Chez Emmanuel Macron comme Marine Le Pen, les mesures culturelles se noient dans de plus vastes projets présidentiels. Le premier lie la culture à la question de l’éducation et la seconde à la promotion de la culture française.
A l’approche du second tour de la présidentielle, ceux qui donnent une grande importance à la culture peuvent se sentir démunis face au choix qui leur est proposé. Lors des précédentes campagnes, la culture n’était pas le centre des préoccupations. Nicolas Sarkozy a remporté l’élection en 2007, avec la formule « travailler plus pour gagner plus » et François Hollande en nommant son ennemi « la finance ». Les candidats de 2017, ne prévoient pas non plus de convaincre les électeurs par leurs mesures culturelles. Lors du premier débat télévisé à 11, les journalistes ont mis l’accent sur trois aspects: comment créer des emplois, comment protéger les Français et comment mettre en oeuvre votre modèle social. Au-delà des thèmes mis en avant par les journalistes, les programmes des candidats ne donnent pas non plus une grande place à la culture. Cette question est abordée dans une seule section sur 33 dans le programme de Benoît Hamon, une sur 38 dans celui de Jean-Luc Mélenchon et une seule également sur les 39 sections du projet de François Fillon. Et concernant les deux candidats restants, il n’existe pas dans leur programme de chapitre réservé à la culture. En dépit de ce point commun, ils proposent deux visions bien différentes du rôle de la culture en France.
Emmanuel Macron : une culture ouverte, plus accessible aux jeunes
Le candidat d’En Marche! dit vouloir faciliter l’accès à la culture pour les jeunes et encourager les passerelles avec l’Europe.
Parmi ses mesures phare, on compte le pass-culture d’un montant de 500 euros. Il serait alloué à tous Français de moins de 18 ans. Ils auraient la possibilité d’utiliser ce crédit pour toutes leurs dépenses culturelles (cinéma, théâtre, livres, etc). L’ancien ministre de l’Économie promet également de faire entrer l’activité artistique à l’école. Cela passerait par le soutien à des associations, des clubs qui interviendraient dans le milieu scolaire.
Pour encourager les échanges avec les pays européens, Emmanuel Macron veut créer un Erasmus de acteurs de la culture (artistes, commissaires d’exposition…).
Ces propositions sont regroupées principalement dans la section éducation de son programme. C’est le signe que la culture est considérée par le candidat d’En Marche! comme faisant partie de la formation des nouvelles générations.
Marine Le Pen : protéger la culture made in France
Le Front national souhaite lui encourager la création française et protéger les traditions. Symbole fort de son programme, Marine Le Pen, voudrait inscrire la protection des pratiques traditionnelles de la « civilisation » française dans la Constitution. Cela pourrait se traduire pas un soutien financier aux artistes qui défendent ces traditions.
Autre mesure importante, l’ancienne présidente du FN compte augmenter de 25% le budget alloué à la rénovation, la protection et la revalorisation du patrimoine. Et pour éviter que les joyaux de l’Hexagone échappent à la communauté nationale, elle propose d’interdire la vente de « palais et bâtiment français » aux acheteurs étrangers et privés.
Contrairement à son rival, qui souhaite soutenir le mécénat privé en allégeant les taxes qui pèsent sur lui, Marine Le Pen, voudrait créer un mécénat populaire. Une plate-forme numérique serait mise en place afin de recueillir les fonds de tous ceux qui le désirent.
Les mesures directement liées à la culture ne représentent cependant que cinq engagements sur les 144 que compte le programme de Marine Le Pen, qui mise sur d’autres aspects de celui-ci, comme l’économie, pour mettre en avant sa préférence nationale.
A travers ces quelques mesures, on peut donc voir clairement vers quels chemins se dirigent les candidats. Aux électeurs de choisir entre une culture, axe principal de formation de la jeunesse, et une culture pro-nationale.
Elisa Centis