Laura de Heredia est une des grandes figures de la librairie parisienne. A la tête de L’Arbre à Lettres, elle a lancé, avec trois autres libraires, Paris Librairies, un site d’indépendants pour contrer Amazon.
L’union fait la force. C’est le leitmotiv de l’association Paris Librairies. Ce site internet regroupe des librairies indépendantes pour offrir une alternative aux clients. Le but : se procurer des livres rapidement et près de chez eux. Une initiative qui fait de plus en plus d’adeptes chez les professionnels du livre. « Au début, on était une cinquantaine. Aujourd’hui on est à 92 librairies », raconte Laura de Heredia, libraire et directrice des célèbres librairies L’Arbre à lettres. Elle est avec ses collègues du Divan, Comme un roman et l’Imagigraphe, à l’origine de Paris Librairies depuis 2012. Pour rejoindre ce mouvement, quelques critères : vendre majoritairement des livres neufs et être un indépendant. « Nous connaissons souvent déjà les libraires qui nous rejoignent. Et si ce n’est pas le cas, on va sur place pour voir si la librairie correspond à ce que l’on attend : une mise en avant du fond, des conseils, des animations », explique la libraire.
L’adversaire principal de ce groupement reste Amazon. Même si les libraires savent bien qu’ils ne pourront pas le concurrencer sur son terrain. « En coordonnant et en mutualisant tous les stocks on va offrir une alternative par rapport à un géant comme Amazon. Le client qui veut un livre tout de suite aura la possibilité de le trouver en moins de 48h qui est le délai d’Amazon. Mais on ne peut pas faire le poids sur certains points». Et notamment sur la question des frais de port. Si Amazon peut se permettre de les fixer à un centime, cela reviendrait à de la vente à perte pour les libraires. « Nous ne pouvons pas faire des frais de port à 50 centimes alors qu’envoyer un livre nous coûte minimum 2,50 euros », s’indigne Laura de Heredia.
« Les clients veulent continuer à acheter des livres dans leur quartier »
Avec ce combat, Paris Librairies veut prouver que la figure du libraire de quartier n’est pas près de disparaitre : « Les lecteurs et les citoyens en général commencent à prendre conscience de ces problématiques qui ne sont pas uniquement liées à Amazon mais à toutes les grandes multinationales. Les gens commencent à comprendre l’enjeu et l’impact sur la qualité de vie au quotidien. Ils recherchent un environnement où ils pourront faire leurs achats dans leur quartier avec des magasins, une convivialité, une proximité et si ça continue comme ça ils n’en auront plus la possibilité ». Il y a donc un retour au commerce local dans la capitale, qui est aussi un lieu privilégié pour la lecture. « Sur le site de Paris Librairies on écrit ‘La plus grande librairie du monde’. Paris est la ville au monde avec le plus fort maillage de librairies. Ce n’est pas uniquement parce qu’il y a des gens qui ont envie d’être libraires c’est aussi parce qu’il y a des clients et que ça les intéresse de venir dans une librairie », confie Laura de Heredia, optimiste pour son avenir de libraire.