VIDEO. Premier gros succès pour le méga-lanceur Starship de SpaceX

La quatrième fut la bonne. Depuis la base « Starbase » à Boca Chica au sud du Texas, le lanceur le plus puissant de tous les temps, le Starship, a réussi tous ses objectifs durant son nouveau vol test aux alentours de 14 h 50 (heure de Paris) ce jeudi 6 juin. Les trois vols précédents s’étaient conclus par des échecs avec l’explosion du lanceur, ceux-ci avaient cependant permis d’emmagasiner des informations précieuses pour l’entreprise fondée par le milliardaire Elon Musk.

D’un grondement sourd accompagné d’un impressionnant nuage de fumée et de poussière, le Starship a terminé les pieds dans l’eau à deux endroits distincts, jeudi 6 juin 2024, après un décollage à 7 h 50 (heure locale) depuis Boca Chica au Texas. L’objectif de ce nouveau vol test ? Réussir un retour dans l’atmosphère contrôlé, là où le précédent avait échoué après une rentrée dans la haute atmosphère, menant à la désintégration du second étage le 14 mars dernier.

Après son décollage, permis par les 33 moteurs Raptor du premier étage développant une poussée d’environ 5 000 tonnes, le lanceur super lourd s’est élevé dans le ciel. Après quelques minutes, le premier étage, le « Super Heavy », s’est détaché du Starship pour descendre et amerrir avec succès dans le golfe du Mexique.

Le second étage, le « Starship », donnant son nom au lanceur entier, a quant à lui continué sa course autour de la Terre. Alors que le précédent modèle s’était désintégré à une soixantaine de kilomètres d’altitude, celui-ci a entamé cette périlleuse entrée dans l’atmosphère, 40 minutes après le décollage. Beaucoup plus stable que son prédécesseur, le second étage a finalement réussi à toucher l’océan indien plus d’une heure après le début de la mission. Cette descente n’a cependant pas été de tout repos, de nombreuses tuiles et ailerons du vaisseau ont été arrachés du fait du plasma, du fait de la friction de l’engin avec les couches suffisamment denses de l’atmosphère.

Pour les deux étages, il n’est pas encore question d’un atterrissage sur une cible définie, comme actuellement avec les Falcon 9 de la même firme. Le succès de la mission d’hier s’est vraiment décidé après la rentrée atmosphérique du Starship, un grand pas en avant pour les projets futurs de SpaceX.

Le lanceur de tous les records

Ce succès du lanceur super lourd de la firme américaine permet encore une fois d’augmenter la visibilité sur ses statistiques incroyables. D’une hauteur de 120 mètres, le Starship est l’engin spatial le plus haut de tous les temps, dépassant ainsi la Saturn 5 de la NASA, le célèbre lanceur ayant envoyé les Américains sur la Lune lors des missions Apollo.

Les 33 moteurs Raptor de l’étage « Super Heavy » permettent de transformer de 100 à 150 tonnes de matériel, seulement 10.5 tonnes pour Ariane 5, l’ancien lanceur historique de l’ESA (l’Agence Spatiale Européenne), retiré du service dernièrement pour laisser place à Ariane 6.

Conçu pour être entièrement réutilisable, tout comme la Falcon 9, le Starship permettrait ainsi de réduire drastiquement les coûts des lancements.

Des objectifs ambitieux

Une fois les tests passés, les objectifs pour le Starship seront des plus ambitieux. Elon Musk souhaite en faire l’instrument principal pour réaliser son but ultime : l’établissement d’une colonie autonome sur Mars, un souhait que le milliardaire répète depuis de nombreuses années.

En attendant, l’entreprise privée a conclu un accord avec l’Agence spatiale américaine en 2021. D’une valeur de 2.9 milliards de dollars, la NASA suit dès à présent de très près le développement du vaisseau, destiné à emmener des astronautes sur la Lune dans le cadre de la mission Artémis. Bill Nelson, patron de la NASA, a d’ailleurs félicité ce vol réussi : « Félicitations à SpaceX pour ce vol test de Starship réussi. Nous avons fait un pas de plus vers le retour de l’humanité sur la Lune ».

Yan Daniel

Insolite : Le Débarquement, ou comment le chewing gum est arrivé en France

Le 6 juin 1944, les soldats américains débarquaient sur les plages normandes pour mettre fin à l’Occupation. Quatre-vingts ans plus tard, l’Histoire retient surtout l’héroïsme de ces vétérans de la Seconde Guerre mondiale, mais un peu moins ce qu’ils nous ont légué : le chewing-gum !

 

Il n’y a pas que le Débarquement qui fête son 80ème anniversaire. Lorsque les soldats accostent sur les côtes normandes le 6 juin 1944, ils ramènent des produits encore inconnus du sol français dans leur paquetage. Le chewing-gum, confiserie star de l’Hexagone, le deuxième pays consommateur dans le monde après les États-Unis, débarque lui aussi lors de l’opération de libération de la France.

Inventé par le scientifique américain Thomas Adams, le chewing-gum est commercialisé pour la première fois en 1872. Si la gomme à mâcher fait fureur dans le pays de l’Oncle Sam, elle est encore étrangère sur le Vieux continent. Il faut attendre la Seconde Guerre mondiale et la Libération pour que le chewing-gum s’importe en France, un aspect encore méconnu de l’histoire de la guerre.

Des tablettes de chewing-gum par milliers dans les paquetages des soldats américains

 

“Cent cinquante milliards de tablettes vont être fournies aux troupes américaines alliées et les GI’s (ndlr : les soldats américains) n’hésitent pas à les partager avec les populations locales libérées”, explique le sociologue de l’alimentation Eric Birlouez, dans le podcast « Cuisinons l’histoire ».

 

Très vite la pâte à mâcher explose dans le commerce. Jusqu’alors, le fournisseur officiel des combattants américains était la marque Wrigley, fondée en 1891. Seulement, un des GI ayant participé au Débarquement de 1944 flaire une opportunité sur le marché français. En 1952, Courtland E. Parfet fonde la marque « Hollywood Chewing Gum », aujourd’hui incontournable de la confiserie dans l’Hexagone.

Le mode de vie « à l’américaine » s’exporte en France avec le Débarquement

 

Cet aspect insolite de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale n’est pas anecdotique. Pourtant, l’arrivée des soldats américains en Normandie a permis l’importation de beaucoup de produits de notre quotidien d’aujourd’hui. Dans les paquetages de survie des GI’s on trouve aussi du Coca-Cola, dont ils ne pouvaient pas se passer, des Ray-Ban, des jeans, ou encore des dosettes de café. Sans le vouloir, les troupes de l’Oncle Sam importent les modes de consommations de la société américaine en Europe.

D’autres produits américains voient d’ailleurs le jour pendant la Seconde Guerre mondiale. Les chips Pringles, les nuggets au poulet ou encore le pain de mie ont été créés pendant la guerre par l’armée des Etats-Unis pour nourrir les troupes déployées en Europe. Plus qu’on ne peut l’imaginer, l’héritage de la guerre est aujourd’hui encore ancré dans notre quotidien.

Emma Launé-Téreygeol

Russie – Corée du Nord : Un accord gagnant-gagnant

Vladimir Poutine a reçu mercredi Kim Jong Un au cosmodrome de Vostotchny à l’Est de la Russie. Premier déplacement du dirigeant nord-coréen à l’étranger depuis le début de la pandémie, cette rencontre multidimensionelle inquiète bien Washington.

Poignée de mains, démonstration militaire, visite d’usines d’équipements et de hautes technologies, tout cela dans une atmosphère fraternelle. La Russie et la Corée du Nord trinquent littéralement au « renforcement de l’amitié et de la coopération » entre les deux pays.

Le président russe, Vladimir Poutine, a ainsi levé mercredi son verre en l’honneur de son invité le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, en visite sur le cosmodrome de Vostotchny dans l’Extrême-Orient russe.

« Je suis très content de vous voir. Je vous remercie d’être venu en Russie », a déclaré M. Poutine précisant que les discussions porteront notamment sur la « situation dans la région », la « coopération économique » et « des questions humanitaires ».

Premier voyage à l’étranger de Kim Jong Un depuis le début de la pandémie de Covid-19, cette rencontre entre les deux dirigeants semble porter en elle multiples promesses.

Éventuel accord militaire

À la veille de ce sommet exceptionnel entre les deux dirigeants, Washington s’est inquiété que le rapprochement de ses deux ennemis ne consolide la possibilité que la Corée du Nord, elle-même sous sanctions, livre de l’armement à la Russie pour soutenir son invasion en Ukraine.

 Ainsi le gain majeur que pourrait récolter la Russie d’une telle rencontre serait avoir accès au stock d’obus d’artillerie de la Corée du Nord pour poursuivre son invasion de l’Ukraine.

« Concernant la possible visite du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en Russie, les États-Unis suivront de très près les résultats de cette réunion et n’hésiteront pas à imposer de nouvelles sanctions« , avait déclaré Matthew Miller, le porte-parole du département d’État américain.

Rien à ce stade n’a toutefois été communiqué, ni de la part de Pyongyang ni de la part de Moscou, concernant un éventuel accord sur le sujet.  Pourtant, précédemment à la rencontre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait souligné que les deux homologues parleraient de « sujets sensibles » sans prêter attention « aux mises en garde » américaines.

« Du côté russe, il y a un réel sentiment d’urgence. La Russie cherche à obtenir de la Corée du Nord des obus d’artillerie. Elle a utilisé une grande partie de ses stocks dans le conflit contre l’Ukraine et doit désormais les reconstituer », a confié à FranceInfo James D. J. Brown, professeur en sciences politiques, qui considère que la coopération militaire entre Pyongyang et Moscou est inéluctable.

À noter que Kim Jong Un a assuré à Vladimir Poutine que la Russie remporterait « une grande victoire » face à ses ennemis, principalement occidentaux, faisant l’éloge de l’armée russe « héroïque » dans la zone « de l’opération militaire spéciale » en Ukraine, selon les agences de presses russes TASS et Interfax.

Il a également affirmé son « soutien total et inconditionnel à toutes les mesures prises par le gouvernement russe » assurant que la Corée du Nord serait « toujours avec la Russie ».

Des technologies avancées pour Pyongyang

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a qualifié mercredi de « priorité absolue » le renforcement des liens entre Moscou et Pyongyang, soulignant « être parvenu » avec Vladimir Poutine « à un consensus satisfaisant”.

En effet, la Corée du Nord souhaiterait, pour sa part du gâteau, obtenir de la Russie des technologies avancées pour moderniser ses équipements datant de l’ère soviétique, en particulier son armée de l’air et sa marine.

Le choix du cosmodrome pour tenir cette réunion est ainsi en cela fort symbolique.

De ce fait, Vladimir Poutine a souligné la possibilité que la Russie aide la Corée du Nord à construire des satellites. Cela après que Pyongyang a récemment échoué à deux reprises à mettre en orbite un satellite militaire espion.

« C’est pourquoi nous sommes venus ici. Le dirigeant de la Corée du Nord montre un grand intérêt dans la technologie des fusées. Ils essaient de développer leur programme spatial », a dit M. Poutine selon des agences de presse russes.

Outre les technologies de pointe, « la Corée du Nord cherche surtout à recevoir de la Russie ce que cette dernière offre à Bashar al-Assad, autrement dit la reconnaissance internationale et la fin de son profond isolement », affirme Christian Taoutel, chef du Département d’Histoire et de Relations Internationales à l’Université Saint Joseph de Beyrouth.

Un accord économique 

Pour Carole Grimaud, experte de l’Observatoire Géostratégique de Genève et enseignante de la géopolitique de la Russie, la rencontre en question n’est pas totalement centrée sur le militaire. Elle porte également un fort aspect économique.

« La Russie qui, comme la Corée du Nord, croûle sous les sanctions, tente de les contourner en établissant des relations avec d’autres états qui pourraient pourvoir les manques profonds de l’économie russe », explique la chercheuse, faisant allusion au taux de chômage et à la pénurie de main d’œuvre, extrêmement graves en Russie.

« Quelques centaines de milliers de nord-coréens travaillent en Russie aujourd’hui », ajoute-elle.

L’accord pourrait, de plus, se baser sur des échanges commerciaux alimentaires, selon la chercheuse. « La Russie a, grâce à la Corée du Nord, entre autres, pu exporter sa production de blé malgré toutes les difficultés auxquelles elle fait face suite aux sanctions », détaille mme Grimaud.

En effet, selon la chercheuse, les échanges commerciaux entre la Russie et la Corée du Nord ont toujours été très faibles variant aux alentours de 2 à 3 %. « Cet accord économique pourrait augmenter ce taux de plus de 10 points », affirme la spécialiste.

« Un vieil ami vaut mieux que deux nouveaux »

Lors du déjeuner officiel réunissant les deux dirigeants, Vladimir Poutine a regardé droit dans les yeux son homologue nord-coréen lui assurant qu’« Un vieil ami vaut mieux que deux nouveaux ».

D’autant plus, le président russe n’a pas hésité à rappeler que les relations entre la Russie et la Corée du Nord « ont été établies lors de la lutte pour la liberté de la Corée en 1945, lorsque les soldats soviétiques et coréens ont écrasé côte-à-côte les militaires japonais ».

C’est cette vieille alliance entre les deux pays, que met en emphase Christian Taoutel.

« Cette rencontre est loin d’être étonnante », souligne-t-il. « Il ne faut pas oublier que l’URSS a longtemps été l’allié de la Corée du Nord dans sa guerre face à la Corée du sud qui a duré pratiquement un demi-siècle ».

Selon l’historien, « cette relation n’est pas nouvelle et devient de plus en plus étroite puisque les deux pays sont aujourd’hui ensemble sur le banc de la communauté internationale ».

Selon les deux experts interrogés, cette poignée de main entre Moscou et Pyongyang est avant tout un message menaçant à la communauté internationale.

« Les deux pestiférés du globe cherchent ainsi à faire comprendre qu’ils sont invincibles ensemble, ce qui explique le tir d’un missile balistique de la Corée du Nord vers la mer de l’Est dès l’arrivée de Kim Jong Un en Russie », détaille Christian Taoutel.

Yara EL GERMANY