Le député LREM Sébastien Nadot veut alerter » sur « ce qui se passe au Yémen, une situation absolument terrible »

Sébastien Nadot, député LREM, a déposé une demande d’ouverture d’une commission d’enquête sur le Yémen le 6 avril, deux jours avant l’arrivée en France du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane qui termine ce mardi sa visite.

Sébastien Nadot, député LREM de la Haute-Garonne. Crédit : capture d’écran, chaîne Youtube Nadot 2017.
Sébastien Nadot, député LREM de la Haute-Garonne. Crédit : capture d’écran, chaîne Youtube Nadot 2017.

Que se passe-t-il au Yémen ? Les armes françaises vendues notamment à l’Arabie Saoudite participent-elles au désastre humanitaire que vit le pays, en proie à une guerre civile depuis trois ans ? C’est à ces épineuses questions que souhaite répondre Sébastien Nadot, député La République en marche (LREM) de la 10ème circonscription de la Haute-Garonne. Le parlementaire, membre de la commission des affaires étrangères, a déposé le 6 avril une proposition de résolution tendant à l’ouverture d’une commission d’enquête à propos du Yémen. Celle-ci serait « chargée d’étudier le respect des engagements internationaux de la France au regard des autorisations d’exportations d’armes, munitions, formations, services et assistance que notre pays a accordées pendant ces trois années aux belligérants du conflit au Yémen ».

Dans son exposé des motifs, Sébastien Nadot assure que « les pays de la Coalition réunis autour de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis ne sont pas seuls responsables de la situation dramatique au Yémen. Les États qui fournissent armes, munitions, formation et assistance sont également parties prenantes au sens du droit international. » Il précise également que « depuis le début de la guerre au Yémen en mars 2015, la France a régulièrement octroyé des licences de vente d’armes à des entreprises françaises qui ont ensuite servi aux belligérants du conflit. »

Quel est le but de votre démarche ?

Il y a plusieurs aspects. Tout d’abord, mettre en lumière le conflit au Yémen et le désastre humanitaire qu’on peut supposer, et qui a même été évalué. Mi-janvier 2018, le bilan de l’ONU estimait que 10 000 personnes, à majorité des civils, avaient déjà été tuées dans ce conflit. On décompte au minimum 40 000 blessés et 2,5 millions d’individus déplacés. Le second c’est de remettre en question le travail du Parlement sur le fait que normalement, le gouvernement est responsable devant le Parlement. En tant que parlementaires, nous devons contrôler l’action du gouvernement. Il s’agit d’un domaine, certes particulièrement sensible, mais si on ne contrôle pas les domaines sensibles, on peut se poser des questions sur le rôle du Parlement.

Vous avez déposé officiellement cette proposition le 6 avril, soit deux jours avant l’arrivée en France de Mohammed ben Salmane, prince héritier de l’Arabie Saoudite et belligérant du conflit. Peut-on y voir un lien ?

En premier lieu, cette commission doit alerter à propos de ce qui se passe au Yémen, une situation absolument terrible. Mohammed ben Salmane est le chef d’État de facto de l’Arabie saoudite, donc oui le lien est évident, il y a une fenêtre médiatique. Mais tous les jours, il y a des civils qui meurent et qui n’ont absolument rien à voir avec les questions de conflits internationaux. Nous sommes au XXIème siècle, et les chiffres des décès liés au choléra par exemple sont totalement inquiétants. Si on n’alerte pas sur cette question, nous, pays des droits de l’Homme, qui le fera ? Doit-on compter sur des grandes puissances qui en ce moment ont beaucoup d’autres sujets en tête ? Je ne crois pas.

Comment a été reçu cette initiative au sein de la majorité ?

Je suis membre du Parlement donc je n’ai pas de contact avec les ministres. Au sein de la majorité parlementaire, je fais du travail d’orfèvre, je discute avec les députés un par un. Actuellement, il y a 25 députés LREM qui ont cosigné ma demande.

Avez-vous cherché des soutiens du côté de l’opposition ?

Dans un premier temps, il faut avoir une ossature suffisamment intéressante et forte au niveau de La République en Marche, pour ensuite ouvrir le débat. Mais je suis d’ores et déjà en discussion avec d’autres formations politiques sur le sujet.

Quel est le calendrier ?

Pour le moment, c’est une phase d’ajout des cosignataires issus de la majorité, je me donne jusqu’à jeudi. Ensuite, un document officiel sera produit. Je vais demander à ce qu’on ait déjà un débat en commission des affaires étrangères. On peut espérer un débat parlementaire sous quinze jours si débat il y a.

Lucas Martin

Macron annonce une visite prochaine en Arabie saoudite

Alors que le prince Mohammed ben Salmane est en visite officielle de trois jours à Paris, l’Elysée a annoncé que le chef de l’Etat se rendra en Arabie saoudite d’ici la fin de l’année. 

macron

Emmanuel Macron se rendra en Arabie saoudite d’ici la fin de l’année, a annoncé l’Elysée lundi après-midi, à l’occasion de la visite officielle à Paris du prince Mohammed ben Salmane. « Les deux dirigeants vont travailler sur un document stratégique qui sera prêt d’ici à la fin de l’année, d’où procèderont des contrats qu’il (M. Macron) ira signer en fin d’année en Arabie saoudite« , a indiqué l’entourage du chef de l’Etat.

Pour l’heure, rien n’a filtré sur les thèmes évoqués entre les deux hommes d’Etat. L’Arabie saoudite a souhaité profiter de cette visite officielle en France pour mettre l’accent sur la culture, le tourisme, les investissements d’avenir et les nouvelles technologies. Le président Macron a toutefois l’intention d’évoquer le sujet épineux des crises régionales, particulièrement au Yémen où l’Arabie saoudite est engagée militairement.

 

Caroline Quevrain avec AFP

 

 

Visite de M. ben Salmane : Amnesty demande à E. Macron de mettre le Yémen au coeur des discussions

Ce lundi 9 avril, pendant que le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane déjeune avec Edouard Philippe puis rencontre la ministre des Armées Florence Parly, les associations humanitaires haussent le ton. Sur le parvis du Trocadéro, symbole des droits de l’Homme, Amnesty International a souhaité rappeler la politique répressive de la monarchie saoudienne, et condamner le commerce des armes entre la France et le pays invité. Interview d’Aurélie Perrier, coordinatrice Yémen-Arabie saoudite à Amnesty International France.

Quel message adressez-vous aujourd’hui au gouvernement ?

Aurélie Perrier : On veut l’interpeller sur la situation au Yémen, où 22 millions de Yéménites, soit 80% de la population, dépendent du droit humanitaire. Mais ce droit est violé par la coalition menée par l’Arabie Saoudite. On demande à Emmanuel Macron de mettre le Yémen au coeur de ses discussions avec Mohammed ben Salmane pour que l’Arabie saoudite lève son blocus qui empêche l’acheminement des aides humanitaires. Des centres de soin ont aussi été détruits, ce qui fait qu’en 2017, le Yémen a été le siège de la plus grave épidémie de choléra du 21e siècle, avec 1 million de cas déclarés.

Vous pointez également du doigt les contrats de vente d’armes avec la France

Aurélie Perrier : Avant le conflit au Yémen, la France vendait pour 14 millions d’euros d’armes à l’Arabie saoudite. En 2016, c’était passé à 1 milliard d’euros [700 millions d’euros, selon le média challenges]. Aujourd’hui, on ne sait pas ce que la France et l’Arabie vont signer, tout est assez secret, on ne sait pas ce qui est dit.

Amnesty manifeste aussi contre les répressions par le gouvernement saoudien des opposants politiques. Si les opposants sont muselés, si le sujet est secret, comment les organismes humanitaires peuvent-ils communiquer sur le sort des prisonniers ?

Aurélie Perrier : On a beaucoup de chercheurs affiliés à Amnesty qui se rendent sur le terrain. On a aussi beaucoup de contacts avec l’ACPRA, le Saudi Civil and Political Rights Association. Mais presque tous ses membres aujourd’hui sont en prison, certains menacés de mort.

Rien n’a changé du point de vue des droits humains depuis que MBS est devenu vice-premier ministre, en juin. Il y a eu des rafles en septembre, contre des journalistes ou des universitaires. En novembre, 300 hommes politiques ou hommes d’affaires ont été arrêtés, au nom de la lutte contre la corruption. En plus, il y a un manque de transparence, parce qu’on n’a réussi qu’à identifier seulement une soixantaine d’entre eux. Et la loi antiterroriste de 2014 est un prétexte supplémentaire pour arrêter toutes sortes d’opposants politiques.

La libéralisation des droits des femmes, comme l’ouverture en juin du permis de conduire aux femmes, c’est du flafla ?

Aurélie Perrier : On ne peut que la saluer mais il y a encore des discriminations systématiques avec le système du tutorat : pour se marier, s’inscrire dans un établissement d’enseignement supérieur, chercher un emploi ou encore se rendre à l’étranger, la femme a besoin de l’autorisation de son père, de son frère, de son mari par exemple.

Pour le permis de conduire, reste à savoir comment ça va être appliqué : les femmes devront-elles avoir l’autorisation de leur tuteur ? On a du mal à savoir si dans la réalité, la femme subira des pressions. Il y a la loi qui autorise le permis de conduire, mais ça ne suffit pas. Cette libéralisation n’est peut-être que cosmétique, un coup de communication pour plaire à l’Occident.

Mais il faut se rappeler que ces lois libérales envers les femmes, lancées par MBS, profitent à l’économie. Leur faire accéder au permis de conduire ou aux stades sportifs génèrent de l’argent, à un moment ou le prince héritier lance son plan “Vision 2030” : il veut passer d’une économie de la dépendance au pétrole à une économie plus durable basée sur le tourisme, dont les femmes font partie.

Aurélie Perrier, coordinatrice Yémen-Arabie Saoudite à Amnesty International France
Aurélie Perrier, coordinatrice Yémen-Arabie Saoudite à Amnesty International France

 

Fanny Guyomard

Ce qu’il faut retenir de l’actualité de ce lundi matin à Paris

Grève SNCF, visite du Prince d’Arabie Saoudite, fac occupée, marathon de Paris… Il est 11 heures. Voici un récapitulatif de l’actualité parisienne de ce lundi 9 avril.

 

Le taux de déclaration de grévistes à la SNCF s’élève à 43% ce lundi matin. Crédit photo : Flickr, Dorinser.
  • Grève SNCF : une nouvelle journée de blocage

Aujourd’hui, le taux de déclaration de grévistes est de 43%, comprenant les conducteurs, les contrôleurs et les aiguilleurs. La mobilisation des cheminots contre la réforme de la SNCF souhaitée par le président Emmanuel Macron ne faiblit pas. Pour cette seule journée, un Transilien sur trois circulera. Seule la moitié des trains du RER A circulera sur la branche Cergy-Poissy. Pour les RER B et E, un train sur trois est assuré contre un train sur cinq sur le RER C. 25% des trains circuleront sur le RER D. Aucun train n’est prévu pour le Transilien U. La mobilisation doit prendre fin mardi à 7h55.

  • Le procès de la filière djihadiste de Lunel se poursuit aujourd’hui

Nouvelle journée de procès au tribunal correctionnel de Paris de la filière djihadiste de Lunel (Hérault). Cinq hommes sont jugés devant la 16e chambre correctionnelle pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Entre 2013 et 2014, cette ville de 26 000 habitants a connu une vague de départs d’une vingtaine de jeunes vers la Syrie, partis faire le djihad. Le procès des prévenus, âgés de 29 à 47 ans, se tiendra jusqu’au 11 avril.

  • Faculté de Tolbiac : une enquête ouverte suite à la découverte de cocktails molotov

Le parquet de Paris a ouvert une enquête hier afin de trouver l’auteur des cocktails molotov découverts à l’intérieur de la faculté de Tolbiac. Celle-ci est bloquée depuis près de trois semaines par des opposants aux modalités d’accès à l’université. Des échauffourées ont éclaté vendredi soir : des étudiants ont lancé des projectiles contre ceux bloquant l’accès à la faculté.

  • Tête-à-tête et visite diplomatiques entre Emmanuel Macron et Mohammed ben Salman

Le prince saoudien Mohammed Ben Salman est arrivé hier à Paris pour une visite officielle de trois jours.Un dîner privé au musée du Louvre s’est tenu hier soir. Un autre dîner aura lieu à l’Elysée, cette fois, demain soir. Mohammed Ben Salman prône un islam modéré et incarne la nouvelle figure de l’Arabie Saoudite, avec qui la France veut entretenir « un nouveau partenariat stratégique ». Le prince devait se rendre aujourd’hui à la start-up parisienne Station F pour la visite du plus grand incubateur au monde, mais celle-ci a été annulée à la dernière minute. En fin d’après-midi, il rencontrera la ministre des Armées Florence Parly.

  • Nouvelles victoires kenyanes au marathon de Paris

Ils étaient plus de 55 000 coureurs au marathon de Paris qui s’est tenu hier. 42,195km à parcourir en un minimum de temps. 2 heures 6 minutes et 25 secondes pour le Kenyan Paul Lonyangata qui a remporté cette 42e édition. C’est sa deuxième victoire consécutive. Du côté des femmes, sa compatriote Betsy Saina s’est également distinguée, avec un chrono de 2 heures 22 minutes et 55 secondes.

Noémie Gobron