Le Brésil est le pays d’Amérique latine le plus sévèrement touché par la pandémie Covid-19, mais le président Jair Bolsonaro continue de s’opposer aux mesures de confinement.
Avec 4.000 morts et 50.000 personnes officiellement contaminées, le covid-19 touche de plein fouet sur le Brésil et ses 210 millions d’habitants. Des chiffres avancés par certains journaux sont encore plus alarmants : 15.000 personnes auraient déjà succombé au virus. Au vu de l’importance de l’épidémie, l’état de Sao Paulo a fait creuser 13.000 tombes supplémentaires.
Malgré ces données, le président d’extrême-droite Jair Bolsonaro persiste à minimiser l’importance de l’épidémie et à combattre les mesures de confinement mises en place par les gouverneurs. À l’encontre de toutes les recommandations sanitaires, le chef de l’Etat continue à prendre des bains de foule et à serrer des mains, sans aucun masque. Des images le montrent même en train de tousser sur des personnes venues écouter son discours.
De l’aveuglement à l’affaiblissement
Le président de la République affirmait début avril, que ses compatriotes résistaient à tout : «Vous voyez des types plonger et se baigner dans les eaux d’égout, n’est-ce pas ? Et ils n’attrapent rien. ». En qualifiant la pandémie de « grippette », Jair Bolsonaro a publié, le 25 mars, un décret avec la liste des secteurs essentiels ne pouvant être touchés par les mesures de confinement. Parmi eux, les activités religieuses. Dans une interview donnée à la radio début avril, il préconisait une journée de jeûne religieux pour « délivrer le Brésil du mal » Covid-19. Depuis, il continue à exhorter la population à se rendre au travail.
Selon un sondage, près des deux tiers des Brésiliens restent néanmoins chez eux. La population semble plutôt écouter les gouverneurs. « Ne suivez pas les conseils du président », a déclaré celui de l’État de Sao Paulo. Le gouverneur de la région a ordonné un strict confinement à ses 44 millions d’administrés. Sur les vingt-sept Etats que compte le pays, vingt-quatre d’entre eux, représentant plus de 200 millions d’habitants, ont restreint les déplacements et imposé la distanciation sociale.
La gestion de la pandémie affaiblit Jair Bolsonaro politiquement. Le ministre de la Santé, favorable au confinement et aux mesures sanitaires recommandées par l’OMS, a été limogé le jeudi 16 avril. Le ministre de la Justice a aussi claqué la porte du gouvernement le 24 avril, en dénonçant l’ « ingérence politique » du président de la République dans les affaires judiciaires. Certains considèrent que les accusations de l’ancien juge anti-corruption pouvaient motiver une destitution du chef de l’État.
Thibault CLEMENT