Dans la cinquième circonscription des Hauts-de-Seine, les élections législatives ont pris des allures de succession. Incarnée depuis près de vingt ans par Patrick Balkany, cette circonscription de l’ouest de Paris qui recouvre les villes de Levallois-Perret et Clichy va pourtant devoir se séparer de son député historique. A droite, la bataille fait rage entre le candidat choisi par le député sortant et celui investi par Les Républicains.
A Levallois-Perret, on prend fait et cause pour le député sortant. Dans ses locaux historiques du 43 rue Trébois un t-shirt « I Love Patrick Balkany » trône encore sur les murs, juste à côté d’un portrait de Nicolas Sarkozy. Si à l’extérieur de la commune dont il est maire depuis 1983, l’homme politique a une réputation sulfureuse, pour les Levalloisiens les affaires de blanchiment pour lesquelles il est mis en examen sont « personnelles et n’ont rien à voir avec la ville. »
En juin dernier Patrick Balkany annonçait via Facebook qu’il ne se représenterait pas aux élections législatives. Elu pour la première fois en 1988, il a occupé la fonction de député pendant près de vingt ans au gré de quatre mandats. Autant dire que la figure Balkany est imposante dans la cinquième circonscription des Hauts-de-Seine qui englobe Levallois-Perret et Clichy.
C’est la loi sur le non cumul des mandats qui lui a imposé de faire un choix entre Levallois-Perret, sa ville, et son mandat de député. Après avoir évoqué Agnès Pottier-Dumas, conseillère municipale pour le remplacer, son choix s’est finalement porté sur un de ses adjoints François-Xavier Bieuville.
Deux candidats de droite
Il a donc pris ses quartiers au 43 rue Trébois à quelques mètres de la mairie de Levallois. François-Xavier Bieuville a 51 ans. Né à Levallois, cet énarque, ancien sous-préfet faisait office de candidat idéal. Seulement voilà, le parti Les Républicains lui refuse l’investiture. « M. Fillon a voulu donner des leçons de moral à la terre entière. » D’après l’élu, c’est François Fillon qui est derrière cette décision. La Commission nationale d’investiture (CNI) lui a préféré Arnaud de Courson, conseiller municipal « divers droite » opposant historique de Patrick Balkany, qui n’a pourtant jamais été membre du parti.
Accord @lesRepublicains et @UDI_off
Je porterai leurs couleurs pour les prochaines législatives #Clichy #Levallois #circo9205 pic.twitter.com/GNQfFQrjy4— Arnaud de Courson (@2courson) 16 mars 2017
Toutefois François-Xavier Bieuville militant RPR (Rassemblement pour la République) de la première heure dit ne pas en vouloir à sa famille politique. « Vous n’avez qu’un seul républicain dans cette élection. Arnaud de Courson n’est pas Républicain, il n’a jamais été Républicain et il ne sera jamais Républicain. » Résultat, François-Xavier de Bieuville, fait campagne depuis la rue Trébois un local pourtant estampillé « LR », ce qui sème parfois la confusion dans l’esprit des Levalloisiens.
François-Xavier Bieuville a conscience que son étiquette d’ « héritier de Patrick Balkany » est à double tranchant. Aussi il rejette toute filiation avec le maire de Levallois. « Bieuville, ce n’est pas Balkany. Avec Patrick Balkany on a eu des différends ». Il insiste sur son profil, d’homme issu de la société civile, en glissant au passage un petit tacle à son adversaire. « Certains se prennent pour des héritiers et des rentiers. La politique n’est pas un métier, c’est un mandat ». Bien qu’il ne soit pas soutenu par Les Républicains, s’il est élu il siègera avec eux à l’Assemblée. Quant à savoir s’il apportera son soutien au gouvernement, l’adjoint botte en touche. « Une fois que je serai élu je voterai les les textes qui iront dans le sens du redressement de la France. »
Dans cette circonscription acquise à la droite depuis des décennies, qui de Bieuville ou De Curson va l’emporter ? La réponse est loin d’être évidente, d’autant que le score de Céline Calvez candidate La République en marche ! (LREM) pourrait bien rebattre les cartes. Réponse les 11 et 18 juin prochains.
Anaëlle De Araujo, Alice Pattyn, Clothilde Bru
A lire aussi :
Clichy-Levallois: les deux visages d’une même circonscription
Une marcheuse parachutée sur les terres de Balkany