L’industrie spatiale apprend à se passer de la Russie

Du 18 au 22 septembre, les acteurs mondiaux d’astronautique sont réunis au Paris Convention Centre. Plus de 72 pays sont représentés. En raison de la guerre en Ukraine, la Russie n’est pas présente. Le conflit a redistribué les cartes du secteur spatial, qui a dû s’adapter.

C’est le plus grand rassemblement international sur le thème de l’espace. Mercredi 21 septembre, des centaines de personnes affluent au Congrès international d’astronautique pour profiter de la seule journée ouverte au grand public. Étudiants, enfants, passionnés d’espace et professionnels se croisent dans les allées du Paris Convention Centre. Pour cette 73e édition, organisée par le Centre national d’études spatiales (Cnes), 250 exposants sont venus du monde entier. La Nasa, l’Agence spatiale européenne, Airbus ou encore Safran sont représentés, comme de nombreuses entreprises et agences spatiales. Grande absente cette année : la Russie.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, l’agence spatiale russe, Roscosmos, a cessé de collaborer avec les autres nations. Elle a par exemple retiré dès les 26 et 27 février tout son personnel de la base spatiale de Kourou, en Guyane française. « Ça a eu un impact important sur nos projets », explique à Celsalab Mary Walmsley, du service communication de la branche « Défense et espace » d’Airbus.

Les lanceurs SpaceX et Ariane en remplacement

Avant le conflit, le lanceur spatial russe Soyouz était le plus utilisé pour les missions dans l’espace. « Mais les lanceurs russes ont cessé de fonctionner, ajoute Mary Walmsley. Il a fallu trouver d’autres solutions et reprogrammer des lancements. » Elle précise qu’aujourd’hui, les lanceurs les plus plébiscités sont le français Ariane et l’américain SpaceX, détenu par l’entrepreneur Elon Musk.

Certaines missions ont pu être reportées. Début mars 2022, Soyouz devait envoyer 36 satellites internet de OneWeb. Un envoi annulé et confié à SpaceX, en mars. « Ces reports entraînent des embouteillages », regrette Mary Walmsley, et plusieurs projets sont à l’arrêt. C’est le cas du programme euro-russe ExoMars. Il doit déposer un robot européen sur Mars. « Il devait partir au mois d’octobre mais il a dû être annulé. On ne sait toujours pas quand le lancement aura lieu. »

Trouver des alternatives

L’approvisionnement est lui-aussi rendu difficile par le conflit en Ukraine. Jordan Tromme est responsable développement de la start-up germano-luxembourgeoise SPiN (Space products and innovation). L’entreprise travaille à la conception de produits spatiaux innovants. « Notre plus grosse difficulté liée à la guerre, c’est l’approvisionnement en composants électroniques », explique Jordan Tromme à une journaliste de Celsalab. L’entreprise se fournit en partie en Ukraine. Le conflit sur place rend la livraison plus longue et incertaine. « On fait un maximum de commandes groupées pour réduire les délais de livraison, mais elle reste très perturbé. »

« La Russie a toujours été un voisin difficile », admet pour Celsalab Szymon Grych, de Polsa, l’agence spatiale polonaise. Il reste positif malgré la situation : « Cela nous permet de nous concentrer sur nos partenaires européens. On développe nos capacités et on se détache encore plus de la Russie. » Mary Walmsley, d’Airbus, espère que la guerre prendra rapidement fin, mais elle relativise. « Plus elle dure, plus on trouve des alternatives. Ce sera de plus en plus dur pour la Russie de revenir après la guerre. »

Laura Merceron

Défaillance moteur d’une fusée russe Soyouz peu après son décollage du Kazakhstan

La fusée Soyouz décolle depuis Baïkonur, au Kazakhstan, le 11 octobre 2018. Crédits : Kirill KUDRYAVTSEV / AFP
La fusée Soyouz décolle depuis Baïkonur, au Kazakhstan, le 11 octobre 2018. Crédits : Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

La fusée devait rejoindre la Station spatiale internationale (ISS) avec à son bord l’astronaute américain Nick Hague et le cosmonaute russe Alexeï Ovtchinine. Les deux hommes sont sains et saufs. 

Le vol aura été de courte durée. Une fusée russe Soyouz a connu ce jeudi une défaillance d’un des moteurs environ deux minutes après son décollage du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. Les deux hommes à son bord, l’astronaute américain Nick Hague et le cosmonaute Alexeï Ovtchinine, sont indemnes et ont atterri sur le sol kazakh.

« Problème de lanceurs, deux minutes 45 secondes », a annoncé d’une voix parfaitement calme le commandant de bord Alexeï Ovtchinine dans la retransmission live du décollage. Le contact a été rétabli avec les deux hommes et les secours les ont récupéré.

Une mission de six mois écourtée

Nick Hague et Alexeï Ovtchinine devaient rejoindre la Station spatiale internationale après un vol de six heures à bord d’un vaisseau Soyouz MS-10. Les deux hommes étaient partis pour une mission de six mois au moins dans la station orbitale, qui n’aura finalement duré que quelques minutes.

« Dieu merci, ils sont vivants », a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L.M