Rachid Taha, l’homme qui a fait danser le monde entier

A l’occasion des cinq de la mort de Rachid Taha, les hommages se font nombreux pour le plus punk des algériens. Un documentaire sera notamment diffusé sur France 5 racontant comment le génie artistique et la vie de Rachid Taha ont fait de la musique algérienne une musique universelle. 

Le chanteur d’origine algérienne Rachid Taha  sur la scène du festival du Bout du Monde le 14 août 2005 à Crozon. (Photo by LOIC VENANCE / AFP)

A l’occasion des cinq de la mort de Rachid Taha, les hommages se font nombreux pour le plus punk des algériens. Un documentaire sera notamment diffusé sur France 5 racontant comment le génie artistique et la vie de Rachid Taha ont fait de la musique algérienne une musique universelle.

Ya Rayah c’est la première chanson en arabe qui a fait danser la France toute entière”, c’est ainsi que le documentaire “Rachid Taha, rocker sans frontière” présente le plus grand succès du chanteur. Ce film diffusé ce vendredi soir sur France 5 raconte la vie “du dernier des punks” comme le surnommait Patti Smith. Un artiste qui, mélangeant langue française et arabe sur des air venus d’Afrique mêlés à des influences rock, a su briser les codes de la musique pour diffuser les sonorités algériennes à travers le monde. “Ya Rayah et tout l’album du groupe 1, 2,3 Soleil dont faisaient partie Rachid Taha, Cheb Khaled et Faudel tournait en boucle pendant cinq ans chez moi. Aux réunions familiales, aux fêtes de quartiers…”, raconte amusée Linda 29 ans. “ J’avais 4 ans à l’époque, mais en grandissant je suis devenu fan de Rachid Taha car sa voix me touchait et ses influences jazz-manouche, mais aussi rock se rapprochaient de ce que j’écoutais.

La génération black blanc beur

Linda, comme beaucoup d’autres jeunes issus de l’immigration se sont vite identifiés à la musique de Rachid Taha, que ce soit avec son groupe Carte de Séjour fondé dans les années 80 ou le projet 1,2,3 Soleil en pleine Coupe du monde 98 et explosion du raï en France. “La fin des années 90, sont les années “black blanc beur”. Il y avait une sorte de fierté derrière cette musique Ya Rayah. Le groupe 1,2,3 Soleil sont devenus ambassadeurs d’une musique, d’un peuple, d’une culture. Les jeunes issus de l’immigration n’apparaissaient plus pour des histoires de vol et de violence. Ils avaient aussi une culture dont ils étaient fiers”, explique Hakim Hamadouche, musicien et compagnon de route de Rachid Taha pendant 28 ans. 

Un ADN rock et un amour pour ses origines 

Rachid Taha tenait à son héritage culturel et le transformait selon ses influences, ses voyages et ses rencontres. Une musique populaire algérienne jouée au mandole électrique avec des sonorités africaines entrecoupées d’une flûte bulgare. “Sa jeunesse a été rock and roll, c’est vraiment l’ADN de sa musique. C’est le son fort, chanté en anglais, en français et en arabe. La première touche c’était ça. C’est par la suite qu’il a découvert un peu son identité. Il s’est saisi de ces sons nord africains qu’il a mis à une sauce qu’il maîtrisait.”, explique Taoufik Bestandji, enseignant au Conservatoire national de région de Marseille et auteur du livre “L’Algérie en musique”. Une culture que Rachid a mis sur le devant de la scène française bien avant que le rai ne soit populaire en hexagone. Ce sont ces étonnants métissages musicaux qui ont fait de sa musique, une musique universelle. “Quand j’ai composé le titre Je T’aime Mon Amour, Rachid m’a demandé de trouver une musique qui rappelle Jimmy Hendrix, les Beatles et Amadou et Mariam. C’est comme ça que la mélodie est née. Lui il a osé un texte très simple, pur, à l’esprit africain”, rapporte Hakim. 

L’héritage de Rachid Taha

Son audace de tout tenter sans tabou dans la musique comme sur les nombreux plateaux télé, qui l’invitaient plus souvent pour parler de politique et d’immigration que de musique, ont marqué toute une génération. Grâce à ses reprises Rachid Taha jouait le rôle de transmetteur d’anciens classiques nord africains, souvent méconnus de ses pairs. “ En me plongeant dans son style, je me suis passionnée pour la musique arabe. Grâce aux nombreuses reprises qu’il faisait j’ai découvert plusieurs d’artistes. Qui ne sont pas limités à l’Algérie, mais à toute l’Afrique du Nord jusqu’à l’Egypte”, avoue Linda. Les Algériens Dahmane El Harrachi, Akli Yahyaten ou l’égyptien Abdel Halim Hafez… Ces chanteurs, Rachid les découvre durant son adolescence grâce au jukebox d’un bistrot en Alsace. Plusieurs de leurs œuvres notamment celles de Dahmane seront reprises à la sauce Taha, dont le mythique Ya Rayah. C’est cette pâte si particulière, née d’une fusion de plusieurs styles qui en inspirera plus d’un comme le groupe toulousain Zebda. “Rachid a apporté une certaine liberté à la musique algérienne. C’est en le voyant sur scène, que les membres du groupe Zebda se sont dit qu’ils pouvaient chanter et même aller à la télé pour s’exprimer tout en étant des arabes”, affirme fièrement Hakim. “De la punk à la musique traditionnelle en passant par l’électro.. Rachid a tout exploré. C’est incroyable ! J’ai appris beaucoup de choses avec lui de 1992 jusqu’à sa mort”, conclut celui qui a voyagé de Lyon à Jakarta aux côtés de Rachid pour partager le vrai rock de la Casbah à un public toujours plus grand.

Alyssia Gaoua

Personnes nées par PMA: à la recherche de ses origines

Le premier rapport annuel de la Cappad, publié vendredi, a dévoilé 434 demandes recevables d’accès à l’identité du donneur. Une quête des origines qui se révèle avoir un conséquent fond psychologique.

La Cappad (Commission d’accès des personnes nées d’une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs) a publié officiellement vendredi son premier rapport annuel dans lequel elle déclare avoir reçu 434 demandes recevables d’accès à l’identité du donneur de spermatozoïdes, d’ovocytes ou d’embryons, qui a permis leur naissance.

Cette commission créée il y a un an pour permettre aux personnes nées d’un don anonyme de gamètes d’accéder à des informations sur le ou la donneuse n’a pourtant pu envoyer que trois réponses positives, selon l’AFP.

À noter également que les femmes constituent 74% des 434 demandes recevables, tandis que l’âge moyen des demandeurs est stable à 33 ans en 2023 contre 34 ans en 2022.

Un nombre infime
Toutefois, pour Alexandre Mercier, président de l’association PMAnonyme qui milite pour « l’accès aux origines », ces 434 demandes ne constituent qu’un nombre infime par rapport aux 70,000 cas d’enfants nés par PMA (procréation médicalement assistée) depuis la création des banques de spermes et d’ovules en 1973. Ce qui pourrait être dû selon lui au fait que « nombreuses personnes ne sont pas conscientes, à ce jour, de leur mode de conception; un sujet longtemps considéré comme tabou dans nos sociétés ».
Il considère notamment que divers périples administratifs aussi bien que psychologiques séparent les enfants nés par PMA de la découverte de leur réelle identité.
Une quête d’identité

La recherche de l’identité du parent biologique s’inscrit dans la quête d’identité personnelle, selon Dr. Manuela Braud, psychologue et chercheure en Sciences de l’éducation et co-fondatrice de Planète Résilience. Les personnes nées par PMA «même s’ils entretiennent une très bonne relation avec les parents qui les ont éduquées, ont besoin de savoir d’où ils viennent pour savoir un peu où ils vont », assure-t-elle.

Pour la spécialiste, cette quête ne se borne point au fait de découvrir l’identité des parents biologiques mais s’accompagne de la volonté de comprendre certains décalages, parfois même culturels, entre l’enfant et son entourage, soit la famille qui l’a éduqué.

Un décalage et une difficulté à se comprendre et à se cerner qui peut dans certains cas faire naître chez la personne en question une pénible sensation de vide.

« Certains patients me confient qu’ils ont l’impression de marcher tous les jours sur un sol qui n’est pas stable parce qu’il demeure quelque chose de leur identité de base qui leur reste inconnu », explique la psychologue usant de l’image d’un arbre sans racines.

Établir une filiation

 Outre l’exclusive quête d’identité, existe une volonté de la personne d’établir une filiation, de retracer sa lignée. Une volonté qui, selon Manuela Braud, peut émerger quand la personne devient à son tour parent.

 « La recherche de l’identité du donneur peut être un moyen pour la personne née par PMA de s’ancrer dans une forme de filiation et de transmission. Devenus à leur tour parents, ces personnes en question veulent souvent retracer leur lignée afin de savoir mieux expliquer leurs origines à leurs enfants », détaille la spécialiste.

Le parent fantasmé

 Pourtant cette quête identitaire peut se révéler comme étant un réel périple psychologique basé sur fond d’illusions.

« Parfois, les personnes qui recherchent leurs origines fantasment totalement le parent inconnu. Ils recherchent souvent dans ce parent fantasmé non connu la compensation des failles des parents qui les ont éduqués », affirme Manuela Braud établissant une comparaison avec le cas des personnes adoptées.

Selon elle, ces personnes considèrent fréquemment que les parents biologiques sont forcément de meilleurs parents que ceux qui les ont éduqués. Autrement dit, ils sont dans une recherche illusionnée de ce qu’ils n’ont pas.

« Certes ces personnes peuvent être plutôt satisfaites de découvrir d’où elles viennent mais il y a souvent une sorte de déception lors de la rencontre. Le contraste entre la réalité et le fantasme peut être réellement bouleversant », ajoute-t-elle.

Conflit de loyauté

 Sur cette quête d’identité personnelle vient se forger une peur de la personne de briser le lien avec les parents qui l’ont éduquée, ce qui peut parfois dissuader la fameuse quête des origines. Une peur qui relève selon Manuela Braud de « l’ordre du conflit de loyauté envers les parents ».

 « Bien souvent des personnes adultes qui recherchent leurs origines n’en parlent pas à leurs parents au début. La volonté de la recherche naît et se fait en premier lieu dans le secret », explique la spécialiste.

Elle dévoile notamment que certaines fois ces personnes, en comparaison avec les personnes adoptées, ne dévoilent leur recherche à leurs parents qui les ont éduqués que quasiment la veille de leur rencontre avec leur parents biologiques.

« Cette recherche est complètement légitime. Si la personne retrouve ses origines cela ne veut pas dire que le lien affectif avec les parents qui l’ont éduquée va se rompre. Bien au contraire », assure-t-elle définissant ces cas par ce qu’elle appelle une parentalité additive.

Yara EL GERMANY

Au procès de Rédoine Faïd, les téléphones de la discorde

Le procès de Rédoine Faïd se déroule à la cour d’assises de Paris.
LISE TAVELET / CELSA LAB
Le procès de Rédoine Faïd et onze autres accusés se poursuit à la cour d’assises de Paris. Dans une ambiance soporifique devenue survoltée, les jurés ont examiné la téléphonie, élément susceptible d’établir la complicité des accusés. 

« Est-ce que vous pouvez simplement définir une borne ? » Après plus de cinq heures assommantes d’études de relevés téléphoniques, le jeune avocat de la défense, Stéphane Nicolaï se lève pour prendre la parole. Il est bientôt 16 heures, la salle est quasi comble. La matinée ainsi que le président ont vu défiler les détails méticuleux des achats et bornages des téléphones de Rédoine Faïd et de ses complices, dans les jours précédant et suivant son évasion, le 1er juillet 2018 du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne). Un travail pour le moins fastidieux réalisé par les deux policiers et enquêteurs François-Xavier Aqua et Benjamin Lepache, présents à la barre.

Venus sans leurs notes – une prouesse que ne manque pas de souligner la défense – les enquêteurs ont détaillé le casse-tête des différentes lignes de téléphone ainsi que leur utilisation, ne manquant pas de répandre la confusion. « Je salue le fait que vous soyez à la barre sans notes pour parler de faits vieux de cinq ans, réitère la défense, mais pourriez-vous indiquer les numéros de fin de chaque ligne ? Parce qu’à force d’entendre que telle ligne a rappelé telle ligne depuis cette ligne, on s’y perd ! » En somme, les deux policiers étayent l’hypothèse – aux allures d’affirmation – que Cheikh Amza, un des accusés, aurait utilisé un téléphone « ancienne génération » pour pouvoir convenir du lieu et de l’heure où récupérer le Kangoo, utilisé dans la fuite du « roi de la belle ».

De la précision des bornes

Ce qui fait de la question des bornes téléphoniques et de leur précision un enjeu capital sur la mise en cause de l’accusé. « Est-ce que ces bornes sont d’une précision chirurgicale à l’instar de coordonnées GPS d’un endroit où l’on devrait se rendre, ou désignent-elles une zone ? », reformule son avocat. « Selon chaque borne, le rayon peut varier d’une centaine de mètre. Voire deux kilomètres », répond posément Benjamin Lepache. « Car pour une ville plus rurale, comme celle de Thiverny où habite Cheikh Amza, les bornes couvrent des périmètres plus importants. » 

Les deux hommes semblent s’accorder sur ce point – mais la défense charge : « Donc lorsque vous évoquez des facturations détaillées, vous exagérez ? », s’amuse Stéphane Nicolaï, mentionnant les adresses précises où aurait borné le téléphone de son client. « Quand vous partez de rien… », rétorque l’enquêteur. « Dans ce dossier figurent des adresses qui correspondent à des bornes qui couvrent plusieurs centaines de mètres », affirme-t-il. « Ou kilomètres ». 

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L’échange se tend; le président s’énerve, crie qu’elle n’entend rien, et que les jurés non plus d’ailleurs. La défense a visiblement épluché des centaines de lignes de facturation pour aboutir à la conclusion que, là où les enquêteurs assurent que le téléphone mobile de Cheick Amza est resté inactif pendant de nombreuses heures – lui laissant donc le temps d’aller chercher le Kangoo à Isneauville, en Seine-Maritime -, l’appareil a en réalité borné plusieurs fois. « Une erreur », répond platement l’enquêteur, accoudé à la barre; le second avocat de la défense tempête en pointant une « faute plus que fâcheuse ».

Inactivité à géographie variable

« Vous avez un malfaiteur supposé avec les relevés de son smartphone et toute la data, dont on ne tient pas compte dans les procès verbaux ? », s’étrangle Stéphane Nicolaï. Un long silence lui répond. « Parce que cela aurait signifié qu’il y avait un doute ! Il n’y aurait plus eu manière de verrouiller une culpabilité. » Et d’ajouter : « Dans la journée du 9 juin 2018, vous dites qu’il n’y a eu aucune activité entre 10h31 et 18h39. Lorsque vous écrivez cela et que vous dites que le téléphone était inactif, il est évident que tout le monde comprend que le téléphone est posé et que personne ne l’utilise. »

Or, des appels comme messages, entrants comme sortants, sont relevés à 11h18, 11h46, 12h32, 12h38, ou encore 15h54. Même constat pour la journée du 28 mai 2018, où l’accusé est censé être à 40 kilomètres de chez lui. « Cela dépend de qui a le téléphone », tente Benjamin Lepache. La défense assure également que des coupures sur le réseau Bouygues ont été enregistrées plusieurs fois aux mois cités. « Si vous m’informez de difficultés réseau, j’en prends acte », répond l’enquêteur. Le président, très à charge, fustige ces nouveaux éléments qui n’auraient pas été amenés au dossier.

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« Le 16 juin 2018 », continue, imperturbable, la défense, « vous signalez une inactivité, soit aucun message ou appel reçu ou émis, entre 1h52 et 20h17. Ce qui est compatible avec votre hypothèse de travail qui est : mon client est à Thiverny dans le cadre de la préparation de l’évasion et va chercher le Kangoo. Mais son téléphone borne à Creil, à 16h52, à son domicile. Il avait déjà borné à 1h56, 1h57… » Heure par heure, l’avocat de la défense défait avec fougue toutes les conclusions des enquêteurs, qui plaident des mises à jour automatiques. Le président finit par s’emporter tout à fait; dans un chaos de chiffres et de lettres, l’audience est suspendue.

Lise Tavelet

World Clean Up Day: un grand nettoyage opéré par les entreprises

Les volontaires ont ramassé des déchets le long du quai de la Tournelle.

Le World Clean Up battra officiellement son plein ce samedi 16 septembre. Des opérations de sensibilisation ont déjà été organisées dans toute la France ces derniers jours afin de mobiliser un large public à la collecte de déchets, comme à l’Institut du Monde arabe à Paris, ayant attiré les entreprises.

Chaque petit geste compte. Cette petite musique prend sens lors de la Journée Internationale du Nettoyage, organisée par l’association World Clean Up Day. Comme lors de sa précédente édition, qui a rassemblé près de 15 millions de participants dans le monde, 170 000 personnes sont attendues pour cet événement en France, dont une infime partie ce vendredi 15 septembre à l’Institut du Monde Arabe. Environ une centaine de personnes étaient présentes pour cette initiative publique, chapeautée par EcoTree.

 

Depuis trois ans, cette entreprise organise, en collaboration avec ses partenaires, clients, mais aussi avec des proches, des passants et des élèves, cet événement sur cette esplanade, piédestal à vitrine transparente aux arabesques orientales créé par Jean Nouvel, donnant sur la Seine.

Quête des mégots

Le soleil est au zénith à l’heure du déjeuner, au début de l’opération. Ce qui pousse les premiers volontaires arrivés à chercher refuge près des zones ombragées. Suzanne Sinniger, cadre au sein de l’entreprise EcoTree, les accueille près d’une simple table sur laquelle est disposée tout le matériel nécessaire pour cette action. «Ceux qui ont des sacs et gants, vous pouvez aller là-bas, près de l’arbre pour commencer. Revenez à 15h», conclut-elle après avoir donné des explications à un premier groupe. Un employé lui répond : «Nous attendons que tout le monde prenne des gants, puis nous y allons.»

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Durant trois heures, tous parcourent le quai de Tournelle et le quai Saint-Bernard à la recherche de mégots, de déchets et de détritus présents au sol. Près des alcôves en bord de Seine, bien connues des danseurs parisiens, Lisa, Ailis et Léa sont déjà à l’œuvre. Leur regard inspecte chaque interstice, chaque coin et chaque ligne du sol. Elles ne quittent pas ce sol de terre battue. «Nous faisons cela sans relâche. L’an dernier, nous avons ramassé trois sacs« , se rappellent deux d’entre elles. Pour Léa, c’est une première. «Je dois avouer que je suis arrivée ici un peu par hasard, mais très motivée», plaisante-t-elle.

Les deux femmes cherchent des mégots. 

C’est Charlotte Olagne qui organise cette opération au sein de son entreprise axée sur la préservation des forêts. «Cette pollution est visible en ville, alors qu’elle est complètement cachée dans les bois. Cela s’inscrit donc pleinement dans l’engagement et la mission de notre entreprise», explique-t-elle, décrivant ainsi pourquoi de nombreuses entreprises participent. EcoTree n’est pas la seule à être très active. La majorité des personnes présentes sont des salariés d’entreprises partenaires de l’événement : Leroy Merlin, Chevreux, Digital Realty.

Projet scolaire

Plus de la moitié des participants proviennent de ces entreprises. Tous portent des chasubles aux couleurs vives, appréciées des sportifs en entraînement, aux couleurs de leur entreprise. Une fois terminée, les sacs poubelles de la Mairie de Paris, arborant le slogan «Ensemble pour une ville plus propre», sont rapportés près de Suzanne, qui veille et prend en photo les salariés, une étape incontournable.

Les volontaires se retrouvent sur l’esplanade pour déposer leurs sacs.

Parmi ces cadres, un autre groupe s’attelle à la tâche de manière plus joyeuse. Il s’agit des élèves de l’école Sainte-Rosalie, dans le 5ème arrondissement de Paris, âgés de six à sept ans. Maxime Le Roch, professeur des écoles, a décidé de faire participer ces élèves à cette journée. «C’est l’un de nos projets scolaires de l’année, centré sur le thème du recyclage. Nous devons visiter la recyclerie, recycler des chaussettes pour les transformer en éponges, parrainer un lamantin… C’est un projet que j’ai préparé cet été. C’est un sujet sur lequel je n’étais pas sensibilisé à leur âge, cela me tient à cœur», résume-t-il.

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Contrairement aux adultes, les enfants ne portent pas de sacs transparents arborant le slogan éculé de la Mairie de Paris. Mais tous cherchent le plus gros déchet à prendre et à trouver. Les mégots sont recherchés et placés dans un sac à part. «C’est quoi ça ? Où ça va ? » demande un enfant à l’un des parents accompagnants.

30 sacs de 50 litres

Parmi les accompagnateurs, Tanguy Lahaye veille et informe les plus petits. Le responsable Île-de-France a un mot d’ordre : sensibiliser. «Un mégot, c’est 500 litres d’eaux pollués», explique-t-il à un homme en pause déjeuner, qui travaille dans la sécurité. «Je ne pensais pas que la cigarette polluait autant. Je pensais que le paquet était le problème. Je n’en reviens pas.»

Tanguy prend le temps d’expliquer aux passants et aux enfants. «Les gens sont sensibilisés grâce à cette initiative. C’est pour cela que je suis là. C’est l’une des plus grandes actions mondiales, selon l’ONU, respectant les Objectifs de Développement.» Lui préfère sensibiliser les plus jeunes. «Il est vrai qu’il y a beaucoup d’entreprises cette année. C’est le vendredi, une journée plus propice pour les entreprises en télétravail. Et puis il y a la législation désormais, qui oblige les entreprises à publier leur bilan carbone ». D’après la loi, tous les acteurs publics et privés, notamment en matière de Responsabilité Sociale et Environnementale, ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. À 15h, près de 30 sacs de 50 litres de déchets ont été collectés. Lors de l’édition 2022, 1002 tonnes de déchets ont été ramassés en France.

Adrien-Guillaume Padovan