Organisation de la Copa America : les pays sud-américains se renvoient la balle

La Colombie et l’Argentine qui devaient organiser la compétition de football se sont désistées. C’est le Brésil qui a maintenant été désigné par les organisateurs du tournoi, alors qu’il est le pays où le Covid tue le plus sur le continent.

Le stade Arena das Dunas à Natal, Brésil. ©Pedro Menezes/Pixabay

Elle avait déjà été reportée l’année dernière. Le sera-t-elle une nouvelle fois ? La Copa America qui réunit les équipes des pays d’Amérique du Sud est censée débuter le 13 juin mais les coorganisateurs colombiens et argentins se sont retiré, l’un dû aux troubles sociaux et l’autre à la situation sanitaire du Covid. Malgré la situation sanitaire, c’est finalement le Brésil qui devrait accueillir l’événement.

La Colombie a annoncé ne pas pouvoir participer à l’organisation de la plus grande compétition sud-américaine. Les mouvements populaires anti-gouvernement qui animent le pays ne permettent pas d’accueillir sereinement le tournoi. Dix jours après, ce lundi 31 mai, l’Argentine décide également de se retirer de l’organisation : la crise sanitaire a pris trop d’ampleur dans le pays.

Après ces désistements, la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) explique avoir choisi un nouvel hôte dans un communiqué : le Brésil. Le président de l’organisation sportive assume ce choix sur Twitter : « Aujourd’hui, nous avons reçu le ferme soutien des membres du Conseil de la CONMEBOL, qui ont approuvé à l’unanimité la proposition d’accueillir la Copa America 2021 au Brésil. »

Le Brésil hésite

Seulement, le pays ne semble pas prêt pour accueillir la coupe au vu de la situation sanitaire dramatique. Le Brésil est durement touché par la crise sanitaire qui a fait près de 500 000 victimes depuis son apparition. Devant les vives critiques de la population, le gouvernement a réagi : « Il n’y a rien d’arrêté pour le moment, je tiens à le préciser très clairement », a déclaré le secrétaire du gouvernement Luiz Eduardo Ramos.

La circulation du virus est assez similaire dans son intensité dans les deux pays bien qu’en Argentine, les nouveaux cas soient beaucoup plus nombreux selon les chiffres récents : 670 000 par jour dans le pays de Lionel Messi contre moins de 300 000 pour la patrie de Neymar.

Au niveau des nouveaux décès, le Brésil subit un plus lourd tribut, avec 12 000 décès contre 3000 en Argentine la dernière semaine de mai. Ce qui fait dire au député d’opposition brésilien Marcelo Freixo que le gouvernement brésilien ne privilégie pas le bien-être de ses citoyens : «  Un tournoi international comme celui-ci représente un risque énorme n’importe où et ne devrait même pas avoir lieu. La différence, c’est que le gouvernement argentin valorise la vie de ses citoyens. » Il répondait au vice-président du pays Hamilton Mourão qui a avancé que le Brésil possédait les infrastructures nécessaires pour répartir les matchs et limiter les risques.

Le tournoi doit commencer dans une dizaine de jours et l’hôte de la compétition n’est toujours pas arrêté. Le Brésil devrait donner sa réponse définitive dans les prochains jours.

Lucile Trihan Coignard

Raoni en tournée européenne pour alerter sur la déforestation

Le légendaire chef indigène Raoni Metuktire entame aujourd’hui une tournée en Europe de sensibilisation aux enjeux de la déforestation en Amazonie.
Le chef indigène combat pour les droits des peuples indigènes depuis plus de 40 ans./ Geraldo Magela – Agência Senado – Creative Commons

Arrivé hier à Paris, il entreprend un voyage de trois semaines pour s’entretenir avec différents chefs d’États européens, ainsi que le Pape François. Il rencontrera le président français, Emmanuel Macron, et son ministre de l’environnement François de Rugy dans les prochains jours avant de se diriger, accompagné de trois autres chefs de la région du Xingu, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, à Monaco, en Italie et au Vatican où une rencontre avec le Pape François est prévue. 

Celui qui a autrefois écumé les festivals et salles de concerts avec le chanteur Sting pour alerter sur la déforestation en Amazonie, tentera de collecter un million d’euros pour la protection de la réserve de Xingu. Véritable « île verte », celle-ci abrite 25 communautés autochtones du Brésil. L’objectif : réhabiliter le périmètre de la réserve d’environ 1700 km. 

Le combat de toute une vie 

Raoni Metuktire combat la déforestation depuis plus de 40 ans. C’est le film « Raoni » réalisé par Jean-Pierre Dutilleux, sélectionné à Cannes en 1977 et aux Oscars en 1978, qui le fait connaître du grand public. Grâce à son abnégation et une tournée mondiale organisée en 1989 par l’association Forêt Vierge, dont le siège est à Paris, la Grande Réserve du Xingu a été créée et officialisée par un décret présidentiel brésilien en 1993. 

Depuis il continue son lutte pour la reconnaissance des droits des indigènes et la protection de leurs terres. Un combat qui s’avère de plus en plus difficile à mener depuis l’élection de Jair Bolsonaro comme président du Brésil en janvier dernier. Ce dernier entend ouvrir les territoires autochtones à l’exploitation minière et agricole ainsi qu’un assouplissement des normes d’octroi de permis d’exploitation forestière. 

LIRE AUSSI > Le poumon de la planète menacé depuis l’élection de Bolsonaro

Raoni Metuktire sera ce soir sur le plateau du journal de France 2 en amont de sa rencontre avec Emmanuel Macron.

Thomas Coulom

Amazonie : le poumon de la planète menacé

L’arrivée au pouvoir en janvier dernier de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil a accentué les inquiétudes des défenseurs de la forêt amazonienne.
La forêt amazonienne possède la plus grande diversité d’espèces de la planète./ Crédit : Véronique Debord-Lazaro – Flickr

Le président d’extrême droite revendique une stratégie d’exploitation des sols et des forêts de l’Amazonie ainsi qu’une volonté d’acculturation violente des populations autochtones. En campagne il avait prononcé ces mots dans un discours : « Les minorités devront s’adapter à la majorité ou simplement disparaître. » Il s’est aussi engagé à retirer le Brésil de l’Accord de Paris sur le climat si Brasília ne conservait pas la pleine souveraineté sur l’Amazonie. Le président a également mis en place un processus de militarisation de la branche environnementale du gouvernement, en nommant  des cadres de l’armée à des postes clés. Son objectif : « Mettre fin au cadre idéologique du secteur, dirigé par des ONG (…) » 

Pour rappel, la déforestation, qui avait baissé de manière spectaculaire en Amazonie de 2004 à 2012, a augmenté drastiquement: +54% par rapport à janvier 2018, d’après l’ONG Imazon. La forêt amazonienne possède la plus grande diversité de la planète. On y compte un nombre impressionnant d’espèces : 40.000 de plantes, 3.000 de poissons d’eau douce, près de 1.300 d’oiseaux, 370 de reptiles. C’est la plus grande forêt pluviale au monde, elle représente 50% de la surface des forêts tropicales. 63% de cette forêt repose sur le territoire brésilien. 

Selon les projections du Fonds mondial pour la nature (WWF), si son exploration se maintient à ce rythme, 55% de sa surface aura disparu d’ici 2020. 

Thomas Coulom