Les 50 ans de la mort du Che : retour sur l’échec de sa révolution africaine

Célèbre cliché du Che Crédit Photo : Alberto Korda
Célèbre cliché du Che
Crédit Photo : Alberto Korda

Il y a 50 ans, Che Guevara mourait sous les balles de l’armée bolivienne. Mais avant de se rendre en Amérique latine, il passa quelques mois en Afrique dans l’espoir d’exporter la révolution. Retour sur un épisode peu connu de l’histoire du Che.

17 janvier 1961 : Patrice Lumumba, ancien Premier ministre de la République du Congo (aujourd’hui République Démocratique du Congo ou plus communément appelé Congo-Kinshasa), soutenu par l’URSS, est assassiné. Cet évènement marque le début d’une guerre civile entre les forces armées du Général Mobutu soutenu par les États-Unis et les combattants lumumbistes. A l’heure de la décolonisation, Cuba voit cette guerre civile comme l’occasion d’y venger Lumumba et d’exporter la révolution sur le territoire africain. Les espoirs du Che se concentrent sur le Congo, pays stratégique, qui avec ses neuf frontières, pourrait devenir l’épicentre de la révolution qui s’étendrait dans les autres pays. Fidel Castro accepte d’y envoyer Che Guevara qui souhaite retourner se battre.

La mission secrète

Che Guevara sous l’identité Adolfo Mena González en 1966. Une des nombreuses qu’il utilisait pour se déplacer. Crédit Photo : Museo Che Guevara (Centro de Estudios Che Guevara en La Habana, Cuba)

Le Che met alors en place une opération secrète. Il arrive en avril 1965 en Tanzanie (où s’organisent les rebelles) avec ses hommes, des Cubains noirs, pour éviter d’éveiller les soupçons. Peu nombreuses sont les personnes au courant de la présence du révolutionnaire en Afrique où il se fait appeler « Tatu » (qui signifie « trois » en swahili, car il était là en temps que médecin, troisième homme le plus important du corps expéditionnaire). Cela risquerait de mettre en péril la mission. Son objectif : aider militairement les lumumbistes à organiser une révolution.

Mais entre le départ du Che et son arrivée, la situation a changé dans le pays. Laurent-Désiré Kabila, à la tête des opérations congolaises, a perdu les territoires sur lesquels il avait la main, soit les 2/3 du pays. Certains lumubistes ont changé de camps et les forces du général Mobutu écrasent la rébellion grâce à l’aide des États-Unis. Il ne reste à Kabila que quelques poches dans l’est du pays. Ces défaites font éclater des divisions entre les rebelles, la révolution n’est plus donc une priorité, il faut d’abord se réorganiser.

De la désorganisation à l’échec

Che Guevara au Congo en 1965. Crédit Photo : Museo Che Guevara (Centro de Estudios Che Guevara en La Habana, Cuba)

Très vite, l’excitation de la révolution est remplacée par la frustration. Sur place, la situation est confuse. Le rapport de force a changé et les rebelles sont en position de faiblesse. Kabila est plus souvent à Dar es Salaam, en Tanzanie, qu’avec ses hommes sur le front. Le maquis est totalement désorganisé et les résistants africains ne sont pas aussi formés que les Cubains. « Dans ce mouvement révolutionnaire africain, tout était à faire : l’expérience, la préparation, l’instruction. Ça a été une rude tâche » déclara Fidel Castro lors d’une interview. Un fossé culturel se fait vite sentir. Che Guevara se plaint de l’indiscipline des rebelles congolais, de leur manque de compétence militaire, et du peu d’ardeur idéologique.

Mais tout a réellement basculé suite à l’attaque de Fort Bandera qui s’est soldée par une défaite. Quatre Cubains sont morts et dans la précipitation, les soldats n’ont pas pu récupérer les corps de leurs camarades. Or l’un d’entre eux portait un caleçon sur lequel était inscrit « fabriqué à Cuba ». Suite à cet épisode et grâce aux espions sur place, les États-Unis se rendent compte de la présence du Che au Congo, et Mobutu bombarde la zone occupée par les rebelles. La tension monte, les rebelles congolais craignent que Che Guevara se fasse capturer, ou pire, se fasse tuer. Après sept mois de mission, ses hommes et lui rentrent à Cuba. Il écrira dans son Journal du Congo « Ceci est l’histoire d’un échec ».

Sarafina Spautz

 

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