En Syrie, près de 500 000 morts depuis le début du conflit

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme révèle ce mardi 1er juin que la guerre en Syrie a fait près d’un demi-million morts. Débuté en 2011, le conflit est encore en cours, malgré une baisse d’intensité suite à un cessez-le-feu partiel en 2020.

Ruines mosquée Azaz Syrie
Ruines d’une mosquée à Azaz, en Syrie, en 2021. © Christiaan Triebert

La guerre civile syrienne a fait près d’un demi-million de morts dans le pays, depuis qu’elle a débuté en 2011, selon le nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), publié ce mardi 1er juin. Ce nombre comprend 100 000 victimes supplémentaires confirmées par l’ONU.

Le bilan réel pourrait être encore plus élevé, car selon l’OSDH, 606 000 personnes auraient été tuées en Syrie depuis 2011. 494 438 morts ont pu être comptabilisées par l’ONG, entre le 15 mai 2011 et le 30 mai 2021, dont environ 25 000 enfants.

Drapeau syrien et oiseau
Parmi les morts liés au conflit, 25 000 étaient des enfants. © Rafael Medina

L’OSDH, basé en Grande-Bretagne, dispose d’un réseau de sources militaires et médicales en Syrie. Les attaques du régime syrien et de milices alliées sont responsables de la majorité des décès.

Un conflit qui s’enlise

Le conflit débute en 2011 avec la répression de manifestations pro-démocratie par Damas. Depuis, de multiples acteurs régionaux et internationaux y ont pris part, forçant des millions de Syriens à l’exil.

L’intensité des combats diminue depuis 2020, en raison d’un cessez-le-feu dans le nord-ouest du pays, près d’Idleb. Le contrôle de la Syrie est encore réparti entre plusieurs belligérants, et seuls les deux tiers du territoire sont contrôlés par Damas.

Bachar Al-Assad réélu à 95,1 % des voix

Bachar Al-Assad accède à la présidence en 2000, après les 30 ans de règne de son père. Il est réélu le 27 mai 2021 pour un quatrième mandat. Son score de 95,1 % des voix est douteux, car le nombre d’électeurs avancé par le régime semble impossible.

Cette élection survient en plein marasme économique, avec une dépréciation historique de la monnaie, une inflation galopante, et plus de 80 % de la population vivant dans la pauvreté. Il s’agissait de la deuxième présidentielle depuis le début du conflit.

Jean Cittone

Syrie : la communauté internationale a les yeux rivés sur la Turquie … et les Etats-Unis

Le bras de fer se poursuit entre la Turquie et la Syrie. Dans la nuit de mardi à mercredi, le pays de Recep Tayyip Erdogan a dépêché des véhicules blindés à la frontière entre les deux pays, avant de lancer, ce mercredi, l’opération. Alors que l’offensive turque au nord-est de la Syrie contre une milice kurde préoccupe une partie de la communauté internationale, l’ambiguïté de la politique américaine dans le pays est pointée du doigt. 

Près d’Akcakale, dans la province syrienne de Sanliurfa, l’artillerie turque est prête pour l’offensive. BULENT KILIC / AFP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan affirmait lundi qu’une offensive turque contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) dans le nord-est de la Syrie pourrait intervenir à tout moment, après avoir reçu ce qui semblait être un feu vert de son homologue américain Donald Trump. Cette offensive, contre une milice kurde que le pays qualifie de « terroriste », contribuera à apporter « la paix et la stabilité » en Syrie, affirmait ce mercredi Recep Tayyip Erdogan à son homologue russe Vladimir Poutine, quelques heures avant de lancer les opérations.

« Lors de cet entretien, le président a déclaré que l’opération militaire prévue à l’est de l’Euphrate contribuera à la paix et à la stabilité de la Syrie et facilitera la voie vers une solution politique », raconte une source à la présidence turque.

En milieu d’après-midi, le président turc annonce sur twitter avoir lancé le début de « l’Opération Peace Spring » contre les « terroristes » du nord-est de la Syrie. Il poursuit dans un second tweet que cette offensive permettra de « neutraliser les menaces terroristes contre la Turquie et de permettre la mise en place d’une zone sécurisée, facilitant le retour des réfugiés syriens chez eux ».

L’Etat français “très préoccupé”

Malgré des propos qui se veulent rassurants, le président Erdogan ne convainc pas et l’opération militaire menée dans le nord-est de la Syrie préoccupe la communauté internationale.

Après l’ONU, qui indiquait lundi se « préparer au pire » en cas de nouvelle crise humanitaire en Syrie, c’est au tour d’Emmanuel Macron de faire part de son inquiétude. Ce mercredi, le président français se dit « très préoccupé » par une telle offensive. Il avait rencontré lundi la responsable kurde Ilham Ahmed.

« L’idée est de montrer que la France est au côté des FDS (Forces démocratiques syriennes, ndlr), parce que ce sont des partenaires clés dans la lutte contre Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique, EI), qu’on est très préoccupé de la possibilité d’une opération turque en Syrie et qu’on passera ces messages directement aux autorités turques »,  explique l’entourage du chef de l’Etat.

Paris avait exhorté lundi la Turquie à s’abstenir de toute opération militaire en Syrie, qui contribuerait selon la France à la résurgence de l’Etats islamique dans la région. Devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre Edouard Philippe a renouvelé mardi son soutien envers les FDS, qui ont été le fer de lance dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) avec l’appui des Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, comme la France.

La politique américaine dans le viseur

De leur côté, les Etats-Unis ont eu une position plus hésitante sur la question syrienne : en début de semaine, la Maison Blanche semblait donner le feu vert à la Turquie, avant de rétro-pédaler quelques jours plus tard. Après plusieurs jours de tergiversation, le président américain déclare ce mercredi qu' »intervenir au Moyen-Orient fut la pire décision de l’histoire des Etats-Unis ». Trois jours plus tôt, il annonçait le retrait de troupes américaines de secteurs proches de la frontière turque en Syrie.

« Nous ramenons désormais lentement et sûrement nos formidables soldats et militaires à la maison », ajoute-t-il sur Twitter, en soulignant que les conflits au Moyen-Orient ont coûté aux Etats-Unis quelque « 8.000 milliards de dollars ».

En Russie, cette politique ambiguë menée par Donald Trump préoccupe la sphère gouvernementale. La politique américaine en Syrie risque de « mettre le feu » à la région, estime Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, en déplacement au Kazakhstan.

Le diplomate dénonce les « contradictions » des Etats-Unis et leur « incapacité à parvenir à des compromis », assurant que « les Américains ont enfreint leurs promesses de nombreuses fois ». Il qualifie par ailleurs de “jeu dangereux” le soutien de Washington aux Kurdes en Syrie ces dernières années, qui a selon lui « provoqué la colère des populations arabes habitant traditionnellement sur ces territoires ».

Les Kurdes se mobilisent 

Les Kurdes du nord de la Syrie, confrontés aux hésitations de leur allié américain, se disent « très inquiets » et « craignent que cela mette le feu à toute la région ». Ils redoutent notamment un éventuel « retour » de l’Etat islamique.

Ils appellent désormais Moscou à l’aide. Evoquant un « dialogue » avec « le gouvernement syrien », l’administration semi-autonome kurde dit dans un communiqué « espérer que la Russie jouera un rôle de soutien et de garant ». De son côté, Damas avait appelé la minorité à revenir dans son giron.

Face à l’offensive imminente, les kurdes décrétaient en début de journée une « mobilisation générale » de trois jours, en exhortant les habitants de la région à la « résistance ».

En cas d’attaque, les forces kurdes en Syrie déclarent qu’elles ne cibleront pas la Turquie, mais qu’elles se réservent le droit de se « défendre jusqu’à leur dernier souffle ».

L’Europe craint une nouvelle crise migratoire

Plusieurs dirigeants européens réunis mardi à Luxembourg se sont inquiétés de voir survenir un nouvel afflux migratoire en raison de la situation en Syrie. Dans un texte transmis aux ministres de l’Intérieur de l’Union européenne (UE), la Grèce, Chypre et la Bulgarie ont souligné « la hausse spectaculaire d’arrivées de migrants sur la route de Méditerranée orientale », y voyant les « signes alarmants de l’émergence d’une crise ».

L’UE appelle alors à « la fin des hostilités » en Syrie, un pays où le conflit a déjà fait depuis 2011 des millions de déplacés et a coûté la vie à plus de 370.000 personnes.

 

Cécile Da Costa avec AFP

Donald Trump accusé d’abandonner les Kurdes face à la Turquie

Des soldats de l’armée turque se dirigent vers la frontière syrienne, le 8 octobre 2019. – Bulent Kilic / AFP

Alors que la Turquie avait annoncé une opération militaire imminente contre les Kurdes dans la nuit de dimanche à lundi, Donald Trump avait lui évoqué le retrait des troupes américaines du territoire syrien, créant une forte inquiétude chez les autorités kurdes. Avant de revenir sur ses propos en début de semaine.

Le président américain se trouve une nouvelle fois au centre d’une polémique au Moyen-Orient. Tout est parti d’un communiqué, publié dimanche soir par la Maison Blanche : Stephanie Grisham, la porte-parole du président américain, rendait compte d’un échange téléphonique entre Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, précisant qu’un assaut de la Turquie contre les Kurdes dans le nord de la Syrie était imminent. « La Turquie va bientôt engager son opération prévue dans le nord de la Syrie. Les forces armées des Etats-Unis ne soutiendront ni ne participeront à l’opération et les forces des Etats-Unis, après avoir vaincu le califat” territorial de l’Etat islamique [EI], ne seront plus dans les environs immédiats ».

Après ce qui semblait être un abandon des Kurdes de la part de Donald Trump, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a immédiatement dénoncé les « contradictions » des Etats-Unis, craignant que la politique américaine en Syrie ne mette le feu à la région.

Changement de discours

Alors que des critiques s’élevaient jusque dans le camp des républicains, Donald Trump s’est empressé de revenir sur ses propos dans la journée de lundi, précisant qu’il ne s’agissait pas d’un feu vert donné aux forces turques et que les Etats-Unis n’avaient « pas abandonné les Kurdes ». Il avait également affirmé qu’il « anéantirait complètement l’économie de la Turquie » si celle-ci « dépassait les bornes ».

Une mobilisation générale pour faire face à la menace de la Turquie est prévue dans le nord-est de la Syrie par les autorités semi-autonomes kurdes, qui ont appelé ce mercredi les habitants concernés à la résistance contre l’éventuelle offensive.

Celsalab avec AFP

La Turquie va bientôt lancer son opération contre les kurdes dans le nord de la Syrie

Le ministère turc de la Défense a annoncé mardi avoir achevé les préparatifs en vue de lancer une opération militaire contre une milice kurde dans le nord de la Syrie, sur fond de confusion à Washington quant à un éventuel feu vert de Donald Trump à une telle incursion.
Une offensive turque pourrait intervenir à tout moment contre les kurdes dans le nord-est de la Syrie d’après le Président de la Turquie, Erdogan qui dit avoir reçu le soutien américain de Donald Trump.

 

« Tous les préparatifs en vue d’une opération ont été achevés », a indiqué le ministère turc de la Défense sur son compte Twitter. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé lundi qu’une offensive turque contre la milice kurde des YPG – Unités de protection du peuple – dans le nord-est de la Syrie pourrait intervenir à tout moment, après avoir reçu ce qui semblait être un feu vert de son homologue américain Donald Trump.

Mais le président américain, qui avait donné l’impression de lâcher les YPG, alliés de Washington dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), a nuancé sa position lundi, sous la pression internationale et de son propre camp, en mettant la Turquie en garde contre tout excès. »Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j’estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l’économie de la Turquie », a-t-il tweeté.

Rétropédalage après l’annonce du retrait des forces américaines

La Maison Blanche avait initialement créé la surprise dimanche soir en annonçant, après un entretien téléphonique entre MM. Trump et Erdogan, le retrait des forces américaines stationnées dans cette région. Elle avait justifié cette décision par le fait que la Turquie s’apprêtait à mettre en oeuvre « son opération prévue de longue date » contre les YPG.

Dès lundi matin, les forces américaines ont quitté des positions-clés à Ras al-Aïn et Tal Abyad, dans le nord-est de la Syrie, vers une base militaire située entre ces deux secteurs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La Turquie considère les YPG comme la branche syrienne du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme organisation « terroriste » par Ankara, Washington et l’Union européenne. La Turquie affirme que son offensive prévue vise à « nettoyer » sa frontière des « terroristes » et d’établir une zone de sécurité dans laquelle elle espère à terme installer une grande partie des quelque 3,5 millions de réfugiés syriens qu’elle abrite.

Celsalab avec l’AFP