Concours 2020 : le marathon continue

L’épidémie du Coronavirus a bouleversé le calendrier des concours nationaux. Entre modifications des épreuves, report des examens et annulations en cascade, les candidats aux grandes écoles vivent tant bien que mal une situation inédite.

Chaque année, ils sont des milliers à tenter le concours de Polytechnique pour moins de 400 places attribuées.

La date du concours d’entrée à Polytechnique, Augustin la connaît depuis près de deux ans. Voilà 21 mois que cet étudiant en prépa d’un prestigieux lycée dans le 6ème arrondissement parisien travaille d’arrache-pied avec un objectif : être prêt pour le 20 avril 2020. Pourtant, le 15 mars dernier, tout bascule pour lui. Le ministère de l’Enseignement supérieur décrète le « report des examens nationaux et des concours » en raison de l’épidémie du Covid-19. « C’est comme si on disait à un sprinter qui est dans les starting-blocks que la course est annulée », analyse l’étudiant. Reporter le concours signifie reporter des mois d’efforts. Comme lui, ce sont près de 20 000 candidats aux écoles d’ingénieurs, réglés comme des horloges, qui découvrent un nouveau sentiment : l’incertitude. « Le concours était censé être la délivrance. Se dire que l’on doit patienter deux mois supplémentaires cela fait monter la pression ». Un comble pour le microcosme des grandes écoles où la pression est, dès mars, à son paroxysme.

Pour certains candidats, le constat est encore plus amer. Le Covid-19 a eu raison de certaines épreuves, notamment pour les écoles qui n’avaient pas eu le temps de faire passer leurs écrits avant le confinement. Les Instituts d’études politiques de province, dits « Science Po », les écoles de commerce ou encore certaines écoles de journalisme ont dû annuler leurs concours d’entrée. Ils ont été remplacés en urgence par une sélection sur dossier. « Ce n’est pas facile de se défendre avec un dossier lorsque tu t’es préparé pour des écrits », commente Elizabeth Balas, responsable pédagogique à l’Institut Céres de Lyon, une préparation privée pour les concours. A l’École normale supérieure (ENS) de Rennes, c’est l’oral de culture générale qui a été supprimé. « Ce qui est dommage c’est que mes étudiants ont développé des capacités qui leur permettent de faire la différence, ajoute Nicolas Duprey, professeur d’une prépa « ENS Rennes » au lycée Jean-Mermoz de Montpellier. Certains se disaient « on sauve les meubles à l’écrit car à l’oral on se sent mieux ». Il faut changer la stratégie. ». Et Adrien le sait bien. A 22 ans, il avait fait le choix de passer son printemps dans des salles d’examen bondées en s’inscrivant à sept écoles de journalisme. Depuis septembre, il se réveille tous les jours à sept heures pour écouter les matinales radio et lire les premières éditions des journaux. « Cette intensité ne m’a servi quasiment à rien, analyse-t-il aujourd’hui avec amertume. J’ai fait 6 dossiers en 2 mois. J’ai expliqué 6 fois de manière différente pourquoi j’étais motivé. A la fin, je peux t’assurer que tu n’es même plus motivé ».

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Des inégalités qui se creusent

Dans ce contexte inédit, toute la difficulté pour les étudiants réside dans le fait de garder le rythme. Avec la mise en place du confinement et l’annulation des cours en présentiel, les conditions de travail sont devenues encore plus difficiles. « On a baissé le rythme par rapport à la prépa car 12 heures de travail par jour c’est impossible à tenir à la maison », détaille Augustin. L’étudiant le reconnaît : se confiner avec trois amis à lui, tous candidats aux mêmes écoles, l’a aidé à se motiver. « Tout seul, j’aurais eu énormément de mal ».

Pour Alix Robichon, professeure d’anglais pour les classes préparatoires au lycée Carnot de Dijon, le Covid-19 a creusé les inégalités des élèves face aux concours. « Ils doivent tenir à la maison une discipline déjà compliquée à respecter à l’école, observe-t-elle. Il faut s’astreindre à un certain nombre d’heures, être rigoureux … Cela dépend énormément de l’endroit où ils sont confinés ». Elle confie par exemple entendre des enfants en bas âge pleurer lors de cours virtuel qu’elle organise via les outils numériques. « Ils ne sont pas tous égaux face à la situation. Il y en a qui n’ont même pas accès à internet. C’est dramatique », commente la professeure. « D’un coup, le rythme s’est écroulé en mars. Au début, je me suis senti un peu perdu, ajoute Adrien qui est confiné seul chez ses parents à Toulouse, bien loin de Lille, sa licence et ses amis. Avec le confinement on ne peut même plus souffler en sortant voir des amis. Il n’y a plus cet esprit de camaraderie si utile à la préparation. Là, on se retrouve vraiment tout seul chez soi ».

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Les premières années, premiers perdants

En temps normal, les classes préparatoires publiques sont censées corriger au maximum les inégalités entre étudiants. « Ce qui t’aide à travailler en prépa c’est l’environnement. La routine, voir les mêmes personnes, la même classe, la même école … Les élèves baignent dedans et ça les motive », affirme Alix Robichon. Mais avec l’épidémie, ce modèle d’accompagnement est mis à mal. « Depuis le 31 mars, on a interdiction de mener des khôlles [N.D.L.R. : exercice oral spécifique aux classes prépas]. On n’a plus aucun accompagnement en trinôme ou en binôme, déplore Nicolas Duprey. On ne peut plus creuser avec eux, les accompagner, vérifier leur travail correctement … C’est pourtant ce qui fait la spécificité de la prépa ».

Pour le professeur d’économie, les grands perdants du Covid-19 sont pourtant les futurs candidats: les premières années. « A cet âge-là, lorsque tu es au mois de mars, c’est très difficile d’être autonome. Tu ne te connais pas assez bien, tu ne connais pas parfaitement ton rythme de travail. Il va y avoir un vrai impact sur la promotion en cours », affirme celui qui encadre les futurs candidats à l’ENS de Rennes. En plus, « les élèves qui voulaient arrêter la prépa veulent tous rester car ils se disent que c’est, au final, gérable comme quotidien. En deuxième année on va être encore 45. Cela va poser de gros problèmes ». Et à Alix Robichon d’ajouter. « Ceux qui n’ont en plus pas accès à internet ne peuvent pas suivre ce qui s’est fait ces dernières semaines. Or, 6 semaines sur 2 ans c’est énorme. Beaucoup de chapitres et de notions passent à la trappe. Je ne vois pas comment les premières années pourront s’en sortir l’année prochaine. ».

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Un système chamboulé

C’est donc un épisode délicat qui se joue actuellement pour les concours d’entrée aux grandes écoles. Entre l’annulation de certaines épreuves, le report d’autres et les inégalités qu’accentuent le confinement, les futures promotions risquent d’être fortement affectées. Avec l’épidémie, c’est le système méritocratique français incarné par la figure de l’examen qui vacille. Une croyance fortement répandue chez les élèves si l’on en croit les pétitions qui se multiplient sur internet. Plus de 6 500 signatures pour le maintien des oraux en école de commerce, 2800 pour demander la tenue des épreuves de Science Po au nom de l’égalité des chances … Les élèves admis dans les grandes écoles en 2020 s’inquiètent déjà pour la valeur de leur futur diplôme. « L’avenir nous le dira mais comme les oraux sont d’ordinaire assez impersonnels en science il n’y aura probablement pas de dévaluation du diplôme », affirme pour autant Alix Robichon. Par contre, des surprises peuvent être attendues cette année. « On se dit naïvement que cela peut être le moyen que les cartes soient rabattues. Les boîtes à concours qui font du bachotage n’ont plus l’avantage concurrentiel car il y a plus de temps pour tout le monde. Potentiellement, il peut y avoir des surprises. Mais il peut aussi y en avoir des mauvaises … », tempère de son côté Nicolas Duprey. Pour Augustin, en tout cas, l’école qu’il vise a décidé de maintenir coûte que coûte ses épreuves, oraux compris. Et cela rassure l’étudiant. Au moins, « On ne pourra pas dire que Polytechnique aura été bradé ».

 

Gianni Roche et Paul De Boissieu

Coronavirus : résultats reportés, entraînement perturbé, l’incompréhension des aspirants professeurs d’EPS

Toujours dans le flou concernant la publication de leurs résultats d’admissibilité prévus le 14 avril en raison du confinement mis en place, les candidats au CAPEPS continuent leur préparation pour les épreuves orales d’admission dont les contours ne sont pas encore connus.

Les candidats au concours de professeur d’EPS se préparent pour les épreuves orales malgré une situation floue. (USAG Humphreys – Bob McElroy Creative Commons)

Les 6 817 candidats au certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive (CAPEPS) rongent leur frein depuis le 14 avril, date initiale de publication des résultats des épreuves d’admissibilité qui se sont tenues à la mi-mars, et en février pour le concours interne. Mais l’épidémie de coronavirus et le confinement ont boulversé le calendrier.

Le ministre de l’Education, Jean Michel Blanquer, avait d’abord confirmé le 15 avril sur LCI le maintien des oraux d’admission en « juin-juillet » pour ces concours. Puis André Cavel, président du jury du CAPEPS avait annoncé les résultats « fin de semaine » soit le vendredi 24 avril, avant de repousser leur publication à une date inconnue. « Nous serons sans doute fixés dans la seconde moitié de la semaine prochaine (ndlr : semaine du 27 avril au 1er mai) après les annonces du Premier Ministre sur le déconfinement et le temps d’une déclinaison des mesures au niveau de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur », a-t-il écrit dans un mail destiné aux formateurs vendredi dernier.

« J’ai l’impression qu’on s’en fiche de nous »

Déstabilisés par l’incertitude, les étudiants confinés continuent toutefois en ligne la préparation de leurs éventuelles épreuves orales avec leurs formateurs. Mais Noémie (le prénom a été modifié), étudiante en première année de master STAPS à Lyon, se sent « mise de côté ».

« Si la date du 11 mai avait été fixée dès le début, on ne serait pas dans cet état d’esprit. Je me sens un peu perdue. J’ai vraiment l’impression qu’on s’en fiche de nous. »

Chaque année, les candidats admissibles passent les épreuves orales à Vichy et sont évalués sur une mise en situation professionnelle, un entretien oral et des prestations physiques. Là encore, les étudiants n’ont aucune certitude quant au maintien de ces modalités de concours, suspendues au processus de déconfinement qui sera éclairci par Edouard Philippe ce mardi. L’inaccessibilité des structures d’entraînement et équipements nécessaires posent la question de la tenue de ces épreuves. Noémie détaille la difficulté de se préparer dans ces conditions.

« Même nos enseignants évoquent la possibilité d’une annulation des épreuves physiques. Je fais des exercices de musculation et je cours de temps en temps pour me maintenir en forme mais se préparer à la course de haies ou à la natation chez soi, c’est impossible. A la limite, la danse peut se faire chez soi, mais n’étant pas une spécialiste je suis très vite limitée dans mes idées. »

Arnaud Rachon, étudiant en deuxième année de master à Strasbourg, profite d’un confinement chez ses parents à la campagne pour se « préparer à toute éventualité » malgré « l’incompréhension ». S’il est admissible et que les modalités de concours sont maintenues, il devra, entre autres, réaliser une épreuve de 800m et un lancer de javelot. En phase de réathlétisation après une longue blessure, Arnaud adapte sa préparation à ces épreuves spécifiques grâce à des programmes d’entraînement dénichés sur Internet.

« Cette attente relève du mépris »

Conscient des « effets délétères » que peut avoir cette attente sur « la qualité du recrutement 2020 », André Cavel rappelle que le ministère de l’Education prévoit « un délai de trois semaines minimum entre la publication de l’admissibilité et le début des épreuves d’admission, ce qui donne au ministère une marge qu’il utilise pour éviter des ‘stop and go’ inutiles et source également d’angoisse. »

Au contraire, le Syndicat national de l’Education physique et sportive (SNEP FSU) considère que « cette attente relève du mépris » et upresse le ministère de publier les résultats.

 

Kévin Gasser

Le premier concours Miss Monde en fauteuil roulant s’est déroulé à Varsovie

Le premier concours Miss Monde en fauteuil roulant s’est tenu samedi dernier dans la capitale polonaise.

C’est une compétition inédite. Samedi dernier à Varsovie, vingt-quatre jeunes femmes de 19 pays ont concouru pour décrocher le titre de la première Miss Monde en fauteuil roulant. Lors de la soirée de gala, devant un millier de spectateurs, elles ont défilé en trois tenues différentes : costume national, tenue de cocktail et de soirée. La couronne de Miss Monde est allée à la Biélorusse Alexandra Chichikova, 23 ans, étudiante en psychologie et pédagogie sociale. La Sud-Africaine Lebohang Monyatsi et la Polonaise Adrianna Zawadzinska sont respectivement première et deuxième dauphines.

C’est la première occasion du genre pour montrer au monde que nous sommes capables de faire vraiment ce que nous voulons.

Maria Diaz, Chilienne, joueuse professionnelle de tennis en fauteuil roulant

 


Le concours a été organisé à l’initiative de la fondation polonaise Jedyna Taka. Les candidates ont été soit pré-sélectionnées dans des concours nationaux, soit choisies par des ONG contactées par la fondation. Chaque pays pouvait être représenté par deux compétitrices.

Malgo Nieziolek