La France, dommage collatéral du « sous-marin gate » australien

La France essuie depuis une semaine un véritable camouflet diplomatique, de la part des Etats-Unis, de l’Australie et du Royaume-Uni. Retour sur la crise des sous-marins australiens.

C’est le septième jour d’un imbroglio diplomatique sans précédent au XXIe siècle. Pour certains experts, le dernier en date remonterait à la crise du Canal de Suez en 1956. Avec pour enjeux, encore une fois, la puissance diplomatique de la France.

Jeudi dernier, la nouvelle provoque un séisme sur la scène politique et diplomatique internationale. Ce sont douze sous-marins et 56 milliards perdus pour l’Hexagone, au profit de l’AUKUS, le nouvel accord stratégique entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Unis. Un  « coup dans le dos » d’après le Ministre des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian, dont les services français paraissent tout juste découvrir l’existence des tractations.

Alors que les présidents de France et des Etats Unis Emmanuel Macron et Joe Biden s’entretiennent ce mercredi 22 septembre, explications sur la « crise des sous-marins ».

Pourquoi est-ce vécu comme un « coup dans le dos » par la France?

La nouvelle fait l’effet d’une bombe. L’Australie rompt le 15 septembre, apparemment sans préavis, le « contrat du siècle » signé en 2019 avec la France, au profit de sous-marins nucléaires fournis par les Etats-Unis. Une « décision unilatérale, brutale, imprévisible » qui « ressemble beaucoup à ce que faisait M. Trump », selon Jean-Yves Le Drian sur France Info. Mais surtout, la diplomatie française semble découvrir « brutalement » la perte du contrat et l’existence de l’AUKUS « par une déclaration du Président Biden », toujours d’après le ministre.

Selon Alexis Pichard, spécialiste des Etats-Unis et enseignant-chercheur à l’Université de Nanterre, ce « coup dans le dos » est révélateur des ressemblances entre Biden et Donald Trump, malgré le ton conflictuel entre les deux candidats lors de la campagne présidentielle de 2020. « La seule chose qui a changé dans la politique étrangère entre ces deux présidents, c’est l’emballage », analyse l’universitaire, qui poursuit : « La tonalité est moins virulente, le côté humain davantage mis en avant avec Biden. Mais le fond reste le même : la mise en avant des intérêts américains et la guerre commerciale, notamment avec la Chine, » au détriment des puissances moyennes, comme la France.

Est-il possible que la France n’ait pas été au courant des tractations de l’AUKUS ?

« Compliqué à dire », pour Alexis Pichard. « Certaines informations avaient fuité dans les médias australiens il y a quelques temps ». Malgré l’indignation de Jean-Yves Le Drian, « la trahison du siècle » aurait pourtant commencé il y a dix-huit mois, dans l’hémisphère sud. En mars 2020, le Premier Ministre australien Scott Morrison aurait secrètement lancé l’idée d’une alternative au projet français, en privilégiant le marché américain. L’objectif: être davantage dissuasifs auprès de la Chine, de plus en plus agressive dans le Pacifique.

Pour se défendre, « l’Australie a tout intérêt à avoir de bonnes relations avec les Etats-Unis, grande puissance internationale, plutôt que la France » décrypte Alexis Pichard. « Et pour les Etats-Unis, c’est une manière de cadenasser la Chine dans les eaux territoriales. » Un an plus tard, le premier ministre britannique, Boris Johnson, est recruté. Une occasion pour le Royaume-Uni de se ménager une ouverture stratégique dans la zone Indopacifique, suite au Brexit et au rafraîchissement des relations avec l’Europe. L’AUKUS est finalement discuté discrètement entre Boris Johnson, Joe Biden et Scott Morrisson, en marge du sommet du G7 de juin dernier en Cornouailles.

Comment est jugée la réaction de la France par les Etats-Unis ?

« Rupture de confiance entre alliés », « Crise grave » : Pourtant habituellement réputé sur la réserve, Jean Yves Le Drian s’éloigne drastiquement depuis une semaine des codes diplomatiques. Retrait des ambassadeurs français à Washington et Canberra, annulation d’un gala dans la capitale américaine… « La France ne peut faire autrement que montrer une forte intransigeance diplomatique », explique Alexis Pichard, « Elle n’a pas d’autres moyens de pression, elle reste dépendante des Etats Unis, notamment à travers l’OTAN »

Mais les américains ne se sont pas émus des mots du chef de la diplomatie française : aucune réaction publique du Président Joe Biden, et seule la chaîne américaine MSNBC a consacré un certain temps d’antenne à la crise. «Et durant l’appel prévu ce mercredi entre Biden et Macron, on imagine mal le Président français montrer les muscles : Il n’y a rien à montrer, » assène Alexis Pichard. Pour certains observateurs américains, l’Hexagone est même vu « comme un enfant faisant son caprice, et qui reviendra de toute façon dans le droit chemin. »

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La France est-elle isolée sur ce nouvel échiquier international ?

Après ce camouflet diplomatique, la France doit se positionner dans le nouvel ordre géopolitique défini par l’AUKUS. Alexis Pichard le rappelle : elle reste à la tête de l’Union Européenne, dont elle prend la présidence en janvier 2022. « Elle est aussi présente dans plusieurs endroits stratégiques du monde, notamment par ces DOM-TOM », détaille l’universitaire. Ce lundi, en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell ainsi que les ministres des affaires étrangères européens, ont exprimé leur solidarité envers la France. Pour eux, l’AUKUS affecte toute l’Union Européenne « par ses implications stratégiques. » Mais si elle garde une certaine puissance, l’aura diplomatique française aurait fortement diminué. « La France est maintenant partenaire des relations internationales, elle n’est plus actrice», conclut Alexis Pichard.

Charlotte de Frémont

Le Niger prête 100 000 doses de vaccins anti-Covid à la Côte d’Ivoire

Le Niger a accordé un prêt de 100 000 doses de vaccins AstraZeneca à la Côte d’Ivoire pour lui permettre de poursuivre « sans interruption » sa campagne de vaccination contre le coronavirus, selon les autorités sanitaires nigériennes.

Le Niger prête 100 000 doses du vaccin AstraZeneca à la Côte d’Ivoire. © Daniel Schludi

La Côte d’Ivoire va recevoir 100 000 doses du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus de la part du Niger. Un prêt qui devrait permettre au pays de poursuivre sa campagne de vaccination, entamée en février.

« C’est dans le cadre de la solidarité que nous prêtons ces 100 000 doses de vaccins et des consommables à la Côte d’Ivoire », a expliqué Hassane Abdoul-Nasser, un responsable du ministère nigérien de la Santé. Le Niger et la Côte d’Ivoire entretiennent en effet des relations de coopération depuis des décennies.

Les deux pays ont organisé une cérémonie de remise des vaccins pour l’occasion. Elle s’est déroulée dimanche 30 mai en présence de Victor Akpro Akessé, le consul de Côte d’Ivoire au Niger, ainsi que des membres d’une délégation du ministère ivoirien de la Santé, selon le service de presse du ministère.

Intensification de la vaccination en Côte d’Ivoire

Avec plus de 25 millions d’habitants, la Côte d’Ivoire, enregistre aujourd’hui environ 47 000 cas pour plus de 300 décès. Elle a reçu en février quelque 500 000 doses de vaccin AstraZeneca fournies par Covax, le mécanisme mondial de groupement des achats pour les vaccins contre le Covid-19. La validité de ces vaccins expire en juin alors que le rythme des vaccinations s’accélère.

« Ces vaccins vont nous permettre de continuer la vaccination sans interruption. Nous allons restituer (au Niger) ces 100 000 doses de vaccins dès que la Côte d’Ivoire recevra » d’autres vaccins AstraZeneca, a assuré le chef de la délégation ivoirienne.

Le Niger a quant à lui reçu 780 000 doses de vaccin. Une partie des doses d’AstraZeneca provient du programme Covax destiné à fournir des vaccins aux pays à faible revenu, une autre a été fournie par un don indien. La majorité des doses, offertes par la Chine, proviennent du vaccin Sinopharm.

Le pays n’a pour l’instant vacciné que 160 000 Nigérians, soit plus de trois fois moins que la Côte d’Ivoire, alors que les deux pays ont un nombre d’habitants similaire : 23 millions pour le Niger et 25 millions pour le Côte d’Ivoire. Mais le Niger a reçu 180 000 doses de plus que la Côte d’Ivoire qui a commencé sa campagne plus tôt.

Plus de 170 000 personnes vaccinées au Niger

Le Niger a lancé le 29 mars à Niamey, la capitale du pays, des opérations de vaccination contre le coronavirus qui se sont depuis étendues à tout le pays. Selon la radio publique nigérienne, « plus de 170 000 personnes ont été vaccinées contre le coronavirus en deux mois ».

Bien que le Niger soit relativement peu touché par l’épidémie de coronavirus, avec 5 410 cas dont 192 décès selon un bilan officiel, les autorités avaient pris, dès l’apparition des premiers cas en mars 2020, des mesures drastiques pour stopper sa propagation. Entre autres, la fermeture des frontières, l’état d’urgence, le couvre-feu, ou encore la fermeture des lieux de culte et des écoles.

Lise Cloix