavier. Pendant 1 h 30, ils vont suivre les consignes de Rabah et coder un programme sur leur ordinateur. Sur le logiciel « Scratch », les enfants doivent donner des instructions à une figure, un escargot, pour qu’elle se déplace sur l’écran.

Achille est en avance sur ses camarades. “J’aime coder pour créer des jeux, j’en ai déjà fait plusieurs chez-moi”, lance ce développeur en herbe. Achille est bien équipé : téléphone portable, ordinateur et tablette, sur laquelle il enchaîne les parties de “Clash Royal”. Question réseaux sociaux, il reste vigilant. “Ma mère m’interdit d’avoir Facebook. Et puis je risquerais de tomber sur des gens pas très gentils. J’ai tout de même une boîte mail”, affirme-t-il derrière ses lunettes aux épais bords noirs.

Rabah Attik, ancien ingénieur informatique, veut faire des enfants consommateurs, des créateurs. Crédit : Julien Percheron
Rabah Attik, ancien ingénieur informatique, veut faire des enfants consommateurs, des créateurs. Crédit : Julien Percheron

Culture numérique

“Un évènement, une orientation !”, répète Rabah inlassablement. “Arthur, on reste concentré…” Pour cet ingénieur devenu professeur de coding, découvrir les bases de l’algorithmique est parfaitement adapté aux enfants. “Le raisonnement est un dénominateur commun à l’adulte et à l’enfant. Avec un logiciel de programmation interactif, ils apprennent en s’amusant et communiquent beaucoup entre eux.” Ces compétences, Rabah les distingue de la pratique des outils numérique. “Bien sûr, l’idée est aussi de pouvoir faire migrer les enfants consommateurs vers l’aspect créateur. Avoir une culture numérique solide leur permet de comprendre leur manière de consommer.”

Rabah le sait, son activité est dans l’air du temps. L’enseignement du code s’est déjà trouvé une place dans les emploi du temps scolaires. Depuis 2016, des cours de code sont proposés dans certains collèges et lycées. Si la formation des professeurs à l’apprentissage du numérique est encore défaillant, ils sont toutefois grandement encouragés à transmettre aux enfants cette « pensée informatique ».

A l’approche de Noël, les jouets numériques auront une place de choix au pied du sapin. L’offre ne manque pas, des jeux en bois pour les plus petits aux robots équipés de capteurs pour les plus confirmés…

Léa Duperrin et Julien Percheron

La vente en ligne a le vent en poupe (2/3)

(c) Varun S / Wikipediaimage.
(c) Varun S / Wikipediaimage.

 

En sept ans, les ventes en ligne ont plus que doublé en France, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD). Au premier trimestre 2017, le chiffre d’affaires du commerce en ligne s’élève déjà à 20 milliards d’euros, et 33 transactions sont réalisées chaque seconde. Une manne dont ne profitent pas tous les sites, puisque seuls 5% des plateformes de e-commerce réalisent plus de 60% du chiffre d’affaires généré par ces ventes. Ces chiffres montrent que l’appétence des Français pour le e-commerce ne cesse de croître. Les 46 millions d’internautes présents en France effectuent en moyenne 18 transactions par an. En 2015, les produits les plus plébiscités étaient les vêtements, suivis de près par les voyages, et les produits culturels.

La vente entre particuliers est particulièrement prisée : 70% des internautes achètent ou vendent leurs produits sur des sites de revente. Il y a donc une montée en puissance de l’économie collaborative sur internet.

Aline Bottin et Anaïs Robert

Amazon, une superpuissance controversée (1/3)

Crédits : Mike Seyfang/Flickr
Crédits : Mike Seyfang/Flickr

Entreprise incontournable du e-commerce, la firme de Seattle se diversifie. Dernière nouveauté, la livraison de denrées alimentaires. Une initiative qui lui permet de rester leader, même si certaines de ses pratiques sont remises en question.

Pour le Danemark, les GAFA sont “un nouveau type de nation”. Ainsi, cet État a décidé de nommer un ambassadeur début 2017 auprès des quatre firmes américaines: Google, Apple, Facebook et Amazon. Une décision qui illustre la puissance de ces géants du numérique. Les capitaux qu’ils ont engendrés sont comparables au Produit intérieur brut (PIB) de l’Arabie Saoudite, soit plus de 640 milliards de dollars.

Sur le marché de la bourse, Amazon reste le moins coté des GAFA avec une capitalisation de 474 milliards de dollars contre 815 milliards pour Apple. Introduite en bourse en 1997, l’entreprise, autrefois cantonnée à la vente de livres, s’est peu à peu imposée comme le leader mondial du commerce en ligne. Elle s’est largement diversifiée, et propose désormais des services de dématérialisation comme le Cloud, ou encore la santé et l’intelligence artificielle. “On ne le sait pas forcément mais le chiffre d’affaire d’Amazon est principalement issu du web service et des data center”, explique Mickaël Berrebi, membre du Cercle des économistes.

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Un Black Friday à plus de 2 milliards de dollars

Cette diversification comprend aussi les denrées alimentaires. Le site a lancé Amazon Prime Now, service qui permet la livraison, dans l’heure, de produits comestibles. Il y a quatre mois, la firme de Seattle a par ailleurs racheté la chaîne de supermarché américaine Whole Foods. Une manière d’étendre son monopole physiquement. Cependant c’est bien sur le e-commerce qu’Amazon règne. En France, il représente 62% de l’audience totale des sites marchands, selon Médiamétrie. à l’occasion du Black Friday, en novembre dernier, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, a gagné 2,4 milliards de dollars en une journée. “Le succès d’Amazon repose sur l’effet de réseau. Les utilisateurs appellent d’autres utilisateurs, la croissance de l’entreprise évolue donc de manière exponentielle”, décrit Mickaël Berrebi.

Cette omniprésence du géant américain inquiète les supermarchés, mais également les petits commerces. Certains ont d’ailleurs fait le choix de s’allier à ce concurrent jugé déloyal pour certains, et de vendre leurs produits sur la plateforme Amazon Prime Now. C’est par exemple le cas de la boucherie Metzger, dans les Hauts-de-Seine, qui propose divers produits en livraison via le site internet.

“Des entreprises privées qui doivent avant tout générer du profit”

Dans l’hexagone, Amazon dispose de cinq centres de distribution, qui emploient 5 500 personnes. Un sixième centre ouvrira ses portes à l’automne 2018. SI l’entreprise est créatrice d’emploi, les conditions de travail sont néanmoins pointées du doigt. Avec Amazon Prime Now, l’exigence de rapidité contraint les salariés à ne pas prendre de pause. Un modèle controversé qui essaye pourtant de se plier aux exigences toujours plus grande des utilisateurs. “Amazon a une logique de faire du sur-mesure, de toucher à l’individu et non plus la masse”, souligne Mickaël Berrebi.

Les GAFA sont pleins de bonnes intentions, mais ils pratiquent l’optimisation fiscale pour payer le moins d’impôts possible, car il ne faut pas oublier que ce sont des entreprises privées qui doivent avant tout générer des profits”, rappelle l’économiste. Le siège européen d’Amazon se situe au Luxembourg, où la fiscalité est avantageuse. Le Grand-Duché a par ailleurs versé des aides d’Etat illégales aux yeux de l’Union européenne, d’un montant de 250 millions d’euros. L’entreprise s’est attirée l’ire de Margaret Vestager, commissaire européenne chargée de la politique de la concurrence.

Les ambitions d’Amazon semblent sans limites. Le projet initial de Jeff Bezos d’ouvrir une librairie en ligne est aujourd’hui bien différent. L’entreprise est même devenue maître dans le processus de dématérialisation, en s’imposant comme leader du “cloud”, loin devant Google et Microsoft.

 

Aline Bottin et Anaïs Robert