Ce que l’Europe change dans notre vie quotidienne

Manque de clarté, technocratiques, déconnectées des réalités, les décisions de l’Union européenne apparaissent souvent abstraites pour les citoyens. Pourtant de nombreuses mesures régissent notre quotidien. Petit tour d’horizon à six jours du scrutin européen.
Monnaie unique, Erasmus, traçabilité des aliments, l’Europe intervient dans de nombreux pans de notre quotidien. / Crédits: Pixabay
  • Économie

C’est le symbole le plus fort de l’intégration européenne dans la vie quotidienne. L’euro, monnaie unique, est mise en service le 31 janvier 2001. Si tous les pays membres de l’Union européenne ne l’ont pas adopté, plus de la moitié des pays de l’Union – 19 au total – font partie de la zone euro. Cette monnaie est un vrai atout lors des voyages. Passer quelques jours en Angleterre revient souvent à plus cher que dans un pays de la zone euro. Nécessité de convertir le prix des produits de la livre sterling à l’euro, taxes au moment des paiements en cartes bleues, ces dépenses se font vite sentir.

  • Mobilité

Passer de la Belgique à la France en un pas est le quotidien de bon nombre de Français aujourd’hui. Mais sans l’Union européenne ces allers-retours ne seraient pas possible. L’espace Schengen, dont nous fêterons les 20 ans en 2020, permet une libre-circulation au sein des 26 pays de l’Union européenne et quatre Etats associés: la Suisse, la Norvège, l’Islande et le  Liechtenstein. Grâce à cet accord, tout citoyen de ces pays peut passer librement d’un pays à l’autre sans contrôle. Pas besoin de passeport donc pour passer de l’Allemagne à la France. Pas besoin de visa non plus pour les travailleurs ou les étudiants.

Erasmus justement. Depuis son lancement en 1987, neuf millions d’étudiants, de 13 à 30 ans, ont pu partir étudier dans une université ou école d’un pays de l’Union européenne. Apprendre une langue étrangère ou partir découvrir une nouvelle culture, les motivations sont nombreuses mais les moyens financiers ne suivent pas toujours. Grâce au renforcement du programme en 2013 avec Eramus +, et quinze milliards d’euros de budget alloués jusqu’à 2020, les étudiants bénéficient de prêts, à des conditions favorables, allant de 12 000 euros pour un semestre à 18 000 pour deux.

Toujours pour faciliter la mobilité des citoyens européens, en bannissant les restrictions tarifaires l’Europe a permis de voir émerger des compagnies lowcost permettant de voyager à bas coût. Et en cas de surréservation, ces compagnies, petites comme grosses, sont engagées au niveau européen à verser des compensations financières de 250 à 600 euros au voyageurs mécontents.

 

  • Consommation

Mais pas besoin d’aller bien loin pour se rendre compte de l’impact de l’Europe dans notre quotidien. Direction le marché ou le rayon fruits et légumes du supermarché. Les ardoises qui nous indiquent le prix des aliments et sont aussi là pour nous informer sur l’origine du produit. Fruits, légumes mais aussi poissons et viandes, l’Union européenne impose la traçabilité de ce que nous mangeons. Les industriels ne sont pas  laissés de côté. Des normes strictes encadrent les colorants, conservateurs et antixyodants tandis que les additifs sont soumis à une réglementation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments.

 

A l’heure du numérique, des mesures sont également prises pour garantir les droits des internautes. L’Union européenne permet de commander des produits sans droits de douane ni taxes supplémentaires. Elle protège également les consommateurs en leur permettant de renvoyer un produit acheté, sans justification, dans un délai de 14 jours. Et pour les appareils électriques, c’est bien deux ans de garantie mais seulement en cas de défaut de conformité.

 

  • Numérique et téléphonie

C’est l’un des plus grand chantier numérique de l’Europe. Entré en vigueur le 25 mai 2018, le RGPD ( Règlement général pour la protection des données) encadre la récolte, l’exploitation et la protection des données des internautes, avec en particulier une obligation de « consentement éclairé » pour le recueil des données. Les amendes peuvent s’élever jusqu’à 20 millions d’euros ou 4% du chiffre d’affaires annuel mondial des entreprises. Concrètement comment cela s’exprime ?  Pour nous, européens, contrairement aux Etats-Unis, il est interdit aux sites de récupérer nos données personnelles à des fins commerciales.

Grande nouveauté aussi depuis deux ans, des dispositions légales ont été prises à échelle européenne pour ne pas avoir à payer de frais supplémentaires, les fameux « frais d’itinérance » ou « roaming » lorsque l’on voyage d’un pays européen à l’autre.

  • Justice

La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a pour mission est d’assurer le respect des engagements souscrits par les États signataires de la Convention européenne des droits de l’homme. La compétence de la Cour s’étend donc à toutes les questions concernant l’interprétation et l’application de la Convention et de ses protocoles additionnels . La Cour peut être saisie d’une requête par un État ou « par toute personne physique, toute organisation non gouvernementale ou tout groupe de particuliers qui s’estime victime d’une violation » de ses droits ou libertés, garantis par la Convention. Elle a par exemple été saisie récemment par les parents de Vincent Lambert qui s’opposaient à un arrêt des soins. En rejetant leur demande, le lundi 20 mai, elle a enterré tout autre possibilité de rappel.

 

  • Environnement

Près de 26 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année à travers l’Union européenne. La Commission a adopté une loi afin de lutter contre la pollution plastique. Cette stratégie vise à assurer que chaque emballage plastique puisse être réutilisé ou recyclé d’ici 2030 et à réduire la consommation de produits plastiques à usage unique à partir de 2020. En attendant, l’Union européenne a déjà interdit depuis 2016 les sacs plastiques à usage unique dans les supermarchés.

 

 

 

Clara Gilles et Anne-Cécile Kirry

 

 

 

Élections européennes : « Pas d’enthousiasme particulier » à Neuilly-sur-Seine

A Neuilly-sur-Seine, les taux de participation sont entre 5 et 10% au dessus de la moyenne nationale./ Thomas Coulom
À J-6  du dimanche de vote des élections européennes en France, comment le scrutin se prépare-t-il dans les mairies ? Nous avons posé trois questions à Anthony Berget, directeur de la citoyenneté et du service des élections de la ville de Neuilly-sur-Seine.

À l’approche des élections, comment s’organise-t-on dans les services de la mairie ?

On s’occupe à plein temps des élections car il y a donc un grand nombre de tâches à accomplir. En ce moment, on reçoit les bulletins de vote. Auparavant il a fallu organiser la gestion des bureaux de vote. Les présidents sont désignés principalement parmi les élus de la ville, mais il y a aussi les assesseurs à désigner ainsi que des agents municipaux, qui sont extérieurs au service des élections, mais qui viennent prêter main forte aux élus  pendant le dimanche des élections. Il y a également toute une logistique à assurer, prenez par exemple toutes les personnes qui passent la journée aux bureaux de vote, ils ont besoin de manger. Il y a toute la logistique d’affichage, de livraison de bulletins aussi.
Les panneaux sont mis en place dès le début de la campagne. L’affichage a été réalisé en partie mais comme on est sur une élection avec beaucoup de listes tous les candidats n’ont pas forcément les moyens d’imprimer suffisamment d’affiches ou n’ont pas nécessairement les militants disponibles pour le collage. C’est pour ça que vous verrez finalement assez peu d’affiches sur les panneaux. Aujourd’hui quasiment toute la logistique est lancée en fait. On attend maintenant le dimanche.

Les élections européennes intéressent-elles vos concitoyens ?

Personnellement je ne considère pas que ce soient les élections les plus importantes, le parlement européen a acquis de nouvelles compétences certes, mais on reste sur un organe qui n’a pas le même pouvoir législatif qu’une assemblée ou un parlement national.
Autour de moi je ressens plutôt une désaffection grandissante pour le projet européen. Même chez les plus jeunes chez qui on ressentait plus de ferveur auparavant.

Je ne ressens pas forcément d’enthousiasme particulier y compris au niveau municipal.

Finalement il n’y a pas beaucoup plus de listes que lors des élections européennes précédentes. On est toujours sur une trentaine. Par rapport à une élection présidentielle, ou législative, on sent qu’il y a moins d’enjeux. Ça galvanise moins qu’une élection locale aussi, faute d’enjeux de proximité. On sent que ça rassemble moins. On a enregistré moins de demandes de procurations par exemple. L’année prochaine, pour les municipales, on en aura beaucoup plus.

Finalement, les élections européennes mobilisent-elles beaucoup de moyens pour pas grand-chose ?

En effet, le nombre de listes qui se présentent aux élections complique la tâche des organisateurs. 34 listes c’est autant de bulletins de votes, d’affiches, de programmes et de complications dans les bureaux de vote. Ça demande beaucoup de moyens. Je pense que beaucoup de personnes sont assez éloignés des institutions de Bruxelles. Dans l’esprit des citoyens français on reste sur une machine assez largement technocratique, avec un fonctionnement assez difficile à distinguer. La répartition des rôles des institutions restent flous pour la plupart des citoyens. Cette difficulté que les citoyens ont à saisir les enjeux de l’élection fait qu’on observe une dissonance entre les moyens mis en place et les taux de participation. A Neuilly-sur-Seine, on a environ 40 bureaux de votes pour accueillir 1000 électeurs par bureaux. Pour les 60.000 habitants de Neuilly, c’est une grosse logistique à mettre en place en effet. 500 personnes interviennent d’une manière ou d’une autre sur l’organisation du dimanche des élections. 300 personnes rien que pour les bénévoles et environ 120 agents municipaux. C’est une machine importante, pour toutes les communes de France même si nos organisations diffèrent.

Thomas Coulom

INFOGRAPHIE – Qui sont vos députés européens ?

De jeudi à dimanche, les 28 pays de l’Union européenne voteront pour élire 751 députés au Parlement européen. Ceux-ci, malgré leurs différences de langues et de nationalités, devront travailler ensemble et à voix égale pour les cinq prochaines années. Que savons-nous cependant de ces parlementaires qui nous représentent ? Âge, sexe, trajectoire de vie, quel est le profil-type du député européen actuel ?

Un homme d’environ 55 ans. C’est le profil-type de l’euro-député, d’après les statistiques du Parlement européen pour les élus de 2014 à 2019. Selon les chercheurs Willy Beauvallet, Sébastien Michon, Victor Lepaux et Céline Monicolle, de l’université de Strasbourg, le député européen actuel est aussi doté, a minima, d’un Bac +5 et il est issu des professions intellectuelles supérieures. Dans leur ouvrage Le Parlement européen au travail, les universitaires ont étudié l’évolution sociologique des élus européens de 1979 à aujourd’hui.

Ces chiffres cependant sont à remettre en contexte politique plus général. Ainsi, bien qu’il n’y ait que 36,2% de femmes au Parlement européen, cela représente bien plus que la moyenne nationale d’élues parlementaires des pays de l’Union, qui est de 25,4% seulement.

 

 

Audrey Dugast et Blandine Pied

VIDEO – En Espagne, les européennes vont-elles confirmer les législatives ?

 Renversement de la droite, arrivée de la gauche au pouvoir et montée de l’extrême droite ; des changements politiques majeurs s’opèrent en Espagne. Le scrutin du 26 mai s’annonce serré et pourrait ressembler à celui des élections régionales du 28 avril, à l’issue desquelles le PSOE (Parti socialiste espagnol) est sorti vainqueur.

 

Pedro Sanchez, actuel chef du gouvernement espagnol, à son arrivée en Argentine pour le G20. Crédits : Flickr

 

Depuis la tentative d’indépendance de la Catalogne le 1er octobre 2017, le paysage politique espagnol est en constante mutation. Les élections législatives du 28 avril ont confirmé cette tendance. Arrivé au pouvoir en juin dernier après qu’une motion de censure a été déposée contre Mariano Rajoy (PP), le leader du Parti socialiste espagnol Pedro Sanchez (PSOE) a permis à l’Espagne de redevenir le dernier bastion du socialisme en Europe.

Parallèlement, les élections du 28 avril ont également marqué l’arrivée au Parlement espagnol de l’extrême droite. Né il y a cinq ans, le parti Vox avait déjà glané 12 sièges au parlement andalou fin 2018 avant d’obtenir 10% aux législatives.

Alors, à quoi est dû ce regain d’énergie du parti socialiste ? L’arrivée de l’extrême droite en Espagne a-t-elle joué en faveur du PSOE ? Quelles sont les particularités du scrutin espagnol ?

L’année 2019 est riche en élections pour l’Espagne et ses habitants se rendront aux urnes pour la troisième fois le 26 mai prochain à l’occasion des élections européennes. Et cette année, Brexit oblige, les Espagnols n’éliront pas 54 mais 59 députés au Parlement européen. Alors à quoi faut-il s’attendre ? Le scrutin européen s’inscrira-t-il dans le prolongement de celui des élections régionales du mois d’avril ? Réponses en vidéo avec Adrien Grange.

Et en 2014, à quoi ressemblait l’échiquier ?

Le 25 mai 2014, les Espagnols ont élu 54 députés européens. Ces élections ont marqué la défaite du Parti populaire, qui a réalisé son deuxième plus mauvais score de l’histoire lors d’un scrutin européen, ainsi que celle du Parti socialiste espagnol qui est passé en dessous de la barre des 30% de suffrages exprimés. Les deux leaders historiques de l’Espagne se sont alors fait concurrencer pour la première fois par les petits partis, composés essentiellement par les coalitions régionalistes et indépendantistes. Ainsi, PSOE et PP ont seulement regroupés 49% des voix à eux deux alors qu’en 2009, ils avaient rassemblé 82% des suffrages.

Les élections de 2014 ont aussi permis à un député du parti nationaliste basque et à deux partis nationalistes catalans membres de Convergence et Union de siéger à Bruxelles.

 

 

 

 

Adrien Grange et Lise Boulesteix