Les Nations unies et l’Union européenne ont condamné ce jeudi la mort de collaborateurs de l’ONU dans une frappe lancée par Israël contre une école abritant des déplacés dans la bande de Gaza, qui a tué 18 personnes.
Les condamnations internationales se multiplient ce jeudi après l’annonce de la mort de plusieurs humanitaires dans la bande de Gaza, dans une frappe israélienne sur l’école de Nuseirat, transformée en abri pour déplacés. La Défense civile de Gaza a fait état de 18 morts au total, dont six employés de l’ONU.
« Une école transformée en refuge pour 12.000 personnes a de nouveau été visée par des frappes israéliennes. Six de nos collègues de l’Unrwa (l’agence pour les réfugiés palestiniens) figurent parmi les morts. Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable », a dénoncé le patron de l’ONU Antonio Guterres.
What's happening in Gaza is totally unacceptable.
A school turned shelter for around 12,000 people was hit by Israeli airstrikes again today.
Six of our @UNRWA colleagues are among those killed.
These dramatic violations of international humanitarian law need to stop now.
De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’est dit « scandalisé ». « Le mépris des principes fondamentaux du droit international humanitaire, en particulier de la protection des civils, ne peut et ne doit pas être accepté par la communauté internationale », a-t-il affirmé.
Outraged by the killing of 6 @UNRWA staffers after IL strikes hit – for the 5th time – a school in Nuseirat sheltering 12,000 displaced people
The disregard of the basic principles of IHL, especially protection of civilians, cannot & should not be accepted by the int. community.
L’armée israélienne affirme avoir visé des membres du Hamas
L’armée israélienne s’est défendu d’avoir délibérément visé les humanitaires et a affirmé dans un communiqué avoir « mené une frappe de précision sur des terroristes qui opéraient dans un centre de commandement du Hamas » dans l’école. Ces derniers mois, Israël a frappé plusieurs écoles dans la bande de Gaza, accusant le Hamas d’y opérer.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a pour sa part appelé à protéger les travailleurs humanitaires, évoquant « une question [qu’ils continuent] à aborder avec Israël ». « Nous continuons à voir le Hamas se cacher dans ces sites », a-t-il aussi affirmé lors d’une visite en Pologne.
Aujourd’hui, les différents partis d’extrême droite européens n’affichent plus leur souhait de sortir de l’Union européenne, ils aspirent désormais à la changer de l’intérieur. La vague populiste annoncée par nombre de sondages, le dimanche 9 juin, pourrait donc bouleverser le projet communautaire.
Jeudi 23 juin 2016, les Britanniques votaient à 51,9% pour quitter l’Union européenne (UE). Parallèlement, en France, Marine Le Pen, alors présidente du Front national (FN) se félicitait d’un tel choix. Elle préconisait alors « d’organiser un référendum » pour une sortie de la France de l’UE.
Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE MLP
Il en allait de même pour sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, anciennement membre du FN, aujourd’hui tête de liste du parti Reconquête d’Éric Zemmour, aux européennes. Elle défend, désormais, une « Europe des nations et de la civilisation ». L’objectif n’est plus de quitter l’UE, mais à l’instar de sa tante, de la réformer de l’intérieur.
Du #Brexit au #Frexit : Il est désormais temps d’importer la démocratie dans notre pays. Les Français doivent avoir le droit de choisir !
Aujourd’hui, à deux jours du vote, Jordan Bardella, tête de liste et président du Rassemblement national (RN) continue d’expliquer partout où il passe que cette époque est révolue et qu’il souhaite réformer l’Union de l’intérieur. Ses détracteurs l’accablent de vouloir un « Frexit caché ». Au profit d’une Europe à la carte.
L’idée s’est volatilisée des programmes
Plus au nord, Geert Wilders et son Parti pour la liberté (PVV, extrême droite), après avoir remporté les élections législatives aux Pays-Bas en novembre 2023, avaient longtemps prôné un Brexit version hollandaise, « Nexit ». Mais depuis quelques années, l’idée s’est volatilisée. Plus surprenant encore, le projet n’a jamais été évoqué durant l’actuelle campagne des européennes. La raison ? Les électeurs néerlandais voient d’un mauvais œil une sortie de l’UE. Le « Nexit » n’étant plus un projet qui rassemble, Geert Wilders le retire de son manifeste le 5 avril 2024.
Aucun pays membre n’affiche de majorité d’électeurs en faveur d’un retrait de leur pays de l’UE. La Pologne, Chypre, et la Slovénie affichent le pourcentage le plus élevé de rejet de l’UE, s’élevant à 18% du corps électoral. Dans les 24 autres pays, une telle perspective ne séduit jamais plus de 10 % des votants.
L’échec repoussant du Brexit
Ce changement de cap intervient depuis les conséquences repoussantes du Brexit. La baisse de l’immigration était la motivation principale des partisans du Brexit pendant la campagne du référendum. Depuis, jamais le Royaume-Uni n’a accueilli autant d’étrangers. Pour juguler cette tendance, l’exécutif britannique conservateur a misé sur l’expulsion des immigrés sans papier vers le Rwanda.
Aussi, le Brexit a favorisé la hausse des traversées irrégulières de la manche depuis le nord de la France : sortir des accords de Dublin empêche Londres de renvoyer les demandeurs d’asile vers le premier pays européen traversé.
De l’europhobie à la réformation
L’euroscepticisme ne s’est pas envolé, mais l’idéologie anti-UE s’est adaptée, a mué et tend désormais à imiter le modèle diplomatique de chantage prôné par Viktor Orban, le président de la Hongrie : combattre et obtenir des concessions de la Commission européenne en échange de son soutien sur des causes chères mais épineuses de l’UE, notamment la guerre en Ukraine. La logique de conflictualité avec l’UE pourrait donc s’étendre dans le Parlement.
Il en va de même pour Giorgia Meloni, en Italie, très dure initialement envers l’UE, devenue première ministre en 2022, elle collabore désormais avec d’autres dirigeants européens et promeut des politiques communes, contre l’immigration notamment.
Si certains populistes critiquent l’actuel fonctionnement de l’UE, ils admettent cependant que l’UE est le seul cadre pour freiner la venue d’immigrants.
Élargir pour mieux bâtir
Actuellement, les groupes d’extrême-droite et eurosceptiques sont répartis en deux coalitions distinctes au parlement européen.
Les Conservateurs et Réformistes Européens (CRE), 68 eurodéputés) comprenant les partis Vox (Espagne), Fratelli d’Italia (Italie), Reconquête (France) et Droit et justice (Pologne)
Identité et Démocratie (ID), 58 eurodéputés, comprenant le Rassemblement national, (France), la Lega (Italie) et Alternative für Deutschland (Allemagne)
Le point de discorde majeur entre les deux groupes porte sur le soutien de l’UE à l’Ukraine face à la Russie. Le CRE, pro-atlantisme, maintient qu’il faut aider l’Ukraine tandis que l’ID s’y oppose fermement. Les deux groupes partagent pourtant des similitudes : critiques des politiques environnementales, jugées néfastes pour l’économie et l’agriculture, climatoscepticisme, nationalisme, respect des traditions…
Selon nombre d’experts, une unification des deux groupes semble aujourd’hui très difficile, mais une coopération renforcée n’est pas à exclure sur certains sujets. « Leur caractère nationaliste peut également être le dénominateur commun », c’est ce qu’explique l’académicien Marco Lisi, de l’Université Nova de Lisbonne, qui a centré ses recherches sur l’extrême droite en Europe.
Selon le site Politico, si les résultats du 9 juin correspondent à leurs estimations et que les deux groupes réalisent une coalition, ils totaliseraient 143 sièges, et deviendraient la deuxième force du parlement à égalité avec le groupe des sociaux-démocrates (143 sièges), derrière le Parti populaire européen (173 sièges).
Le 9 juin prochain, un public désertera massivement les urnes lors des élections européennes : les jeunes devraient être 67% à s’abstenir selon la cinquième vague de l’enquête Ipsos de mai 2024. Pour autant, l’Europe intéresse encore cette partie de la population : en mars 2023, l’étudiant Matthieu Maillard a lancé « Adéno », une application informant sur le scrutin européen.
À seulement 21 ans, Matthieu Maillard a pris l’habitude de jongler entre ses cours et ses engagements extrascolaires depuis plusieurs années. Séparant sa vie entre deux villes, l’étudiant oscille entre son master 1 d’affaires européennes à Sciences Po Lille et sa troisième année de licence de droit à l’université Paris-Panthéon-Assas. Depuis le 1er mars, une nouvelle activité a chamboulé son emploi du temps : Adéno, l’application qu’il a lancée pour informer sur les élections européennes.
« Le déclic [pour lancer Adéno], c’était les législatives de 2022 »
« J’ai décidé de sacrifier mes nuits, je crois que la dernière fois que je suis sorti c’était en septembre » avoue Matthieu Maillard, qui vient tout juste de rendre un rapport pour la fondation Jean Jaurès pour qui il travaille également. « Quand j’étais jeune j’ai pu vivre à Bruxelles, à Rome et mes parents vivent en Angleterre maintenant », poursuit le jeune entrepreneur. En grandissant, Matthieu Maillard cultive son intérêt pour l’Europe en apprenant l’anglais, l’italien et l’allemand, et rejoint Sciences Po où il effectue ses études en double diplôme avec l’université Sapienza de Rome. L’Europe s’impose donc comme une évidence. Au cours de ses études, il crée le média « Vieux Continent », qui comptabilise aujourd’hui 5551 followers sur Instagram, puis effectue chaque semaine une chronique sur l’Europe sur e-radio, de septembre à mars 2023.
« Le déclic [pour lancer Adéno], c’était les législatives de 2022″ lorsqu’il constate que « les jeunes ne s’y intéressaient pas ». Pourquoi donc lancer une application dédiée à l’Union européenne ? « L’Europe, ça a toujours été mon combat », répond-t-il.
100 jours pour que l’Europe intéresse
Le 1er mars 2023, Adéno est lancé. « La date n’est pas choisie par hasard, c’était 100 jours avant le scrutin » explique Matthieu Maillard. Le concept est simple : en mode multijoueur ou solo, les utilisateurs répondent à des questions sur les enjeux européens, en choisissant le mode facile (20 questions) ou avancé (100 questions). À la proposition « Le pacte vert européen qui vise à atteindre la neutralité carbone en 2050 est une bonne chose », chacun peut répondre « pour », « contre », ou « indifférent ». À l’issue, la tête de liste correspondant aux réponses de l’utilisateur est indiquée.
« Adeno a eu plus de succès que ce que j’attendais » raconte Matthieu Maillard, dont l’application a atteint un « pic » des téléchargements. « On est 1er sur Apple Store et Playstore dans la catégorie « Actualités”« , poursuit-il, espérant « qu’on le restera jusqu’au 9 juin ». En une semaine, Adéno est passé de 30 000 téléchargements à 55 000. Seule déception,« l’application marche surtout en France » et a du mal à s’exporter au-delà, malgré les 24 traductions disponibles.
« Le but de l’application c’était d’intéresser au moment des élections européennes, elle n’avait pas vocation à devenir un média » explique son créateur, pour qui l’avenir de l’application pourrait ne pas dépasser le scrutin. « Mais je souhaite qu’elle reste disponible sur les plateformes, notamment parce qu’il y a des fiches explicatives sur l’Europe et ses institutions ».
« Le problème, c’est qu’on ne parle pas d’Europe » interpelle l’étudiant face aux chiffres de l’abstention. Selon la cinquième vague de l’enquête Ipsos de mai 2024, 67,5 % des moins de 35 ans ne sont pas sûrs d’aller voter, contre 39 % des 60 ans et plus. Néanmoins, « les jeunes ont toujours moins voté » continue Matthieu Maillard, pour qui l’une des différences est aujourd’hui la défiance envers le politique.
« Les résultats sont assez fidèles aux sondages »
Pour autant, toute la jeune génération n’est pas désintéressée : sur Adéno, la plupart des utilisateurs sont des jeunes. Parmi eux, « les résultats sont assez fidèles aux sondages » : Jordan Bardella arrive en tête, suivi de Raphaël Glucksmann et de Valérie Hayer. Aux côtés de Matthieu Maillard, une vingtaine d’autres étudiants participent au développement d’Adéno, « je trouve ça bien qu’il y ait des jeunes qui s’engagent » conclut-t-il.
Malgré certaines mesures européennes pour tenter de freiner l’afflux de migrants débarquant sur le continent, les arrivées ne ralentissent pas. Sans vrai moyen de réponse, l’Europe continue, elle, de se désaccorder sur ces questions migratoires.
En vingt-quatre heures, l’Italie a vu 6000 personnes débarquer à Lampedusa, soit presque autant que la population de l’île. Ce nouveau flux marque une forme de continuité dans l’arrivée de migrants en Italie, Lampedusa restant l’une des principales porte d’entrée en Europe depuis l’Afrique du nord.
« Je ne suis pas étonné que ces arrivées se poursuivent », confirme Guido Nicolosi, auteur du livre « Lampedusa, les damnés de la mer ». Avant cette arrivée massive par la mer, l’île avait vu plus de 4000 personnes accoster le 27 août dernier, provoquant de nouveaux problèmes relatifs à l’accueil de ces personnes.
Un flux migratoire qui continue d’augmenter
Ces arrivées continues à Lampedusa sont le symbole d’un flux migratoire qui ne ralentit pas, malgré quelques tentatives de l’Europe. En juillet, l’Union européenne avait conclu un partenariat stratégique avec la Tunisie pour freiner les traversées illégales provenant de ses côtes.
Une volonté d’externaliser les frontières qui marque un problème d’approche de la part de l’Europe. « On a fermé les portes mais ce n’est pas possible. On veut cacher le problème plutôt que le résoudre », explique Guido Nicolosi, également professeur en sociologie des médias à l’Université de Catane.
Cette stratégie semble avoir des limites, au regard des arrivées de migrants qui se poursuivent en Italie. « Au début, il semblait y avoir un impact. Mais plus maintenant », analyse Guido Nicolosi.
Sur les huit premiers mois de l’année 2023, près de 115 000 migrants maritimes sont arrivés en Italie. Comparativement, c’est presque autant qu’en 2016 sur la même période, une année record sur le nombre de personnes arrivés en Italie par la mer. L’Europe fait donc face à des flux arrivant en Italie qui ne désemplissent pas malgré cet accord et peine à trouver des solutions pour endiguer cette immigration illégale.
Des désaccords récurrents entre les membres de l’Union
Parallèlement à ces problèmes pour contrôler les flux, l’Europe fait également face à des désaccords en son sein quant à la répartition des personnes arrivant sur le continent entre les différents pays. Mercredi, l’Allemagne a par exemple annoncé suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie.
Pourtant, difficile pour autant de parler de regain de tension en Europe tant ces tensions sont presque permanentes sur ces questions migratoires. « C’est une tension qui n’est pas nouvelle, elle est même plutôt cyclique », explique Tania Racho, docteure en droit européen et juge-assesseure à la Cour nationale du droit d’asile.
Ce désaccord là est même plus symbolique qu’autre chose, au vu du poids qu’a ce mécanisme. « Les chiffres sont faibles », rapporte Tania Racho, qui considère que ce mécanisme solidaire a été mis en place « histoire de trouver une solution » plutôt que pour trouver une solution pérenne.
Le système de Dublin, symbole d’inefficacité
Ces désaccords entre l’Allemagne et l’Italie se cristallisent aussi autour du système de Dublin, que Rome n’applique pas comme il faut selon Berlin. Selon ce système, le pays d’arrivée d’un migrant dans l’Union européenne doit traiter sa demande d’asile. Or, le gouvernement de Giorgia Meloni a cessé de reprendre les demandes d’asile transférées par les autres pays membres.
Plusieurs pays sont donc en désaccord autour de ce système controversé par les pays membres. Un système pas forcément appliqué, en plus de manquer d’efficacité. « Cela ne marche pas du tout, dit Tania Rocho. Ça coûte de l’argent plus qu’autre chose ».
Malgré les dissensions autour de ce système, il n’est pas voué à être modifié. Un symbole des difficultés de l’Europe à trouver des solutions face à des flux migratoires toujours importants, et qui continuent de provoquer des tensions entre les différents pays européens.