Pour Emmanuel Macron, le monde culturel doit s’unir face aux géants américains et chinois

Emmanuel Macron a appelé lundi les acteurs du monde culturel et audiovisuel à « travailler et à s’engager collectivement » avec le soutien de l’Etat pour « ne pas perdre la bataille » face aux géants américains et chinois comme Netflix.
Emmanuel Macron confirme sa promesse de campagne de créer un fond d’investissement pour la culture. / Crédit photo : Wikipédia

Au cours d’un déjeuner à l’Elysée avec 130 responsables des industries culturelles et récréatives, le chef de l’Etat a annoncé la création d’un fonds d’investissement dédié de 225 millions d’euros pour aider les entreprises du secteur à se développer, comme il s’y était engagé durant la campagne présidentielle. Mais il a surtout exhorté les auteurs et patrons réunis à l’Elysée, souvent concurrents, à élaborer « un plan de bataille commun » pour s’adapter au nouveau paysage mondial, en plein bouleversement avec les offres de Netflix, Disney ou Apple, et la montée en puissance des acteurs chinois. « Je suis fort d’une conviction, c’est que si nous n’arrivons pas à nous organiser, nous Français, la bataille est perdue. Face aux défis du numérique, c’est d’un engagement collectif que nous avons besoin », a résumé Emmanuel Macron, à la veille du festival de Cannes.

Assis à la table du Président, le réalisateur Claude Lelouch a insisté sur la nécessité de « protéger le cinéma d’auteur » qui « est vraiment en danger ». Le musicien Jean-Michel Jarre a pour sa part souhaité qu’Emmanuel Macron défende la culture en devenant un « François 1er 2:0 » et que soit organisé en France « un Davos de la Culture » pour établir une réponse internationale. Prédisant que les chaînes de télévision allaient « être très fortement secouées » par les offensives attendues d’Apple ou de Disney, le patron de TF1 Gilles Pélisson a quant à lui appelé « à la réinvention du monde du cinéma » et à une refonte des régulations obsolètes pour la télévision, qui « datent de 30 ans ».

« Nous vivons une crise de financement du cinéma et de l’audiovisuel majeure »

Le fonds d’investissement de 225 millions, qui sera géré par l’organisme public d’investissement BPIFrance, est l’une des propositions faites par le rapport commandé il y a un an au producteur Dominique Boutonnat par le ministère de la Culture. « Nous vivons une crise de financement du cinéma et de l’audiovisuel majeure, qui s’accélère et qui est une crise du système », a-t-il expliqué. Rendu public lundi, ce rapport estime que la France « a tous les atouts pour remporter » la « bataille de demain » qui sera celle des « contenus », pour lesquels la demande mondiale « se fait de plus en plus forte ».

« Pour mettre en oeuvre les recommandations de Dominique Boutonnat », le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) organisera « un premier échange vendredi au Festival de Cannes, avec les professionnels du cinéma, de l’audiovisuel et du secteur financier ». Un plan d’action pour l’industrie culturelle sera établi, en concertation avec les acteurs du secteur, d’ici la fin de l’année par le ministre de la Culture Franck Riester.

 

Alice Ancelin avec AFP

Fonction publique : éternelle pomme de discorde

Les parlementaires examinent lundi le projet de loi de la réforme de la fonction publique. Emmanuel Macron entend supprimer 120 000 postes d’ici 2022. Retour sur les réformes précédemment engagées, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron.
Manifestation de la fonction publique le 9 mai à Paris. / Crédit : Jeanne Menjoulet

Depuis le mandat de Mitterrand, le nombre d’employés de la fonction publique n’a cessé d’augmenter. La France serait le pays où l’on compte le plus de fonctionnaires de l’Etat. Mais pour des raisons d’économie, la fonction publique est, depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, sous le feu des critiques.

  • Une baisse drastique sous Nicolas Sarkozy

Le nombre de fonctionnaires entre 2012 et 2015 augmente de 140 000. C’est en réaction à cette augmentation et aux coûts liés à la fonction publique que Nicolas Sarkozy a mis la réduction des dépenses publiques, et donc du personnel de l’Etat, au centre de sa politique. Le gouvernement Fillon a alors mis en place la « règle du non-remplacement »: un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé. Le gouvernement a ainsi supprimé près de 150 000 postes sur la période 2007-2012. Mais pendant la même période, d’autres postes ont été créés. Nicolas Sarkozy a bien mené une politique de réduction budgétaire de la fonction publique, mais a, au total, supprimé 85 000 postes. Le 29 janvier 2009, entre 1 et 2,5 millions de personnes s’étaient mobilisées pour contester la politique mise en place par Nicolas Sarkozy. Au sein de la fonction publique, plus de 23%  étaient grévistes, dont 29,5% dans la fonction publique d’Etat, 21,3% dans les hôpitaux, 15% à la fonction publique territoriale.

  • Hollande, défenseur de la fonction publique?

Face à la baisse drastique du nombre de fonctionnaires suite au quinquennat de Nicolas Sarkozy, le président socialiste arrive au pouvoir en 2012 et annonce la création de 60 000 postes dans l’Education nationale. Il rompt également avec la « règle de non-remplacement », mise en place par son prédécesseur. Les effectifs ont bien augmenté, mais cette augmentation est un trompe-l’œil. La création de certains postes a été compensée par des suppressions de postes aux ministères des Finances ou de l’Ecologie. Entre 2012 et 2016, seuls 43 000 postes, des 60 000 annoncés, ont bien été créés.

  • Sous Macron, la fonction publique à la « start-up nation »?

Dès 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, envisage une refonte de la fonction publique. Deux ans après son élection à la présidence de la République, son gouvernement annonçait lundi une « grande réforme plus agile, plus ouverte et plus attractive« , qui concerne  5,5 millions d’agents (fonctions d’État, hospitalière et territoriale). Autour de cinq axes, le texte de réforme met l’accent sur « l’efficacité ». Les syndicats  accusent le gouvernement de vouloir une fonction publique alignée sur les règles du privé, au détriment du statut de fonctionnaire et de l’indépendance des agents publics, avec la suppression de l’ENA. La journée de mobilisation des fonctionnaires a rassemblé jeudi dernier entre 108 900 (chiffres du ministère de l’Intérieur) et 250 000 (chiffres de la CGT) manifestants.

Camille Kauffmann

 

INFOGRAPHIE – « Dialogue avec l’Église » : le discours de Macron fait débat

Ce lundi, le président de la République était invité par l’Église catholique de France dans une réception inédite par son ampleur. Face à 400 personnalités du monde clérical, Emmanuel Macron a tenu un discours cherchant à renouer le “dialogue” avec la première religion de France… Une vision qui a suscité de vives polémiques, notamment chez les partisans de la France Insoumise, qui dénoncent une enfreinte à la loi de 1905 sur la neutralité de l’État. Deux visions s’affrontent.

Les propos d'Emmanuel Macron devant des personnalités cléricales ont suscité la polémique.
Les propos d’Emmanuel Macron devant des personnalités cléricales ont suscité la polémique.

Fanny Guyomard

GPA, PMA : Emmanuel Macron veut rassurer les catholiques

Le président de la République s’est exprimé lundi soir devant la conférence des évêques de France. Il s’est montré rassurant sur la GPA et la PMA, affirmant qu’il n’y avait pas d’ »agenda caché ».

Capture d’écran 2018-04-10 à 10.40.36
Emmanuel Macron lors de la conférence des évêques, lundi 9 avril

La polémique enfle autour des propos d’Emmanuel Macron devant la conférence des évêques de France lundi soir. Alors que le souhait exprimé par le président de « réparer le lien » avec l’Eglise a été vu comme une atteinte à la laïcité pour certains et a retenu la majorité de l’attention, Emmanuel Macron a également abordé la question de la PMA (procréation médicalement assisté) et de la GPA (gestation pour autrui). Deux sujets polémiques sur lesquels il a tenté de rassurer les catholiques.

Le chef de l’Etat a démenti « tout agenda caché » à un mois de la fin des Etats généraux de la bioéthique. Il a réaffirmé son hostilité à la légalisation de la GPA, qui pose selon lui « une question sur la dignité du corps de la femme ». Sur la PMA, il a rappelé l’avis « insuffisant » du Comité consultatif national d’éthique (CCNE).

Rétablir le dialogue

Le quinquennat Hollande a été marqué par un conflit ouvert avec une partie des catholiques. Après l’adoption du mariage pour tous et d’une loi sur la fin de vie instaurant un droit à la « sédation profonde et continue », Emmanuel Macron a tenté de rétablir le dialogue. Le président de la République a tout de même estimé que « la voix de l’Eglise ne peut être injonctive« .

Camille Sarazin