Journées du patrimoine : ces lieux accessibles sans réservation en région parisienne

Paris possède de nombreux joyaux architecturaux et hauts-lieux du patrimoine français. Certains dissimulés toute l’année se dévoilent lors des Journées du patrimoine, mais les réservations pleines laissent les moins prévoyants démunis. Une guide spécialiste de la capitale et ses environs livre ses bonnes adresses.

Les Journées européennes du patrimoine ont beau avoir lieu tous les ans, les réservations n’en sont pas moins pleines des semaines, voire des mois avant le week-end de septembre. Pour les retardataires de cette édition 2023, qui se tient le week-end du 16 au 17 septembre 2023, le Celsalab a recueilli les conseils de Marie-Anne Léourier. Cette guide-conférencière parisienne propose plusieurs pistes de visites plus ou moins confidentielles, mais toujours accessibles au cours du week-end.

Si l’Elysée et Matignon sont pris d’assaut à chaque édition, d’autres bâtiments institutionnels valent le détour et ont l’avantage d’offrir une entrée libre. Cette année, la Cour des Comptes ouvre ses portes. Rencontres avec les magistrats, pièces d’archives et conférences sur les métiers de la Cour rythmeront la visite du Palais Cambon. Côté ministères, ceux de la Justice, de la Transition énergétique, de l’Éducation nationale, de l’Agriculture et de l’Enseignement supérieur proposent tous des visites libres, pour découvrir les salons, les bureaux et les jardins de leurs hôtels particuliers. 

Les coulisses du patrimoine

Pour devenir incollable sur le patrimoine, un incontournable parisien est le siège de l’Unesco, avenue de Sufren. Aux nombreuses œuvres d’art de maîtres – Picasso, Giacometti, Calder – visibles habituellement dans la galerie s’ajouteront des inédites, jusque-là inaccessibles au grand public. Et plusieurs conférences permettront aux experts du patrimoine mondiale discuter avec les visiteurs. Au programme : les dangers pour le patrimoine naturel, le tourisme durable, la sauvegarde en zones de guerre ou après des désastres…

Comme tous les ans, les joyaux architecturaux sont mis à l’honneur. Mais il est aussi possible de se rendre dans les coulisses de la création de ces bâtiments. Notre-Dame de Paris est toujours fermée au public, mais cette année son parvis accueille le village des travaux de la cathédrale. Aux Halles, l’église Saint-Eustache est aussi en pleine restauration mais est visitable. Les deux lieux saints consacrent leur week-end à la découverte des métiers d’art qui œuvrent à leur rénovation, et notamment à celui de tailleur de pierre, démonstration des ouvriers à l’appui. 

Pour les passionnés prêts à aller un peu plus loin, les ateliers du Réveil de la pierre à Mantes-la-Jolie ouvrent exceptionnellement leurs portes. Ils présenter leur activité de restauration de statue des jardins versaillais entre autres. Quant à Versailles, plutôt que d’aller voir le château, immanquablement pris d’assaut, il est possible de découvrir les écuries de l’ancienne ville royale, et de rencontrer les artisans d’art qui travaillent à l’année au même lieu.

Entre tradition et modernité

Pour revenir à un patrimoine plus contemporain, l’hôpital Laënnec, siège de Kering, est ouvert depuis 2016 à chaque édition des Journées du patrimoine. A l’image de la Bourse du Commerce, qui appartient au même groupe, ce bâtiment construit en 1624 et rénové en 2016 accueille désormais des installations modernes en son sein. Il présente chaque année un accrochage d’œuvres inédit. Le thème de 2023, “Habiter le temps”.

Autre visite plus contemporaine et confidentielle : le Palais d’Iéna. Dessiné par Auguste Perret, il abrite aujourd’hui le Conseil économique social et environnemental (CESE), derrière son allure de basilique brutaliste. En plus de parcourir le Palais, des conférences d’architectes, de membres du CESE et de spécialistes de la sauvegarde patrimoniale compléteront la sortie.

Mia Goasguen–Rodeno

La Nuit Blanche fait une apparition estivale

La 21ᵉ édition du festival de la Nuit Blanche prend de l’avance et s’invite au printemps. Cette année, la directrice artistique, Kitty Hartl, embellira une fois de plus la capitale lors d’une nuit unique, le 03 juin. De quoi ravir les nombreux fans d’art contemporain qui s’attendaient à une prochaine édition en octobre.

Affiche du festival qui aura lieu en simultané à Rouen, Paris et au Havre. Crédit : site de la mairie de Paris.

On se souvient de la dernière édition du festival de la Nuit Blanche, comme si c’était hier, et pour cause, la précédente n’a eu lieu que 8 mois auparavant ! L’art contemporain avait envahi les rues de Paris lors d’une soirée automnale haute en couleurs. Entre les performances artistiques en plein air, le spectre lumineux de Mariona Benedito et Cube.BZ, la pluie violette synthétique de Pierre Ardouvin et la mousse multicolore XXL de Stéphanie Lüning, deux millions de personnes s’étaient réunies pour célébrer l’édition anniversaire du festival. Une nuit réjouissante imaginée par Kitty Hartl, qui sera à nouveau aux commandes de cette nouvelle édition de la Nuit Blanche le 03 juin.

Images de la précédente édition 2022 /crédit : Léa ZACSONGO-JOSEPH

La jungle s’invite à Paris

La manifestation artistique annuelle se réinvente une fois de plus, avec pour thème cette année la jungle imaginaire : « La première forme de cette jungle imaginaire c’est la Rumba, qui se déroulera sur le parvis de l’Hôtel de Ville, au cœur de Paris. » explique la directrice artistique dans Le Figaro. Un thème estival qui intègre cette année une dimension écologique et pédagogique. « Ça me tenait beaucoup à cœur et je voulais qu’on prenne conscience de l’écologie à travers la Nuit Blanche. J’ai eu un choc en traversant le Paraguay, où 90% des arbres ont été éliminés à cause du commerce de soja et de maïs. Ça a également provoqué la disparition de nombreux animaux. Alors je me suis dit, “ il faut vraiment réagir”».

Il s’agit donc d’une célébration festive à laquelle les familles et les enfants sont aussi invités à participer. « On a produit 2500 costumes et on invite les enfants de 6 à 10 ans à les enfiler. À côté de ce monde animalier, j’ai rajouté des Yétis Pop, qui sont des créatures assez ludiques, hybrides qui se déplacent en roller. Et pour ajouter du rythme, il y aura aussi des fanfares mobiles très atypiques ainsi que la danse des lions. On a créé un monde imaginaire et fantastique sur le parvis de l’Hôtel de Ville ». 

La nature sera mise à l’honneur dans un programme qui mettra en valeur la Seine. De la musique, des installations flottantes, de la danse et des performances enjoliveront les quais de Paris de 8 heures à 6 heures du matin. Pour marquer le coup, la Métropole du Grand Paris s’est associée à la Nuit Blanche afin d’étendre le rayonnement de l’événement aux villes voisines. Aubervilliers, la Seine-Saint-Denis, Romainville, Malakoff et Nogent-sur-Marne participeront aux festivités en ouvrant les portes de lieux artistiques exclusifs pour une nuit unique (liste des lieux participants ici).

Balades nocturnes urbaines

Le sport trouve également sa place dans l’événement, à l’aube des Jeux olympiques de 2024. Enlarge Your Paris propose cinq balades urbaines d’une durée de 3 à 5 heures, qui feront le tour des lieux incontournables de cette nuit de festivités. Gratuites et accessibles à tous, ces balades ont pour objectif de faire découvrir les créations contemporaines à proximité de Paris.

Même si l’invitation semble tentante, prenez en compte que les transports ne participeront pas à la nuit blanche et ne seront pas prolongés au-delà de leur horaire habituel. Cette nouvelle édition de la Nuit Blanche s’annonce encore plus populaire, plus ludique et festive.

Léa ZACSONGO JOSEPH

Métiers d’art : ce que veut changer le plan à 340 millions d’euros du gouvernement

Un nouveau plan en faveur des métiers de l’artisanat en France a été annoncé mardi dernier par la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, en collaboration avec Olivia Grégoire, ministre du Commerce et de l’Artisanat. Étalé sur trois ans, le plan vient en aide à un secteur qui a particulièrement souffert de la crise sanitaire et de l’inflation. 

Mardi 30 mai, la ministre de la Culture a annoncé la mise en place d’un plan sur trois ans, à hauteur de 340 millions d’euros, en faveur des métiers de l’artisanat. Les métiers d’art ont notamment été fragilisés par le Covid-19 et souffrent d’un défaut de moyens lié à un manque de reconnaissance. Rima Abdul-Malak défend ce projet depuis son arrivée en 2022.

 

Pour la ministre, ce plan consiste à conclure un “contrat stratégique de filière” entre les entreprises et les pouvoirs publics. Il vise à augmenter la visibilité de ces métiers afin d’assurer la pérennisation de la tradition artisanale française.

Le secteur des métiers d’art représentait 19 milliards d’euros en 2019. 281 métiers sont concernés, ce qui représente environ 60 000 entreprises dont 85% d’entreprises unipersonnelles, constituées d’un seul associé. Avec ce plan, le gouvernement détermine cinq objectifs principaux.

  • SENSIBILISER PLUS TÔT

Pour mieux sensibiliser, le gouvernement veut ouvrir un millier de nouvelles places dans les métiers d’art pour les stagiaires de 3e. Le Pass Culture proposera également 700 nouvelles activités pour initier à l’artisanat.

  • PROPOSER PLUS DE FORMATIONS DANS LE PUBLIC

Pour augmenter le nombre de formations, le budget annuel du programme national « Maîtres d’art-elèves » est doublé. Ce programme permet la formation aux métiers dits rares, comme armurier ou encore taxidermiste. Le nombre d’heures de stages dans les lycées professionnels sera aussi augmenté.

  • RASSEMBLER LES ARTISANS

Le gouvernement veut rassembler les artisans, mais aussi lutter contre l’isolement des auto entrepreneurs dans les métiers d’art avec la mise en place à partir de 2024 d’ateliers partagés. Ces espaces de mises en commun permettront la création de pôles territoriaux qui réuniront lycées professionnels, ateliers, et industries culturelles et artistiques

  • TRAVAILLER EN COMMUN AVEC LES POUVOIRS PUBLICS

L’objectif est de favoriser les commandes de la part des administrations territoriales pour booster l’artisanat local, voire ultra-local.

  • S’EXPORTER À L’INTERNATIONAL

Pour ce faire, le gouvernement veut s’appuyer sur le programme européen “ICC Immersion” en faveur de l’ouverture internationale pour les industries culturelles et créatives. Un pavillon français sera également présent en 2025 à l’Exposition universelle d’Osaka au Japon.

Le gouvernement a donc pour objectif de rassembler, unifier et promouvoir les métiers d’art à travers la France et le monde. À partir du 7 juin prochain, les Ateliers d’Art de France, le syndicat professionnel qui représente les 281 métiers d’art français, organisent, au Grand Palais Ephémère, la 6e édition du salon “Révélations”, le rendez-vous économique majeur du secteur.

Nina CLEMENT

Salon du livre africain : une vitrine pour une culture qui manque de représentativité

Ce vendredi 24 septembre marque le lancement du premier Salon du livre africain de Paris. Dans les locaux de la mairie du 6e arrondissement, auteurs et éditeurs africains, entre autres, vont promouvoir une culture qui manque parfois de visibilité. Au programme: échanges, dédicaces et tables rondes. 

Crédits : Inès Mangiardi

Déambuler dans une salle, puis dans une autre, et finalement s’arrêter pour jeter un oeil à une quatrième de couverture. Cette scène va se répéter pendant trois jours, à la mairie du 6e arrondissement de Paris. Elle sera jouée par les visiteurs du Salon du livre africain, qui se tient pour la première fois en France. 

« Donner une visibilité »

Sur les stands recouverts de nappes souvent colorées et en wax, ce célèbre tissu africain, trônent des livres en tous genres. Ils ont pourtant un point commun: ils promeuvent la culture du Continent Noir. Le but était clair pour le directeur de l’évènement. Eric Monjour souhaitait « donner une visibilité à la littérature africaine à Paris ». 

C’est chose faite en ce premier jour du salon, auquel vont participer quelque 200 auteurs ainsi qu’une trentaine d’éditeurs et de libraires. Exposants comme visiteurs se mettent d’accord pour saluer « une très bonne initiative ». Avec déjà trois nouveaux livres à la main, Cissé, d’origine sénégalaise et malienne, fait en effet part d’un « manque »: « J’ai l’impression que sans ce genre d’évènement, il est peu probable de trouver des livres avec des personnages qui ressemblent à des afros. Mes enfants sont en demande. »

Constat partagé par Fatbintou, bénévole, qui espère pouvoir exposer son livre, tout juste sorti du four, lors de la prochaine édition du salon. « C’est intéressant car la littérature africaine n’est pas encore assez mise en avant, notamment dans les écoles. Ce serait bien qu’il y ait un peu plus de représentativité », déplore-t-elle juste avant de contrôler les QR code des nouveaux arrivants. Son masque coloré assorti à son turban rappelle que la pandémie n’est pas derrière nous. Mais le brouhaha ambiant, créé par les échanges entre exposants et visiteurs, rappelle le temps d’avant Covid et se mêle au doux bruit des pages qui se tournent. 

Des auteurs « très présents » dans les maisons d’édition 

La maison d’édition Nofi propose justement tout un éventail d’ouvrages jeunesse. Certains livres parlent du continent africain, d’autres pas du tout, comme la collection de Neïba Je-sais-tout. Mais sur la couverture, l’illustration d’une petite fille noire rappelle cette volonté de pallier un manque de représentation. 

La littérature africaine est pourtant « très présente » selon Marie Kattie, chargée de communication des éditions Présence africaine. « Aujourd’hui, on trouve des auteurs africains dans un grand nombre d’éditions, contrairement à avant », avance-t-elle derrière les piles de livres qui constituent son stand. Pour elle, cet évènement est justement l’occasion de « concentrer dans un même lieu ce qui est produit par la diaspora africaine ». 

Contrairement à d’autres salons littéraires, Eric Monjour a d’ailleurs pris le parti de faire venir des auteurs auto-édités. C’est notamment le cas d’Elvis Ntambua, qui dédicacera samedi son premier roman Makila. Si lui aussi conçoit une certaine visibilité des auteurs africains en France grâce aux maisons d’édition, l’écrivain congolais reconnait que « ce salon est une façon de valoriser cette littérature, qui a souvent été oubliée ». 

Intéresser un nouveau public

Cet évènement est aussi l’occasion de séduire de nouveaux lecteurs. Darcelle, de passage à Paris, avoue ne pas s’intéresser à ce type de littérature à l’ordinaire. Mais dans le grand salon François O. Collet de la mairie, orné de moulures et de dorures, elle se laisse pourtant surprendre à feuilleter des ouvrages. Elle est venue « par curiosité », et n’exclut pas l’idée de repartir avec un ou deux livres dans sa valise pour New York. Martine, qui accompagne un ami, se laissera quant à elle volontiers tenter par les tables rondes qui ponctueront le salon

Auteurs, éditeurs, libraires ou associations présents, africains ou non, francophones ou non, espèrent en tous cas une même chose: se faire connaitre et faire connaitre la culture à laquelle ils sont attachés. Un objectif qui semble en bonne voie, puisqu’Eric Monjour compte bien réitérer l’expérience tous les deux ans, en essayant de regrouper des protagonistes représentant chaque pays d’Afrique. 

Inès Mangiardi