Eliminatoires de l’Euro 2020 : « L’équipe de France va affronter deux équipes qui lui sont inférieures »

Kylian Mbappé fait partie des absents de marque côté Bleus pour affronter l’Islande et la Turquie. / Wikipédia

L’Equipe de France s’apprête à affronter les deux adversaires les plus relevés de sa poule de qualification pour l’Euro 2020 : l’Islande vendredi et la Turquie lundi. Elle devra composer sans plusieurs de ses titulaires champions du monde en Russie l’été dernier. Zahir Oussadi, rédacteur en chef du mensuel Onze Mondial, décrypte les deux rencontres à venir.

 

  • Comment analysez-vous le jeu de l’Islande et de la Turquie ?

Pour être honnête et transparent, ce ne sont pas les équipes qu’on observe et qu’on connaît le mieux en France. Mais on a quand même quelques connaissances, on les a déjà vues jouer, notamment l’Islande à l’Euro avec un bloc très regroupé et une combativité de tous les instants. Ce sera une véritable guerre contre cette équipe, surtout chez elle donc il faudra répondre dans le défi physique, l’impact, l’état d’esprit et la mentalité. Ce sont des choses que les groupes de Didier Deschamps savent faire en général. La Turquie est un mélange de cette combativité, de cette rage jusqu’à la 95ème minute et de technique, de jeu en une touche. Les Turcs sont des manieurs de ballon, ils aiment jouer au football. En revanche, ils seront à l’extérieur et ne seront donc pas portés par leur public même si une grosse communauté turque devrait être présente au Stade de France.

  • Après une large victoire à l’aller au Stade de France (4-0), la rencontre en Islande peut-elle se solder de la même manière ?

Je ne pense pas. D’une part, les conditions sont moins favorables à l’extérieur qu’au Stade de France. Le match risque d’être plus difficile, le terrain de moins bonne qualité et il y aura de l’engagement avec un public hostile. Je pense que cela va un peu niveler les valeurs. D’autre part, j’étais présent au Stade de France pour le 4-0 et j’avais trouvé que la victoire était bien payée pour l’Equipe de France. Elle méritait de gagner ce soir-là, peut-être avec deux buts d’écart mais le 4-0 était un peu lourd compte tenu de la prestation de l’Islande qui avait été compliquée à manoeuvrer. Je pense donc que ce sera plus dur à Reykjavik car les Islandais aiment bien aller au duel et transformer le match en guerre.

  • A l’inverse, le match à domicile contre la Turquie sera-t-il forcément moins compliqué que celui à l’extérieur (défaite 2-0) ?

C’est difficile d’envisager un scénario pire que celui en Turquie en juin dernier. Mais il n’y a aucune vérité, aucune assurance dans le football. Il se peut qu’il y ait quelque chose qui tourne mal pour l’Equipe de France comme une mauvaise intervention, un défenseur en retard, un tacle qui anéantit une action de but ou un carton rouge qui va changer le match. Il n’y a donc pas de certitude absolue mais à domicile, avec le soutien de 80 000 spectateurs, j’ose espérer que cela se passera mieux qu’en Turquie.

  • Que pensez-vous de la composition probable pour ces deux matchs (Mandanda – Digne, Lenglet, Varane, Pavard – Kanté, Matuidi, Tolisso – Coman, Griezmann, Giroud) ?

Elle est celle qui se rapproche le plus de ce qu’a fait Didier Deschamps ces derniers mois. Elle est finalement conforme à son style, que ce soit au niveau de la mentalité qu’il aime avoir dans son équipe ou du style de jeu. A sa place, j’aurais peut-être fait deux ou trois changements mais c’est toujours difficile à dire. Il a le groupe, il les entraîne toute la journée et sait ce que les joueurs valent. Olivier Giroud est très débattu en ce moment car il n’a pas de temps de jeu à Chelsea. On se demande donc pourquoi il est dans les 23 et a fortiori dans le onze de départ. Mais Deschamps sait ce qu’il fait, le jeu prôné et pourquoi il compte sur Giroud. La composition m’a l’air donc plutôt cohérente mais je ne l’imagine pas aligner deux formations identiques : je pense qu’il fera deux à quatre changements entre les rencontres.

Ces absences sont clairement un problème. Les Bleus perdent la moitié de l’équipe, du onze titulaire, celui qui a remporté la Coupe du monde et c’était il y a à peine un an et demi. Ce ne sera pas la même chose avec une équipe remaniée car il y aura moins d’automatismes. C’est donc une source d’inquiétudes mais il y a quand même de quoi faire au niveau de l’effectif. Le vivier français est exceptionnel. On a sans doute le meilleur vivier du monde en termes de jeunes formés. On pourrait presque convoquer 100 joueurs et faire une dizaines de onze différents et ils seraient tous compétitifs. Donc des joueurs, il y en a et de la relève aussi. En revanche, le petit point négatif, ce sera le manque de complémentarité et d’habitude à enchaîner les matchs ensemble.

  • Les Bleus parviendront-ils à conserver leur style de jeu offensif renforcé depuis le début de ces qualifications ?

Je pense que Didier Deschamps conservera un style de jeu plutôt offensif car l’adversité sera moindre. L’équipe de France va affronter deux équipes qui lui sont inférieures donc ils vont rester offensif. Deschamps sera capable de changer lorsque l’adversaire sera l’Angleterre ou la Belgique, c’est-à-dire des équipes avec un niveau similaire aux Bleus. Dans ce genre de rencontres, il n’hésitera pas à basculer avec un joueur défensif en plus et un attaquant en moins mais pour les matchs contre l’Islande et la Turquie, l’objectif sera de marquer des buts.

  • Peut-on donc s’attendre à de bonnes prestations des Bleus contre ces deux sélections ?

Oui et pour une raison simple. L’Equipe de France est quand même championne du monde en titre. C’est une sélection d’envergure avec de grands joueurs, une expérience du haut niveau, un sélectionneur aussi rompu aux grands matchs. Elle est donc clairement favorite à ce niveau. Elle est aussi favorite parce qu’elle mène la danse dans sa poule, elle est en confiance et enchaîne les succès. Au classement FIFA, il n’y a pas photo : l’Equipe de France fait partie du top 5 et l’Islande et la Turquie sont beaucoup plus loin.

  • La qualification pour l’Euro 2020 sera-t-elle assurée en cas de double victoire ?

Je ne pense pas que la qualification pour l’Euro 2020 se jouera lors de ces deux matchs. En cas de contre-performance, la France aurait encore quelques cartouches à utiliser et pourrait toujours s’assurer une qualification mais on peut le prendre dans l’autre sens. Si les Bleus enregistrent une double victoire, la qualification sera très bien engagée et on pourra estimer qu’elle sera quasiment actée : la préparation pour les deux derniers matchs se fera alors sereinement.

Les Bleus champions du monde remplissent l’infirmerie

Quatre titulaires de l’Equipe de France championne du monde en Russie sont actuellement blessés. / Wikipédia

A quelques jours de deux rencontres cruciales en vue de la qualification pour l’Euro 2020 plusieurs cadres de l’Equipe de France sont blessés pour des durées variables. Tous ont grandement participé au sacre mondial des Bleus en Russie en 2018.

L’Equipe de France pourra-t-elle faire sans les joueurs qui l’ont placée sur le toit du monde en 2018 ? La question mérite d’être posée alors que se profilent deux matchs décisifs pour se qualifier à l’Euro 2020, contre l’Islande vendredi puis la Turquie lundi prochain. Le sélectionneur Didier Deschamps devra composer sans quatre éléments majeurs de l’épopée russe, absents pour cause de blessures : Kylian Mbappé, Paul Pogba, Samuel Umtiti mais aussi le capitaine Hugo Lloris.

Toute la colonne vertébrale de l’équipe championne du monde semble avoir été touchée par cette épidémie de blessures : un gardien, un défenseur, un milieu de terrain et un attaquant français sont ainsi éloignés des terrains.

    • Dans les buts, Hugo Lloris constitue une absence majeure pour les Bleus qui comptent sur lui depuis bientôt dix ans. Le gardien titulaire a été victime d’une luxation du coude ce week-end lors de la rencontre opposant son équipe de Tottenham à Brighton. Le club londonien a annoncé que son portier ne serait pas rétabli avant trois mois. L’Equipe de France devra donc achever son parcours vers l’Euro 2020 sans son capitaine.

    • L’autre blessure de longue durée est celle de Samuel Umtiti. Depuis son retour de Russie, le Français multiplie les pépins physiques. Le dernier en date est d’ailleurs survenu lors du précédent rassemblement des Bleus il y a exactement un mois. Victime d’un hématome au pied droit, Umtiti n’est pas certain de participer aux deux derniers matchs de qualification des Bleus en novembre, contre la Moldavie et l’Albanie.

    • Dans l’entre-jeu, l’absent de taille est Paul Pogba. Depuis le début de saison, le milieu de terrain n’arrive pas à stabiliser l’état de sa cheville qui l’a empêché de participer aux deux précédents matchs de qualification avec les Bleus en septembre. Le joueur de Manchester United est ensuite revenu sur les terrains mais a rapidement rechuté il y a deux semaines. Son retour définitif devrait désormais survenir d’ici dix jours.

    • La pépite de l’Equipe de France, Kylian Mbappé, est également forfait pour les deux matchs contre l’Islande et la Turquie. L’attaquant du PSG est récemment revenu d’une blessure à la cuisse gauche qui l’a rendu indisponible pendant un mois. Il a néanmoins été convoqué par Didier Deschamps qui lui a imposé un entraînement à part à Clairefontaine. Le jeune Bleu a finalement été mis à l’écart et remplacé mardi soir.

A ces quatre absences notables, une cinquième aurait pu s’ajouter avec Lucas Hernandez. L’arrière gauche du Bayern Munich a subi une lourde opération au genou droit en mars dernier et a retrouvé le chemin des terrains il y a tout juste un mois. En raison de douleurs au genou ressenties depuis quelques jours, le défenseur latéral s’entraînaît de nouveau à part avec son club qui avait fait pression sur le sélectionneur français pour ne pas le convoquer. S’il a quand même été appelé, Hernandez a poursuit son entraînement individuel dans un premier temps. Mardi après-midi, il s’est appuyé sur les résultats positifs de son IRM pour déclarer au micro de RTL être apte à débuter contre l’Islande vendredi soir.

Mondiaux d’athlétisme : coup de chaud pour le Qatar avant la Coupe du monde 2022

Climatisé, le stade Khalifa a accueilli la quasi-totalité des épreuves lors des Mondiaux d’athlétisme au Qatar / Wikipédia

Les championnats du monde d’athlétisme organisés à Doha ont été la cible de vives critiques. Outre les soupçons de corruption et la faible affluence au stade Khalifa, ce sont surtout les conditions météorologiques caniculaires qui ont été pointées du doigt. Un avertissement de taille à trois ans du prochain Mondial de football, également contesté.

 

« J’ai promis à ma famille que je rentrerais sain et sauf, j’ai tenu ma promesse en abandonnant. » Cette phrase prononcée par le champion olympique du 50 kilomètres marche, Matej Toth, en dit long sur le calvaire qu’ont vécu certains athlètes lors des Mondiaux d’athlétisme organisés à Doha du 27 septembre au 6 octobre derniers.

Comme le Slovaque, ils sont plusieurs dizaines à avoir abandonné en cours d’épreuve entre le marathon et la marche, seules épreuves qui se déroulaient en dehors du stade Khalifa climatisé. Malgré des départs prévus après minuit, les coureurs et marcheurs ont du faire face à des conditions climatiques extrêmes.

Entre 35 et 40 degrés la nuit

L’organisation des Mondiaux avait décidé de déplacer les dates de la compétition de presque deux mois afin que les athlètes bénéficient de températures plus clémentes qu’en août. Elles ont finalement été supérieures de dix degrés aux moyennes de saison sur les dix jours de compétition. Le soir, le mercure a ainsi dépassé les 40 degrés avec un taux d’humidité avoisinant les 75%. Des conditions qui ont forcément eu un impact sur les performances des participants, habitués à concourir autour des 25 degrés.

Au-delà des simples performances des athlètes, la santé des athlètes en elle-même était mise en danger, comme l’explique le docteur Marc Rozenblat, membre du conseil national professionnel de médecine du sport : « L’activité sportive est basée sur l’échange de flux thermiques entre le corps chaud et l’environnement un peu plus frais. Quand la température extérieure devient supérieure à celle du corps [ndlr : environ 37 degrés], le cerveau et le corps ne suivent plus. On leur impose une augmentation du rythme cardiaque et du débit pulmonaire mais avec moins de récupération. Il y a alors un réel risque d’hyperthermie, de coma et même de décès pour les athlètes qui se donnent à fond comme si la température était plus raisonnable. »

Les quelques précautions prises n’y ont rien fait, que ce soit les tentes de la Croix-Rouge placées tous les 200 mètres ou les gélules ingérées par les athlètes pour surveiller la température corporelle. Le marathon féminin (voir tweet ci-dessus) a enregistré un record d’abandons puisque 28 des 68 coureuses n’ont pas franchi la ligne d’arrivée lors du premier jour de compétition. Certaines d’entre elles ont même été évacuées sur des fauteuils roulants. La gagnante, la Kenyane Ruth Chepngetich, a d’ailleurs réalisé le chrono le plus lent de l’histoire des Mondiaux, en 2h32.

Au 50 kilomètres marche masculin (voir vidéo ci-dessous), le champion du monde en titre Yohann Diniz fait partie des quatorze athlètes à avoir abandonné. Pour s’entraîner dans des conditions décentes et éviter la chaleur étouffante à l’extérieur, le Français en a d’ailleurs été réduit à fouler les couloirs de son hôtel. Le recordman de la discipline n’a pas mâché ses mots pour décrire sa situation, s’estimant être être pris pour un « cobaye ».

Des précautions à prendre pour le Mondial 2022

Dans un peu plus de trois ans, le Qatar accueillera la Coupe du monde. Pour la première fois de l’histoire du trophée, la compétition n’aura pas lieu en été mais juste avant l’hiver et tous les stades seront climatisés pour assurer une température légèrement supérieure à 25 degrés lors des matchs. Ce ne sera pas la première fois qu’elle se tiendra dans un pays chaud : en 2014, l’édition brésilienne avait été marquée par la mise en place de « pauses fraîcheur » pour permettre aux joueurs de s’hydrater lors des rencontres.

Bien qu’il s’agisse d’un sport nécessitant un effort différent par rapport aux courses de fond, le football et l’organisation de sa compétition phare au Qatar sont aussi sources d’inquiétudes. Marc Rozenblat préfère penser que le pays hôte tirera les enseignements de ces Mondiaux d’athlétisme : « La récente expérience a bien montré au Qatar qu’il est impossible de pratiquer le sport dans de telles conditions. De plus, il est évident qu’aucun risque ne sera pris avec les fooballeurs : ils s’entraîneront dans les stades climatisés où ils disputeront leurs matchs afin d’éviter tout effort sous des températures extrêmes. »

Coupe d’Asie des clubs : premier match arbitré par un trio féminin

Le football féminin se développe peu à peu. / Crédit : Pixabay

 

C’est une première dans l’histoire de la Coupe d’Asie des clubs, l’équivalent asiatique de la Ligue Europa. Mercredi 15 mai, le match opposant le club de Yangun United (Myanmar) à celui de Naga World (Cambodge) sera la première confrontation à être arbitrée par un trio entièrement féminin, a annoncé aujourd’hui la Confédération asiatique de football.

La rencontre, qui aura lieu au stade Thuwunna de Rangoun (Myanmar), sera dirigée par l’arbitre centrale japonaise Yoshimi Yamashita, assistée par ses compatriotes Makoto Bozono et Naomi Teshirogi. La présence de femmes dans le corps arbitral de la compétition n’est pas nouvelle et remonte à 2014, mais c’est la première fois que des femmes n’officieront pas uniquement qu’en tant qu’arbitres-assistantes.

Valentin Berg avec AFP