Présidentielle 2017 : Jean-Luc Mélenchon fait cavalier seul

Jean-Luc Mélenchon a annoncé mercredi 10 février au 20h de TF1 sa candidature à la présidentielle 2017. Une candidature spontanée sans concertation avec le bureau politique du Front de gauche. 

 

Credit photo : Afp
Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2017. Credit photo : Afp

 «Le rythme s’est accéléré. Je propose ma candidature pour l’élection présidentielle de 2017». C’est avec ces mots que Jean-Luc Mélenchon s’est porté candidat. Contrairement à sa candidature en 2012, il partira seul cette fois-ci. Le député européen a comparé sa démarche à celle du candidat à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders. Il compte, comme lui, concentrer sa communication sur Internet pour rallier les électeurs. En 2012, il avait eu la faveur des électeurs communistes à l’occasion de la primaire du Parti communiste, après d’âpres débats dans le parti. Cette fois, entre les divergences grandissantes et la décision d’agir seul de l’eurodéputé, il aura plus de mal à l’obtenir… s’il l’obtient. Une réunion est prévue mardi 16 février entre PS et PCF (Parti communiste français). La question qui se pose est la suivante : Mélenchon sera-t-il présent ? Rien n’est moins sûr. Cela fait un peu plus de deux ans qu’il n’a plus assisté à des réunions du Front de gauche. Pour convaincre, le candidat a lancé sur sa chaîne YouTube, une émission Web intitulée Pas vu à la télé. L’objectif : mettre en avant «des personnalités et des sujets qui n’ont traditionnellement pas d’espace dans les grands médias audiovisuels»

Jean-Luc Mélenchon a précisé que  « tout le monde peut se joindre à (lui) pour travailler sur le programme ». Pendant son allocution, le candidat a d’ailleurs dévoilé son slogan de campagne : « la France insoumise », ainsi qu’un logo et un site internet .

 

En France, des personnalités « sans étiquette » sont fréquemment candidates lors des élections municipales. Ces candidats se présentent très rarement lors d’élections nationales. Cela fut le cas pour José Bové en 2007 et Réné Dumont en 1974. Le score de ces candidats a toujours été timide. Seule exception : Raymond Barre qui aura réussi à fédérer plus de 5 millions de votants.

 

Mais avant de spéculer sur le nombre de voix qu’il est en position d’obtenir, Jean-Luc Mélenchon doit d’abord réunir les 500 signatures, sans quoi il ne pourra même pas se présenter. Il devra les obtenir sans l’appui du Parti communiste français (principal allié de son Parti de gauche au sein du Front de gauche). Totalisant 11,10 % des voix (3 984 822 voix) au premier tour , Jean-Luc Mélenchon est arrivé quatrième à l’élection présidentielle de 2012. Dans son blog, l’essayiste Jacques Sapir, affirme que la candidature du député européen est une évidence et un acte de défiance contre le « régime des partis ». Il ajoute que “la décision de Jean-Luc Mélenchon peut le libérer des compromis qu’il était obligé de passer quotidiennement et qui avaient fini par l’étrangler. »

Un autre obstacle financier pour l’eurodéputé 

Mais puisque l’argent demeure le nerf de la guerre, même pour le farouche ennemi de la finance, pour mener sa campagne, Jean-Luc Mélenchon aurait besoin de financements. Une campagne sur les réseaux sociaux ne suffit pas. Faire campagne seul demande un budget conséquent. Pour le réunir, le candidat s’en remet à ses partisans. Il a demandé un prêt bancaire, qui devrait probablement lui être accordé. Le candidat ne pourra par ailleurs rembourser ses dépenses et les frais de sa campagne que s’il dépasse la barre fatidique des 5 %.

Wassim Sabri Alem 

 

Ayrault, Cosse, Placé… La liste du nouveau gouvernement Valls

La composition du nouveau gouvernement a été annoncée par l’Élysée. Il comporte 38 ministres et secrétaires d’État, 19 hommes et 19 femmes. Parmi lesquels, beaucoup de petits nouveaux mais aussi quelques revenants.

(COMBO) This combination of pictures created on February 11, 2016 shows former French Prime minister Jean-Marc Ayrault (L) on April 1, 2014 in Paris and French Foreign Affairs minister Laurent Fabius taken on January 11, 2016 in Paris. French President Francois Hollande has chosen former prime minister Jean-Marc Ayrault to take over as foreign minister replacing Laurent Fabius, several sources said on February 11, 2016. / AFP / KENZO TRIBOUILLARD AND PATRICK KOVARIK
Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius / AFP / KENZO TRIBOUILLARD AND PATRICK KOVARIK

 

On l’attendait, le voilà. Le nouveau gouvernement Valls a été dévoilé cet après-midi par l’Élysée. Au total, dix ministres ou secrétaires d’État rejoignent les rangs du gouvernement, quatre autres s’en vont. Le point.

Les entrants

Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères
Jean-Michel Baylet (PRG), ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales
Emmanuelle Cosse (EELV), ministre du Logement et de l’habitat durable
Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la communication
– Barbara Pompili (ex-EELV), secrétaire d’État chargée des Relations internationales sur le climat (Élysée)
– Juliette Méadel, porte-parole du PS, nommée secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes
– Jean-Vincent Placé nommé secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État
– Ericka Bareigts, députée de la Réunion, nommée secrétaire d’État chargée de l’Égalité réelle
Estelle Grelier, député de la Seine-Maritime, nommée secrétaire d’État chargée des Collectivités territoriales
Hélène Geoffroy, députée PS, nommée secrétaire d’État chargée de la Ville

 

Les sortants

Laurent Fabius quitte le ministère des Affaires étrangères et rejoint le Conseil constitutionnel et est remplacé par Jean-Marc Ayrault
Sylvia Pinel quitte le ministère du Logement et est remplacée par Emmanuelle Cosse
Marylise Lebranchu, quitte le ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique
Fleur Pellerin, quitte le ministère de la Culture et est remplacée par Audrey Azoulay

 

 

EN DIRECT Remaniement : découvrez le nouveau gouvernement

Un nouveau gouvernement a été annoncé ce jeudi 11 février après-midi. Il marque l’arrivée de la patronne des Verts Emmanuelle Cosse ainsi que de l’ex Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Revivez avec nous le live des évènements.

Live Blog Suivez le remaniement en direct
 

Remaniement : beaucoup de bruit, pas de vraie stratégie

Le départ de Laurent Fabius vers la présidence du Conseil constitutionnel, acté ce matin, entraînera logiquement un remaniement ministériel. Depuis une dizaine de jours, beaucoup de noms ont été avancés dans les médias pour désigner les futurs ministres, sans que le flou ne soit levé. Que nous apprennent ces noms sur la stratégie gouvernementale ? Décryptage.

Laurent Fabius a annoncé son départ du ministère des Affaires étrangères à l'issue du Conseil des ministres. Crédit STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Laurent Fabius a annoncé son départ du ministère des Affaires étrangères à l’issue du Conseil des ministres.
Crédit STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Fin janvier, Bruno Le Roux, le patron des socialistes à l’Assemblée nationale, l’avait déjà annoncé : un remaniement aurait lieu dans les semaines à suivre. Ses propos étaient d’ailleurs corroborés par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui annonçait le changement pour « après le 10 février ». Ce qui nous amène donc à … tout de suite après.

Le départ de Laurent Fabius du ministère des Affaires étrangères étant un secret de polichinelle, les spéculations sur le nom de son remplaçant au Quai d’Orsay sont allées et vont encore bon train. Outre Laurent Fabius, Sylvia Pinel, actuelle ministre du Logement, a fait part de son souhait de quitter le gouvernement très bientôt pour se concentrer pleinement sur son nouveau rôle de vice-présidente de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Deux places à prendre, donc, et beaucoup de bruit. Pour rien ? Peut-être, car les refus essuyés par François Hollande pourraient bien faire de ce remaniement un classique jeu des chaises musicales, et donner un gouvernement dénué d’ancrage stratégique.

  • Ségolène Royal : l’hypothèse la plus probable pour le Quai d’Orsay ?

Le nom de l’actuelle ministre de l’Écologie est peut être celui qui a le plus circulé. Et non sans raison : grâce à son poste, elle est beaucoup intervenue sur la scène internationale, rencontrant de nombreux chefs d’États importants. La ministre a gagné une véritable stature internationale en quelques années, qui lui donne la crédibilité pour le rôle. Encore proche de François Hollande, loyale, sa nomination permettrait de s’assurer de la continuité de la présence de pro-gouvernements au sein de l’exécutif.
Pourtant, Ségolène Royal n’a pas tout à fait le profil : réputée pour son caractère entier, elle n’est pas vraiment ce que l’on qualifie de « diplomate ». L’incident diplomatique tout juste évité après sa sortie sur Nutella en est la preuve la plus récente.
Pas de précipitation tout de même : dans les colonnes de Challenges, Nicolas Domenach raconte « l’union sacrée contre Ségolène Royal ». Diplomates et politiques lui reprocheraient, entre autres, d’être une femme (!) et une grande gueule un peu potiche. Rien n’est joué, donc.

  • Martine Aubry : un poids lourd à la gauche de la gauche

« J’ai cru à un gag », aurait dit la maire de Lille au quotidien La Voix du Nord. Non, elle n’a pas demandé à faire parti du gouvernement, et non, elle n’y entrera pas, malgré les informations que délivrait Le Parisien en début de semaine. Sa nomination à la tête du Quai d’Orsay n’aurait pourtant pas déplu à Laurent Fabius. En décembre 2014, alors que tous deux participaient à une conférence de presse, il avait déclaré : « Martine est une amie de longue date. Sur la politique internationale, il n’y a aucune différence d’approche. » Sur la politique internationale, peut-être, mais la maire PS de Lille n’a pas caché son désaccord avec la politique menée par le chef de l’État. Récemment, elle s’est déclarée hostile à la déchéance de nationalité, dénonçant une mesure qui divise et qui porte atteinte au principe d’égalité.
Il reste que Martine Aubry, qui représente encore pour beaucoup la gauche de la gauche à l’heure où la ligne socialiste est battue en brèche par le gouvernement, pourrait justement permettre un recentrage. Après le départ de Christiane Taubira, le gouvernement actuel est orphelin d’une personnalité forte ancrée à la gauche de la gauche. Martine Aubry aurait donc pu logiquement remplir ce rôle.

  • Placé, Pompili, De Rugy et Baylet : miser sur l’ouverture

En plein procès Cahuzac, le timing n’aurait pû être meilleur : la Haute Autorité pour la transparence de la vie politique (HATVP), chargée de passer au peigne fin les déclarations fiscales des futurs ministres et élus, aurait reçu de la bouche du Président l’ordre d’inspecter les finances d’un certain nombre de personnes, non communiqué par l’organisme. Si les noms, eux non plus, n’ont pas été divulgués, Delphine Gouédard, chef adjointe du service politique d’iTélé, annonce sur Twitter que les noms de Barbara Pompili, Jean-Vincent Placé, Emmanuelle Cosse et Jean-Michel Baylet ont été transmis par l’Elysée à la HATVP.


Point commun de ces personnalités : elles se situent toutes plus à gauche que le gouvernement. La preuve de l’intérêt de François Hollande pour une ouverture de son gouvernement. A un peu plus d’un an de l’élection présidentielle, et alors que de nombreuses voix à gauche s’élèvent pour qu’une primaire soit mise en place, le chef de l’État a plutôt intérêt à donner des gages à l’aile gauche en lui ouvrant la porte du gouvernement.

Trois des quatre noms cités sont des écologistes. Emmanuelle Cosse, patronne d’EELV, est peut-être la plus improbable. Cette écologiste n’est pas pro-gouvernement, et sa nomination, si elle constituerait une belle prise pour François Hollande, serait nécessairement soumise à condition. On pense notamment à l’arrêt du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pour Emmanuelle Cosse, entrer au gouvernement serait pourtant une prise de risque énorme. Déjà mise à mal par les nombreux départs dans son parti, elle risque le désaveu de ceux qui lui sont restés fidèles. Barbara Pompili, qui a quitté les Verts justement fin septembre, serait peut-être plus pratique pour François Hollande. Plus à gauche que le gouvernement, elle serait une caution d’ouverture qui ne nécessiterait a priori pas de contreparties. Mais la députée de la Somme a voté contre la déchéance de nationalité, affichant ainsi son opposition à la politique gouvernementale.

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Résultat du vote sur l’article 2 du projet de révision constitutionnelle, relatif à la déchéance de nationalité. Capture d’écran du site de l’Assemblée Nationale

Parmi les frondeurs d’EELV restent Jean-Vincent Placé et François de Rugy. Le nom du second n’a a priori pas été évoqué, mais il a exprimé mardi 9 février son souhait que le remaniement « soit un remaniement d’élargissement », qui pourrait donc inclure les écologistes. Jean-Vincent Placé a lui aussi proposé ses services à l’Élysée. Lundi 8 février, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement a indiqué que « des écologistes authentiques » avaient leur place au gouvernement.

Quant à Jean-Michel Baylet, sa nomination au sein de l’exécutif ne fait que peu de doutes. Le président des radicaux de gauche remplacerait le départ de Sylvia Pinel. Les rumeurs annoncent qu’il voudrait un grand ministère, et d’aucuns pensent qu’il récoltera l’Agriculture, Stéphane Le Foll souhaitant en effet s’en écarter.

  • Nicolas Hulot : le choix de la popularité

Arrivé en tête du sondage Ifop pour le JDD le 31 janvier dernier sur les personnalités politiques préférées des français, Nicolas Hulot a tapé dans l’œil des Français. La moitié des sondés veulent le voir jouer un rôle de premier plan au cours des prochaines années, et leur appel semblait avoir été entendu par François Hollande. Proche du président, l’écologiste avait été reçu mercredi dernier à l’Élysée. Il se serait vu promettre le poste de Ségolène Royal, qui inclut, outre l’écologie, l’énergie et les transports. Battu à plate couture par Eva Joly à la primaire écologiste en 2011, Nicolas Hulot a décidé de s’écarter de la politique politicienne, si présente en période pré-électorale. Sur Twitter, il a annoncé son refus d’entrer au gouvernement. Dommage, car l’ancien envoyé spécial de l’État pour la protection de la planète aurait pu être un choix rassembleur.

  • Elisabeth Guigou : le choix de Laurent Fabius

La présidente de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée Nationale a les faveurs du ministre sortant. Compétente, spécialiste des affaires européennes (elle a longtemps ambitionné un poste à Bruxelles), elle est clairement taillée pour le rôle. En outre, François Hollande a besoin de rétablir la parité au sein de son gouvernement. Seul problème : si près de l’élection présidentielle, le chef de l’État a besoin d’un gouvernement de campagne. Hors Elisabeth Guigou, 69 ans, n’est plus vraiment dans le jeu politique.

  • Ayrault et Fekl : relancer l’amitié franco-allemande

Les deux hommes partagent un point commun : ils sont germanophones et maitrisent la culture allemande. Un vrai point fort pour atterrir au Quai d’Orsay et un bénéfice considérable pour la relation franco-allemande. Jean-Marc Ayrault serait le plus à même des deux à enfiler les habits de ministre des Affaires Étrangères, lui qui a déjà connu les arcanes du pouvoir en tant que Premier ministre. Matthias Felk, secrétaire d’État au Commerce extérieur, a certes la cote chez les diplomates de Berlin, mais il est encore jeune (38 ans) et totalement inconnu du grand public. Un manque d’expérience qui le place donc plutôt dans la peau d’un outsider.

Lisa Boudet