Les Champs Élysées épuisés par les manifestations (Sabrina)

La mobilisation des Gilets jaunes bat son plein tandis que l’opinion s’essouffle. Reportage sur les Champs Élysées, épicentre du mouvement de contestation.

Un mercredi enneigé pendant les soldes d’hiver sur les Champs Elysées: tous les facteurs sont réunis pour attirer la clientèle dans les magasins et les restaurants. Pourtant l’avenue est presque vide et les commerces aussi. En effet, c’est l’un des lieux privilégiés des Gilets jaunes. Les manifestations qui ont lieu tous les samedis depuis le mois d’octobre 2018 effraient les touristes (hexagonaux et internationaux) au point de ralentir l’économie parisienne et par conséquent, nationale. La casse et le risque d’être pris dans les altercations ont pris le dessus sur le charme de la plus belle avenue du monde.

publicis drugstore
Publicis Drugstore pris pour cible par les casseurs

Les commerçants se plaignent de ne pas atteindre leur chiffre d’affaires habituel, baisse de fréquentation et fermeture préfectorale obligent. Parmi les commerces touchés, Publicis Drugstore situé vers la place de l’Etoile souvent pris pour cible lors des manifestations. C’est la double peine pour l’enseigne, qui en plus de subir des dommages matériels doit également encaisser des pertes financières.

Geoffrey y travaille comme libraire. Il nous confie: « pour nous c’était dur, on a perdu beaucoup de clients. On serait bien restés ouverts mais la Préfecture de police nous a imposé la fermeture du magasin. Les samedis et dimanches sont les jours où l’on fait un maximum de recettes, mais depuis plusieurs mois on en est privés, sans oublier que ça s’est produit pendant la période la plus rentable: les fêtes de fin d’année ».

Il n’en est pas ainsi pour tous les commerçants, comme cette librairie qui vend des souvenirs sur le trottoir opposé: sa gérante compte garder la boutique ouverte tant qu’elle le peut. Pour le moment elle ne nourrit aucune crainte, car elle n’a pas subi de dégâts majeurs. Geoffrey, lui est plus inquiet quant à la sécurité des salariés: « au début c’était impressionnant, on avait peur ».

Parmi les touristes qui osent s’aventurer sur la plus belle avenue du monde, beaucoup ne voient aucun risque à voyager dans la capitale. Des moines bouddhistes aux groupes de touristes chinois, tous ceux que nous avons rencontrés confirment ne pas avoir entendu parler des « Yellow vests » et encore moins des Gilets jaunes.

Les français, en revanche, viennent en connaissance de cause, comme Evelyne et sa fille qui préfèrent rester en banlieue le weekend. Mathieu fait lui-même partie du mouvement contestataire: « les Gilets jaunes ont raison de venir ici, ça leur donne de la visibilité. Je soutiens les manifestants mais pas les casseurs ».

A propos de casse, les dégâts sont nombreux et les réparations sont régulières mais parfois trop lentes. Rudy qui remplace les vitrines brisées du siège d’une banque internationale nous le confirme: « Les vitres mettent du temps à arriver, (…) nous avons attendu celles-ci pendant deux semaines, c’est parce qu’elles sont équipées d’un filtre de protection contre la casse. Sinon c’est les barricades ».

L’acte XI de la protestation est prévu samedi prochain. Contrairement aux épisodes précédents, celui-ci devrait se dérouler pendant la la nuit et voir son centre de gravité déplacé vers la place de la République. De quoi remonter le moral aux commerçants « élyséens ».

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