De l’hydrogène comme carburant : à la poursuite des taxis bleus

La flotte de taxis Hype arbore une carrosserie couleur "ciel" aisément identifiable
La flotte de taxis Hype arbore une carrosserie couleur « ciel » aisément identifiable

“A vélo à Paris on dépasse les taxis” chantait Joe Dassin, et pourtant, certains sont tout aussi bruyants qu’une bicyclette. Depuis le 7 décembre 2015 – et la COP21 -, une flotte de taxis fonctionnant à l’hydrogène circule dans la capitale. Mais ces taxis aux couleurs d’un ciel d’été sont quelque peu difficiles à suivre. Sur internet, on retrouve facilement le site hype.taxi. On comprend en lisant le maigre contenu, que la start-up STEP (Société de Taxis électriques parisiens) est à l’origine du projet et de la marque Hype.

Pour en savoir plus, direction le pont de l’Alma où se trouve la seule station de carburant hydrogène de la capitale. Quelques véhicules y stationnent. Sur de grands panneaux, un schéma explique aux passants le système de stockage de l’hydrogène, dont ils entendent le vrombissement. Pascal Abkadi est chauffeur de taxi : “Au niveau de la conduite c’est agréable et les clients apprécient aussi.” L’homme d’une cinquantaine d’années est très enthousiaste. “Le seul problème pour l’instant, c’est qu’il n’y a qu’une seule station pour se recharger, mais une deuxième est en construction à Orly.

Selon son partenaire Air Liquide, le fonctionnement de la start-up est “presque rentable”. Le président et fondateur de la société, Mathieu Gardies l’explique aisément : “Si on arrive à convaincre assez de financeurs qu’on sera rentables plus tard, c’est suffisant pour continuer à nous développer. Ca viendra naturellement, lorsque nous aurons plus de voiture, plus de stations pour les recharger et que les prix baisseront.”

Avec les dizaines de taxis qu’elle doit ajouter à sa flotte prochainement, la start-up pourra mettre en ligne une application pour réserver les taxis. La société espère être rentable pour son deuxième anniversaire. Cette confiance sur le moyen terme est double. La première clef, c’est Pascal Abkadi qui nous la donne : “Du travail, il y en aura toujours pour les taxis à Paris”. Et la seconde, c’est bien sûr la promesse de “l’énergie du futur” qui doit attirer les foules en ralentissant la pollution et permettre à l’économie de la start-up de s’envoler.

Violette and Co : l’unique librairie féministe et lesbienne de Paris

Violette and Co, situé dans le XIème arrondissement de Paris est la seule librairie féministe indépendante de France. Crédit : Julien Percheron
Violette and Co, situé dans le XIème arrondissement de Paris est la seule librairie féministe indépendante de France. Crédit : Julien Percheron

Installée depuis 2004 dans le XIème arrondissement de Paris, Violette and Co est devenu le lieu de référence des mordus de littérature féministe, et des militants LGBT. La librairie est aujourd’hui la seule librairie indépendante, féministe spécialisée dans l’homosexualité, à Paris et en France. 

 

« Violette and Co, c’est une librairie féministe engagée mais pas militante. Nous ne sommes rattachées à aucun groupe ni mouvement féministe » explique Christine Lemoine, l’une des gérantes de l’établissement.

Christine Lemoine et Catherine Florian sont les gérantes de la librairie. Crédit : Julien Percheron
Christine Lemoine et Catherine Florian sont les gérantes de la librairie. Crédit : Julien Percheron

Située à l’angle du boulevard Voltaire et de la rue de Charonne dans le XIème arrondissement de Paris, la librairie Violette and Co se distingue par sa devanture violette. Loin d’être choisie au hasard, cette couleur est, pour les deux libraires Catherine Florian et Christine Lemoine, « une manière de rendre hommage à la féministe française,Violette Leduc. Le violet c’est aussi la couleur identificatoire des lesbiennes dans les années 1970, et puis ça n’est ni rose ni bleu« .

Un rayon LGBT et un rayon dédié au féminisme

Violette and Co, qui a fêté ses dix ans en 2014, est la seule librairie féministe indépendante spécialisée dans l’homosexualité à Paris. « En littérature, nous privilégions les romans de femmes ou dont l’héroïne est une femme. Et pour les enfants, nous choisissons des livres qui ne reproduisent ni stéréotypes racistes, ni stéréotypes sexistes », explique Christine Lemoine.

Rien n’est laissé au hasard dans la petite boutique parisienne. Dès lors que l’on pousse les portes de la librairie, on distingue au mur une affiche retraçant « les 100 dates qui construisent nos luttes féministes aujourd’hui« . En dessous, une centaine de cartes de vœux à l’effigie des féministes Virginia Woolf, Simone de Beauvoir ou Olympe de Gouges sont à vendre. La boutique se démarque également en proposant un rayon dédié à l’histoire du féminisme, et un rayon LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Un lieu de partage

C’est cette liberté de choix dans la sélection des ouvrages qui a séduit Christine P. et Elizabeth D. Toutes deux ont préféré l’anonymat pour s’exprimer. « Je suis très sensible à ce que vivent les femmes en Iran. On ne trouve pas beaucoup de librairies qui vendent des livres sur ce sujet, c’est pour cela que je viens ici », explique Christine P. qui se déplace du Val-de-Marne. Quant à Elizabeth D., habitante de Dijon, elle profite de son passage dans la capitale pour  » dénicher des bouquins qui traitent de l’homosexualité. J’étais abonnée à Lesbia magazine, mais il n’existe plus aujourd’hui. Chez Violette and Co, je retrouve ce genre de lectures », ajoute-t-elle.

La librairie féministe est spécialisée dans la littérature LGBT. Crédit : Julien Percheron
La librairie féministe est spécialisée dans la littérature LGBT. Crédit : Julien Percheron

Mais Violette and Co, ce n’est pas seulement une librairie. La mezzanine, qui fait office d’étage, a été aménagée pour accueillir des expositions et des rencontres avec des auteurs. « La boutique n’est pas seulement un commerce, c’est un lieu d’échanges où l’on peut débattre et discuter autour de la question de la femme », insiste Christine Lemoine. Cependant, elle l’assure, « Violette and Co est avant tout un lieu où l’on partage le goût de la lecture, et qui permet de se retrouver soi-même dans les livres ».

Garance Feitama

 

Sape & Co : la référence de la sape parisienne (2/3)

Au 10 rue de Panama (18è arrondissement), la devanture de Sape & Co ne paye pas de mine. Juchée entre une boucherie et un salon de coiffure, le logo est poussiéreux et la vitrine peu éclairée. Cette boutique est pourtant considérée comme l’antre de la sape à Paris. Ouverte en juin 2005 par Jocelyn Armel, plus communément appelé ‘le Bachelor’, Sape & Co attire aujourd’hui des clients du monde entier. « On a beaucoup d’Américains qui viennent essayer nos costumes », explique Kélina, la nièce du ‘Bachelor’. « J’aide mon oncle à la vente quand j’ai du temps ». La jeune femme prétend modestement ne pas pouvoir expliquer grand chose sur la sape, mais elle a pourtant habillé de nombreuses personnalités. Sur son téléphone, les photos défilent : l’écrivain Alain Mabanckou, le chanteur Singuila ou encore l’animateur Antoine de Caunes. « Je les ai tous relookés. Tout le monde peut aimer la sape », se félicite-elle.

L’amour de la sape au-delà des différences, telle est la philosophie de Sape & Co. « Il serait faux de dire que la couleur ce n’est que pour les blacks. Un babtou (un blanc) peut également se saper. En fait il faut juste savoir trouver la bonne », assure Kélina. Et pour cause, sept clients sur dix sont des « Français de souche ». « L’autre jour, un Suisse est passé dans la boutique, il avait repéré la tenue que j’avais mise en vitrine et il m’a dit : « Je veux la même pour mon mariage ». Il était très content du résultat », affirme-t-elle. 

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Crédit Photo : Julien Percheron

« Des matériaux qui viennent d’Italie »

Même si la couleur ne définit pas l’art de la sape, elle est pourtant bien présente dans la boutique : des costumes jaunes, violets, verts, bleus ou encore rouges occupent tous les murs du local. Allant du 46 au 62, les modèles sont disponibles en quantité limitée. « Nous avons environ cinq pièces par modèle », explique Kélina. Comptez 150 euros pour une veste et environ 350 pour un costume entier. « Ce sont des matériaux qui viennent d’Italie, les clients sont souvent surpris par les prix car ce n’est pas si cher que ça », réplique Kélina. Et si l’on s’imagine que la sape est réservée aux hommes, Kélina nous assure le contraire : « Les femmes aussi peuvent être relookées à la garçonette. Et puis nous distribuons une marque féminine avec des robes par exemple. »

Crédit Photo : Julien Percheron
Crédit Photo : Julien Percheron

La musique de Papa Wemba résonne dans la boutique. Figure de la rumba congolaise et prince de la sape, il a longtemps été habillé par « le Bachelor ». Kélina nous montre fièrement son premier calendrier posthume. « Vous savez, il a collaboré avec beaucoup de maisons de couture, mais Connivences (la marque du ‘Bachelor’) fut la seule marque à se rendre à Kinshasa pour son enterrement. Ils étaient tous les deux des fils du Congo », déclare Kélina.

Crédit Photo : Julien Percheron
Crédit Photo : Julien Percheron

Une vie de quartier

Mais Sape & Co, ce n’est pas que le bling bling, au contraire, la vie de quartier s’y fait beaucoup sentir. Tonton Louz, la soixantaine, vient souvent discuter avec Kélina ou son oncle : « J’habite ici depuis 1999, donc quand j’ai du temps je viens ici », explique-t-il. Ici, on discute vêtements, musique mais aussi politique. « Vous savez moi j’ai connu la France sous Giscard », s’exclame Tonton Louz. Ce Congolais arrivé en France en 1979 a vu le quartier de Château Rouge évoluer, et il tient à le défendre. « Ici, vous pouvez vous balader tranquillement, personne ne viendra vous embêter », ajoute-il. Ici, les sapeurs sont connus et reconnus, mais Tonton Louz admet que ce temps est révolu pour lui : « J’ai des enfants maintenant, je suis trop vieux pour ça. Et puis il y en a qui s’habillent comme ça pour rester chez eux, c’est trop », assure-t-il. Si l’ancienne génération est prête à passer le flambeau, la boutique Sape & Co semble avoir de beaux jours devant elle.

Blanche Vathonne

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Crédit Photo : Julien Percheron
Crédit Photo : Julien Percheron

Jocelyn Armel est un sapeur, un vrai. Propriétaire de la boutique Sape & Co, lieu emblématique du quartier parisien de Château-Rouge depuis près de 12 ans, il s’est imposé sur le marché de la sape dans la capitale. Rencontre avec un personnage haut-en-couleurs.

Arriver avec une heure de retard, un minimum pour tout sapeur qui se respecte. Celui qu’on surnomme « le Bachelor » ne déroge pas à cette règle : pris en photo par les passants, il salue tout le monde et se pavane rue de Panama, dans le 18è arrondissement de Paris. Il est chez lui. Ses habits contrastent avec la saleté environnante, les poubelles renversées et les odeurs de poisson.

A peine dans son magasin, il s’empare du balai et s’empresse de nettoyer les feuilles mortes amassées devant la vitrine. « C’est l’ère Macron, ça les enfants, vous allez vite travailler maintenant », plaisante-t-il. Il fait le show, montre ses chaussettes et dévoile sa pose fétiche. De taille moyenne, « le Bachelor » enchaîne les punchlines « Vous les Français vous êtes trop bizarres, vous, la cinquième puissance mondiale, refusez de voter pour un banquier, c’est comme refuser de voter pour un médecin ».

Il s’excuse pour cette entrée en matière, pour lui ce qui compte c’est la sape. D’origine congolaise, arrivé en 1977 et aîné d’une fratrie de 6 enfants, il a hérité du restaurant de sa mère rue de Panama en 2005 qu’il a transformé en boutique.

« Lorsque ma mère me cède cette boutique,  j’avais l’intention d’ouvrir une boutique au Congo. J’avais déjà de la marchandise que j’avais acheté en Italie mais c’était la guerre. Donc lorsqu’on me cède ce local je me dis pourquoi pas. »

Crédit Photo : Julien Percheron
Crédit Photo : Julien Percheron

« La sape c’est l’art de s’aimer au quotidien »

Alors que la sape est traditionnellement considérée comme une dépense absurde, pour « le Bachelor » c’est un moyen de subvenir aux besoins de sa famille. « Je suis l’aîné d’une fratrie de six enfants donc chez nous les Africains, ça veut dire que les parents mettent tous vos espoirs sur vous » précise-t-il. Très intéressé par les vêtements dès son plus jeune âge, il a travaillé comme saisonnier puis responsable chez Daniel Echter. Une maison qui lui a permis de se rendre compte de l’impact que la sape a sur les Français. Il était alors courant que des clients lui demandent d’où venaient ses habits colorés, raconte-t-il. Il faisait remonter l’information à ses supérieurs qui lui rétorquaient ne pas pouvoir vendre autre chose que du noir ou du bleu marine. « Je me disais qu’un jour si j’avais une boutique, j’essaierais de mettre les couleurs », explique-t-il avec beaucoup de fierté.

Cet amour de la sape, il le tient de son père :

« Alors là c’est ce qu’on appelle les avantages de filiation, si je peux m’exprimer ainsi. Il y a des choses qu’on est amenés à faire dans la vie qu’on fait parfois sans explication soit par mimétisme ou parce qu’on a vu son oncle ou son grand-frère ou son papa. Je crois que ce fut mon cas, en tout cas mon père était très élégant, il aimait s’habiller. »

L’enfant de Brazzaville habille désormais les plus grands, de Papa Wemba à Antoine de Caunes, plus récemment. « Les médias ont beaucoup fait pour moi. Ces émissions font qu’aujourd’hui la sape elle-même est reconnue », affirme-t-il. Très soucieux de démocratiser cet art de vivre, « le Bachelor » tient à faire perdurer cette mode au-delà des sexes et des communautés. Une mode à la portée de tous : « La sape c’est l’art de s’aimer au quotidien. Ce n’est pas parce que tu vas chez Cartier ou Louis Vuitton que tu es un sapeur, tu peux aller chez Zara ou même ici à Clignancourt. Il suffit que tu exploses dans ce que tu aimes. »

Mathilde Poncet et Blanche Vathonne

 

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