Les exportations d’alcool français se bonifient avec le temps

Les exportations de vins et spiritueux français ont atteint en 2015 le seuil historique de 11,7 milliards d’euros. Malgré tout, la concurrence étrangère est de plus en plus rude.

A wine waiter displays bottles of famous Sauternes wine "Chateau Yquem" over 100-years old, in the wine cellar of the restaurant Villa Lalique in Wingen-sur-Moder, eastern France, on September 15, 2015. The famous luxury crystal glass-maker Lalique will open on September 18, 2015 this restaurant directed by French chef Jean-Georges Klein, former owner at L'Arnsbourg restaurant. AFP PHOTO / PATRICK HERTZOG / AFP / PATRICK HERTZOG
Source: AFP photo / Patrick Hertzog. Bouteilles centenaires de Chateau Yquem (Sauternes).

11,7 milliards d’euros, soit 126 Airbus. C’est le montant des exportations de vins et de spiritueux français en 2015, un chiffre record après deux ans de repli. Ce résultat en hausse de 8,7% par rapport à l’année précédente permet au secteur de retrouver sa place de deuxième poste à l’exportation derrière l’aéronautique, poste qu’il avait perdu en 2014. Cette hausse est due principalement au champagne, dont les ventes ont augmenté de 12% (soit 2,7 milliards d’euros) et au cognac, dont les ventes ont grimpé de 20%. Ces deux boissons totalisent à elles seules les deux tiers de la croissance des exportations en valeur.

Les Américains ont retrouvé leur place de premier consommateur de vin au monde avec une hausse des exportations françaises vers les Etats-Unis de 28% alors que les Chinois se remettent à en acheter après deux années en creux, avec une hausse des exportations françaises de 23%. Selon Claude Maratier, expert en vins et estimateur, contacté par le CelsaLab, « la plupart des exportations de vin dans les pays asiatiques ont baissé, surtout en Chine à cause de la décélération économique. De plus, il est désormais mal vu d’étaler ses richesses dans ce pays alors que c’était très bien perçu avant. Les achats des grands Bordeaux en ont particulièrement souffert. Malgré tout, la Chine reste un marché très important qui s’est ouvert à des vins moins chers« .

Cependant, pour Christophe Navarre, président de la Fédération des exportateurs (FEVS), « ce beau résultat ne doit pas masquer la dégradation constante de nos parts de marché.« 

Plus agressifs et moins chers

La concurrence étrangère se fait plus grande chaque année. Selon Claude Maratier, « Espagne, Italie, Afrique du Sud et Californie sont nos principaux concurrents. Surtout l’Espagne et l’Italie en Europe, qui produisent des vins remarquables. » Une adversité de plus en plus compétitive, selon Christophe Navarre, qui demande « plus de vins et davantage d’entrée de gamme pour résister à l’Espagne, au Chili ou à l’Australie » car « on augmente nos ventes, mais moins que nos concurrents. » Selon lui, il faudrait peut-être « passer de petites productions de qualité à 50 hl/hectare qu’on vend cher, à des productions de 150 hl/ha qu’on exporte« 

Une baisse des volumes

Malgré des achats qui augmentent, le champagne, le cognac, le Bordeaux et le Bourgogne réalisent à eux quatre 64% des exportations mais seulement 28% des volumes. C’est la faiblesse endémique de la production française qui inquiète le plus les professionnels. Pour la troisième année consécutive, les volumes des vins expédiés à l’étranger sont en recul : moins 16 millions de caisses en 3 ans. En 2015, ce sont 138 millions de caisses qui ont été expédiées. Un véritable cercle vicieux pour le vin français qui devient plus cher et donc moins compétitif. Au Japon par exemple, la France a perdu sa première place d’exportateur au profit du Chili, faute de vins à petit prix.

Anne-Charlotte Dancourt

Prix du tabac, contrats de générations… Les préconisations de la Cour des comptes

AFP PHOTO / THOMAS SAMSON
AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Dans son rapport 2016, la Cour des comptes épingle les mauvaises gestions des deniers publics. Lutte contre le tabac, fraude dans les transports ou contrats de génération, tour d’horizon des recommandations des Sages.

  • Objectif de réduction de déficit jugé « incertain »

Une fois de plus, la Cour des comptes doute de la capacité du gouvernement à tenir son objectif de réduction du déficit public de 0,5 point en 2016. « Sa réalisation est incertaine car il repose sur une prévision de croissance des recettes qui pourrait être surévaluée de 0,1 à 0,2 point de PIB » estiment les magistrats financiers. Si la dette reste élevée – 96,4% du PIB -, le déficit public s’était stabilisé à 3,8%.

  • Hausse du prix des cigarettes

Une fois n’est pas coutume, les magistrats saluent le « volontarisme » du plan Cancer III, le dernier plan en vigueur pour lutter contre la maladie. Cependant ils soulignent aussi qu’il va être difficile de parvenir à 1,34 million de fumeurs en moins d’ici à 2019, et 3,9 millions en moins d’ici à 2024, sans augmenter le prix du paquet. Inclure la lutte anti-tabac dans la rémunération des médecins est une piste également évoquée.

  • Le flop des contrats de génération

C’était une mesure phare du candidat Hollande, les contrats de génération devaient permettre de lutter contre le chômage. Le président avait fixé l’objectif de 500 000 contrats de génération d’ici à 2017. Seuls 40 300 avaient été signés fin juillet 2015. Le dispositif, qui associe l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans avec le maintien d’un emploi d’un senior de plus de 57 ans, est jugé « complexe et peu lisible par les entreprises ».

  • La douche froide pour Science  Po

En 2012, la Cour des comptes avait jeté un pavé dans le mare de Science Po Paris en accusant l’institution de dilapider l’argent public (en rémunération, primes, décharge et logement de fonction). Dans son nouveau rapport, la Cour se félicite d’une remise en ordre « bien engagée » et d’ »irrégularités de gestion corrigées ». Cependant les magistrats soulignent une persistance du manque de clarté dans la rémunération des cadres dirigeants. L’école est encore trop endettée et dépend des fond publiques. Ils enjoignent Sciences Po à « revoir » ses implantations en région jugées trop coûteuses. Ils réclament aussi des scénarios financiers plus prudents que ceux présentés.

  • Lutte contre la fraude dans les transports franciliens

La Cour des comptes juge « préoccupant » le développement de ce phénomène dans les transports franciliens, l’un des plus importants en Europe. Le taux de fraude est particulièrement important dans les bus et les trams. En 2013, cela représentait 123 millions de voyages fraudés pour les bus, 84 millions pour le métro, 23 millions pour les trams et 14 millions pour le RER.

  • Cher nucléaire

Le parc nucléaire français vieillit et demande de plus en plus d’investissement pour maintenir sa productivité ou simplement répondre au normes de sécurité. De 1 milliard d’euros en 2007, ces dépenses ont atteint 4,4 milliards en 2014. La Cour estime que nos centrales vont nous coûter 100 milliards d’euros, d’ici à 2030.

 

Antoine Etcheto

De quoi l’ubérisation est-elle le nom ?

Le député PS de l’Ardèche, Pascal Terrasse, a remis aujourd’hui au Premier ministre Manuel Valls son rapport sur l’économie collaborative. Souvent qualifiée d' »ubérisée », en référence à l’application de VTC Uber, pour désigner le fait qu’une start-up numérique menace un modèle économique classique, l’économie collaborative est-elle forcément synonyme de ce phénomène ?

Non-licensed private hire cab drivers park their cars as they stage a protest against the government's decision about their sector, on the Place de la Republique square in Paris on February 4, 2016, a week after angry French taxi drivers blocked key roads to protest against competition they judge unfair. The French Transportation ministry has sent formal notices last week to twenty of the transport network platforms (Uber, SnapCar, Driver-Private..) to remind them that the Loti (public transport on demand) licenses that regulate transportation, easier to get than the VTC (private hire cars) driving cards, applies only to collective transport, cars that carry at least two passengers. AFP PHOTO / THOMAS SAMSON / AFP / THOMAS SAMSON
Des chauffeurs de VTC manifestent à Paris. Photo AFP / Thomas Samson

« L’économie collaborative, c’est tout sauf l’ubérisation », ce sont par ces mots que commence le rapport sur l’économie collaborative de Pascal Terrasse. Ce rapport propose 19 mesures afin d’apporter un cadre juridique et fiscal à l’économie collaborative. Cette économie repose sur des échanges de biens et de services se faisant via des plateformes numériques, sites ou applications. Cette économie sert notamment à donner de la valeur et à amortir des biens de particuliers. Uber, Blablacar, Le Bon Coin, Airbnb… Elles sont de plus en plus nombreuses à provoquer la colère des acteurs « classiques » de l’économie comme les hôteliers ou les taxis, pour qui ces plateformes ne sont ni plus ni moins que de la concurrence déloyale. C’est là qu’intervient le terme d' »ubérisation » de l’économie.

Souvent utilisé par les médias et dans le discours public, il est devenu « une vraie tarte à la crème » pour Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs (FEDAE) et co-fondateur de l’observatoire de l’ubérisation, interrogé par le Celsa Lab : « D’où cet observatoire pour « expliquer, vulgariser, analyser et proposer » autour de ce phénomène inexorable ». Dans son utilisation courante, « Ubérisation» est surtout teinté de négatif : pas de sécurité de l’emploi, pas d’assurance, absence de professionnels… Pour Grégoire Leclercq, « ce mot définit tout d’abord un phénomène de société. La plupart des acteurs voient dans ce phénomène des menaces fiscales telles que le manque de protection sociale ou la déréglementation à outrance. Et aussi des opportunités, avec un service de qualité, disponible sur le web, une facilité d’utilisation et une modernisation des métiers ». Ce phénomène résulte de « la convergence de trois leviers : l’accès au digital et à la numérisation pour tous, l’émergence d’une très nombreuse population d’indépendants et la révolution de la consommation, plus impatiente et plus sélective », précise-t-il.

Economie collaborative ou « ubérisée » ?

Pour le président de la FEDAE : « Il ne faut pas confondre économie ubérisée et économie collaborative, d’ou l’importance de bien définir cette dernière ». Le point commun principal de ces deux concepts est la présence du numérique. L’économie collaborative est basée sur la confiance que s’accordent les utilisateurs au sein de ces communautés digitales. Elle est d’ailleurs quantifiée par le « scoring », la notation des utilisateurs. Elle vise à mettre en commun services, biens et avis. Selon Grégoire Leclercq, la crise serait l’une des origines de ce phénomène. Mettre en commun sur une plateforme numérique revient à faciliter les échanges et à réduire les coûts en supprimant les intermédiaires. Ce qui, pour lui, différencie les deux concepts est qu’à la base, cette économie n’est pas lucrative, elle vise seulement à amortir les coûts. Comme Blablacar qui permet d’amortir son trajet en voiture.

L' »ubérisation », mère de tous les maux

Cependant, cette pratique est devenue pour certains une source de revenus, d’ou les problèmes de fiscalité et l’arrivée du concept d' »ubérisation » (en référence à Uber Pop) : entre « économie collaborative, innovation numérique et travail indépendant (freelance) ». Une solution pour pallier le chômage. L' »ubérisation » est toujours lucrative et se passe entre trois acteurs : le prestataire qui veut gagner sa vie en rendant service au consommateur qui veut le payer en passant par une plateforme qui se paie en commissions contre la garantie d’une expérience de qualité. Notamment grâce à la notation du prestataire et à la réception du paiement. La seule façon de sortir le terme « ubérisation » du péjoratif et d’apaiser les tensions est d’encadrer cette forme d’économie, la plaçant ainsi sur un plan plus égalitaire avec l’économie classique, bien que toujours différent. Pour Grégoire Leclercq, « s’il y a un point négatif dans ce phénomène, c’est bien son nom ! Il aurait fallu utiliser un nom plus neutre mais les médias et les commentateurs se sont emparés de celui-ci ».

Anne-Charlotte Dancourt

Combien coûterait un Brexit ?

David Cameron marche sur la corde raide. Mercredi 3 février, devant le parlement britannique il s’est efforcé de convaincre les députés qu’un accord avec l’UE était indispensable. La sortie de l’Union divise profondément l’opinion et même le propre parti du premier ministre. Entre les eurosceptiques de l’Ukip et les pro-Europe, chacun y va de sa propre prédiction quant aux conséquences d’une telle rupture. Entre apocalypse économique annoncée et promesse d’un renouveau britannique, difficile d’y voire clair.

Si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne à l’horizon 2018, quel horizon peut-on entrevoir pour les années à venir ?

Trois scénarios sont possibles.

  • Selon le Bertelsmann stiftung, un think tank allemand (pro Europe), en sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni pourrait perdre jusqu’à 14% de son PIB arrivé en 2030. C’est l’équivalent de 313 milliards d’euros. Selon Open Europe (libéral), la perte du PIB atteindrait seulement – 2,2%.
  • Deuxième scénario : si le Royaume-Uni signe des accords de libre-échange avec l’UE, lui permettant de maintenir le marché unique établi jusqu’ici, son PIB pourrait varier de +0,8 à -0,6% de son PIB, toujours selon Open Europe.
  • Troisième cas de figure, le plus optimiste : le Royaume-Uni pourrait gagner 1,55% de son PIB à condition d’établir, une fois la sortie de l’UE négociée, des accords commerciaux avec le reste du monde, principalement l’Asie.

Continuer la lecture de « Combien coûterait un Brexit ? »