Depuis mardi matin, les agriculteurs mènent des opérations escargot et des blocages dans toute la France, à l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA). Ils protestent contre les arrêtés anti-pesticides, les accords de libre-échange et dénoncent aussi l' »agribashing« . Le point sur les opérations par région.
Les agriculteurs de la Somme ont mis en place des barrages aux entrées d’autoroutes. Selon France Bleu Picardie, la circulation est particulièrement compliquée au rond point de l’A29 à Boves.
Les agriculteurs de la Somme @FDSEA80@coordinationrur ont entamé ce matin des barrages filtrants aux entrées d’autoroutes pour dénoncer les zones de non traitement, l’agribashing ou encore les traités CETA et Mercosur pic.twitter.com/mBZLGroUfq
Les agriculteurs se sont installés sur le périphérique au sud de Toulouse (Haut-Garonne) et viennent de sortir un barbecue. L’opération s’est poursuivie jusqu’à 15h.
La RN88 a été bloquée jusqu’à 14h30, selon France Bleu Occitanie. Des tables de pique-nique y ont été dressées.
Les agriculteurs se sont également rassemblés sur le viaduc du Viaur (Tarn) où ils ont affiché ce message : « vous tuez vos paysans ».
La RN88 bloquée sans doute jusqu’à 14h30. Les agriculteurs ont inscrits de messages sur la route : stop #agribashing
Les tables de pique-nique vont être dressées pic.twitter.com/LmUZBGFcPO
Des centaines de tracteurs bloquent l’accès aux autoroutes à six endroits en Alsace, indique France Bleu Alsace sur Twitter.
Manifestations contre l’#agribashing :
perturbations près de Mulhouse à la jonction A36/A35
sur l’A4 à Brumath
près de Sélestat
sur la N4 à Marlenheim
à Strasbourg à la jonction A4/A35
sur l’A35 à Roppenheim
► https://t.co/DgfKnQOrGdhttps://t.co/Fuy11wElfo
Les exploitants ont commencé à se mobiliser sur l’A 84 dans les deux sens, Rennes-Caen et Caen-Rennes au niveau des échangeurs de Villedieu-les-Poëles, Fleury et Torigni. Un barrage filtrant était prévu entre 11 heures et 14 heures au rond-point de Guilberville. Une mobilisation s’est tenue sur le périphérique de Caen ce midi.
À Pau (Pyrénées-Atlantiques), les perturbations se concentrent autour du magasin Auchan et du centre commercial Quartier Libre. Une dizaine de véhicules ont bloqué la route de Morlanne (Pyrénées-Atlantiques).
►Pau : les perturbations se concentrent autour d’Auchan et Quartier Libre
► Sauveterre-de-Béarn : le rond-point des glaces est bloqué
Les agriculteurs se sont réunis à Angers (Maine-et-Loire), le long de la Maine. Ils bloquent aussi la D323 dans le sens de Atoll-Angers. À Laval (Mayenne), plus d’une centaine d’agriculteurs ont organisé une opération escargot. La préfecture a fait le point sur Twitter en alertant sur la fermeture de l’A81.
Pour les jeunes maghrébins, étudier en France n’est pas simple comme changement de vie. Il y a des avantages et des inconvénients à quitter son pays pour se former ailleurs.
Les démarches administratives
Il y a une nette différence entre les étudiants qui viennent étudier dans des écoles d’élites et ceux qui réalisent leur cursus dans une université moins réputée. Pour les étudiants de grandes écoles, ce sont souvent les administrations qui s’occupent des visas et autre papiers pour que l’étudiant puisse venir étudier en France. Pour ceux qui sont dans des universités publiques, c’est à la charge de l’étudiant de s’occuper de son titre de séjour. Longues et compliquées, les démarches ne sont pas facilitées par l’administration française mais elle a tout de même quelques points positifs par rapport aux administrations maghrébines. « Tout peut se faire en ligne. Pas besoin de faire la queue pendant des heures, tous les services de l’administration française sont sur internet. Ce qui n’est pas le cas en Tunisie où les administrations sont ouvertes seulement de 8h à 11h » s’exclame un étudiant en école d’ingénieur à Paris.
Les bourses
Au Maroc et en Tunisie, les étudiants se voient dotés de bourses pour aller étudier à l’étranger. En Algérie, certaines bourses existent mais très peu d’étudiants y ont accès. Autre exemple particulier : Karim Berrada est marocain et aujourd’hui trader au Credit Suisse à Paris. « L’Ecole Centrale de Paris a payé ma scolarité. Je n’ai donc rien déboursé, c’était l’idéal. » Certaines grandes écoles font venir des étudiants qui excellent dans un domaine et leur payent les études afin de faire valoriser leur filière.
Qualité de l’enseignement
Les étudiants maghrébins jugent les écoles et universités françaises de grande qualité par rapport à ce qu’ils ont dans leur pays. En Algérie et en Tunisie, les étudiants sont confrontés à des grèves et des absences d’enseignants suite au printemps arabe. Karim Berrada a été très satisfait de ses enseignants français : « Les professeurs sont très compétents et de grande qualité. On ne retrouve cela pas n’importe où. » Mohammed Andaloussi est diplômé d’un master en ingénierie à l’Université de Lorraine à Metz. « Je suis content de mon diplôme, c’est pour moi une valeur ajoutée. Je cherche du travail en France pour avoir une première expérience et trouver plus facilement du travail quand je rentrerai au Maroc. »
L’insertion professionnelle
Trouver un emploi est plus facile pour ceux qui sortent de grandes écoles. Les employeurs les repèrent lorsqu’ils sont encore dans l’école. Pour ceux qui sont diplômés d’une université, c’est moins évident. « L’Etat français impose des exigences quand on est étranger. Je dois obligatoirement obtenir un contrat à hauteur de mon niveau d’études. Mais c’est compliqué même pour un Français d’avoir directement une proposition de poste de cadre » déplore Mohammed Andaloussi.
Les jobs étudiants
L’insertion professionnelle est aussi compliqué durant les études. Certains étudiants ont besoin d’un petit boulot pour subvenir à leurs besoins. Mais leur origine peut être un obstacle à l’embauche. Lina, 24 ans, est algérienne et a postulé à plus de 53 jobs étudiants. Plusieurs employeurs refusent de la prendre pour des questions administratives. « Après m’avoir proposé un CDI, ils font marche arrière lorsqu’ils constatent que je suis algérienne. A leurs yeux, il y a trop de papiers à faire. » En effet, pour obtenir une autorisation de travail, l’employeur doit remplir un papier et le déposer à la Direction régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. Une perte de temps aux yeux des employeurs.
En France, les jeunes athlètes de haut niveau doivent suivre des études tout en pratiquant leur sport de façon intensive. Des conditions délicates pour trouver un futur emploi. La loi Braillard en 2015 a tenté d’apporter des solutions pour régler ce problème, mais certains doutent de son efficacité.
Près de la moitié. C’est la part de sportifs professionnels ou sportifs de haut niveau (SHN) qui gagnent moins de 500€ par mois. Bien loin de l’image des sportifs aux salaires mirobolants et aux contrats d’image démesurés, la réalité du sport de haut niveau en France est beaucoup moins mirifique.
Le symbole : en août, le journaliste Patrick Montel révèle en direct sur France 2 la situation précaire de Mamadou Kassé Hann. Le meilleur spécialiste français du 400m haies est sans emploi, en plein transfert du footballeur Neymar au PSG, contre 222 millions d’euros et un salaire de 36 millions d’euros par an. Un exemple qui fait écho à d’autres, comme celui de sportifs obligés de recourir à un appel aux dons pour financer leur participation aux JO de 2016, faute de travail ou de rémunération suffisante.
Un « double projet » souvent négligé
Des études menées par des syndicats ou des fédérations sportifs confirment cette impression. Selon le rapport Karaquillo sur le sport de haut niveau en 2015, 75% des anciens basketteurs n’ont pu utiliser leurs droits à la formation professionnelle, afin de financer leur insertion sur le marché du travail après leur carrière. De même, 57 % des coureurs cyclistes professionnels français en activité affirmaient en 2012 ne pas avoir de projet professionnel.
En cause : les jeunes sportifs, qui rêvent d’accéder aux sommets, se focalisent sur leur discipline en négligeant les études. La pratique d’une activité physique intense et chronophage ne permet pas non plus à des jeunes d’étudier dans les mêmes conditions que les autres. Alors même que « le nombre de sportifs en formation qui parviennent à accéder au haut niveau demeure infime », comme l’affirme Jean-Pierre Karaquillo dans le rapport.
Une grande majorité de jeunes athlètes, n’ayant pas réussi à percer dans le sport, se retrouve ainsi sans qualifications pour trouver un emploi. Une situation étonnante au vu de la législation du sport français, qui oblige les jeunes SHN à poursuivre un « double projet ». En clair : à pratiquer leur sport intensivement tout en suivant des études. L’Insep (Institut national du sport et de la performance) et les CREPS (centres d’entraînement nationaux), notamment, disposent ainsi de conventions avec des universités pour y intégrer leurs sportifs dans des cursus. 60% des sportifs professionnels ou de haut niveau en France sont ainsi en formation.
Mais même en ayant achevé son cursus universitaire, le jeune sportif professionnel (salarié par un club pour exercer son activité sportive) ou de haut niveau (pas nécessairement rémunéré) n’est pas non plus un « employable » classique. La pratique intense de son sport l’empêche d’avoir des horaires réguliers pour travailler. Il doit aussi souvent s’absenter lors des périodes de compétition. Enfin, le risque d’indisponibilité lié à des blessures est beaucoup plus fréquent. Autant de caractéristiques susceptibles d’effrayer un employeur.
En 2014, le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, annonce vouloir se saisir du problème. « À l’exception de quelques sportifs bénéficiant d’une forte exposition médiatique, les futurs membres des équipes de France ne perçoivent pas de revenus suffisants pour subvenir à leurs besoins », déclarait-il. Le secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard, commande alors un rapport pour tenter d’apporter des solutions.
Une loi ambitieuse
Le rapport Karaquillo, qui se fonde sur une étude approfondie de la situation financière des sportifs de haut niveau, présente différentes pistes pour améliorer les formations des SHN, allouer des ressources financières, sécuriser leur situation professionnelle … Les préconisations en direction des jeunes sportifs insistaient sur la nécessité de mieux préparer leur avenir professionnel et de faciliter leur futur accès à l’emploi. La plupart ont été adoptées en 2015 dans la loi Braillard sur le sport de haut niveau.
Au niveau des études, tout d’abord, pas question d’abandonner le fameux « double projet » à la française. Il s’agit plutôt d’améliorer le dispositif. Les fédérations et clubs professionnels doivent maintenant assurer le suivi d’orientation de leurs athlètes, en créant par exemple des postes de référent professionnel. Parmi les autres mesures : davantage de conventions avec des formations universitaires proposant des aménagements, via la reconnaissance pour les jeunes SHN d’un statut similaire aux étudiants salariés. Enfin, il y aura plus de dérogations aux conditions d’accès à certaines formations, ou des exemptions de concours.
Une fois les études terminées, il convenait aussi de faire tomber les difficultés auxquelles les athlètes font face pour trouver un emploi. La mesure phare : la généralisation des CIP (Conventions d’insertion professionnelle), ces contrats de travail qui permettent aux athlètes de travailler à temps partiel tout en étant rémunérés à temps plein. Du côté des clubs professionnels, le CDD « sport » remplace le CDD « d’usage », supposément moins précaire : la durée du contrat ne peut pas être inférieure à la durée d’une saison sportive, et les clubs doivent assurer le suivi professionnel de leurs sportifs.
Ces mesures ont suscité beaucoup d’espoir chez les athlètes de haut niveau. S’il est encore trop tôt pour juger de leur efficacité, certains spécialistes regrettent que la loi ne serve pas l’intérêt des sportifs. Sur le site Theconversation.fr, Sébastien Fleuriet, professeur de sociologie à l’Université Lille 1, affirme que le rapport Karaquillo aurait en fait été commandé pour satisfaire les clubs professionnels, réticents à voir le CDI gagner du terrain face au « CDD d’usage ».
« Un article [de la loi] vient consacrer la naissance d’un nouveau type de contrat, le contrat à durée déterminée … « spécifique », (…) imitant en tout point le CDD d’usage et venant le remplacer de manière parfaitement légale. cette loi n’a donc guère pour vocation effective d’améliorer le sort des sportifs de haut niveau. Il s’agit plutôt de conforter les employeurs du monde sportif dans leur stratégie du tout CDD. »
Même son de cloche chez l’avocate spécialisée dans le sport Tatiana Vassine, qui regrette aussi des avancées limitées à un petit nombre. « La loi a permis à environ 150 athlètes de bénéficier du Pacte de performance (dispositif mis en place par l’Etat en 2014 pour inciter certaines entreprises à embaucher des athlètes, ndlr). Certes, ce n’est pas rien, mais par rapport au nombre des sportifs, cela ne règle pas le problème. »
De surcroît, la loi n’aurait pas réglé le problème de la disponibilité variable des athlètes. « Seules les entreprises entrant dans le cadre du Pacte de performance sont concernées par cette problématique. Les aides d’Etat peuvent se montrer incitatives pour embaucher. Mais la réalité, c’est que la plupart de mes clients non professionnels sont toujours confortés à une précarité importante, et ont de grandes difficultés à mêler vie sportive et professionnelle. »
Mozaïk RH n’est pas un cabinet de recrutement comme les autres. Spécialisé dans l’accompagnement des jeunes diplômés issus de milieux sociaux moins favorisés, Mozaïk RH organise régulièrement des ateliers. L’objectif étant d’amener les jeunes à se dépasser, et aller chercher l’employeur directement.
« Qui veut du café ? Venez vous servir ! » Dans ce centre de formation du XIVe arrondissement de Paris, l’ambiance est conviviale. Il est 8h30. Une dizaine de jeunes femmes prennent place dans la petite salle du rez-de-chaussée, ôtent leurs doudounes et leurs écharpes. La moyenne d’âge s’élève à 25 ans. Elles sont toutes diplômées du supérieur et viennent des quartiers populaires. Certaines sont boursières, d’autres ont rejoint Mozaïk RH après une scolarité suivie en Zone d’Education Prioritaire. Elles suivent leur deuxième journée de formation, mise en place par le dispositif « PasserElles », réservé aux femmes. Au programme, des ateliers collectifs et un entretien individuel pour les aider dans leur recherche d’emploi. « On aborde la cohérence du parcours, la prise de parole et surtout, la construction du réseau », détaille Virginie Hamelin, coach en formation.
« Il ne faut jamais lâcher »
Le réseau, c’est justement l’objet de la discussion du matin. Ghislaine Choupas-Loobuyck est responsable pédagogique à l’INA. Sous les regards attentifs, elle déroule son parcours professionnel semé d’embûches. Surtout, ne pas perdre une miette du discours de cette femme qui a réussi. « Comme le dit Paul Eluard : il n’y a pas de hasards, il n’y a que des rendez-vous », avance Ghislaine. Elle raconte les festivals audiovisuels où elle s’est rendue pendant des mois, elle explique le courage d’aller chercher l’employeur. « Il faut être visible. Cela demande de la persévérance, il ne faut jamais lâcher. » Très vite, les questions affluent dans l’auditoire. « Comment vous faites pour aller voir les gens comme ça ? Qu’est ce que vous leur dites ? Est-ce qu’on vous rappelle après ? »
Laure est la benjamine du groupe, elle a tout juste dix-huit ans. « J’ai eu mon BTS en édition et je cherche un contrat en alternance. Les entretiens se déroulent bien, mais on ne m’a jamais rappelée », avoue la jeune diplômée. A côté d’elle, Priscilla acquiesce. « Je ne sais pas comment m’y prendre, c’est difficile ». Âgée de vingt-cinq ans, la jeune femme a longuement préparé le concours très sélectif pour devenir conservatrice de musée. Mais après maintes tentatives, le sésame lui échappe toujours. D’autres moyens peuvent lui permettre de s’insérer professionnellement, mais il faut trouver les bonnes personnes, frapper aux bonnes portes.
Dans la peau du client
Ensemble, les filles écrivent sur le tableau blanc les règles de l’atelier : « oser », « respecter », « ne pas juger ». Des magazines sont disposés sur le sol, avec des feutres, des bâtons de colle et des paires de ciseaux. « Réfléchissez à l’emploi de vos rêves et collez sur une feuille ce qui le représente. Vous avez 20 minutes ! », s’exclame Julia, animatrice de l’atelier. Tout au long de l’atelier, Julia n’hésite pas à les pousser dans leurs retranchements.
Dans un silence studieux, les filles se saisissent des magazines et seul le bruit des pages arrachées résonne dans la petite salle. Accroupie sur le sol, Mafalda râle un peu. Elle ne voit pas bien l’utilité de cette activité manuelle. Originaire du Portugal, Mafalda est diplômée des Beaux Art mais peine à trouver un emploi dans une galerie parisienne. Ces voyages en Europe lui ont donné de l’expérience, mais le milieu concurrentiel de l’art contemporain ne lui laisse aucun répit.
Chacune doit ensuite expliquer son collage, trouver les métiers qui correspondent. Elles apprennent à se mettre « dans la peau du client et celle du recruteur ». Apprendre à anticiper les besoins d’une entreprise pour mieux y apporter les réponses, tel est l’objectif. L’atelier coaching se termine par une simulation d’échange entre le recruteur et la demandeuse d’emploi. Certaines se lancent avec plus ou moins de facilité. Le discours est hésitant, le visage un peu crispé. « Qu’est-ce que vous allez m’apporter ?, interroge le recruteur, joué par Julia. Concrètement, qu’est-ce que vous voulez ? » En face, Chloé ne sait pas quoi dire. Elle tente de défendre son projet fictif, écrire pour un magazine de décoration. La poignée de main est franche. Mais le fou rire la rattrape, « De l’argent ! », finit-elle par répondre, et tout le monde s’esclaffe.