Les Monsieur Madame s’exposent au musée en herbe !

Jusqu’au 20 janvier, l’univers du britannique Roger Hargreaves  est revisité par le mouvement Street Art. Les Monsieur Madame ont bercé des générations d’enfants aux quatre coins du globe. Plus de 40 ans après leur création, ces petits bonhommes de couleurs sont devenus intemporels.

« Regarde tous les Monsieur Madame qu’il y a maman ! », résonne dans les couloirs du musée. Du haut de ses 4 ans, Mina est une grande fan des personnages de Roger Hargreaves. Son préféré ? Madame Princesse. « C’est parce qu’elle est trop jolie ! Elle est rose et dorée. Ce sont mes couleurs préférées », explique-t-elle. Depuis le 4 octobre et jusqu’au 20 janvier prochain, le musée en herbe, à Paris, accueille l’exposition « Les Monsieur Madame au musée ». Sur son site officiel, le lieu se présente comme « le seul musée pour les 3 à 103 ans. » Une indication adéquate pour l’événement : Les Monsieur Madame sont intemporels.

Phintip, la maman de Mina en lisait déjà étant enfant. Aujourd’hui, elle apprécie l’aspect pédagogique de ces ouvrages. « Les histoires mettent l’accent sur des émotions que nous ressentons chaque jour. C’est un super moyen d’expliquer facilement certaines choses aux enfants. » Dans un coin de l’exposition, Marion et sa fille Juliette dessinent leurs propres personnages. En congé maternité, cette jeune maman en devient presque nostalgique. « Je me rappelle que mon préféré c’était Monsieur Rigolo ! Ça me fait plaisir que des années plus tard, la tradition se perpétue. »

Monsieur Monsieur B. dénonce la déforestation par le prisme de Monsieur Madame. Crédits : N.Q
Monsieur Monsieur B. dénonce la déforestation par le prisme de Monsieur Madame. Crédits : N.Q

Une oeuvre intemporelle remise au goût du jour

Plus de 40 ans après la création des Monsieur Madame, le musée en herbe a décidé de faire revivre ces personnages iconiques par le prisme du Street Art. 23 artistes reconnus ont rendu hommage à l’univers de Roger Hargreaves à leur manière. Au détour d’un couloir, l’artiste Thirsty BSTRD expose un Monsieur Malchance vêtu d’un bandana et munit d’un bouquet de fleurs. Un clin d’œil à la célèbre toile du street artiste Banksy.

Thirsty BSTRD s'inspire du "manifestant aux fleurs" de Banksy. Crédits : N.Q
Thirsty BSTRD s’inspire du « manifestant aux fleurs » de Banksy. Crédits : N.Q

Grâce à leur graphisme simpliste, l’artiste COMBO contourne les codes et propose des Monsieur Madame travestis en Harry Potter, Homer Simpson et même en Donald Trump. Qu’ils soient déguisés en Picsou ou tatoués de la tête aux pieds, il y en a pour tous les goûts. Le musée abrite également un original d’Uderzo représentant Astérix et Obélix sous le trait singulier d’Hargreaves.

Certains artistes ont décidé de détourner de reproduire des Monsieur Madame à leur sauce. Crédits : N.Q
Certains artistes ont décidé de reproduire des Monsieur Madame à leur goût. Crédits : N.Q

« On a tous une histoire avec Monsieur Madame ! »

En place depuis un peu plus d’une semaine, le succès de l’exposition est au rendez-vous. « C’est un événement intergénérationnel », explique Elise Lhote, en charge de la direction du musée. Passionnée de Street Art, cette dernière revient sur la genèse de l’exposition. « Il y a 2 ans, l’artiste Kevin Lyons a réalisé une performance chez Colette autour des Monsieur Madame et nous a fait cadeau d’une des toiles. Le responsable France de la licence a alors eu l’idée d’organiser une exposition autour de ce thème. »

C’est naturellement qu’Elise Lhote a pensé au mouvement Street Art pour s’emparer de l’univers des Monsieur Madame. « Nous avons de nombreuses fois travaillé avec eux. Ils étaient très emballés ! Ce sont des personnages qui ont des codes similaires avec le graffiti. Et puis on a tous une histoire avec Monsieur Madame ! Certains disent même que ce sont les ancêtres des émojis », précise-t-elle.

Monsieur Pimax @ Monsieur Alben ont choisi de faire une reproduction du logo McDonald's avec des Monsieur Madame. Crédits : N.Q
Monsieur Pimax & Monsieur Alben ont choisi de présenter une reproduction du logo McDonald’s uniquement avec des Monsieur Madame. Crédits : N.Q

Qu’on soit enfant ou adulte, chacun à une bonne raison d’aimer les Monsieur Madame. Au total, les ouvrages d’Hargreaves sont aujourd’hui traduits dans 25 langues et rassemblent plus de 90 personnages. On compte un peu plus de 200 millions d’exemplaires vendus. Mis bout à bout, ils pourraient faire 18 fois le tour de la Lune, rien que ça !

Nicolas Quénard

La Française Maryse Condé remporte le « nouveau prix de littérature »

Le prix Nobel de littérature alternatif a été décerné à l’écrivaine guadeloupéenne, ce vendredi, à la bibliothèque de Stockholm.

« La nouvelle académie », spécialement constituée après l’annulation du Prix Nobel de littérature 2018 a récompensé Maryse Condé du « nouveau prix de littérature ». Plusieurs fois citée pour le Prix Nobel, Maryse Condé « décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme, avec un langage précis dans ses œuvres » a félicité l’institution. Née en février 1937 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), l’écrivaine a publié une trentaine de romans ainsi que des essais et des pièces de théâtre portant notamment sur l’esclavage et l’Afrique.

«Je suis très heureuse et très fière d’avoir ce prix mais permettez-moi de le partager avec ma famille, avec mes amis et surtout avec tous les gens de la Guadeloupe […] qui seront émus et heureux de me voir récompensée», a-t-elle réagi dans une vidéo, peu après l’annonce.

Maryse Conde, réagit à sa récompense sur une vidéo retransmise on a screen at the Stockholm City Library in Stockholm, after being awarded the New Academy's Literature Prize on October 12, 2018. (Photo by Janerik HENRIKSSON / TT News Agency / AFP) / Sweden OUT
Maryse Conde, réagit à sa récompense sur une vidéo retransmise à Stockholm. (Photo by Janerik HENRIKSSON / TT News Agency / AFP)

Contrairement au lauréat du Prix Nobel, choisi par les 18 membres de l’académie, le «Nouveau prix» se veut le fruit d’un processus populaire. Une liste est d’abord établie par des bibliothécaires suédois, puis ramenée à quelques noms par un vote populaire. Les organisateurs indiquent avoir reçu près de 33 000 contributions. Sur la liste finale apparaissaient les noms du Britannique Neil Gaiman, de la Canadienne d’origine vietnamienne Kim Thúy et de Maryse Condé. Le japonais Haruki Murakami, faisait également partie de la dernière sélection, mais a préféré se désister. Il a précisé vouloir «se concentrer sur son écriture et rester à l’écart de l’attention médiatique» sur son mur Facebook.

La récompense équivaut à 97 000 euros soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats du Prix Nobel. Une somme qui a été collecté par le biais du financement participatif et du mécénat.  Maryse Condé recevra son prix à Stockholm le 9 décembre prochain.

Audrey Abraham

Accusé d’avoir couvert des actes pédophiles, l’archevêque de Washington Donald Wuerl démissionne

Donald Wuel a remis sa démission ce vendredi au Pape François. Crédit photo : Win McNamee / Getty Iimages North America / AFP)
Donald Wuel a remis sa démission ce vendredi au Pape François. Crédit photo : Win McNamee / Getty Images North America / AFP

Le pape François a annoncé avoir accepté cette décision, trois mois après celle du cardinal McCarrick.

Après 12 ans d’exercice, Donald Wuerl n’est officiellement plus l’archevêque de Washington. Le pape François a accepté son retrait ce vendredi 12 octobre, lui qui avait déjà eu connaissance de cette intention en septembre dernier. Cette démission a lieu dans le cadre d’un vaste scandale d’agressions sexuelles qui secoue l’Eglise américaine. Le cardinal Wuerl est accusé d’avoir étouffé certains actes pédophiles en tant qu’archevêque ou lorsqu’il était évêque de Pittsburgh entre 1988 et 2006.

Depuis août et la publication d’un rapport du grand jury sur des abus sexuels commis depuis 70 ans par plus de 300 membres de l’Eglise sur 1000 personnes – principalement des enfants – la pression était de plus en plus forte. Ce rapport couvrait plusieurs diocèses de Pennsylvanie, dont celui de Pittsburgh alors dirigé par le Cardinal Wuerl.

En juillet dernier déjà, Theodore McCarrick était devenu le premier cardinal à démissionner de ses fonctions depuis 1927. Ce dernier était alors accusé d’avoir agressé un garçon de 16 ans il y a plus de 50 ans, et d’avoir forcé des séminaristes adultes à avoir des relations sexuelles avec lui. Il avait alors affirmé que le Cardinal Wuerl était au courant de ces accusations, ce que l’intéressé a toujours nié. Agé de 77 ans, Donald Wuerl devrait néanmoins assurer des fonctions administratives, comme le lui a demandé le souverain pontife, jusqu’à ce que son successeur soit nommé.

 

 

Municipales à Paris : les « Parisiennes, Parisiens » à l’offensive

Gaspard Gantzer lors de la soirée de lancement de son mouvement « Parisiennes, Parisiens », jeudi soir à Paris. Photo : Alain JOCARD / AFP

L’ancien conseiller en communication de François Hollande, Gaspard Gantzer, a officiellement lancé son mouvement « Parisiennes, Parisiens » jeudi soir à Paris, avec dans sa ligne de mire, les municipales de 2020.

C’est un secret de Polichinelle. Sans faire de candidature officielle, Gaspard Gantzer l’a annoncé haut et fort devant environ 800 personnes lors de la soirée de lancement de son mouvement « Parisiennes, Parisiens » jeudi, dans le 18e arrondissement de Paris : « Je ne sais pas où ça va nous conduire, où l’on sera en 2020, mais on a l’énergie pour reprendre les clés de l’Hôtel de ville ».

L’annonce avait été faite en avril dernier. Gaspard Gantzer revient en politique, avec son « mouvement progressiste qui veut redonner à Paris sa vitalité et son rayonnement ». Un mouvement politique d’abord citoyen, ni de gauche, ni de droite. Avec en tête d’affiche, un jeune énarque de 39 ans, passé par l’Elysée. Comme une sensation de déjà vu.

Selon Baptiste Ménard, vice-président du « Think Tank Different » et président du Groupe Socialiste Universitaire (GSU) de Lille, c’est « parce que les partis politiques traditionnels sont décriés qu’il y a une tentation chez les acteurs de faire de la politique autrement. Beaucoup de personnes, des citoyens lambda, se disent : ‘pourquoi pas moi ?' ».

Un effet Macron

Doit-on y voir un effet Macron ? A peine lancé, ce mouvement ravive des réminiscences qui ne sont pas si lointaines. « En 2007, il y avait déjà cette ambition d’intégrer les citoyens à la politique. Je pense notamment à Désir d’Avenir de Ségolène Royal, poursuit Baptiste Ménard. Mais cette logique s’est affirmée avec le mouvement d’Emmanuel Macron et surtout avec son élection ».

Jeudi soir, c’est la salle de spectacle Elysée Montmartre, dans le 18e arrondissement de la capitale, qui a été choisie par l’ancien conseiller de François Hollande pour ce premier meeting. Un arrondissement « symbolique de Paris, parce qu’il y a la plus grande mixité de quartiers », a-t-il justifié, avant de préciser qu’il s’agissait aussi de l’ancien fief « de Bertrand Delanoë, Alain Juppé et Georges Clemenceau ».

Celui qui se définit comme un « titi parisien » et qui se targue de connaître « Paris comme [sa] poche » ne peut pas le renier. Il veut revenir en politique. Et même s’il est « trop tôt » pour affirmer qu’il brigue la mairie de Paris, ses faits et gestes sont assimilés à ceux d’un homme politique en campagne.

Sur les réseaux sociaux – dont il connait tous les rouages après les avoir alimentés pour le Président François Hollande – il détaille ses mesures. Ou son programme ?

 

Certains Parisiens le voient déjà en campagne. Gaspard Gantzer obtient 5% des voix dans les sondages. Et le bientôt quadragénaire, à la tête de la boîte de conseil en communication « 2017 », est déjà critique face à ses adversaires.  En avril dernier, il condamnait le parti au pouvoir, La République en marche (LREM), et son organisation « très verticale ». « On dirait le PS ! », se moquait-il.

Car celui qui a été militant au Parti socialiste, qui a soutenu Désir d’Avenir de Ségolène Royal après avoir été le porte-parole de Bertrand Delanoë de mai 2012 à janvier 2013, a aussi été séduit par la promesse de démocratie participative de LREM. Une promesse qu’il fait désormais sienne.

« Du changement, des nouvelles idées, des nouvelles têtes »

Sur France Inter, en avril dernier, il déclarait : « Je ne réfléchis plus avec des étiquettes politiques, […] il ne faut pas réfléchir à partir des appareils politiques ». Gaspard Gantzer veut se détacher de la vieille politique, à tel point qu’il ne reprend pas la carte du PS, qu’il avait depuis 2002. Au Figaro, il se confie : « Moi, je veux du changement, des nouvelles idées, des nouvelles têtes. Pas des élus qui ont cumulé des mandats nationaux ou locaux depuis 10 ou 20 ans. »

Car pour voir « Paris en grand », l’énarque mise sur le renouveau. Comme pour effacer les traces du PS et celles d’Anne Hidalgo, critiquée sur plusieurs dossiers, de l’hébergement des migrants aux Autolib’, en passant par la question de la propreté. Mais Baptiste Ménard reste prudent. « Il y a un risque d’émiettement dans les mouvements politiques. Le mieux est l’ennemi du bien, et à force de créer plusieurs mouvements, on perd en clarté. Dans quelle mesure le citoyen peut-il s’y retrouver ? Personnellement, je crois aux partis politiques et à leur rôle structurant dans la démocratie ».

Du renouveau, pour faire le ménage en haut en partant du bas. De la société. « Le Parti socialiste, quant à lui, est retourné vers ses vieux réflexes : congrès qui ne tranche rien, courants qui servent d’écuries pour les ambitieux, croyance dans l’alternance automatique qui dispense de réfléchir. […] Pour Paris, quittons la vieille politique », écrit d’ailleurs dans une tribune au Parisien – Aujourd’hui en France, Benjamin Djiane, adjoint au maire PS du IIIe arrondissement de Paris et ancien conseiller de Manuel Valls, qui a rejoint le mouvement « Parisiennes, Parisiens ».

Moi, je veux du changement, des nouvelles idées, des nouvelles têtes. Pas des élus qui ont cumulé des mandats nationaux ou locaux depuis 10 ou 20 ans. »

– Gaspard Gantzer

A croire que pour réussir dans le monde de la politique, il ne faut pas en venir. L’effet Macron et son ambition de mettre la société civile dans la haute sphère politique ne s’essoufflent pas. Les mouvements citoyens se multiplient. A Paris et en Province. A Besançon (Doubs), le « Mouvement Franche-Comté », régionaliste, suit l’exemple. Dans son appel à candidature, le président Jean-Philippe Allenbach a précisé que sa liste « comportera au maximum 25% de fonctionnaires et au maximum 25% de politiques, tous ses autres membres étant issus de la société civile ou du secteur économique ». En 2001, il s’était déjà présenté aux municipales. Sous l’étiquette du Parti fédéraliste. Etiquette qu’il a laissé tomber. Du côté de Lorient, en Bretagne, même principe. Menée par Fabrice Loher, « L’Union pour Lorient », jusqu’alors associative, s’est déclarée comme mouvement politique le 1er janvier pour les prochaines municipales. Issue des Républicains et de l’UDI, elle s’est élargie à la société civile… non étiquetée.

 

Noémie Gobron