A l’école, la lutte contre l’antisémitisme passe par la prévention

Dix ans après le meurtre antisémite d’Ilan Halimi par le gang des barbares, les actes anti-juifs ne reculent pas en France. Ils auraient doublé entre 2014 et 2015. Pour lutter contre ceux-ci, de nombreuses initiatives se créent pour gérer le problème le plus vite possible à l’école.

Présentation par Manuel Valls du plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme à la préfecture de Créteil le 17 avril 2015. (Crédit : Alain Bachellier sur Flickr)
Présentation par Manuel Valls du plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme à la préfecture de Créteil le 17 avril 2015. (Crédit : Alain Bachellier sur Flickr)

Prendre le problème à la racine. C’est l’ambition du ministère de l’Éducation nationale pour la gestion des actes antisémites. Différents bulletins officiels du ministère ont été diffusés auprès des rectorats. Le premier plan de prévention gouvernemental date de 2005. Le gouvernement, sous la houlette du ministre de l’Éducation de l’époque Gilles de Robien, demandait à ce que chaque acte de nature raciste ou antisémite soit référencé en tant que tel : « La cellule nationale peut être saisie par des associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Elle recueille alors une information précise sur les faits survenus. Elle établit un suivi des réponses apportées (protection de la victime, actions des équipes pédagogiques) », précise ce rapport. L’idée du gouvernement est alors de dégager des comportements types, afin de mieux lutter contre eux. Si le gouvernement supervise les actions de prévention, les initiatives sont surtout prises, au niveau local, par les recteurs d’académies.

Mieux vaut prévenir que guérir

Le gouvernement encourage les actions sur le terrain directement dans les écoles ou via des associations. « Des manifestations sont organisées dans les écoles, auprès des jeunes. Ces missions de sensibilisation ont un bon écho. Même si rien ne remplace le dialogue quotidien des enseignants avec les élèves et l’éducation dans les familles », explique Vincent Séguéla de l’association Démocratie et Courage, qui mène des actions de prévention auprès des jeunes.

Après les attentats de janvier, l’exécutif a nommé la lutte contre le racisme et l’antisémitisme « grande cause nationale de l’année 2015 ». L’idée développée par le gouvernement est de désamorcer la bombe de l’antisémitisme avant même qu’elle éclate. Une déclaration symbolique, qui s’accompagne d’actions concrètes, comme la semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme. Au programme de ces semaines : projection de films tels que « Shoah », de Claude Lanzmann, ateliers débat, journées sportives axées sur le thème de la tolérance.

Une opération qui sera reconduite cette année.

 

Pour Julien Pérault, membre du Cidem, le nouveau centre d’information civique, ces actions « font avancer les choses. Rien de tel que le dialogue entre communautés pour casser les préjugés. Mais il ne faut pas se contenter de ça, il faut plus de mesures ».

Pourtant, quand on l’interroge sur la nature de ces mesures, silence radio. Les acteurs sont tous d’accord sur un point : après l’affaire Ilan Halimi, il faut encore travailler contre l’antisémitisme, mais quant au moyen de lutter contre, les solutions sont beaucoup moins claires.

Clément Brault