L’hebdomadaire culturel Les Inrocks a choqué ce mercredi en mettant en une l’ex-chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, condamné en 2004 à huit ans de réclusion criminelle pour l’homicide involontaire de sa compagne Marie Trintignant. De nombreuses personnalités ont critiqué ce choix, dénonçant la banalisation de la violence faite aux femmes orchestrée par l’hebdomadaire.
La une des Inrocks sorti en kiosque ce mercredi matin, mettant à l’honneur Bertrand Cantat, l’ancien leader de Noir Désir, condamné en 2004 à huit ans de réclusion criminelle pour l’homicide involontaire de sa compagne Marie Trintignant, ne passe pas. L’hebdomadaire culturel présente la reconstruction de l’artiste, lui qui avait frappé l’actrice à coups de poings.
La secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, s’est insurgée dans un tweet.
Et au nom de quoi devons-nous supporter la promo de celui qui a assassiné Marie Trintignant à coups de poings ?
Ne rien laisser passer. https://t.co/t2ijVBeZfX— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 11 octobre 2017
Comme elle, de nombreuses personnalités, journalistes et blogueurs ont exprimé leur désaccord face à cette une. Notamment la journaliste Nadia Daam qui a rappelé dans un tweet les faits qui l’avaient mené en prison.
Coucou @lesinrocks
Je me suis permis de corriger votre Une, il y avait quelques coquilles. pic.twitter.com/3QJrHKPOBT— Nadia Daam (@zappette) 11 octobre 2017
De son côté, la bloggeuse féministe Crêpe Georgette a rappelé dans un post que ce choix de une n’est pas sans conséquence dans un pays où une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.
« Les Inrocks en mettant cet homme à la Une, nous envoient un message clair. On peut en France tuer une femme et faire la une d’un journal comme si de rien n’était, comme si tout cela était de vieilles histoires sur lesquelles on peut bien tirer un trait. Une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint. Les chiffres ne baissent pas. Cette couverture envoie le signal clair qu’on peut commettre un féminicide et continuer sa vie tranquillement. Cela envoie comme souvent en ce qui concerne les auteurs de violences faites aux femmes, le signal d’une impunité totale. »
Comme pour ajouter à l’insulte, Les Inrocks joignent à leur numéro un CD promotionnel incluant une chanson du rappeur Orelsan, souvent critiqué pour ses textes violents à l’égard des femmes. L’ancienne ministre des Familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a fustigé ce choix sur son compte Twitter.
Réunir sur une même couverture Cantat et Orelsan qui chante « je vais te marie-trintigner », il fallait oser. Honte à ce magazine. https://t.co/rLHetgkf0A
— laurence rossignol (@laurossignol) 11 octobre 2017
Clara Charles