Campagne LGBT+ : les affiches de sensibilisation font polémique

Le 17 mai dernier, le gouvernement et Santé publique France ont lancé une campagne de lutte contre les discriminations et les violences subies par les personnes LGBT+. Des affiches ont été déployées en France, sans convaincre la plupart des membres de la communauté LGBT+. Ni certaines communes.

Cette affiche est visible depuis quelques jours dans toute la France. ©Santé publique France

Depuis désormais quinze jours, les arrêts de tram ou de métro sont illustrés par des slogans comme « oui, mon pote est gay », « oui ma fille est lesbienne » ou encore « oui ma petite-fille est trans ». Dans le cadre de son plan national d’actions pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT, le gouvernement et Santé publique France ont lancé une campagne de communication. Il s’agit, à partir d’affiches mettant en scène une personne hétéro et une autre affiliée aux LGBT+, afin de « montrer la diversité des sexualités et des identités de genre et de valoriser leur acceptation pour susciter davantage l’adhésion de tous les publics ».

Jérémy, lycéen à Mouvaux, près de Lille, est gay. Il se dit satisfait de cette démarche. Selon lui, « c’est un petit pas vers la tolérance et l’acceptation de soi ». D’après le jeune homme de 18 ans, « il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de porter le message du moment que l’on impose rien à personne et que l’on essaie de faire comprendre aux autres comment être plus tolérants ». 

« La personne discriminée n’est pas en charge du discours »

Pour autant, beaucoup de personnes se revendiquant comme LGBT+ ne l’entendent pas de la même oreille. D’après Lou, bi-sexuel et étudiant, « cette campagne est un échec ». Selon l’homme de 22 ans, « la personne discriminée n’est pas en charge du discours, elle est un objet, et elle est représentée comme anormale dans le discours puisque membre de la communauté LGBT+ ».

Même son de cloche chez le politiste Lionel Cordier. « C’est une campagne dirigée vers les hétérosexuels, explique-t-il. Elle joue sur la notion de tolérance, il n’y a aucune réflexion sur le fonctionnement de l’homophobie. Elle agit juste sur l’idée que les hétéros doivent nous accepter, ça reste un propos au ras des pâquerettes politiquement. »

« Même dans des représentations qui se veulent positives, les gays ne sont pas représentés comme des sujets autonomes »

Ainsi, selon Lou, « pour faire changer les mentalités, il faut exprimer clairement dans l’espace public ce que vivent les personnes LGBT+ », et ne pas se contenter du slogan de cette campagne : « À nous de faire la différence. »

Lionel Cordier ajoute qu’il est nécessaire de modifier les illustrations des LGBT+. « Même dans des représentations qui se veulent positives, les gays ne sont pas représentés comme des sujets autonomes, regrette-t-il, par contre pour les affiches de lutte contre l’homophobie, quand ce sont des personnes en souffrance là on les représente. Mais on voit très peu l’agresseur. ».

Une campagne rejetée par certaines communes mais pour d’autres raisons 

Autre élément, la campagne suscite des désapprobations dans certaines communes de France, et notamment à Versailles (Yvelines). Trois conseillers municipaux, Céline Jullié (En avant Versailles), François Billot de Lochner (Liberté politique) et Constance Prazel (Liberté politique) ont signé une lettre pour demander au maire de Versailles, de retirer ces affiches.

Selon Actu.fr, le trio municipal estime que « cette campagne, sous couvert d’appel à la tolérance, expose aux yeux de tous, et en particulier des enfants, des situations sexuelles et familiales qui n’ont pas à être promues ni encouragées ».

Une réaction qui n’étonne pas Lionel Cordier « À Versailles, c’est toujours la même chose. Il faut vraiment empêcher ces municipalités réactionnaires de faire obstacle aux campagnes de sensibilisation ».

Baptiste Farge

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