Alexis Landot, le grimpeur de la verticalité urbaine

©Lyam Bourrouilhou

Alexis Landot, grimpeur urbain de l’extrême, repousse les limites de l’escalade en défiant les gratte-ciel sans équipement et sans assistance. Il a gravi les plus imposantes tours de Paris : Montparnasse, Mercuriales, Total, Alto ou encore Ariane. Regard sur une discipline rare, pour les passionnés en quête d’adrénaline.

Ni baudrier, ni corde, ni assurage… C’est mains et pieds nus qu’Alexis Landot escalade les sommets urbains. Né à Paris, le prodige de la grimpe voit les gratte-ciels comme des montagnes à conquérir : « je n’ai pas de falaise à proximité de chez moi. J’ai alors transformé la ville en un terrain de jeu, comme je l’ai fait avec le parkour, étant plus jeune« , (ndlr : une pratique acrobatique qui consiste à franchir des obstacles citadins sans l’aide de matériel). Gravir les buildings devient son objectif.

Il quitte ses études de graphisme et s’entraîne environ cinq jours par semaine : « Je n’ai pas de coach. Je fais 80% d’escalade et 20% de renforcement musculaire, de la force pure en traction, et tenir le poids le plus lourd« , explique le jeune de 23 ans. Les buildings hauts d’environ 210 mètres nécessitent une bonne résistance physique sur la durée : « Je fais des aller et retour en bloc pendant 30 minutes sans m’arrêter« . Ces entraînements intensifs ne sont pas sans risques : le jeune homme a notamment souffert d’une tendinite au coude résultant d’un surentraînement.

Risquer la mort, mais de façon réfléchie

Alexis Landot trace son chemin de grimpe à l’état naturel, seul et sans assureur, afin de tout contrôler.  « Mes proches connaissent mon attrait pour la prise de risques contrôlée et me voient comme quelqu’un de prudent, mais qui prend des risques« , d’ailleurs chacune de ses ascensions est chorégraphiée.

Un tel exploit nécessite le contrôle des émotions : « Je ne pense pas à ce qui pourrait se passer. Je pense aux mètres qui me séparent de la fin. Quand je grimpe, je mets mes peurs de côté, une main, un pied, une main, un pied. tout est calme, je n’ai pas d’émotions. C’est pas le chaos, c’est l’ordre. Chaque chose à sa place, c’est génial ! » La réussite ou la mort, sans assurance, le grimpeur est maître de ses gestes. De caractère anxieux, il trouve une paix intérieure et une certaine tranquillité dans la grimpe urbaine.

Le deuxième « Spider-Man » français 

Le jeune homme est l’un des premiers élèves d’Alain Robert, célèbre grimpeur urbain surnommé le « Spider-Man », qui a gravi sa première tour à Chicago en 1994. Ce métier reste encore peu pratiqué dans le monde : « ça ne sera jamais démocratisé comme le ski hors-piste, en termes de pratique, mais peut-être plus dans les médias« .

À la fin de l’effort, Alexis atteint le sommet de l’immeuble, les doigts presque ensanglantés, il pousse un souffle de soulagement. Comme souvent, il est attendu en haut par la police et quelques heures de garde à vue. Cette pratique est illégale : « Je ne fais rien d’immoral. Je suis le seul à faire ça en France, donc il n’y a pas de souci« . Ses exploits physiques sont tolérés. Contrairement à l’escalade classique, l’escalade urbaine ne dispose pas de système de cotation pour évaluer la difficulté : « il faudrait créer une nouvelle échelle de cotations, mais on n’est pas assez nombreux à pratiquer ».

Alexis Landot est conscient qu’il peut influencer des jeunes à franchir le pas, mais il privilégie la réflexion individuelle : « Chacun est responsable de sa vie. Je suis le seul responsable de mes actes, de mes pensées et de mes actions. Je ne m’interdis pas de faire ma passion, par le simple fait que les gens peuvent prendre des risques. La société est la conséquence collective de nos actions individuelles. Le changement est individuel, ce n’est pas au groupe de changer pour nous ».

Un métier en dehors des sentiers tout tracés

Youtubeur, Instagrameur, grimpeur, athlète, sportif, Alexis Landot collectionne les casquettes. « Je ne fais pas d’argent avec ma passion, mais grâce à l’image qu’elle renvoie », précise-t-il. Il est vu comme un sportif sans pour autant participer à des compétitions. Sa pratique n’est pas encadrée par une fédération. « Je suis un sportif à part. J’aime l’escalade avant tout, c’est ce qui compte. Le sport, c’est entre nous et nous même, ça ne regarde personne », témoigne Alexis, qui aime profiter du sport seul. Le grimpeur ne reçoit jamais de proposition de sponsoring, car il est le seul dans sa discipline : « je n’insiste personne à la consommation, car ma communauté n’est pas faite pour l’achat de matériel de sport ». Il aime cependant gérer ses réseaux sociaux et converser par messages avec ses fans.

Alexis Landot continue d’écrire sa légende sur les buildings. Vivre, c’est avant tout prendre des risques. L’ascensionniste espère bien ouvrir de nouvelles portes, comme, le cinéma, l’événementiel, la publicité, ou encore tenir des conférences. Pour le jeune homme, ce n’est pas mission impossible.

Mathilde Debarre

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