La planète Mars entre mythes et réalités

Mars est à l’honneur de la dernière exposition du Palais de la découverte, à Paris. Une planète à l’origine de nombreux mythes et fantasmes, qui attise la curiosité des hommes depuis plusieurs siècles.

La planète Mars vue par un rover, lors de l'exposition du Palais de la découverte.
La planète Mars vue par un rover, lors de l’exposition du Palais de la découverte.

Un sol aride, couleur ocre, des étendues vides à perte de vue. À l’aide d’un parcours sensoriel et interactif, la nouvelle exposition du Palais de la découverte offre un voyage à quelque 60 millions de kilomètres de la Terre, sur la planète Mars. Le visiteur, plongé dans une ambiance obscure agrémentée de bruitages digne des meilleures épopées intergalactiques, réalise ainsi un rêve que caresse l’homme depuis des siècles. « Cette planète a toujours été visible à l’œil nu. Depuis que nous avons levé les yeux et regardé le ciel, nous sommes fascinés par Mars », raconte Nora Redani, commissaire de l’exposition.

Jusqu’en 1965, on estimait qu’une vie similaire à celle existant sur Terre pouvait s’y être développée. Un fantasme qui s’est traduit à de nombreuses reprises dans l’art, et en particulier dans la science-fiction. La fameuse intervention radiophonique d’Orson Wells annonçant une invasion martienne et la panique qui en a suivi témoignent de la puissance de cette légende des petits hommes verts.

Un monde hostile et mort

Depuis, Mars a révélé quelques-uns de ses nombreux secrets. Et la réalité est pour le moins éloignée de la fiction : les premières découvertes scientifiques ont fait état d’un monde hostile et mort. Les villes artificielles imaginées par Ray Bradbury dans ses Chroniques martiennes semblent alors bien loin. Les premières photographies envoyées par les sondes Mariner témoigneront d’un sol constellé de cratères et, surtout, d’une absence d’eau à l’état liquide en surface, contrairement à ce que présageait jusque-là la communauté scientifique.

La curiosité qu’attise la planète rouge n’a pas faibli. « C’est vraiment incroyable. L’exploration spatiale, c’est quelque chose qui me fait rêver » confie Michèle, une retraitée venue visiter l’exposition. Arrivé sur son sol en mars 2012, le rover Curiosity passionne le Net et de nombreux internautes ont suivi en direct son atterrissage. Ses premières conclusions ont même permis d’envisager à nouveau une vie extraterrestre. En effet, les données envoyées ont permis de conclure que Mars a été habitable il y a quatre milliards d’années grâce à la présence d’eau sous forme de lac et de rivières, depuis disparus. Autre facteur de vie potentiel, de l’azote a été retrouvé ainsi que du méthane, une molécule organique notamment produite par des êtres vivants. Fin septembre, la Nasa a annoncé avoir des preuves confirmant la présence actuelle d’eau liquide. Hier, elle a publié une vidéo prise par Curiosity permettant pour la première fois de découvrir la planète en réalité virtuelle.

Coloniser Mars ?

Ces découvertes ont tenu en haleine le grand public au fil des années. Ce mardi 9 février, les visiteurs sont nombreux en ce jour d’ouverture de l’exposition Explorez Mars. Et chacun a son avis sur la question : « Moi, je suis sûre qu’il y a de l’eau sur Mars. Ce n’est pas juste une légende urbaine ! » affirme une mère à sa fille au cours de la visite. Céline, venue avec ses deux enfants, ne regrette pas le déplacement : « C’est très ludique pour les enfants et, même moi, j’ai appris plein de choses. On se pose toujours beaucoup de questions sur Mars. Qu’est-ce qu’il y a vraiment ? Est-ce qu’on pourra y aller un jour ? ».

Une interrogation qui est sur toutes les lèvres. La proximité spatiale de cette planète considérée comme la cousine de la Terre a depuis longtemps poussé les scientifiques à y envisager une colonie humaine. C’est même le pari du projet Mars One, qui ambitionne d’y emmener des hommes en 2025. Pour Nora Redani, la commissaire de l’exposition, ce jour n’est pourtant pas encore arrivé. « Cela ne se fera pas de notre vivant, ni de celui de nos enfants. Pour l’instant, c’est impensable. L’homme n’est pas encore prêt à faire un voyage de huit mois dans l’espace. » Pour s’en rapprocher d’un peu plus près, il faudra donc, en attendant, se contenter de cette expédition virtuelle.

Laura Daniel

[DIAPORAMA PHOTO] Visitez l’exposition Explorez Mars :

À Levallois, une expo qui redonne la foi

La mairie de Levallois-Perret aurait-elle oublié le principe de laïcité? Depuis 10 jours, une photo grand format de La Mecque trône dans le hall d’entrée de L’Hôtel de Ville. Et juste en haut de l’escalier principal, les Dix Commandements sont projetés autour du buste de Marianne. Mais aucune inquiétude, il n’est pas question de remettre en cause la loi de 1905. En fait, le bâtiment accueille jusqu’au 21 février l’exposition « Il était une foi(s)« , sur le thème des religions. L’occasion pour les visiteurs de découvrir ou redécouvrir les liens unissant les trois principales croyances monothéistes. 

Continuer la lecture de « À Levallois, une expo qui redonne la foi »

Pourquoi le Hellfest fait-il peur ?

Hier, la Région de la Loire retirait la subvention de 20 000 euros accordée au célèbre Hellfest Summer Open Air. Depuis 2006, le festival fait vibrer la campagne de Loire-Atlantique avec la venue de plus de 150 000 mordus de metal, de hard rock ou de punk. Régulièrement montrés du doigt, les adeptes de ces genres musicaux ne semblent pas faire l’unanimité. Pourquoi le Hellfest fait-il peur ?

 

Singer of US heavy metal band "Down" Phil Anselmo performs with his band during the Hellfest Heavy Metal Music Festival on June 17, 2011 in Clisson, western France. AFP PHOTO/FRANK PERRY / AFP / FRANK PERRY
Singer of US heavy metal band « Down » Phil Anselmo performs with his band during the Hellfest Heavy Metal Music Festival on June 17, 2011 in Clisson, western France. AFP PHOTO/FRANK PERRY / AFP / FRANK PERRY

 

C’est aux alentours du petit village de Clisson que chaque année le Hellfest installe ses scènes géantes. Devenu une référence en matière de « musiques extrêmes », le festival brasse des chiffres colossaux : plus de 150 000 visiteurs, six scènes, et surtout 16 millions d’euros de budget. Alors que l’édition 2016 est en pleine préparation, le deuxième festival de France se voit secoué d’une polémique. Phil Anselmo, le chanteur du groupe de métal Down, apparaît dans une vidéo où il fait un salut nazi pendant un concert à Los Angeles au mois de janvier dernier. Un geste qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des politiques de la région, qui ont demandé le retrait du groupe à l’affiche du Hellfest 2016. Ce que Ben Barbaud, co-organisateur du festival, a refusé. Sur son compte Facebook, Laurence Garnier, présidente de la Commission Culture à la Région, écrit : « Je suis profondément choquée que Ben Barbaud refuse de déprogrammer Phil Anselmo, mais surtout qu’il considère que c’est « quelqu’un de bien ». Un reproche alourdi par d’autres nombreuses controverses souvent associées aux « metalleux » : racisme, extrême-droite, parfois marginalisation, voire satanisme de la part de groupes religieux traditionalistes.

« Tout part d’une grande ignorance »

Pour Phil’Em All, animateur du Rock-Fort Show sur AIR RADIO et interrogé par le Celsa Lab, il existe une méconnaissance totale de ce monde de la part du grand public. « Tout est construit sur des imageries. Mais les groupes en jouent également. Pour moi, c’est plus de la provocation, c’est sur cela qu’est principalement construit ce style de musique, c’est une musique provocante ! » Et de préciser que « oui, il existe des groupes de black metal où il y a un vrai culte dans les pays nordiques, mais ce ne sont pas ceux qui sont au Hellfest ». Aurélie , 24 ans, interrogée par le Celsa Lab, est une fan de metal plutôt assidue. Elle a connu le festival dans ses premières années : après y avoir assisté de 2007 à 2012, elle y retourne l’an dernier, en 2015. « Je n’ai jamais connu ou entendu de propos tels quels, juste des rumeurs. Et puis quand on dit qu’on écoute du metal, on a tendance à vite être catégorisé : « Ah, toi t’écoutes ça, t’es ce genre de personne ! »

Phil’Em All va même plus loin : pour lui, le message véhiculé dans les chansons n’est pas à prendre en compte. « Le hard rock est apolitique. Quand je passe des musiques à l’antenne, je n’écoute pas le message de la chanson, je porte de l’intérêt à la musique. Je peux autant passer des groupes qui ont tendance à être vus d’extrême gauche comme d’extrême-droite ». C’est la même chose pour Aurélie : « Il ne faut pas faire d’amalgames. Je veux juste apprécier la musique, je me fiche du message ».

« C’est une bonne excuse pour faire chier le Hellfest »

Si le Hellfest fait peur, serait-ce donc à cause de ceux qui s’y rendent ? Phil’Em All évoque également l’ampleur qu’a pris le festival ces dernières années. « C’est une musique qui a une durée de vie de quarante ans, elle a un public de 7 à 77 ans, c’est un véritable folklore. » Mais depuis le succès du festival, le metal attire plus l’attention du grand public. « Le Hellfest a beaucoup évolué. Au début, l’organisation laissait vraiment à désirer mais il y avait des groupes un peu moins connus, aujourd’hui l’organisation est géante mais c’est devenu plus commercial, plus connu » raconte Aurélie. Un événement gigantesque qui a n’a pas manqué de faire réagir aussi les médias, souvent accusés par les « metalleux » de caricaturer leur univers.

L’an dernier, l’émission Capital sur M6 avait réalisé un reportage sur le Hellfest très controversé. Dès le début, la journaliste annonçait la couleur : « Des hordes de zombies gothiques débarquent sur la ville. (…) Pendant quatre jours, plus de 100.000 visiteurs aux looks parfois effrayants débarquent à Clisson. La petite cité se métamorphose en décor de film d’horreur« . Pour Aurélie, si les politiques, les journalistes et mêmes les gens se montrent critiques, c’est parce que « plus on devient connu, plus on a d’ennemis ». Une idée qui se retrouve chez Phil’Em All : « Des polémiques, il va sûrement y en avoir plein encore ! Au moins, on parle du festival, en bien ou en mal, et c’est déjà ça ».

Mathilde Pujol