À Gennevilliers, les instituteurs en ont marre

Mardi 8 février, les enseignants des écoles de Gennevilliers sont venus crier leur ras-le-bol devant la direction des services départementaux de l’éducation nationale des Hauts-de-Seine. Mais la réunion programmée avec les représentants du personnel n’a pas eu l’effet escompté.

Manifestations enseignants
Une soixantaine d’enseignants manifestaient ce matin / © TBP

Classes supprimées ou en surcharge, instituteurs non remplacés… les écoles de Gennevilliers sont au bord de l’asphyxie. Mardi 8 février, les enseignants de la ville sont venus braver la pluie et le froid pour exprimer leur mécontentement devant la direction des services départementaux de l’éducation nationale des Hauts-de-Seine. À Gennevilliers, certains de leurs établissements scolaires sont toujours classés Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP+). Mais l’État demande à ces écoles de faire des efforts difficilement réalisables. « L’année dernière, l’Éducation Nationale a commencé à sortir plusieurs de nos établissements du réseau prioritaire, explique Tristan Béal, du syndicat F.O. Et maintenant, on nous supprime des postes comme dans n’importe quelle autre ville. Mais ici, il y a des élèves fragiles. On n’enseigne pas comme à Neuilly ou Courbevoie. On ne peut pas rogner sur ce champ-là. » Jean Grimal, responsable CGT, précise : « Il y a dans le département des écoles avec plus de 28 élèves par classe en élémentaire et plus de 30 en maternelle. Avant, les inspecteurs d’Académie ouvraient des classes lorsque l’on dépassait ces chiffres mais maintenant, on préfère rétablir le niveau en augmentant la moyenne des zones d’éducation prioritaire.« 

« Certains élèves sont obligés de s’asseoir par terre »

Autre aspect qui suscite la colère des enseignants, le non-remplacement des instituteurs absents. Très souvent, les instituteurs tentent d’assurer leur cours, même malades. Mais lorsque c’est impossible, ce sont 25 élèves en difficulté qui se retrouvent sur le carreau. Seule solution ? Les répartir sur plusieurs classes. « On arrive à des situations où vous avez vos 25 ou 30 élèves, plus cinq d’une autre classe, peste Tristan Béal. Que font ces élèves là ? Ils restent au fond de la classe et ils attendent que ça se passe. Et pendant ce temps-là ils n’apprennent pas. » « Certains sont obligés de s’asseoir par terre ! » explique un parent d’élève d’origine maghrébine.  » L’Éducation Nationale ne fait pas son travail. Cette situation ne profite à personne. On abandonne les enfants et c’est très grave. Ce sont les citoyens de demain. »

Pour les grévistes, l’embauche de contractuel(le)s n’est pas non plus la solution. Gaëtan Le Pohro est instituteur spécialisé dans les enfants en situation de handicap. « Les contractuels, c’est une catastrophe. Nous, on a des diplômes, des formations. On s’occupe de gamins, ce n’est pas n’importe quoi ! Gérer une classe, ça ne coule pas de source. »

 

Les enseignants discutent à la sortie de la réunion
Les enseignants discutent à la sortie de la réunion / © TBP

« Là, c’est de l’abandon »

Pour cet instituteur, la situation scolaire de Gennevilliers doit alerter. « L’Académie ferme des classes avec des élèves en retard ou en situation de handicap, car le quota obligatoire d’un enseignant pour 16 enfants les contraint trop. Du coup, les élèves en difficulté repartent dans des classes surchargées, et l’accompagnement laisse à désirer. L’inclusion oui, mais si on se donne les moyens. Là c’est de l’abandon », estime-t-il.

Pour autant, des modifications auront bien lieu à la rentrée prochaine. Au sortir de la réunion, les représentants du personnel sont déçus. « Ils ne nous ont pas écouté! » fulmine Jean Grimal. Le bruit des tambourins cesse, les drapeaux se rangent et tout le monde se regroupe pour écouter le compte-rendu. Mauvaise nouvelle pour les enseignants, le directeur académique des services de l’Éducation nationale confirme les 72 fermetures de poste en maternelle et les 50 en élémentaire dans le département. Il confirme toutefois 28 ouvertures de classe en maternelle et 49 en élémentaire. « Il y a toujours 45 fermetures de poste en plus par rapport aux ouvertures. On n’a pas vu ça depuis des années ! » Pourtant ces modifications suivent une certaine logique, car Gennevilliers a perdu 187 élèves cette année. Sur une dotation totale de 500 postes, l’Académie de Versailles a donc choisi d’aider principalement le Val d’Oise (+2000 élèves) et l’Essonne (+1600). « Ils se cachent derrière cette excuse mais personne n’est satisfait, tente d’argumenter Jean Grimal. Il nous faudrait plus d’embauches tout simplement. » Les grévistes réfléchissent déjà à une nouvelle action dans deux jours.

 

Tristan Baudenaille-Pessotto

 

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