Pourquoi les théories du complot plaisent-elles tant ?

Najat Vallaud-Belkacem présentait aujourd’hui un nouveau plan de lutte pour réagir face aux théories du complot visant les jeunes. La ministre de l’Éducation s’alarmait en janvier 2014 qu’un jeune sur cinq adhère aux théories du complot. Plus largement, le think thank Counterpoint déclarait en 2014 que près de la moitié des Français adhéreraient, à différentes échelles, aux théories du complot. Tristan Mendès-France, spécialiste des nouvelles cultures numériques et du conspirationnisme explique pourquoi ces théories ont de plus en plus de succès.

  • Comment naît une théorie du complot ? 

Tristan Mendès-France : Le terreau des théories conspirationnistes, c’est une actualité très forte avec un impact significatif sur la population comme les attentats ou les crashes d’avion. Il suffit d’utiliser quelque chose de visuel, comme une vidéo, apportant des preuves de sa théorie et de la diffuser un maximum. Les réseaux sociaux jouent donc un rôle majeur. Si le contenu fait le buzz, il aura des chances de paraître sur des sites complotistes influents comme Egalité et Réconciliation. Mais beaucoup utilisent aussi Twitter pour interpeller les gens individuellement. En persuadant quelqu’un, cette personne relaiera certainement la théorie à son tour, et pourra convaincre sa communauté.

  • Pourquoi y adhère-t-on ?

Pas mal de gens ont du mal à accepter l’actualité anxiogène dans laquelle ils sont plongés. Dans le cas des attentats commis par l’Etat islamique, la logique derrière leurs actions n’est pas claire. On ne comprend pas où sont les bénéfices à tuer des civils. Ce n’est pas comme s’ils gagnaient du terrain lors d’un conflit militaire. Du coup, les gens ont du mal à rationaliser une action presque irrationnelle et se persuadent alors qu’il y a une explication derrière.

Mais il y a des publics plus fragiles que d’autres. Certains, par égocentrisme, diront « on ne me la fait pas à moi ». Eux seront convaincus d’avoir découvert la vérité dans la myriade d’informations qui les entoure. D’autant plus qu’il y aura un « effet mouton » ensuite. Il intègrera une communauté qui le confortera dans ses idées.

Évidemment, les jeunes sont une proie facile. Ils sont à un âge où ils sont emplis d’animosité envers le monde entier et en quête de leur identité. Cela les rend plus influençables. D’autant plus que les complotistes affichent clairement l’envie de viser l’audience de demain avec des vidéos percutantes.

  • Qu’est ce qui explique que le nombre d’adeptes soit de plus en plus important ?

Internet est le monde de tous les possibles. Or, les sites qui publient des informations à contre-courants, piquantes, engagées, plairont toujours. Surtout que souvent les versions des faits paraissent plus excitantes que les versions officielles. Par nature, l’alternative attire le regard. Et aujourd’hui, quelqu’un de mal averti peut facilement se faire avoir. Nous avons accès à l’ensemble des médias du monde. Quelqu’un qui cherche des informations sur Internet pourra tomber aussi bien sur Le Monde que sur Russia Today. Dans les deux cas, il pensera que l’information est fiable venant de médias nationaux. Pourtant Russia Today relaie régulièrement des théories du complot. Du coup, plus de personnes adhèrent aux théories complotistes car elles sont plus visibles. Mais, au fond, ce n’est que le ventre mou du conspirationnisme. Au coeur, il n’y a toujours qu’un faible nombre de personnes.

Propos recueillis par Cyrielle Cabot

 

 

Pour ses 10 ans, Le Bon Coin se réinvente

Le site leader dans les petites annonces fait peau neuve. Au programme : cap vers l’application mobile ainsi que vers l’offre d’emplois en ligne.

 

A picture taken with a fish-eye lens on May 20, 2014 in Paris shows the classifed advertisement website Leboncoin.fr. AFP PHOTO/JOEL SAGET / AFP / JOEL SAGET

Dix ans après sa création, en avril 2006, Le Bon Coin est devenu le leader des petites annonces entre particuliers. Avec 23 millions de visiteurs uniques par mois, le site se situe parmi les cinq sites les plus consultés de France, derrière Google et Facebook.

Si le succès du site n’est plus à faire, son design, lui, laissait pour le moins à désirer. Jugé “vieillot” par Antoine Jouteau, le directeur général du site, le logo ainsi que la « homepage » ont été modernisés. Testée actuellement en version bêta auprès de 1% des utilisateurs, la nouvelle version sera accessible à tous d’ici à un mois.

Au-delà de l’aspect purement esthétique, une version mobile va être mise en place. “ Plus de 55 % des consultations passent déjà par les mobiles, un taux qui pourrait monter à 70 % en fin d’année. Face à ce basculement, il devenait urgent de revoir le site”, confiait Antoine Jouteau au journal Le Monde.

Investir le marché de l’emploi

Autre défi pour le site : diversifier son catalogue d’offres. Aujourd’hui présent dans l’automobile, les biens de consommation en général et l’immobilier, le site entend rajouter une corde à son arc, celle de l’emploi. Le site qui propose déjà quelque 190 000 offres d’emploi en ligne, va mettre en place une offre plus complète notamment axée sur les cadres.

Le marché de l’emploi reste cependant très concurrentiel. Cadremploi, Regionsjob ou encore LinkedIn sont eux aussi présents sur ce créneau. Mais pour le dirigeant du site Le Bon Coin, il n’y a pas de soucis à se faire car à ce jour,  95% des offres déposées sur les sites concurrents concernent uniquement des postes d’employés ou d’ouvriers.

A.D.P.

 

La cyberviolence en hausse chez les jeunes

Kantar Media vient de publier un chiffre surprenant : 2 insultes par seconde sont publiées sur les réseaux sociaux. L’injure est reine sur le web et ce sont les jeunes qui en font les frais en premier. La cyberviolence persévère et les « haters » prolifèrent grâce à la protection de l’anonymat.

crédits Margaux Malinge
crédits Margaux Malinge

« Pute », « salope », connard »,… Les insultes fusent sur les réseaux sociaux. Une étude publiée début février par Kantar Media* révèle que les messages offensants sont en hausse de 3 points en un an seulement, de 2014 à 2015. Selon Respect Zone, une association qui lutte contre la cyberviolence, presque un adolescent sur deux avoue s’être déjà fait injurier ou harceler sur le web. Ceux qu’on appellent les « haters » (ceux qui haïssent, ndlr) se font de plus en plus fréquents sur internet : Respect Zone comptait 14 880 signalements en 2013, contre 10 000 l’année précédente. Mais un tiers des jeunes se retient d’en parler.

Aujourd’hui plus que jamais, les solutions se font urgentes. Respect Zone a notamment lancé un label ainsi qu’un plug-in original pour ridiculiser les haters au lieu de leur donner un quelconque crédit.

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Le gouvernement teste ses “radars leurres” dans le Pas-de-Calais

Cars drive past a fixed speed camera on November 08, 2013 on the A1 motorway near Lille, northern France. AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN / AFP / PHILIPPE HUGUEN
Un radar installé à Lille, en 2013. Photo AFP / PHILIPPE HUGUEN

 

A quoi ressemble ce vrai-faux radar ?

Il en existe deux. Le premier prend la forme d’une cabine classique mais dans laquelle il n’y a pas forcément un dispositif de mesure de la vitesse. Certaines seront donc vides, et impossible pour l’automobiliste de savoir lesquelles. Les dispositifs seront régulièrement déplacés dans les cabines de telle sorte à varier les zones à couvrir.

Le second radar, signalé par un panneau, est lui aussi susceptible d’être vide. Pas de multiplication des radars donc. Ce modèle sera expérimenté en 2017.

 

Quelle mise en place ?

Onze cabines ont été déployées sur 37 km sur la départementale 939 entre Aubigny-en-Artois et Le Parcq, à l’ouest d’Arras (Pas-de-Calais). Pour une raison simple : cette portion est un nid à accidents. En 5 ans, on dénombre 6 morts et 28 blessés graves.

Entre 10 000 et 12 000 radars leurres doivent être installés en France dans le cadre du projet dévoilé en octobre dernier par le gouvernement. A titre de comparaison, 4 200 radars sont actuellement en service. Le dispositif doit donc permettre de quadrupler le nombre de zones couvertes par des radars.

 

D’où vient cette curieuse idée ?

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la Suisse ont déjà appliqué ce système. La ville de Genève a ainsi installé 156 emplacements… mais seulement 15 radars. Une mesure qui permet de réduire les dépenses de la commune sans perdre en efficacité. Plus près de nous, à Melgven, dans le Finistère, certains riverains excédés par la vitesse des automobilistes avaient installé une “poubelle customisée”. Convaincant, mais la police n’avait pas apprécié la chose.
Louis Mondot