Des associations anti-nucléaires s’inquiètent de l’avenir de la centrale du Tarn-et-Garonne après la découverte de rejet radioactif.
C’est un « événement significatif pour l’environnement ». Dans un communiqué publié lundi, EDF a révélé un incident survenu le 19 octobre à la centrale nucléaire de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne. Pendant deux minutes, de 18h55 à 18h57, l’un des deux réacteurs de la centrale a libéré des gaz radioactifs dans l’atmosphère. « Une centrale nucléaire rejette en permanence ce type de gaz » explique Jean-Pierre Delfau, président de l’association France Nature Environnement dans le département. « Mais il y a un seuil à ne pas dépasser, fixé à 4 milliards de Becquerels (l’unité de calcul de la matière radioactive) par mètre cube. » Lundi, le rejet a été de 136 milliards de Becquerels, déclenchant les alarmes de la centrale.
Le 19 octobre, la centrale #nucléaire de #Golfech (82) a dépassé seuil de 4 millions de Becquerels rejetés par m3 !https://t.co/S8gUiHBxuE pic.twitter.com/cW7EKKDRCL
— Sortir du nucléaire (@sdnfr) 25 octobre 2016
Contacté par téléphone, EDF n’a pas souhaité répondre mais expliqué dans son communiqué que la source de l’incident serait de nature humaine. L’erreur d’un employé qui aurait laissé échappé une trop grande quantité de gaz au niveau des conduits d’eau. Mais l’incident n’a été rendu publique que cinq jours plus tard, lorsque EDF a prévenu l’Autorité de Sécurité nucléaire, chargée de surveiller le sûreté nucléaire du pays, et la Commission Locale d’Information, l’organisme qui suit l’impact des activités humaines sur l’environnement. Pour les associations de défense de l’environnement, le délai est inacceptable. « La loi oblige EDF a déclarer ce type d’événement sans délai » indique Jean-Pierre Delfau. Réunis par les organismes Sortir du nucléaire et France Nature Environnement, neuf associations ont décidé de porter plainte.
« Désinformation volontaire »
Parmi ces structures, l’Association Française des Malades de la Thyroïde (AFMT), a déjà connu des situations similaires lors des événements de Tchernobyl. « Nous avons porté plainte pour des questions morales, parce qu’il y a un défaut de protection de la population, une désinformation volontaire » ajoute Chantal L’Hoir, présidente de l’association.
Autre point de tension, l’Autorité de Sûreté Nucléaire a classé l’incident au niveau 0 sur l’échelle INES, signifiant un « écart ». Pour les associations, l’événement de la centrale de Golfech devrait être classé au niveau 3, « incident ».
L’inquiétude reste vive autour de l’avenir de la centrale. « Si elle commence à aller mal, qu’ils ont déjà du mal à gérer les réacteurs alors que l’hiver commence à peine, on se dit que ça va mal finir », indique Chantal L’Hoir, présidente de l’AFMT. De son côté, EDF a rencontré hier soir les associations lors d’une assemblée générale à Pommevic, à 7 kilomètres de la centrale Golfech, mais la situation n’a pas progressé. Les dirigeant des neufs associations s’attendent à une bataille par avocats interposés.
Clara Griot