Parc zoologique de Paris : 89 ans d’existence pour un lieu en pleine évolution

Le parc zoologique de Paris fête ses 89 ans ce vendredi 2 juin. Retour sur l’histoire d’un lieu en pleine évolution.

Le zoo est divisé en cinq biozones : Madagascar, Amazonie, Europe, Afrique et Patagonie. Crédit : Parc Zoologique de Paris/Facebook

Il y a maintenant presque un siècle, en mai 1931, la ville de Paris organise l’exposition coloniale internationale qui a pour objectif de montrer la puissance des différents empires européens via leurs dépendances coloniales. Huit millions de visiteurs affluent pour faire « le tour du monde en un jour » et découvrir les richesses d’Outre-Mer, d’Amérique, d’Afrique et d’Asie. Cette initiative se fait le plus souvent aux dépens des populations autochtones qui sont envoyées dans la capitale française et confinées dans des zoos humains, exhibées sous les yeux des visiteurs. 

Pour répondre à la curiosité du public qui s’interroge également sur les animaux exotiques des colonies, un zoo temporaire, dédié à la faune cette fois, ouvre ses portes dans le bois de Vincennes. C’est alors un parc estival provisoire qui ne possède pas de constructions permettant de garder les animaux au chaud en hiver. Zèbres, singes, girafes, autruches, lions et éléphants sont importés des colonies. Fort de son succès, le projet est finalement pérennisé en 1932 après l’exposition et les visites de quelques cinq millions d’intéressés. 

Une priorité : la protection

Aujourd’hui, le parc zoologique de Paris se tourne particulièrement vers la préservation d’espèces menacées. Faune et flore sont désormais mises à l’honneur. La méthode privilégiée par les soigneurs est la conservation ex situ, c’est-à-dire en dehors du milieu naturel des espèces. Cette initiative permet la reproduction d’espèces menacées, comme la gazelle de Mhorr, qui n’existe plus à l’état sauvage, mais qu’il est possible de voir au zoo.

On est un peu une arche de Noé”, explique Mathieu Descombes, responsable communication du zoo. “Certaines espèces peuvent même être réintroduites dans la nature dans quelques rares occasions. On renvoie bientôt des vautours de Bulgarie chez eux.” Le parc est également un soutien financier dans plusieurs programmes de conservation, notamment au Kenya, dans une réserve qui préserve les rhinocéros, et à Madagascar, où certaines grenouilles sont protégées. 

Des projets à venir

En 2022, le parc zoologique a accueilli plus de 700 000 visiteurs, des chiffres en augmentation. L’année prochaine, le zoo fêtera ses 90 ans d’existence, mais surtout les 10 ans depuis sa réouverture après les travaux. Ces derniers, qui ont duré de 2008 à 2024, l’ont totalement “métamorphosé”, selon Mathieu Descombes.

À partir du 22 juin et tous les jeudis jusqu’au 10 août, le parc ouvrira ses portes en nocturne. Cette année, les prédateurs seront mis à l’honneur à travers différentes animations, expositions et activités à destination des petits et grands. 

Nina CLEMENT

Le modèle économique des parcs zoologiques à l’épreuve du confinement

Chant des oiseaux, rugissement des lions et vagissement des crocodiles résonnent dans les allées vides des parcs zoologiques français depuis le début du confinement. Si les animaux profitent du calme qui règne dans le parc, le personnel et la direction en pâtissent. 

Un soignant du parc zoologique de la Barben entre Pélissanne et Aix-en-Provence. (Crédits : Page Facebook Zoo de la Barben)

Habitués à une forte fréquentation et d’importantes rentrées d’argent au printemps, les parcs zoologiques doivent faire face à des pertes économiques inédites en raison du confinement lié à l’épidémie de coronavirus. Le zoo de Beauval, parc animalier le plus visité en France, a déjà enregistré une perte de 15 millions d’euros. Si les recettes dépendent exclusivement de la fréquentation du lieu, les charges liées à la nourriture et aux soins vétérinaires des animaux restent fixes.

« Le plus embêtant, c’est que les pertes économiques vont perdurer après la réouverture du parc » explique Louisiane, responsable pédagogique et conservation au Zoo de la Barben, au chômage partiel depuis le 15 mars. Après avoir perdu 30% de son chiffre d’affaires annuel en l’espace de deux mois, la direction du parc devra effectivement s’adapter à une reprise progressive. Les écoliers ne seront autorisés à revenir qu’à partir de l’automne, l’offre de restauration restera toujours limitée voire absente et l’idée des animations en groupe doit être abandonnée. Du côté des emplois, aucune embauche n’est envisagée jusqu’à l’été, période pourtant florissante pour les contrats saisonniers en temps normal.

Au vu du pouvoir d’achat des Français après des mois de chômage partiel, une réticence à fréquenter les lieux publics ou en cas de conditions météorologiques défavorables – alors qu’elles sont décisives dans ce secteur, « il ne faut pas attendre les 300 000 visiteurs habituels et espérer compenser les pertes trop rapidement  » explique la responsable pédagogique du zoo de la Barben.

Le soutien financier du gouvernement ne fait pas l’unanimité

Face à la crise, un accompagnement financier de 19 millions d’euros pour soutenir parcs zoologiques, cirques et refuges a été voté à l’Assemblée nationale le 20 avril dernier. Destiné à subvenir aux besoins en nourriture et aux soins des animaux, ces aides ne convainquent pas Louisiane. Selon elle, les conditions d’attribution ne sont pas encore claires.

« Pour l’instant il y a une enveloppe, mais comment elle va être distribuée ? Si c’est en fonction du nombre de visiteurs, les petits zoos comme le nôtre risquent d’avoir une trop faible part pour s’en sortir »

Pour les associations de défense animale, l’aide versée par le gouvernement est le symbole de l’acceptation de la captivité des espèces sauvages en France. Alexandra Morette, présidente de l’association Code Animal, dénonce le manque de chiffres officiels sur le nombre de zoos en France et surtout, le trop faible suivi de l’argent public versé aux parcs et cirques privés.

En rapprochement avec le ministère de l’Ecologie depuis peu, l’association discute des fonds accordés par l’État aux structures qui accueillent des animaux. Code Animal dénonce notamment l’absence de fonds d’urgence en cas de faillite des parcs zoologiques. En effet, le prix du billet d’entrée au zoo finance la nourriture et les soins des animaux, mais aucune caisse n’est prévue pour replacer les animaux en cas de fermeture des parcs.

« Si les zoos mettent la clé sous la porte, que fait-on des animaux? Le ministère de l’Ecologie est complètement dépassé par ces questions, il n’a pas d’alternatives. Il doit tirer des conclusions de cette crise »

⛔ 19M€ pour aider les cirques et les zoos à nourrir leurs animaux.
Quel suivi? Quelles conditions d’attribution?D’où vient cet argent? De nos impôts? Quelles contreparties? A quand une loi d’interdiction des animaux sauvages dans les cirques? A quoi a servi la commission FSC?🆘 https://t.co/DacsJQCubv

— Code Animal (@code_animal) April 18, 2020

Une opportunité pour l’économie locale dans les zoos ? 

Le contexte épidémique a incité les zoos à se réinventer et cela semble profiter à l’économie locale. A la suite des fermetures de frontières, certains fournisseurs étrangers notamment allemands ont mis fin à leurs contrats avec le zoo de la Barben. « Ça a bouleversé notre approvisionnement en fruits et légumes, viande et insectes » explique Louisiane.

Contraint de trouver des alternatives, le parc s’est alors tourné vers des bouchers et producteurs de fruits et légumes locaux et a même élaboré un système d’élevage d’insectes en interne. Des pratiques inhabituelles qui resteront probablement inchangées à la sortie du confinement.

 

Victoire Radenne

Des ménageries royales aux programmes de conservation

 

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Les zoos ont presque toujours existé. Dans l’Antiquité déjà, les Romains et les Égyptiens capturaient des animaux pour proposer des spectacles de cirque ou des combats. La capture des animaux sauvages s’accélère au Moyen-Âge avec l’arrivée des ménageries royales. Signes de la puissance du monarque et de sa supériorité sur la nature, ces ménageries, comme celle du Château de Versailles, se préoccupaient peu du bien-être animal. Enfermés dans des cages exiguës, les animaux des ménageries étaient déjà des survivants car pour un animal arrivé en Europe, quelque quarante autres mouraient durant la capture ou le voyage. C’est la Révolution française qui a permis la réduction des ménageries aristocrates, non pas pour le bien-être de l’animal, mais parce qu’elles symbolisaient le despotisme. En 1794, de nombreuses ménageries ambulantes sont saisies, et celle de la cour de Versailles est transférée au Jardin des Plantes à Paris, qui existe encore aujourd’hui. Pour autant, ce n’est pas la fin des ménageries qui seront encore pour le siècle à venir la vitrine des puissances colonialistes. C’est d’ailleurs pendant l’exposition colonialiste de 1931 que le zoo de Vincennes est né. Seulement à partir des années 1950, deux éthologues européens, Heini Hediger et Konrad Lorenz, se penchent sur la relation entre le comportement des animaux et leur environnement en captivité. Ils commencent à créer des enclos plus grands et mieux aménagés pour améliorer les conditions de vie des animaux en captivité et faciliter leur reproduction. C’est la naissances des zoos modernes, qui au fil des années, se sont investis d’une nouvelle mission de conservation des espèces en voie de disparition.

Marineland, une pérennité en question

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Le parc aquatique Marineland, situé à Antibes, fait l’objet de contestations et de batailles juridiques depuis plusieurs années. Étendu sur 26 hectares, c’est le plus grand parc marin d’Europe, mais aussi le plus décrié. A l’automne 2015, il ferme pendant six mois à la suite de violentes intempéries. 90% du parc est touché et une cinquantaine d’animaux sont retrouvés morts. L’ONG Sea Shepherd porte plainte suite à ces décès répétés, dénonçant un esclavage animal pour le seul profit économique. Mais la plainte est jugée irrecevable. Prétendant avoir pour vocation de conserver les espèces marines et leur environnement, le parc n’est, aux yeux des associations, qu’un « bassin-prison en béton » pour des « orques clown ». Car c’est aussi le seul parc marin français à détenir cette espèce, et il fait les frais de cette exclusivité. Des plaintes ont été déposées pour acte de cruauté et de maltraitance animale, notamment suite à la mort de l’orque  Valentin, 19 ans, décédé d’une torsion de l’intestin. En moyenne, les orques mâle vivent jusqu’à 30 ans à l’état sauvage. Il s’agissait du troisième orque décédé au sein du parc des suites d’une maladie. Dans le sillon du parc SeaWorld qui décide, dès 2017, de mettre fin à la reproduction et à l’élevage des orques en captivité, Ségolène Royal publie la même année un arrêté reprenant cette interdiction. Mais celui-ci a été annulé par le Conseil d’Etat. Récemment, le parc a reçu la certification « Humane Certified », attestation “du confort, du bien-être et du bon traitement des animaux ».  Une distinction déjà contestée par les associations de défense animale.