Carles Puigdemont, indépendantiste depuis toujours

Ce mardi à 18 heures, Carles Puigdemont, président de la Catalogne, doit s’exprimer devant le parlement régional. Dimanche dernier, il a laissé entendre qu’à cette occasion, il pourrait proclamer l’indépendance de cette région espagnole. Presque inconnu il y a deux ans, il est devenu, avec l’organisation du référendum catalan, l’ennemi numéro un du gouvernement de Mariano Rajoy. Qui est cet indépendantiste intransigeant ? Portrait.

carles puigdemont

Il est calme, serein. Sa mèche de Beatles, qui lui attire des nombreuses moqueries, cache en fait une cicatrice : le souvenir d’un grave accident de la route en 1983. L’indépendance de la Catalogne, c’est son rêve d’enfance et le combat de sa vie. Né en 1962 dans une famille de pâtissiers, Carles Puigdemont grandit à Amer, un village de la province de Gérone. Il vit dans une fratrie de huit, élevée par des parents nationalistes convaincus. Son combat commence tôt. Dès son plus jeune âge, il est séparatiste. « La légende raconte que tout petit, il suppliait sa grand-mère de lui tricoter une estelada, l’iconique drapeau catalan indépendantiste à rayures jaunes et bleues », rapporte l’Obs.

Un journaliste motivé

Avant de devenir la bête noire de Madrid, Carles Puidgemont est journaliste. A dix-neuf ans seulement, il entre au quotidien El Punt, et prend le poste du rédacteur en chef quelques années plus tard. Toujours dans le même journal local de Gérone, en 1991, il déclenche une campagne pour changer le nom de la ville de « Gerona », en espagnol, à « Girona » en catalan. La même année, il se rend en Slovénie pour observer le processus d’acquisition de l’indépendance de cette ancienne république yougoslave. En 1999, chargé par la région, il crée l’Agence catalane d’information, l’équivalent de l’AFP à un niveau régional. Polyglotte, il s’exprime aisément en catalan, anglais, français, castillan et roumain. En 2004, il dirige le journal pour anglophones Catalonia Today. Marié avec une journaliste roumaine de quinze ans sa cadette, il est père de deux filles, Magali et Maria, huit et six ans.

Un homme politique déterminé

C’est à Gérone qu’il fait ses premiers pas en tant qu’élu. En 2011, il devient maire de cette ville du nord-est de l’Espagne et député au parlement régional. A ce moment-là, personne n’aurait parié sur lui comme président de la Généralité de Catalogne. Pourtant, en janvier 2016, les affaires de corruption liées au président de la région Artur Mas, l’empêchent d’être réinvesti et propulsent Carles Puidgemont sur le devant de la scène politique, par la coalition de trois partis : le Parti démocrate européen catalan  (le sien, nationaliste, centre-droit), la gauche républicaine de Catalogne ERC (indépendantiste, centre-gauche) et la Candidature d’unité populaireCUP (indépendantiste, révolutionnaire, extrême-gauche).

« C’est un homme de communication, un indépendantiste historique, et le président catalan. Trois raisons pour qu’il soit surexposé. Mais, il ne préside la Catalogne que grâce à trois partis n’ayant guère en commun que le projet indépendantiste », explique Cyril Trépier, docteur en géopolitique de l’Institut français de Géopolitique dans une interview pour le Celsalab. Disposant de cette coalition très hétéroclite, Carles Puigdemont s’attache à l’organisation du référendum d’autodétermination le 1er octobre 2017. Un vote illégal, non reconnu par Madrid. Le « oui » l’emporte à 90%. Aujourd’hui, il appelle surtout à une médiation avec Madrid.

L’avenir de la Catalogne se joue ce soir. Malgré les menaces de poursuites judiciaires et son avenir incertain, Carles Puigdemont garde son calme. « Depuis qu’on se connaît, il a changé quatre ou cinq fois de travail. C’est une personne libre, qui n’a pas peur du changement. Quelqu’un d’autre à sa place serait très inquiet pour son avenir, lui non », explique à l’AFP son ami Antoni Puigverd.

Malgo Nieziolek

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