Seulement un an après le passage de l’ouragan Irma, la Floride se retrouve une nouvelle fois dans l’œil du cyclone. Récemment passé en catégorie 4 sur une échelle de 5, l’ouragan Michael qualifié « d’extrêmement dangereux » rejoindra le sud-est des Etats-Unis dès mercredi soir. 120.000 personnes sont concernées par les mesures d’évacuation du pays. Un phénomène d’une ampleur inédite qui se multiplie et pourrait bientôt concerner le continent européen.
An extreme wind warning is currently in effect for locations between Laguna Beach and Eastpoint until 2:15PM ET. Wind gusts in excess of 130 mph are expected. Shelter in place IMMEDIATELY! #HurricaneMichael pic.twitter.com/jogpNWMwTv
— NWS Tallahassee (@NWSTallahassee) October 10, 2018
Des ouragans de plus en plus violents
Il y a plus d’un an, la Floride était durement touchée par Irma et engendrait la mort de 134 personnes. Avec des rafales de vents de 210 km/h et une montée des eaux de 4 mètres par endroits, Michael pourrait être tout aussi destructeur. Le réchauffement climatique, désormais au centre de tous les débats, nous interroge sur la prolifération de tempêtes aux quatre coins du globe. Pierre Huat, météorologue chez MeteoGroup rassure. « Il n’y aucun signe statistique d’augmentation du nombre de phénomènes cycloniques (ouragans, cyclones, typhons) à la surface de la planète. Pour exemple, nous avons observés l’an dernier 18 phénomènes sur l’Atlantique. C’est plus qu’en 2016 mais moins qu’en 2012 », précise-t-il.
En revanche, bien que le sujet soit encore l’objet de débats scientifiques, les ouragans majeurs pourraient à l’avenir être de plus en plus puissants. « L’eau des océans se réchauffe de façon globale. Hors, ces eaux sont l’un des ingrédients moteurs de la puissance des phénomènes cycloniques. Donc, avec plus de chaleur dans les océans, la puissance des ouragans sera plus forte », explique le météorologue. Une hypothèse cependant nuancée par Jérôme Lecou, météorologue à Météo France. « Le réchauffement climatique n’est qu’une des raisons qui explique l’apparition d’ouragans violents. Il y a d’autres paramètres à prendre en compte comme les Alizés ou certaines convergences de vents. »
L’Europe, bientôt dans l’œil du cyclone ?
Enfin, quel sort pour le climat européen ? En septembre 2017, de nombreuses spéculations avaient émergées sur une possible arrivée de l’ouragan Jose sur le sol français. Toutes infondées. Même dans un futur où le réchauffement climatique serait d’une importance capitale, Pierre Huat est catégorique : il est impossible qu’un phénomène de l’ampleur de Michael se produise en Europe. « On considère qu’il faut une très grande surface d’eau à plus de 26°C pour qu’un ouragan se forme. Hors, dans nos contrées, même avec le réchauffement climatique, les eaux de l’Atlantique restent trop froides pour héberger un cyclone. »
Il en va de même pour les surfaces plus petites comme les mers intérieures. « En méditerranée, la mer atteint parfois la température nécessaire, mais sur des zones bien trop exigües. Nous observons toutefois depuis quelques années la formation de Medicanes, qui sont des manifestations hybrides entre nos dépressions habituelles et les phénomènes cycloniques. Mais elles n’atteignent jamais la puissance d’un ouragan tel que Michael. »
Nicolas Quénard