Attaques en Syrie: des réactions internationales divisées

Une nouvelle attaque du régime syrien samedi sur la ville de Douma soulève une vague d’indignation chez plusieurs chefs d’Etat. Des condamnations nuancées par la Russie qui critique les dénonciations d’utilisation d’armes chimiques, jugées trop hâtives.

Donald Trump et Emmanuel Macron se sont entretenus par téléphone avant de dénoncer les raids aériens du régime syrien sur la ville de Douma
Donald Trump et Emmanuel Macron se sont entretenus par téléphone avant de dénoncer les raids aériens du régime syrien sur la ville de Douma

Après l’attaque sur la ville de Douma, située à une vingtaine de kilomètre au nord de la capitale syrienne, les réactions de la communauté internationale pleuvent depuis dimanche. « Si cela est confirmé c’est un nouvel exemple de la brutalité et de l’indifférence éhontée du régime d’Assad envers son propre peuple et ses obligations légales par rapport à l’utilisation de ces armes » a réagit la Première ministre britannique Theresa May, de concert avec son homologue danois lundi, lors de sa visite à Copenhague.

 

 

Dimanche, Emmanuel Macron et Donald Trump se sont entretenus au téléphone avant de condamner chacun de leur côté fermement le régime syrien. « Les deux dirigeants ont échangé leurs informations et leurs analyses confirmant l’utilisation d’armes chimiques » et « décidé de coordonner leurs actions et leurs initiatives au sein du conseil de sécurité des Nations unies » a annoncé l’Elysée lundi dans un communiqué.

A leurs côtés, le Barhein, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont dénoncés à leur tour cette attaque. Le président turque Recep Tayyip Erdogan s’est également joint aux critiques. « Le Président Erdogan a exprimé son inquiétude à propos des attaques à Douma et dans l’Est de Ghouta, et souligne l’importance d’épargner les civils et de travailler dans la coopération pour apporter de l’aide humanitaire » a expliqué une source du régime turque.

Pas de jugement hâtif prévient Moscou

Si la France et les Etats-Unis annoncent avoir des preuves de l’utilisation de gaz chimique dans l’attaque de samedi, la Russie, elle, avance qu’il n’y pas encore d’informations suffisantes pour porter des accusations. « Il est nécessaire d’examiner avec attention ce qui s’est passé à Douma. Et il va sans dire que sans cette information, toute déduction est fausse et dangereuse » a affirmé le porte-parole du Kremlin.

En début de journée lundi, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a même annoncé que des spécialistes russes n’avaient trouvé aucunes traces d’attaque chimique à Douma, en réaction aux accusations de la communauté internationale.

Une réunion aux Nations unies prévue en fin de journée

Lundi, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU a été réclamée par la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Koweït, la Suède, la Pologne, le Pérou, les Pays-Bas et la Côte d’Ivoire. Initiée par la France, elle a pour motif l’emploi présumé d’armes chimiques samedi à Douma, et fusionne avec une autre réunion réclamée par la Russie sur les « menaces sur la paix dans le monde » a indiqué lundi une source diplomatique.

Clara Losi

En Hongrie, les fonds européens passent par la case Orban

Plusieurs proches du Premier ministre hongrois sont soupçonnés de détourner les fonds européens à leur profit. Enquête sur un sytème de corruption généralisé sur lequel élus et oligarques ont bâti leur fortune.

Surfacturation, fraudes aux marchés publics, arrangements douteux... L'entourage du Premier ministre nationaliste a mis a profit les fonds européens pour s'enrichir.
Surfacturations, fraudes aux marchés publics, arrangements occultes… L’entourage du Premier ministre nationaliste met à profit les fonds européens pour s’enrichir.

C’est un paradoxe que même les plus éminents experts en relations internationales ne parviennent toujours pas à éclaircir. Alors que depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban s’affiche en chantre du discours anti-européen en Europe centrale, nombre de proches du Premier ministre hongrois sont soupçonnés de s’enrichir sur le dos de l’Union européenne.

L’un de ces scandales, s’il n’a pas empêché le Fidesz, parti de l’homme fort de Budapest, de remporter une large victoire aux élections législatives du 8 avril, s’est pourtant bel et bien transformé en affaire d’État. Et pour cause : elle implique le gendre de Viktor Orban, Istvan Tiborcz. Entre 2011 et 2015, Elios, la société d’éclairage qu’il dirigeait, a remporté des appels d’offres publics rédigés par les maires de pas moins de 35 communes dirigées par le Fidesz. Des contrats rétribués à chaque fois avec des fonds européens, grâce auxquels Istvan Tiborcz a pu empocher près de 10 millions d’euros en revendant ses parts dans Elios en 2015. Sur Facebook, une vidéo raillant cet enrichissement a été vue près de 900 000 fois.

« Une classe politique clanique qui gère ses marchés publics de manière quasi mafieuse »

Ce scandale est loin d’être le seul. Les lampadaires du gendre d’Orban ont mis en lumière un système de corruption généralisé, sur lequel l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) et l’association Transparency International enquêtent depuis plusieurs années. “Il s’agit d’une classe politique clanique, qui gère ses marchés publics de manière quasi mafieuse, sans réelle mise en concurrence”, constate Bruno Nicoulaud, représentant français de l’Olaf. Et l’entourage politique du Premier ministre ultraconservateur est le premier à bénéficier de ces pratiques sulfureuses. Plusieurs élus du Fidesz ont par exemple mis à profit un dispositif permettant aux entreprises finançant des clubs de sport d’alléger leur fiscalité. En renflouant les caisses des clubs de football présidés par des membres du parti au pouvoir, ces sociétés se sont ainsi vu confier en retour la construction de stades ou d’équipements municipaux.

Mais Viktor Orban sait aussi se montrer généreux envers ses amis de jeunesse, à l’instar de Lorinc Meszaros. Le maire de Felcsut, chauffagiste de formation, est aujourd’hui à la tête de la 5e fortune du pays. Symbole du clientélisme sur lequel repose cette ascension : le petit train qui chaque jour traverse – quasiment vide – le village de l’oligarque, avant d’atteindre son terminus… à quelques kilomètres de la résidence secondaire de Viktor Orban. Un gadget de quelque 2,5 millions d’euros, financé à 80% par Bruxelles.

Bruxelles impuissante

La Hongrie a beau être le premier bénéficiaire des fonds européens par habitant – 5,5 milliards d’euros lui sont alloués pour la période 2014-2020 – Bruxelles s’en tient pour l’heure aux mises en garde. Et ce, faute de pouvoir envisager des sanctions : “La Commission européenne ne peut rien contre la Hongrie puisque l’activation de l’article 7  [pouvant priver un État membre de ses droits de vote dans certaines instances de l’UE, ndlr] ne peut être déclenchée qu’à l’unanimité. Or la Pologne soutient coûte que coûte la Hongrie”, rappelle Joël Le Pavous, correspondant en Hongrie pour Courrier International, Slate, et RTL. Du reste, de telles mesures ne permettraient pas de traiter le mal à la racine. “Bruxelles peut obliger la Hongrie à rembourser ces fonds mais cela n’aurait aucun impact sur les protagonistes de ces fraudes. Au final, ce serait l’État hongrois, et donc le contribuable, qui paierait la facture”, prévient Bruno Nicoulaud. Au risque de donner écho au discours europhobe de Viktor Orban, que ces sanctions visaient pourtant à affaiblir…  

Alexandre Berteau

Le président du Nigeria annonce sa candidature pour un second mandat

Le président du Nigeria Muhammadu Buhari a annoncé lundi son intention de briguer un second mandat en vue des élections générales programmées en février 2019.

Crédit: Heinrich-Böll-Stiftung
crédit: Heinrich-Böll-Stiftung

C’est sur Twitter que la nouvelle est tombée. Après quelques semaines d’interrogations, le compte officiel de la présidence a annoncé la nouvelle ce lundi: « Le président Buhari vient d’annoncer son intention d’obtenir l’investiture du All progressive Congress (APC) et de concourir pour un second mandat aux élections de 2019 ».

 

 

Fin janvier, le général Buhari avait été critiqué ouvertement par son prédécesseur, Olusegun Obasanjo, qui dénonçait les « pauvres performances » du président, pointant du doigt « pauvreté, insécurité, mauvaise gestion économique, népotisme » et l’appelant à « considérer le repos ». Militaire de formation, et réputé pour sa force, le chef d’Etat nigérian a passé cinq mois en hospitalisation pendant l’année 2017.

Président du Nigeria de 1983 à 1985, puis à nouveau depuis 2015, Muhammadu Buhari avait été élu pour sa réputation d’homme à poigne, prêt à combattre radicalement le groupe djihadiste Boko Haram. Aujourd’hui critiqué pour son échec face à la guerre menée contre la secte islamiste, il bénéficiait cependant de soutiens dithyrambiques ces derniers jours, comme le bureau exécutif du All Progressives Congress, parti du pouvoir, qui a incité son chef à se présenter à la futur présidentielle il y a quinze jours.

Clara Losi