Place de la République, tous en cage pour dénoncer la captivité animale

Une centaine d’associations se sont mobilisées place de la République pour dénoncer les mauvaises conditions de vie des animaux en cage.
Le but de cette opération coup de poing : récolter un million de signatures auprès de la Commission européenne.

Mercredi 10 octobre, trois imposantes cages verticales en grillage trônaient sur la place de la République ensoleillée. Tour à tour, plusieurs bénévoles ou simples passants se relayaient à l’intérieur des cages, une pancarte à la main : « J’agis contre les cages ! ».

Nathalie, bénévole de cinquante ans, a joué le jeu. Elle est venue au nom « des animaux qui souffrent atrocement des conditions d’élevage ». Selon elle, l’homme et l’animal ont beaucoup de similitudes et doivent donc être tout autant respectés. Cette militante s’est donc mise à l’alimentation vegan depuis 2013. « Je mangeai de tout avant. Puis, je suis devenue végétarienne et maintenant vegan. C’était la suite logique quand on s’intéresse vraiment à la cause animale. C’est une question de cohérence », explique-t-elle debout dans sa cage.

 

Des personnalités publiques se sont également alliées à la cause. L’actrice américaine Pamela Anderson a soutenu l’action en se mettant, quelques minutes, dans une cage. La présence du député européen écologiste Yanick Jadot et du radical socialiste Olivier Falorni a permis de mettre en lumière l’opération.

« Je n’ai pas le profil type du militant ! »

A quelques pas des cages, des bénévoles gambadent en liberté, à la recherche de précieux signataires. Corentin, tout de noir vêtu, « car c’était le dress code de la journée », est bénévole à l’Afaad, une association qui a fait de l’abattage son combat prioritaire. Il l’a rejoint il y a quelques mois. « Je n’ai pas le profil type des militants », raconte ce jeune homme à lunettes. « Je travaille dans l’armement et je mange encore de la viande ! », s’amuse-t-il. Son crédo : en manger moins, mais de meilleure qualité. Il n’achète plus que du bio et du Label rouge. « Même si c’est un budget », reconnaît-il.

L’immobilisme de la France en matière de bien-être animal

Certains bénévoles ont sorti le grand jeu. C’est le cas d’Aurore, qui a enfilé un déguisement de cochon rose pour se mettre en cage. Pour faire plus authentique, elle l’a renversée, « car les animaux ne se tiennent pas debout. Ils sont tous entassés les uns sur les autres », souligne-t-elle. Cette jeune trentenaire est militante chez L214. Cette association s’est notamment fait connaître pour ses vidéos prises en caméra cachée au sein d’abattoirs. Si elle juge l’action de certains militants vegans comme « extrémiste », en faisant référence à des opérations de destruction de boucheries, elle critique l’immobilisme de la France en matière de bien-être animal. « Alors que ça fait au moins dix ans que ces pratiques sont dénoncées », déplore-t-elle, sa tête de cochon en peluche à la main.

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Aurore, militante à l’association L214, a sorti le déguisement porcin pour dénoncer la maltraitance animale en captivité. (Crédit : G. de Préval)

« Obliger la commission européenne à se positionner sur la question »

Car au-delà du côté communicationnel de l’évènement, c’est bien pour faire bouger les choses, au niveau européen que les associations se sont mobilisées, raconte Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France, Compassion in World Framing. Cette association est à l’origine de l’évènement. « Ce n’est pas une simple pétition, nous organisons une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) et le but est de récolter au moins un million de signatures auprès de minimum sept pays différents dans la zone euro. »

Les associations ont un an pour récolter ces signatures. Ensuite, si la Commission valide les résultats, elle ouvrira une audition au Parlement européen. « Cela ne signifie pas que le Parlement sera obligé de légiférer mais il sera obligé de se positionner sur la question. Dans ce contexte de défiance des citoyens à l’égard des institutions européennes, il serait bon que notre voix soit pris en compte… ». Optimiste, la directrice pense avoir une réponse vers juin 2020.

Guillemette de Préval

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