Avec Virginie Calmels mais sans les cadors du parti : à quoi rime la course à la présidence des Républicains ?

Elle pourrait finalement peut-être bien briguer la présidence des Républicains. Mercredi en fin de journée, l’ancienne vice-présidente du parti Virginie Calmels a appris que sa suspension était levée par le tribunal judiciaire de Paris. Quelques jours après avoir annoncé sa candidature le 23 août dernier, Virignie Calmels s’était vue interdire de participer au scrutin, qui doit se dérouler le week-end du 3 et 4 décembre. La faute à un renouvellement tardif de sa cotisation. Ayant seulement statué en urgence, la justice n’a pas encore examiné l’affaire sur le fond.

Lancée en politique par Alain Juppé, dont elle a été la première adjointe à la mairie de Bordeaux entre 2014 et 2019, Virginie Calmels devrait donc rejoindre la course à la présidence du parti. Bruno Retailleau, président des Républicains au Sénat, Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, Aurélien Pradié, député du Lot, et Serge Grouard, maire d’Orléans, sont également en lice. Pour plusieurs responsables politiques de droite, son arrivée est une bonne nouvelle. « Toutes les candidatures sont bonnes à prendre », selon Louis Bontemps, responsable des jeunes du Lot et soutien d’Aurélien Pradié. « Elle défendra sûrement une autre ligne, si toutefois elle parvient à réunir les parrainages », nuance-t-il. Il est en effet impératif de recevoir l’approbation 485 adhérents ainsi que dix parlementaires afin de se soumettre au vote des militants.

Julien Aubert, député du Vaucluse entre 2012 et 2022, y voit pour sa part un gâchis médiatique. « On aurait pu s’économiser un feuilleton judiciaire », maugrée-t-il. Lui aussi salue cependant cette décision qui doit permettre à l’ancienne conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine de prendre la tête du parti en décembre. « Virginie Calmels a de la personnalité, elle l’a prouvé en menant cette action en justice », loue-t-il. De la personnalité. N’est-ce pas ça justement qui manque cruellement à cette droite qui n’a remporté aucune élection nationale depuis 2007 et la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle ? Pour inverser la tendance, le nouveau président des Républicains devra parvenir à imposer une nouvelle offre politique, dans l’espace réduit qui lui est laissé par Emmanuel Macron à sa gauche et Marine Le Pen à sa droite. Après les 4.8% de Valérie Pécresse au premier tour de l’élection présidentielle en avril dernier, Louis Bontemps estime le parti « en danger de mort ». « On ne parle plus à personne : les retraités, les actifs, les jeunes, les mondialistes et les irréductibles … Je ne me suis pas engagé en politique pour faire 8% », assène-t-il., Pour Julien Aubert, la victoire d’Éric Ciotti, qui incarne l’aile droite du parti, aurait un effet « répulsif », et « entraînerait le départ d’un certain nombre de personnes ». Soutien de Bruno Retailleau, l’ancien député juge que le président des sénateurs LR tient la meilleure ligne politique par les idées qu’il défend. « Je ne crois pas au jeunisme », conclue-t-il en référence à Aurélien Pradié, 36 ans. Alexandre Saradjian, responsable des jeunes avec Éric Ciotti, juge au contraire que son champion permettrait à la droite de « retrouver ses valeurs ». « Éric souhaite revenir aux fondamentaux du RPR, en rupture avec la politique des dernières années », observe-t-il.

De gauche à droite : Bruno Retailleau, Eric Ciotti et Aurélien Pradié à la rentrée des jeunes LR à Angers le 4 septrmbre 2022. ©Jacques Witt/SIPA

Ou sont les cadres ?

Dans un parti en quête d’identité, les principales figures de la droite sont aux abonnés absents dans la course à la présidence. Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou encore Nicolas Sarkozy. Autant de cadors du parti qui n’ont pas souhaité se positionner. Pour Alexandre Saradjian, ce renouvellement est une bonne chose. « Il est souhaitable que d’autres personnes prennent le relais », le jeune homme. Gare toutefois aux conclusions hâtives. S’ils ne se présentent pas à la tête du parti, certaines figures de LR espèrent bien compter à l’avenir. Comme le rappelle Julien Aubert, l’ombre de Laurent Wauquiez plane ainsi sur la candidature d’Éric Ciotti. « Il le met beaucoup en avant, sûrement parce qu’il pense que ça peut lui apporter la victoire. Mais pas sûr que cela suffise », relève-t-il. Contraint à démissionné de la présidence du parti après le naufrage de la liste conduite par François-Xavier Bellamy aux européennes en 2019, Laurent Wauquiez ne souhaite pas reproduire la même erreur. Idem pour Xavier Bertrand, battu lors de la primaire de la droite en amont de l’élection présidentielle, et qui préfère se concentrer sur la gestion de la région des Hauts-de-France dont il est président. Quant à Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, elle aussi croit encore en ses chances de revenir sur le devant de la scène malgré sa défaite au printemps. Pour Julien Aubert, Valérie Pécresse et Nicolas Sarkozy « n’avaient pas à se présenter, car ils ont déjà perdu l’élection présidentielle par le passé« . Chez LR, l’erreur de jugement est peut-être de continuer de penser que la présidence du parti donne lieu automatiquement à un strapontin pour le scrutin suprême qui décide la vie politique du pays.

Violence sexistes : après l’affaire Quatennens, malaise et désillusion des militants

Dans le prolongement du communiqué dans lequel le député Insoumis, Adrien Quatennens reconnait avoir donné une gifle à sa compagne, plusieurs militants ont décidé de quitter le parti. D’autres choisissent de rester. Au delà de cette affaire, tous s’interrogent :  comment établir les critères d’exemplarité de leurs représentants ?

 

« La gauche n’est pas imperméable aux questions de violences, notamment dans les instances de pouvoir. » estime François Fouchet, militant LFI

 

« J’annonce le retrait de mon engagement à LFI et suis la tribune de la #RelèveFéministe ! Nous, les militant⸱e⸱x féministes, nous exigeons la FIN de l’impunité des agresseurs en matières de violences masculines dans le milieu politique et militant. » Ce tweet d’internaute est l’un des nombreux à avoir inondé la toile depuis qu’Adrien Quatennens, député de la France Insoumise a reconnu, dans un communiqué, avoir donné une gifle à sa compagne de laquelle il divorce. Alors que plusieurs figures politiques, dont le leader du parti Jean-Luc Mélenchon, sont accusés de lui avoir apporté son soutien, plusieurs militantes ont décidé de quitter le parti. Certaines se sont réunis autour d’un nouveau collectif en ligne « Relève Féministe » qui a récemment publié une tribune dans le journal Libération. Celle-ci revient sur plusieurs affaires de violences sexuelles, sexistes mais aussi de comportement jugés inappropriés qui touchent la gauche depuis plusieurs mois. En jeu  : la question de l’exemplarité des représentants politiques. 

« Ça a jeté l’opprobre sur tout le parti »

Si plusieurs partis de gauche comme la France Insoumise (LFI) ou Europe Écologie Les Verts (EELV), ont fait de la lutte contre les violences faites aux femmes, un de leur chevaux de bataille, ils restent également concernés par des scandales de violences sexistes et sexuelles. L’affaires Quatennens, n’a, en effet, rien d’un cas isolé. Elle fait suite à des accusations qui ont touché Eric Coquerel (LFI), Taha Bouhafs (LFI) ou encore très récemment Julien Bayou (EELV), mis en retrait de la présidence du groupe parlementaire. Un constat qui n’étonne pas Sihem, 23 ans, militant au parti écologiste : « Il faut déconstruire cette image de la gauche irréprochable. Quand on entre au parti, on est tous animés par la soif de progrès. Mais à terme, le vernis s’écaille, notamment dans la réalité du comportement des hommes au sein des partis. » Idem pour Simon, 35 ans. Ce militant LFI ne croit pas aux « chevaliers blancs« , dès lors qu’on admet que « les violences patriarcales sont systémiques, et ce, même si l’on s’inscrit dans une ligne progressiste. » 

Pour d’autres, c’est une sensation d’inconfort voire de gâchis qui est partagée. François Fouchet est encarté auprès de la France Insoumise depuis janvier 2022. Etudiant en sociologie, il a choisi de s’engager pour enfin passer à l’action. Ce qu’il reproche au parti, c’est la mauvaise gestion et communication vis-à-vis de ces affaires. Il fait notamment référence au tweet de Jean-Luc Mélenchon qui, suite au communiqué d’Adrien Quatennens, a fait part de « sa confiance et de son affection » pour le député. « Ce qui m’énerve, c’est que cela jette l’opprobre sur tout le mouvement et tout le parti. D’une certaine manière, je suis frustrée qu’un tweet puisse faire autant d’effet par rapport à des heures de travail et de tractage. C’est notamment grâce aux militants que nous avons eu un tel résultat aux législatives et que les gens nous ont fait confiance. »

Etudiante en communication politique, Victoria n’est pas militante au parti écologiste. Forte de ses « convictions profondes », elle a toutefois été bénévole auprès de Julien Bayou lors des dernières élections législatives. Après sa mise en retrait du parti après un signalement d’une commission interne pour violences psychologiques envers son ex-compagne, elle fait part de son « inconfort » : « Je ressens une forme de malaise. Je l’ai rencontré et j’ai trouvé qu’il ne correspondait pas à la manière dont il est décrit par les affaires qui le touchent. Il défend ardemment les idées féministes. Et même si je suis attachée à la présomption d’innocence, le fait son ex-compagne ait vraisemblablement fait une tentative de suicide m’interroge. On ne peut pas ignorer ce qui a été révélé. » 

« Accorder leur parole à leurs actes » 

« La chose la plus insidieuse à gauche est que les hommes se déclarent alliés de la cause féministe pour mieux se retourner contre la victime. En coulisses, ils ne respectent pas leur parole » confie Sihem, membre du collectif « Relève Féministe. » Pour elle, il rester difficile d’assurer l’exemplarité des représentants politiques. Pour y tendre, elle compte néanmoins sur « un changement paradigme dans la culture militante et politique. » Elle propose notamment le renforcement de formations autour de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.  Héloïse Gilquin, militante LFI va également dans ce sens. Pour elle, il serait judicieux de faire appel à des « associations féministes qui correspondent aux idées du programme du parti. »

Pourtant, l’affaire Quatennens prouve que la question des violences sexistes et sexuelles va au-delà du cadre d’un parti politique. Aujourd’hui, c’est ce qui se passe dans la vie privée qui est en jeu. Si le député Insoumis reconnait avoir fait preuve de violence envers sa compagne, d’autres affaires comme celles de Julien Bayou ne relèvent pas, pour l’heure d’accusations légalement répréhensibles, ni même d’accusations publiques. Aussi, à quel moment le politique doit-il agir l’intime ? Les militants sont partagés. Certains comme Simon estiment que la priorité est de lutter pour que « la loi protège les femmes » avant de respecter la vie intime. D’autres comme Victoria évoquent leur déception vis à vis du « brouhaha politico médiatique : la militante écologiste Sandrine Rousseau est de bonne foi mais elle tente de se substituer à la justice. J’ai été déconcertée qu’elle révèle à la télévision les accusations qui visaient Julien Bayou. Aucun respect des procédures, aucune bienveillance. »  François Fouchet, quant à lui, pose une limite claire en la personne de Benjamin Grivaux : en 2020, ce candidat aux élections municipales investi auprès de la République en marche avait du se désister après la divulgation d’une sex-tape par un activiste russe : « Il n’y a pas eu de violence mais forcément, ça l’a impacté. En moins de 24 heures, sa vie professionnelle , politique et personnelle était finie. C’est sa vie privée qui a été jetée en pâture, et seulement pour des raisons d’affichage. Je ne souhaite cela à personne. »

Perla Msika 

 

 

Tesla rappelle plus d’1 million de véhicules à cause d’un problème de sécurité lié aux vitres

Le 27 juin 2022, en Californie (États-Unis). Plus d’1 millions de TESLA ont été rappelés en raison d’un risque de pincement lié au dispositif de sécurité de vitres électriques. (© Justin Sullivan/ AFP)

Le constructeur américain de voitures électriques Tesla procédera à une mise à jour à distance. Plusieurs modèles seraient concernés.

La compagnie automobile Tesla, du milliardaire Elon Musk, a rappelé 1,1 millions de véhicules en raison d’un risque de pincement lié à son dispositif de sécurité de vitres électriques.

Dans un courrier adressé au groupe californien mercredi et publié ce jeudi, l’agence de la sécurité routière américaine (NHTSA) met en lumière une défaillance. Pour cause, sur plusieurs modèles de la marque, le système de détection censé éviter un obstacle lorsqu’il rencontre une vitre est susceptible de ne pas s’enclencher correctement. Alors, cela pourrait favoriser divers incidents.

Ce dysfonctionnement potentiel augmente le risque de blessure des conducteurs ou des passagers, dont les doigts pourraient se retrouver coincés. Les véhicules concernés sont certains Model 3 construits entre 2017 et 2022, des Model Y (2020-2021), des Model S (2021-2022) ainsi que des Model X (2021-2022).

Une mise à jour sera effectuée gratuitement

Tesla va procéder à une mise à jour à distance, gratuite, du logiciel pour se mettre en conformité avec les régulations fédérales sur les véhicules motorisés. Des courriers pour notifier les propriétaires seront envoyés à partir du 15 novembre.

La compagnie a déjà procédé à plusieurs rappels aux États-Unis cette année pour modifier à distance des logiciels potentiellement problématiques.

Avant cela, ces mises à jour ont longtemps été effectué sans prévenir les utilisateurs ou les régulateurs, mais il fait face depuis quelques mois à une attention accrue de la NHTSA, qui a notamment lancé une enquête l’an dernier à la suite de plusieurs collisions avec des véhicules d’urgence.

Le groupe d’Elon Musk dit ne pas avoir connaissance d’accident, de blessure ou de décès provoqué par cette possible défaillance.

 

Imane Lyafori avec l’AFP

 

Iran : les autorités coupent l’accès aux réseaux sociaux après 6 jours de protestations et 31 morts

Le 21 septembre 2022, à Téhéran (Iran). Des manifestations ont lieu dans le pays depuis 6 jours. (© AFP)

En Iran, les autorités ont bloqué l’accès à Instagram et WhatsApp après six jours de protestations contre la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs. Au moins 31 personnes ont péri selon l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

Depuis le début des manifestations qui secouent l’Iran, les connexions sont ralenties et l’accès à Instagram et WhatsApp a été ensuite bloqué. « Sur décision des autorités, il n’est plus possible d’accéder à Instagram depuis mercredi soir. L’accès à WhatsApp est également perturbé », a annoncé l’agence de presse Fars.

Cette mesure a été prise à cause « des actions menées par des contre-révolutionnaires contre la sécurité nationale via ces réseaux sociaux », selon Fars. Instagram et WhatsApp étaient les applications les plus utilisées en Iran depuis le blocage des plateformes comme Youtube, Facebook, Telegram, Twitter et Tiktok ces derniers années. De plus l’accès à Internet est largement filtré ou restreint pas les autorités.

Le décès de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a suscité de vives condamnations dans le monde alors que les ONG internationales ont dénoncé une répression « brutale » de manifestations. À la tribune de l’ONU ce mercredi, le président des États-Unis Joe Biden s’est dit solidaire des « femmes courageuses d’Iran ».

Le bilan monte à 31 morts

Au moins 31 civils ont été tués depuis le début de manifestations, réprimées par les forces de sécurité, rapporte l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

Comme d’autres ONG internationales et l’ONU, Amnesty International a dénoncé une « répression brutale ». Elle a fait état « d’un recours illégal aux tirs de grenailles, billes d’acier, gaz lacrymogène, canons à eau et coups de bâton pour disperser les manifestants ».

Lors des protestations dans plusieurs provinces d’Iran, des manifestants ont incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et militants. La police a riposté par des gaz lacrymogènes et arrêté un nombre indéterminé de personnes.

Les femmes « au devant de la scène »

Des experts des droits humains de l’ONU ont condamné « le recours à la violence physique contre les femmes » ainsi que les « perturbations d’Internet dictées par l’Etat ». Ces perturbations « font généralement partie des efforts visant à étouffer la liberté d’expression et à limiter les manifestations », ont-ils déclaré dans un communiqué.

Des images ont montré des manifestants résistant aux forces de l’ordre. Les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l’on voit des femmes mettre le feu à leur foulard. « Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité! », ont crié des manifestants à Téhéran, leurs slogans ayant été repris par solidarité à New York ou à Istanbul.

 

Pour Mahtab, une maquilleuse de 22 ans coiffée d’un foulard orange qui laisse voir ses cheveux, interrogée à Téhéran, « le foulard doit être un choix, on ne doit pas nous forcer ». Azadeh Kian, professeur de sociologie à l’université Paris Cité et spécialiste de l’Iran, explique : « ce qui est inédit dans ces manifestations c’est qu’on retrouve les femmes au devant de la scène ».

Les protestations des derniers jours sont parmi les plus importantes en Iran depuis celles de novembre 2019, déclenchées par la hausse des prix de l’essence, en pleine crise économique. Une centaine de villes avaient été touchées par une contestation, sévèrement réprimée. Le bilan officiel est de 230 morts, plus de 300 selon Amnesty International.

Imane Lyafori avec AFP