L’arrivée des fourmis de feu en Europe alarme les scientifiques

Lundi 11 septembre, une étude révélait que des fourmis de feu s’étaient installées près de Syracuse, en Sicile. Cette espèce invasive est un danger pour l’environnement mais aussi la santé. 

Son nom est dû à ses piqûres douloureuses. La fourmi de feu arrive en Europe, d’après une étude publiée lundi 11 septembre dans la revue scientifique Current Biology. L’équipe du chercheur Mattia Menchetti révèle que cette espèce invasive, originaire d’Amérique du Sud, s’est établie près de Syracuse, en Sicile. C’est la première fois qu’une étude atteste de la présence de fourmis de feu en Europe, qui ont pour nom scientifique Solenopsis invicta : « À ma connaissance, c’est la première fois que l’établissement de cette espèce est matériellement avéré » estime Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS qui rappelle cependant qu’un laps de temps existe entre l’implantation des fourmis et la découverte d’une colonie : « Souvent, on se rend compte qu’elles existent quand elles posent problème de manière locale, détaille-t-il, c’est une espèce discrète donc elle se répand facilement. »

Les fourmis de feu constituent une menace pour la biodiversité puisqu’elle fait fuir les vertébrés dans les milieux où elle se trouve. Les scientifiques s’inquiètent donc de l’expansion de cette espèce dans le reste de l’Europe qui pourrait impacter l’environnement. L’exemple le plus frappant vient de l’Amérique du Nord : « Dans toute la partie sud, les fourmis de feu ont formé des colonies et se sont implanté de manière exceptionnelle » illustre Philippe Grandcolas à propos de cette espèce qui représente un danger pour l’agriculture : « C’est le principal problème. Elle a la capacité d’être dans des milieux cultivés ». Les fourmis de feu sont aussi une menace pour la santé dont le dard provoque des piqûres très douloureuses pour l’être humain. Dans certains cas, elles peuvent même provoquer des chocs anaphylactiques (une réaction allergique exacerbée), expliquait l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Une espèce résistante

Les échanges commerciaux permettent à ces petits insectes de s’implanter dans des régions dont ils ne sont pas natifs : « On trouve les fourmis de feu dans la terre, les plantes ou la végétation. Leur déplacement est dû à des activités commerciales et peut être accidentel, continue l’entomologiste, le plus souvent, on les retrouve dans le bois en petites quantités. » Sauf qu’après avoir été transportés dans une autre région, ces petits insectes qui mesurent deux à six millimètres de long se multiplient puis se dispersent sur de vastes territoires : « C’est très difficile de procéder à son éradication lorsqu’une colonie est installée, confirme Madeleine Freudenreich, chargée de mission « Espèces exotiques envahissantes » au sein du comité français de l’UICN qui souligne le rôle de la mondialisation pour expliquer ce phénomène.

Alors comment résoudre le problème ? C’est la question qui travaille les scientifiques : « Le mieux, c’est d’intervenir dans les premiers stades d’implantation, explique Philippe Grandcolas, si les colonies sont installées sur de vastes territoires, on peut élaborer des stratégies de lutte intégrée en implantant des ennemis naturels mais il faut faire attention parce qu’il ne faut pas être à l’origine d’une autre invasion.» En France, la fourmi de feu n’est pas présente sur le territoire métropolitain mais est déjà introduite en Guadeloupe, à Saint-Barthélémy et à Saint-Martin. Madeleine Freudenreich explique que la France métropolitaine pourrait devenir un territoire favorable à son expansion à cause du réchauffement climatique : « Pour l’instant, c’est surtout le sud mais d’ici 2050, l’étude de Mattia Manchetti montre que le nord de la France pourrait aussi être concerné. » Une prévision confirmée par le chercheur Philippe Grandcolas : « Cette espèce ne vient pas du nord donc effectivement, le changement climatique ne va pas lui nuire, c’est plutôt le contraire. »

Julie Zulian

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